[…]Je regarde Gabriella, complice de mes émotions, imagine qu'’à cet instant la même cyprine doit traduire l’illicite de nos proches projets.
Celui que je porte à mon amant est beaucoup plus accusateur, presque un regard de procureur général, de ceux auxquels on peut difficilement opposer une parade. Mais il n’en a que faire !
À la manière d’un mâle conquérant, il me toise de ses yeux de braise encanaillés par la possibilité d’un trio lubrique dont il voit l’ombre se dessiner dans les contours troublants de ma perverse dévoyeuse. J’aime son autorité, mais c’est bien mal connaitre la conquérante lubrique qui m’habite. S’avouer vaincue, n’est pas dans mes gènes, et pourtant depuis le début Alessandro et moi menons le même combat. Nous sommes deux érotiques killers aux désirs carnassiers, capables de viles mais non moins lubriques bassesses, par pur esprit de domination et d’enchères du plaisir, mais toujours dans la complicité.
Je viens juste d’en prendre conscience, même force, et cette soudaine mentalisation me fait sourire. Je songe à ces road movie mettant en scène des couples diaboliques capables du pire et de semer la terreur sur leur passage. Mais bien sûr, cela m’apparait maintenant nettement comme une évidence, la délicieuse Gabriella n’est rien d’autre qu'’une victime de notre parcours érotico dramatique, une victime innocente avec la quelle on va jouer égoïstement un moment avant de s’en débarrasser impunément. Pas l’ombre d’un doute, et pourtant le scénario machiavélique que je suis en train d’élaborer, à l’abri derrière mon imaginaire d’écrivain, ne me ressemble pas, ne me ressemble guère. Alessandro en est l’ingrédient, la base culinaire, Gabriella, le piment, la touche particulière qui fera que…
« Dominique !
-Oui, où étiez-vous donc ?
-Ici ou là… Mais où est donc passé Gabriella ?
-Mais qui est Gabriella ?
-La belle jeune femme qui dînait en face de nous !
-Je ne sais pas, ils ont du partir, la table est presque vide. Vous la connaissez ? »
Il le fait exprès ou quoi, serait-il plus infernal que moi ou pire serait-il complètement idiot. Me serais-je trompée à ce point ! Seul son regard le trahit, stupide, il ne l’est pas, il a bien compris que je manigance quelque chose de pas très catholique. J’aime bien ses yeux posés sur moi à cet instant, son regard qui dégouline le long de mon échine, enveloppe mes reins et finit sa course dans la tiédeur de mon écrin. Ses pupilles n’ont pas quitté mes opalines iris et pourtant en une seule œillade il m’a inoculé son venin, cette drogue invisible mais tellement palpable à l’œil nu qu'’est le désir dans la complicité. Ces regards, je voudrais qu'’il en abuse, qu'’il m’en accable m’acculant au-delà des limites érotiques que je m’impose, dans une impasse d’où je ne pourrais m’échapper que comblée de plaisir.
Le plaisir est le maitre mot de notre cabale amoureuse, le seul argument valable qui nous est amené jusqu’ici, et Gabriella un prétexte supplémentaire pour nous mettre le feu dans le sang.
Toutes ces réflexions intérieures ne résolvent en rien mes interrogations quant à la disparition de Gabriella, quand elle réapparait devant moi diaboliquement belle, diaboliquement désirable, immoralement impudique, mais si discrète dans ses intentions. Telle une belle ingénue, inconsciente des effets produits dans le sillage de sa silhouette, elle se dirige vers sa table et les quelques convives encore présente, croise ses jambes fémininement, dans une attitude à la fois aguichante et stylée, un comportement de provocation en élégance racée.
Point trop n’en faut ma Belle, Alessandro pourrait succomber, il est si fragile ce diable de garçon sous la toile de son pantalon.
Délicieuse sensation que de se sentir désirée par deux personnes de sexe opposé, sensation que j’ai de plus en plus de mal à contenir. Et le garçon de salle qui n’arrête de mater le manège depuis le début. Avec son air de ne pas y toucher, ses « Madame reprendra du champagne « ou encore « Madame a aimé », il improvise depuis le début un ballet haute performance pour savoir qui est qui, qui fait quoi et avec qui .Il m’exaspère …
« Avez-vous choisi le dessert Madame ?
-Oui, vous, ferez-vous le quatrième ?
-Pardon, Madame ! » Il a l’air emprunté, stupide, mais pour autant poursuit professionnellement
« Pardon, Madame, je n’ai pas saisi …
-Madame prendra la même chose que moi ! Anticipe Alessandro
-Voilà c’est ça, Monsieur et moi partageons tout, c’est clair comme cela !
-Bien Madame, bien Monsieur, dit-il en s’esquivant meurtri de honte
-Et bien Dominique, que vous prend-t-il ? Gabriella et moi ne vous suffisons plus ! Quelle coquine ! Quelle gourmande »
Je dissipe le malaise et ma contrariété passagère d’un éclat de rire impulsif devant tant de dérision spontanément brillante !
Alors que je me suis encore perdue dans des réflexions érotico- existentielles, Alessandro n’arrête pas de jouer le parasite dans mon assiette sans que je n’y prête aucune attention sauf que …à jouer les escrocs on finit par se trahir maladroitement .Une langoustine plus irréductible que ses congénères, délatrice du délit du « pique- assiette » atterrit subversivement sur la fausse rigueur de ma petite robe noire. Mes gênes de lionne camouflés, en standby par excès de séduction, ont tôt fait de resurgir pour manifester outrageusement ma colère !
« Putain ! Alessandro , j’éclate , regarde ce que tu as fait »
Je regrette déjà mes mots et mon tutoiement, je m’adresse à lui comme à un enfant. Il tente de canaliser mon emportement pour plus de douceur, mais une pléthore de bougonnements légitimés par la situation donne la réplique à sa vaine démarche, jusqu’à ce que je m’arrache orgueilleuse et colériquement à mon siège pour rejoindre les toilettes .Mon regard courroucé ne manque d’imprégner sur mon passage la tentatrice que je rends inconsciemment coupable de l’incident, et par écho son séducteur compagnon sur lequel je crache toute mon exaspération.
Latine et lionne, c’est plus qu'’il n’en faut pour vous rendre détestable l’espace d’un instant, l’instant d’une excessive réaction par pure coquetterie féminine, vous rendre détestable aux yeux de tout le monde. Mais c’est sans compter sur les invincibles, ceux dont l’opiniâtreté ne rend même pas farouche devant tant de mécontentement.
Opportuniste, la démone sans petite culotte accourt à mon secours, prenant soin au passage de fermer la porte derrière elle à double tour.
« Laissez-moi faire me dit le reflet de sa bouche dans le miroir, tournez vous»
Je lui obéis bêtement, laissant couler généreusement l’eau dans le lavabo sur lequel je pose négligemment mes fesses. Je suis entre deux eaux, celles qui imprègnent le verso de ma robe, et celles des effluves d’alcool dont je ne maitrise plus vraiment les effets.
J’entends à peine la voix de ma bienfaitrice qui se présente brièvement avant de fermer le robinet et de glisser une main sous le tissu de ma robe.
« Je m’appelle Gabriella, je peux,
-Faites, faites, vous êtes très aimable ! »
Le contact de ses doigts sur ma peau me fait frissonner, les bulles alcoolisées m’ont imprudemment enfiévrée, je ne donne pas cher de moi entre les doigts prouesses de ma délictueuse féminine providence. Elle a certainement un talent réel à faire disparaitre les taches, mais manifestement elle est encore plus apte à me mettre dans un certain émoi. Je n’ai jamais ressenti une telle attirance auparavant, je veux dire une attirance aussi charnelle pour une femme. Elle le ressent jusqu’au fin fond de ses prunelles qui sculptent sur mon corps un coupable sentier, une ligne imaginaire qui scinderait ma fine silhouette en deux parties jumelles du vallon de mes seins jusqu’à mon secret triangle. En une érotique technique graphique, elle fait de moi, en un instant, un modèle à dessiner, à tâter, à caresser pour mieux me projeter dans son sensuel univers.
Ses yeux posés à la hauteur de mon sexe camouflé sous le tissus mouillé, mais dont elle connait déjà les contours pour les effleurer de plus en plus précisément, ses deux genoux à terre, comme en prière devant un sanctuaire à laquelle elle vous toute sa dévotion, traduisent ses intentions. Le moindre de ses gestes au bord de mon écrin m’offre de doux supplices, entre châtiment mérité pour mes provocatrices audaces, et tourment légitime de ma déviance temporaire...Elle crucifie ma gêne d’un baiser ajusté, au cœur de mon délit, en son bouton gorgé des prémices liquoreux de mon désir d’ELLE.
Elle, ce mot emplit ma bouche, me pousse à l’audacieux, fait tomber mes barrières, en appelle à des attirances charnellement féminines qu’en moi j’avais, avec forte véhémence, occultés pour ne pas y succomber. J’en ferme les yeux , en perd mes repères linéaires de temps et d’espace .J’interpelle mes rêves , mes vœux en espérances…
Je glisserai mes doigts dans son opulente chevelure pour qu'’elle pousse le crime jusqu’à me faire jouir, je l’inviterai à se relever en lui tendant une main aimante, elle m’ôterait la robe au seul motif de redonner à ma petite robe, sous le jet d’eau, sa noirceur immaculé d’origine, pour le seul motif…et puis e collerait à moi
Je ne rêve plus, ma robe quitte mes formes, mes bras forment une couronne au dessus de ma tête, une auréole discrète de femme en soumission, à l’impudeur discrète d’une autre femme en passion. Je suis nue devant elle .Elle scrute tous mes monts, de mes clones contre- cœur jusqu’à celui de vénus, me murmure tu es belle, me dévoile les dentelles dont son buste est vêtu, en arrachant le voile de sa robe.
Des mains masculines tambourinent à la porte. Le sourire angélique de Gabriella semble me murmurer quelque chose que je ne comprends pas .Elle met un terme à mon incompréhension en roulant dans ma bouche une langue amoureuse teintée de persuasion .J’aime la chaleur de son corps brulant conte mon corps nu, la rondeur de ses seins contre les miens plus petit, ces effluves discrètes qui s’échappent de son sexe en fusion, la douceur de son pubis contre le mien collé …
« De quoi as-tu envie ? me dit-elle, son regard plongé dans le mien »
Je lui susurre quelques mots à l’oreille.
« Très bien, rhabille toi me dit-elle, un coup de sèche- main sur la robe et le tour est joué …Voilà, voilà ça vient …je sors la première me dit-elle …baisers »
Je dépose un baiser enjoué sur les lèvres et la laisse quitter l'endroit de nos dérives , encore sous le charme de cet érotisme féminisé…
« Bien, mais où étiez-vous Dominique ?
-Réparer vos dégâts !
- Laissez-moi vérifier … !
- Vérifier ? Alessandro ! vos doigts, gardez les pour plus tard , je parlais de la tâche
-Vous êtes toujours prête, c’est merveilleux »
Je regarde Gabriella, complice de mes émotions, imagine qu'’à cet instant la même cyprine doit traduire l’illicite de nos plus proches projets...
Profondément troublée, par cet étranger regard adjacent, je me sens soudain dans une impasse charnelle, prise à mon propre piège, ce trop d’audace déplacée dans un lieu aussi public qu'’un restaurant bondé. Alessandro n’y est pas innocent , diabolique ce garçon, trop beau avec cette tendance aux libertinage qui en ferait presque un amant parfait. Presque, parce que pour avoir voulu découvrir les limites de mes désirs, il vient de ranimer en moi ma garcitude érotique. Il lui manque cette maturité, cette expérience qui fait qu'’un amant vous amène malgré vous dans les déviances qu'’il a choisi à votre insu.
Alessandro, me regarde bêtement avant de jeter un regard meurtrier vers mon inhibitif voisin de table.
Une trêve s’impose dans ce jeu assassin et, pour une fois, coïncidence des instants, ou incidence ingénieuse du hasard, une farandole de ravioles de langoustines atterrit devant moi comme par miracle, orgueilleusement annoncée
« Pour Madame, Ravioles de langoustines à l’essence de carcasse au vin rouge et orange et ses langoustines poêlées… » Je ne peux retenir un éclat de rire, mal accueilli par le serveur qui enchaine avec une condescendance affichée
« Pour Monsieur, Escalopes de foie gras grillées sur tanches de poires fondantes et myrtilles au jus accompagnées d’une sauce au miel de lavande »
La cuisine a ses secrets. Notre gourmandise jusqu’à là très lubrique est soudain détournée, par les plats raffinés dont la présentation ne fait qu'’en augmenter l’appétence. La vie est une friandise quand on sait la déguster, je n’en aime que les péchés, je dois dire que ce soir je suis comblée. J’en ai déjà trois à mon effectif, mais envie et gourmandise ne mènent-elles pas tout droit à la luxure.
J’en ai oublié le couple infernal assis en face de moi. Je plonge mon regard dans ce lui d’Alessandro, dont le plaisir gustatif se reflète jusqu’en dans ses grands yeux noirs. A cet instant là, je le désire de tout mon être, de tout mon corps, tant il est beau dans la limpidité de sa nature humaine. Il prend du plaisir à chacune de ses bouchées et cela se voit ! J’aime l’homme et non plus l’amant !
Le temps suspend son vol, j’ai plaisir à le regarder déguster, et par association d’idée, concupiscence quand tu nous tiens, je l’imagine me savourer comme une chatterie, avec autant de délicatesse, mes yeux au fond des siens.
« Vous n’aimez pas ?
-Oh si beaucoup !
-Mais vous n’avez pas gouté à votre plat !
-Ah oui ! Pardon ! Je songeais à…
-Puis-je goûter ?
-Oui bien sûr ! Entrouvrez vos lèvres ! »
Un jeu de fourchette sensualisé glisse entre ses lèvres effrontément pulpeuses une raviole de sauce enrobée, laissant au passage une trace de sauce irisée et aguicheuse sur sa bouche avide de goûter. Je ne peux m’empêcher, bravant mon éducation et mon aversion pour le finger food, de m’emparer d’une langoustine de mes doigts et de lui glisser dans la bouche. Il l’enrobe de sa langue jusqu’à mon doigt qu'’il aspire avec émoi et la sensualité d’une bouche affamée de baisers. Effet instantané…je sens mes joues s’empourprer, mon ventre s’embraser, mon sexe s’émerveiller de la douce chaleur érotique qui vient de me rattraper.
« Hum, délicieux », me dit-il comme un enfant gourmand en se frottant le ventre d’une main tourbillonnante. Il m’émerveille de spontanéité !
Je pose enfin mon attention sur le plat qui lui fait autant d’effet et dont l’influence érotique n’est pas sans intérêt au vu du regard applaudisseur que nous porte l’énamourée Sapho. A chacun sa gourmandise ma belle, mais l’heure n’est pas aux déviances érotiques, pas pour le moment, pas encore, il me semble lui dire en suçant mon index de sauce maculé. Il est des codes érogènes qui frappent le subconscient, et l’inconscience qui est la mienne, ou bien mon net penchant pour la provocation risque de m’accompagner bien plus loin que de simples fantasmes. La belle amoureuse me renvoie un sourire félin de prédatrice patentée. J’y lis de la patience ou bien encore « tu ne perds rien pour attendre », acquiesce ma traduction en levant à son intention un nouveau verre de champagne .Je suis enivrée, mes papilles subjuguées par la divine saveur de la combinaison du succulent du plat et du vin champenois et du trouble évident que produit mon ivresse sur la saphique diablesse. Succube revisitée, version des temps modernes démoniaque prêtresse d’un érotisme pervers, ma coupe entrouvre ses cuisses sur un sexe dépourvu de toutes dentelles futiles, une invite secrète à plus de charnelle corruption.
C’est décidé, si elle quitte la table je la suis …Il est temps d’agir pour plus de volupté. Improviser une remise en beauté, du rouge sur les lèvres, consolider mes intuitions dans l’espace réduit des toilettes féminines. Garcitude séductrice ou totale pulsion ? Je ne sais plus à quel sein me vouer, au poitrail si viril de mon nouvel amant, ou au galbe séduisant d’une poitrine féminine !
Question d’équité, je me veux impartiale, combler les deux à la hauteur de leurs espérances, tout en songeant que c’est bien dans les bras d’Alessandro que je veux passer le reste de la nuit.
Se faire désirer au-delà des limites pour dans des bras complice s’adonner au suprême, un plaisir décuplé par des interdits accomplis en totale impunité
Qu'’importe le flacon, pourvu qu'’on ait l’ivresse, me dis-je en avalant cul sec ma énième flute de bulles alcoolisées. Bon Dieu Alessandro, qu'’as-tu fait de moi en seulement quelques heures ! Mais sauras –tu honorer le rôle que je te destine ?
De la femme est née l’écrivaine, mais à présent l’écrivaine entretient la flamme de la femme. Il aura fallu que j’atteigne la quarantaine bien frappée, pour réaliser, qu'’il existait en moi, une seconde nature, une mystérieuse femme sensuelle qui ne demandait qu'à s’exprimer. L’expression de mes émois, j’arrive à présent à la coucher sur la page blanche, à en noircir mes carnets, et cette encre a fini par déteindre sur ma vie. Alessandro en est la preuve vivante, à portée de mes doigts, de ma bouche, de mes cris. Mais est-il vraiment à l’image de mes envies ? Ai-je envie de jeunesse ou de lubricité ? J’aime Alessandro pour ce qu'’il est, épicurien naissant à l’aurore de sa maturité sexuelle, ce goût particulier qu'’il a pour l’élégance d’une perversion illicite, mais à bien le regarder, il est loin, très loin du profil des amants que je plébiscite. Il est certainement une erreur, mais une erreur délicieuse, une effraction dans ma vie amoureuse dont je compte abuser le temps d’une soirée, d’une nuit, peut être deux. Je le regarde avec gourmandise, mais aussi émotion, lorsqu’il commande pour moi, sans mon approbation, les compositions culinaires créatives, sensées contenter mes papilles gustatives…Il ne sait rien de moi, il improvise, jusqu’à mes attirances improbables pour la gente féminine et aussi incroyable que cela paraisse, j’aime cela ! Je n’ai jamais connu une telle arrogance auparavant, chez aucun de mes amants, cette audace calculée, savamment dosée pour ne pas frôler l’incorrection, mais suffisamment pour flirter avec provocation. Je le regarde avec fierté, certainement de la suffisance dans le regard pour l’assistance environnante. Il est aisé de deviner sa musculature tonique sous l’étoffe de son polo cintré .Quelle femme ne poserait son regard sur ce visage à l’éclat sain, rasé de près ou presque imberbe ? Tout est parfait chez lui, presque trop .pourrait-on deviner qu'’il a passé l’après midi à l’entretien d’une piscine ?
Sa voix résonne soudain à mon oreille, alors qu'’il pose sa main au creux de mes reins.
« Dominique, voulez-vous un verre de vin ?
-Oh comme vous voulez !
-Vous n’êtes plus avec moi ! Est –ce le trouble que vous procure votre admiratrice ?
-Désolée, je m’évade parfois, bien malgré moi ! »
Mon admiratrice, je l’avais un instant oubliée !
Je cherche à nouveau son regard, encouragé par Alessandro, certainement inspiré par la possibilité d’un trio improvisé. Quel homme refuserait une telle opportunité et quelle femme ne s’y prêterait à la seule idée d’érotiser la soirée et d’en récolter les bénéfices. L’ambivalence est dans l’air du temps, presque une norme rassurante, pour ne pas sombrer dans une sexualité ordinaire, mais pour autant, je ne m’y suis jamais résolue, peut être par peur d’y succomber ou à l’inverse d’en éprouver une nausée.
« Pensez-vous qu'’elle me désire ?
-J’ai une vague idée …
-Cela vous plait ?
-Et vous ?
-Etre désiré est toujours très flatteur ! »
Geste d’accréditation de ma pensée, il vient d’offrir une nouvelle flute de Champagne à la perturbatrice, verre qu'’elle accueille d’un grand sourire, avant d’en boire une timide gorgée à mon intention et de quitter la table…Je ne sais que penser ! Est-ce une invitation à la suivre, ou suis-je en train de sombrer dans una paranoïa érotique ?
Sauvée par le serveur qui aborde notre table les bras chargés de nos plats …
-Madame, « Chaud froid de coquille Saint Jacques au basilic », Monsieur, « salade de homard tiède en tartare de petits légumes » Prendrez-vous du vin ?
-Non, merci, nous poursuivrons au Champagne ! »
A peine avons-nous gouté la première bouchée, que le portable d’Alessandro résonne avec insistance sans qu'’il daigne jeter un regard sur l’écran allumé.
« Hum délicieux, voulez-vous gouter ? »
Avant même mon accord, il glisse sa fourchette sur ma langue, dégustation interrompue à nouveau par la sonnerie résolument pressante du téléphone de mon bel brésilo-italien. Il est certains êtres qu'’on s’approprie facilement.
« Excusez-moi » me dit-il en s’éloignant de la table son cellulaire en main
Le temps d’une bouchée, il est déjà hors de ma vue, en extérieur surement. Le temps d’une communication peut paraitre très long, lorsqu’on se retrouve esseulée à une table. Heureusement pour moi, depuis que je me suis lancée dans l’écriture, j’aime à m’imprégner des ambiances environnantes et de la personnalité des gens.
Je peux ainsi remarquer que la jeune femme à qui je n’étais pas vraiment indifférente, n’est toujours pas revenue à table, et qu'’à la droite de son siège se tient un homme plus âgé qui n’arrête pas de regarder l’heure à son poignet. Attirée par son élégance, je le dévisage impoliment, tout en mangeant nonchalamment.
Ses cheveux uniformément gris lui confèrent une distinction particulière, cette dignité que la maturité masculine évoque à l’instar des rides creusant son front et encadrant sa bouche et ses yeux. Il a du être beau, très beau dans sa jeunesse, il est à présent magistral sublimé par l’expérience de la vie. Ses yeux bleu, très bleus, très profonds me donnent l’impression qu'’il jauge, analyse tout ce qu'’il regarde…Et immanquablement moi ! Ave un tel type vous devez avoir l’impression en un instant d’être brillante ou superbement idiote, délicieuse ou monstrueusement laide, attirante ou misérable…J’aime le personnage, j’en oublie Alessandro, je me surprends même à me mettre en tête de séduire le suprême. Encore une illustration de mes dérives littéraires, comme si tous mes désirs pouvaient devenir réalité .Le temps de me glisser dans la peau d’une de mes héroïnes, Alessandro est à nouveau à mes côtes …le temps de sourire à l’élégance faite homme, il n’est plus seul, rejoint par sa délicieuse femme, fille, amante, secrétaire, qui me renvoie à nouveau des regards énamourés …
Je suis un peu perdue ! Alessandro en profite, glisse une main sous ma jupe et m’oblige tendrement mais résolument à écarter mes cuisses, offrant en ligne de mire mon sexe de ses doigts investi au regard concupiscent de la belle séductrice jouissant du plaisir de me voir malmenée par le désir féminin.
Je ressens son désir jusqu’au fond de mon ventre, sa bouche investir mes lèvres impudentes, j’en fermerai les yeux jusqu’à la jouissance…Mais que m’arrive-t-il ?
« Cela suffit Alessandro, dis-je avec autorité
L’éclair bleu foudroyant de mon élégant voisin de table vient de me sanctionner ou de m'encourager !
Le miroir de l’entrée, sur notre passage, nous renvoie le reflet d’un beau couple, pourtant en discordance, une virile jeunesse sculptée au service d’une féminité mature en pleine possession de sa libido. J’ose à peine songer à l’effet que peut produire une telle intrusion dans un restaurant gastronomique presque essentiellement fréquenté d’Italiens .Je ne sais pourquoi cette année, ils ont envahi la côte …mais une chose est sûre ils sont là, et bien présents .Je ne m’en plains pas, j’adore les Italiens.
J’ai bien dit les Italiens au masculin, parce que les Italiennes sont si pulpeuses et si désirables qu'’elles peuvent faire ombrage à la plus séductrice des françaises …A vrai dire, j’adore lorsqu’on me prend pour une italienne, je trouve cela très flatteur. D’ailleurs la plupart du temps, quand un flagorneur énamouré ou tout simplement en quête d’émotion m’affirme dans la discussion « Vous êtes Italienne, cela se voit », je ne cherche absolument pas à le dissuader. Au contraire, je réclame les preuves de son affirmation…
« Votre peau mate, vos yeux grands yeux verts, et surtout cette arrogante présence, cette assurance insolente » Encore, encore !
Bien, c’est bien ce que je pensais, le restaurant est bondé d’italiens …et d’Italiennes. Et comme prévu, notre arrivée est loin de passer inaperçue, sans compter sur Alessandro, qui m’accable tout à coup d’un rôle très tendance dans les milieux branchés, celui de femme Couguar ! Alessandro fait beaucoup plus jeune que son âge, ou alors il m’a effrontément menti, au choix. Je parie sur le premier cas de figure, car son attitude désinvolte revêt tout de même un tempérament mature. Mains sur mes hanches, il interpelle le maitre d’hôtel à l’entrée !
« S’il vous plait, nous avons réservé une table !
-Oui, Monsieur à quel nom ?
- A quel nom Dominique, quel est votre nom ? »
Il rit, le goujat, en me posant un baiser langoureux sur mon épaule parfumée. Il me plait vraiment ce garçon, cela en devient inquiétant…A peine 35 ans et déjà toutes les qualités requises, humour, tendresse, sagacité, et cette incroyable clairvoyance antidatée quant à mes réactions. Il aime à me contrarier, laminer mon assurance d’une simple réplique insidieusement déplacée. Il aime à me déstabiliser, sans jamais pour autant y parvenir totalement.
Je lui glisse un mot à l’oreille …
« Vraiment ? J’adooore !
-Ah !Dominique intervient Brigitte, la propriétaire de ce lieu culinaire, je vous ai donné la dernière table, désolée, vous ne pourrez être face à face …
-Aucun souci Brigitte, j’adore la promiscuité de mon hôte ! N’est-ce pas Alessandro ?
-In punto !
-Qu'’est ce qui vous prend, vos parlez italien maintenant !
-Préférez-vous le brésilien ? Você me agrada !
-Y usted tambien ! »
Nous prenons place, le long de la haie du jardin qui fait office de salle de restauration .Nous avons une vision panoramique sur l’endroit et mieux encore sur la clientèle. Je m’en réjouis d’avance … De grandes tablées rient, fêtent tel ou tel événement, d’autres plus familiales, et plus éloignées de nous, Dieu merci pénalisent un peu l’ambiance festive qui semble régner ici. La clientèle estivale est bien différente de la fréquentation annuelle, mais pourtant mon regard se pose sur une assemblée équitablement partagée homme femme, dont l’une d’entre elles, n’arrête pas de me dévisager. A moins bien sûr, que ces regards insistants ne s’adressent à mon étalon piscinier. Je l’interroge du regard, mais il ne me répond qu'’en glissant sa main sous l’étroitesse de ma robe !
« Je veux juste vérifier que vous ne me mentiez pas tout à l’heure !
-De quoi parlez-vous ? »
Il me répond par un chuintement mi amoureux, mi luxurieux, au creux de mon oreille.
« Vous avez la réponse !
-Délicieux, humide à souhait ! »
Il porte mon odeur à son « doigt de l’ange », avant de s’inquiéter de mon appel interrogatif.
« Dites-moi, je vous sens intriguée !
-Diriez-vous que cette femme, là en face, est intéressée par vous ou par moi?
-Je suis prêt à parier par vous, mais le plus simple est de lui demander, qu'’en pensez-vous ?
-Et bien on peut dire que vous êtes pragmatique, vous !
-Pas vous ?
-Non pas vraiment…
-Mais commandons du champagne, nous verrons cela plus tard, cela nous donnera le temps de faire une analyse plus pointilleuse avant d’intervenir. Etonnez –moi Miss Do, étonnez-là de votre charme félin, étonnez-nous, nous n’attendons que çà, elle et moi.
-Vous êtes dingue !
-De vous oui, vous avez un don d’ensorceleuse dont je veux que vous abusiez »
A ce rythme là, et s’il ne bride mes chevaux sous le capot, nous n’irons pas plus avant que les entrées !
« Pourrions-nous avoir une bouteille de champagne s’il vous plait ? »
Commandé, servi, partagé, j’en offre une flute par le biais d’un serveur interposé à ma soi- disant admiratrice, lui imposant l’audace d’un verre levé à sa santé.
« Dominique, vous êtes magnifique d’arrogance, vous l’avez piquée au vif…Trinquons à nous à présent …mais avant ! Embrassez-moi ! »
J’obéis, un vrai baiser profond nous unit, mais je ne peux détacher mon regard de cette femme insolite dont le regard perdu au milieu du mien accueille mon jeux comme un défi. D’un seul trait elle avale, son verre de champagne !
Je ne sais lire dans ses yeux, je ne vois, ni colère, ni jalousie, mais j’y invente du désir se répandant jusqu’au creux de ses dentelles.
A coté de nous les discussions vont bon train, en Italien assurément, sous les regards émoustillés au masculin, assassins au féminin.
« Dominique, toutes les femmes ici ne vous veulent pas que du bien ! Je ne vous traduirai pas ce que j’ai entendu !
- Je ne veux pas savoir ce que pense une mal baisée ou pas baisée du tout »
Alessandro amusé par ma réplique acerbe est rayonnant, mais je sais, je sens qu'’il ne sait plus quoi penser ! Il ne sait probablement plus s’il est sorti avec la femme ou l’écrivaine, ou les deux !
Ne rien lui montrer, ne rien laisser paraitre de ma gourmandise …Jouer soudain la maitresse de maison, et non la maitresse, celle qui vient de chevaucher fantastiquement le sublime italien qu'’il est. Jouer la délicieuse garce en pleine possession de ses moyens, le maitriser en douce , temporiser son tempérament de feu latin en lui offrant l’autre part de moi-même, la femme , celle qui a un rang à tenir , une attitude chargée de courtoisie et du respect des convenances , celle qui se doit de garder une distance .
L’orage a trépassé, le ciel s’éclaircit, une trouée bleu s’impose à l’anthracite, s’élargit, anémie les nébulosités rageuses d’un mois d’août en avance sur son temps .La surprise d’une nuit bien belle nuit, m’a-t-il promis, encore sous l’emprise de la diablesse d’écrivaine, à moitié dénudée ou complètement nue. A ma manière je tiens à contribuer à ses promesses boulimiques, mais il est temps , à présent, qu'’il fasse connaissance de Madame, certes lubrique, mais plus vertueuse dans la simplicité d’une petite robe noire, la petite robe noire, celle qui ne laisse en rien soupçonner que sous le tissu, le désir est définitivement installé, si ce n’est à ceux qui y sont invités
« Alessandro, avez-vous de quoi vous changer ?
-Non, je n’avais….
-Pas prévu de sortir !
-De sortir ?
-Je vous invite à dîner, à deux pas d’ici, mais le cuisinier, une femme, autant l’honorer a un réel talent
-Ne préférez-vous pas… ?
-Si c’est une manière élégante de me dire que vous refusez, aucun souci, vous avez le droit, mais dans ce cas là, je sortirai seule, et vous…
-Je rentrerai chez moi !
-Je vous laisse le temps de la réflexion, je vais prendre une douche et …
-Ok, ok c’est bon, vous avez gagné, mais c’est juste parce que j’ai encore envie de vous…
-Salaud….
-Monsieur Salaud s’il vous plait, Madame se laisse aller »
Son outrecuidance est plus que séduisante !
Je ne réponds même pas, m’éloigne en le toisant d’un regard assassin, mais non moins complaisant …Il le sait, il la devine cette fièvre mal dissimulée qui coule dans mes veines, cette hyperthermie érotique qui ne m’a plus quittée depuis que je l’ai vu évoluer torse nu autour de la piscine, son regard planté au creux de mes deux seins, sa bouche humidifiée du ton des mots salaces dont il fini par m’inonder.
Il sait, mais il respecte, peut être pour mieux appréhender l’artiste et non la femme, ou peut être bien la femme et non l’artiste. Mais il est brillant, je l’ai deviné dès que j’ai croisé son regard, je veux dire intellectuellement …Il a ce don de deviner les choses, d’envisager les gens avant même de les connaître. Je n’aime pas la médiocrité, je ne parle pas du statut social, mais plutôt de ce mesquin misérabilisme de l’esprit qui consiste à banaliser les sujets les plus fondamentaux comme le sexe. Il n’en fait pas partie. Il a compris que je suis habitée par deux femmes qui cohabitent en quelque sorte dans la même enveloppe charnelle, mais qui parfois se juxtaposent pour donner le meilleur d’elles même…
Je songe à tout cela en harmonisant ma tenue le plus strictement possible.
La robe noire et son symbole ! Près du corps mais pas trop, lassant deviner les courbes sans les dévoiler, donnant à la poitrine largement camouflée par la rigidité d’une encolure ras de cou, la rondeur de la féminité et dans l’emmanchure américaine, la sensualité des épaules largement dénudées.
Je mire ma silhouette d’un air suffisant, je ne suis plus dans la conquête ou la séduction, je ne cherche plus le regard de l’autre, mais plutôt le mien, critique mais complaisant, ou pire le reflet de mon regard sur cette femme qui me toise en accord parfait avec sa personnalité.
La dualité qui est la mienne ne laisse guère de place aux autres, et pourtant Alessandro a su la pénétrer sans même y être invité.
Il me plait ce garçon, mais à mon tour vais-je lui plaire ? Va-t-il aimer l’autre, la femme, celle qui ne laisse aucune place à l’erreur, la faute de goût, la maladresse et qui oriente son attirance sur les maldonnes récupérées sans filet
« Al ? Alessandro ? »
Seul le silence répond à mon appel. J’en étais sûre, il n’a pas aimé ma suffisance, mes directives improvisées.
Deux mains puissantes m’immobilisent et avant même que je réagisse, barrent ma vue.
« Retournez-vous Miss Do
-Al, vous êtes superbe
-Al ?n’est-ce pas un peu prématuré ?
-Tout comme Miss Do !
-Je voulais vous inviter à diner et…
-Vous m’avez menti, vous aviez de quoi vous changer….Mais qui êtes-vous donc un diable dans la peau d’un mannequin homme vantant les mérites d’une eau de toilette renversante ?
-Et vous ? Le diable fait femme ! Vous êtes sublime !
Sans y être invitée, je glisse ma main sur son entrejambe, histoire de m’assurer du bon fonctionnement de cette récente relation.
Rien à dire, il défend comme un beau diable son rôle d’amant à portée de main. Pas de coton discipliné qui ne vienne barrer un accès libre et libertin à cet irrésistible appendice et ses deux acolytes, symboles de sa virilité. Le seul effleurement de mes doigts le fait déjà bander et par provocation ou par humour j’abuse de ma légèreté tangible du moment
« Nous donnerez-vous le temps de diner avant que de me baiser ? »
Sans autre forme de procès, tendrement mais avec assurance, il glisse ses mains sous l’étroitesse de ma robe, puis un doigt plus inquisiteur entre mes lèvres déjà humides, avant de répliquer
« A vrai dire, je crois, vous n’êtes pas aussi prête que je le pensais, à moins que vous ne sachiez argumenter ma raideur et me mettre en appétit entre deux plats «
Je souris, il est pire que moi….
« Réservez Dominique, avant de changer d’avis », me dit-il son sexe à nouveau tendu sous son pantalon de lin blanc.
Je compose nerveusement le numéro…
« Allo, oui bonjour, auriez-vous ne table pour deux ? …Comment cela c’est complet …Attendez un instant….Je vous vois d’ici, et je vois aussi une table qui m’attend ….HA HAHA …vous voyez … A tout de suite, prêt Al ?
-Miss Do, je vous adore !
-Attendez la suite, vous risquez d’infirmer ! Allez, Bad Guy, en piste ! »
Le jeu érotique prend une tournure burlesque qui n’est pas sans nous exciter mutuellement. Le sens artistique aigu de nos personnalités fait de nous une seule entité prête à tout pour sacraliser érotiquement une rencontre inespérée, lui de lin blanc vêtu, et moi d’une petite robe noire !
La colère orageuse d’un mois d’août débutant m’offre involontairement des désirs bouillonnants. Le moindre des déplacements d’Alessandro me flanque des frissons, dans l’attente indécente qu'’il vienne à nouveau m’enfiévrer de la magie épidermique de sa peau bronzée.Dans l’ambiance crépusculaire bleutée de mon salon aux couleurs provençales panachées, il évolue comme un beau diable entièrement dénudé, m’offre son esthétisme naturel, ses fesses rondes à croquer, sa cambrure excitante, son profil souriant au bonheur des instants, son sexe débandé, une invite criante à la nécessité d’à nouveau le raidir pour m’offrir le plaisir de sa virilité. Son impudeur lubrique m’inflige les conséquences d’un puissant aphrodisiaque, ses codes érogènes ou réactions en chaine. De la pointe de mes seins jusqu’à mon entrecuisse, en passant par mon ventre, ma cambrure, je me sens imprégnée d’une troublante brûlure, un désir démoniaque de me faire posséder ! Il n’est qu'’à quelques mètres de mon corps chaviré par la puissance de sa masculinité, ne manifestant rien de son désir de moi. Mais déjà en plein cœur de mon triangle intime, une source de cyprine manifeste mon émoi. Son regard alangui semble m’incriminer de mon incontinence érotique. Plus il semble me punir par son indifférence, pire par son mépris, plus j’ai envie de lui, qu'’il me prenne dans l’urgence, à la hussarde, violemment avant même qu'’il ait sondé la magnanimité humide de ma féminité.
Regards énamourés de chattes quémandeuse de caresses câlines, ondulations sournoises de hanches ondoyantes, nudité baladant impudique les larmes érotiques d’un désir évident, aucun de mes comportements félinement provocateurs ne paraissent troubler son apathie sexuelle.
Déboutée, je ressens une gêne, l’étrange sensation que je me suis trompée, pire que j’ai pris mes désirs pour la réalité.
Je m’échappe soudain de cet emprisonnement, de cette geôle virtuelle, cette cage érotique dans laquelle il m’observe comme il observerait un oiseau piégé, ses ailes prises dans les mailles d’un filet. Dans son regard posé sur ma dérobade, je lis la perversion, celle d’un conquérant manipulateur de mes envies.
Encore plus accablantes que son stoïcisme, ses manœuvres malsaines destinées à me pousser à l’abandon me conduisent malgré moi vers ma chambre.
J’enfile à la hâte la première robe légère à portée de mes doigts, presque instinctivement, regarde ma silhouette dans la psyché dormante, enfile des mules à haut talons et rejoins aussi vite le grand salon déjà vide d’Alessandro et de sa plastique parfaite.
Je m’entends dire à voix haute « le salop, il s’est barré » et presque aussitôt je recueille, embarrassée, le son de sa voix tourmentant mon oreille.
« Le salop est là, mais ne le regardez pas, baissez le regard et laissez-vous regarder »
La situation prend des tournures que je n’avais pas escomptées.
Me voilà presque soumise aux désirs avilissants d’un pseudo piscinier que je ne connais que depuis quelques heures .Etrangement, loin de me blesser ou de me contrarier, l’orientation des évènements ne fait que rajouter un degré supplémentaire à ma folle envie de lui. Il le sait, je le sais, il sait que je le sais, comme je sais aussi que ce jeu diabolique de sa domination ne durera que le temps de la séduction.
« J’aime que vous ayez dissimulé votre impudeur, par la non moins impudique robe que vous avez choisie .Séduisez moi, surprenez moi et je serai à vous
-Mais que...
-Taisez-vous, faites moi bander ! »
Il me donne les moyens d’enfin lui dévoiler ma gourmandise charnelle …dans un scenario improvisé dont il est la source d’inspiration, lui et le mystère de sa puissante personnalité, lui et son magnétisme physique, lui et sa sublime queue.
C’est à elle que je pense, lorsque félinement, je m’éloigne de lui, chaloupant ma démarche sur mes talons aiguilles, ma cambrure haut perchée dans un décolleté dévoilant la naissance de mes fesses, semblant lui suggérer à chaque pas glissé l’ordre de me baiser, de me prendre dans l’urgence !
C’est l’écrivaine qu'’il aime, c’est elle qui le fait bander, alors moi l’écrivaine je vais lui faire goûter à la créativité de mes polissonnes pensées.
Licencieuse malhonnête, vers mon poste de travail, je dirige ma silhouette, me penche outrageusement sur le dossier de ma chaise de travail, à la recherche d’une nouvelle sélection musicale.
« La vue est magnifique, entre ombre et lumière, vous savez suggérer. Je devine les contours de votre diabolique cul et plus bas les lignes de votre sexe qui m’offre des perspectives autres qu’’artistiques, une épure orgasmique »
Ses mots, ses suggestions, Alessandro est talentueux dans l’accompagnement érotique, sa voix posée tantôt autoritaire, tantôt provocante entre mes cuisses. Elle dirige mes vices inexorablement. Sa silhouette, dissimulée dans la pénombre de la pièce par l’orage assombrie, m’impose inconsciemment ses rêves prémonitoires. Repoussant mon ordinateur portable sur le fond du bureau laissant une large place à mes fesses dénudées, je décide dans l’improvisation, de lui offrir le spectacle d’une femme possédée par sa lubricité.
Cette étrange attirance qui nous rapprochés m’invite à le surprendre dans la complicité.
Assise sur mon bureau juste à peine éclairé par la lueur de l’écran rougissant à la proximité de mes fondements, j’entrouvre dans l’impudence mes cuisses, mes jambes reposant sur le siège tout près de moi. L’instant est judicieux, mon désir pernicieux. L’angle aigu que dessinent mes cuisses écartées dévoile impunément mon sexe lisse nacré d’une immorale envie d’à Alessandro m’exhiber. Mes doigts ont le secret de mes zones érogènes, entament dans le calice de mon imprégnation, des caresses dépourvues de toute inhibition. La jouissance arrive, fulgurante, diabolique, enchérit ma volonté de ne pas succomber. Prise à mon propre piège de ma féminité, je suis trahie par ma fébrilité. Agrandissant l’ouverture de mes cuisses affolées, jusqu’à ce que l’angle aigu se fasse lentement obtus, j’offre à Alessandro la vision hypnotique de ma fente amoureuse, affamée de son sexe tendu. Je ne pense qu'’à lui, le réclame en silence, désire, rêve des doigts d’Alessandro coulissant sur sa hampe dont il va honorer ma chatte inondée.
Comme agissant par ostentation, Alessandro s’échappe de son silence, émerge de son coin d’ombre en se ruant sur moi. Alors même que l’orgasme, sous mes doigts audacieux, m’arrache une complainte, cambre un peu plus mes reins, je me sens soulevée fermement.
Deux énergiques mains s’impriment dans la rondeur de mes fesses, une langue en érection m’empêche d’exulter, pénétrant dans ma bouche comme une violation.
Alessandro m’emporte, mes cuisses enroulées autour de ses hanches, mes seins, ma peau collés à son torse enivrant, la raideur de son sexe dans le sillon de ma croupe.
Ce sont nos corps soudés qui envahissent le canapé, avant d’entamer une chevauchée érotique.
« Avez-vous vu comme vous me faites bander, réclamez-moi encore et vous aurez enfin ce que vous désirez »
J’aime son vouvoiement, il épice la rencontre, une synergique séduction fatale qui n’en ait qu'’à ses balbutiements. Mais je n’obéis à ses désirs, n’en fait plus qu'’à ma tête, le chevauche sauvagement, me pénétrant de lui jusqu’au fond de mon ventre. En trois coups de bassins, mes ongles félinement plantés dans ses poignets d’amours, je le sens venir en moi comme la lave d’un volcan qui cherche à s’exprimer. Mon orgasme le rejoint alors que sur mon ventre il signe sa jouissance d’un aveu blanc laiteux en accablant l’écrivaine de termes injurieux.
Dans mon plaisir de lui, éternelle amoureuse, j’ai envie de lui dire je t’aime tant il est beau, mais tout me l’interdit, il est homme de passage, un bonheur éphémère de mes instants de vie.
Il me couvre de baisers sur mes seins, dans la nuque, je fonds sous la nature de cette nouvelle tendance qu'’il a à me séduire.
Il me murmure soudain
« Encore envie de vous, je ne vous ai pas goûté, j’aime déjà la saveur de votre sagacité érotique
-Je ne vous ai pas goûté non plus, mais j’aime déjà la saveur de vos baisers »
Il m’échappe lentement, me demande poliment la permission d’un douche et moi je m’adresse bêtement à mon sexe comblé
« Tu as fait des ravages nous voilà dans de beaux draps »
Encore ruisselant, les hanches enveloppées d’une serviette blanche, il me félicite pour la sensualité qui se dégage de mes appartements.
« J’aime beaucoup votre boudoir intime, mais je me suis égaré dans ce qui semble être votre atelier.
-Oh ma chambre atelier !
-Votre lit à baldaquin, me semble plein de promesses, qu'’en pensez-vous ?
-Je ne pense pas, je laisse libre cours à votre imaginaire !
-Oubliez vos écrits, je vous réserve la surprise d’une bien belle nuit »
Serait-il cet amant que j’ai tant attendu. Je songe à des fantasmes sans les lui avouer…
Marco, mon dernier héros, sous mes doigts animés, destine sa bien aimée du moment à de biens lubriques intentions. De temps à autre, je m’inquiète de l’avancée des travaux d’entretien de la piscine, en intervenante soucieuse de mon bien être environnant.
J’ôte alors fémininement mes lunettes d’auteur désorientée par une presbytie déjà bien installée, pour observer consciencieusement Alessandro peaufiner son boulot.
J’essaie sans succès de ne plus faire cas de ses allers et venues autour de la piscine, évolutions qu'’il pigmente presque inconsciemment de regards jetés à la va vite à mon intention. Je le défie, de mon inattention, perdue que je suis dans les méandres de ma créativité littéraire. Marco, Alessandro, je n’ai plus de repères, les deux hommes sèment la confusion, se rassemblent dans un seul et même personnage…Je me relis …Merde, j’ai écris Alessandro à la place de Marco ! La seule différence c’est qu'’Alessandro est bien réel comme mes désirs de lui .Je poursuis !
« Dominique, voilà j’ai fini »
J’ôte une nouvelle fois mes montures, plutôt que de lui jeter un regard par-dessus mes verres dont l’attitude donnerait une note sévère à mon comportement
« Dominique !
-Oui, je vous ai entendu
-Voulez-vous me faire plaisir ?
-Pardon ?
-Gardez vos lunettes .Je vous observe…Et j’aime l’auteur !
-Chacun son tour !
-Depuis tout à l’heure …Lorsque vous écrivez vous vivez vos émotions…vos sourires …votre gestuelle ! »
Bêtement je lui obéis.
« Voulez-vous un autre verre d’eau, peut être prendre un bain ?
-Boire oui bien sûr, quand à prendre un bain, oui avec plaisir …mais
-Mais ?
-Je suis nu sous mon pantalon !
-Oh ! Aucun souci pour moi, tout le monde se baigne à poil dans cette maison
-Tout le monde …je ne vois que vous et moi. Vivez-vous seule ici, un mari, un amant ?
-Pas de mari, les amants ça va, ça vient, mais quand ça vient, ça ne va plus !
-Je vois, Madame aime sa liberté !
-La liberté se paye cher parfois, mais elle m’est très chère oui ! »
Je m’éclipse, mes lunettes sur le nez, au risque de tomber dans la piscine par manque de netteté.
Depuis la cuisine j’entends un grand plouf ! Zut, j’ai raté l’effeuillage !
J’essaie derrière la moustiquaire de deviner la partie immergée de la morphologie d’Alessandro aussi à l’aise dans l’eau qu'’un poisson.
Je m’apprête à lui apporter son verre d’eau quand il m’interpelle
« Plutôt qu'’un verre d’eau auriez vous une bière ?
-Oui bien sûr !
-Une Carlsberg ça ira
-Parfait »
Sait-il à quel point il est diabolique, ainsi accoudé sur la margelle de la piscine, sa toison jais et bouclée, de reflets aquatiques éclairée, ses yeux plus noirs et plus brillants que le plus sombre des quartzs fumés. Bien sûr qu'’il le sait, il en joue, en abuse, en appelle volontairement à mes pulsions érotiques.
Je lui dépose une canette et un verre !
« Pas de verre… »
A peine dit, il avale une bonne rasade de la boisson maltée !
« Skål ! »
Je reste interrogative !
« C’est du Danois !
-Je sais …mais !
-Carlsberg…Danois !
-Ah oui !
-Et puis cela suffit, arrêtez de jouer les mijaurées »
Une fraction de seconde, il lui aura fallu une fraction de seconde pour m’emporter dans le bassin avec lui !
« Vous êtes dingue je lui cris lorsque je ressurgis, je suis furieuse !
-Si c’est le cas, ça vous va bien, je ne regrette rien ! Mais ne m’avez-vous pas dit que cette piscine était réservée aux naturistes ? Tournez-vous ! »
Pourquoi j’obéis, je ne sais pas, ou plutôt je le sais très bien.
La fermeture de mon haut de maillot saute en un instant, libérant mes seins d’un carcan devenu accessoire. Mon bikini ne résiste pas très longtemps au plus que persuasif regard d’Alessandro. Que dire de ma pudeur, elle est inexistante, ne fait surement pas partie de mes gênes. J’aime l’été pour la possibilité qu'’il m’offre de vivre dénudée, d’écrire dans mon plus simple appareil, et ce n‘est certainement pas la présence d’un athlétique piscinier aussi impudique que moi qui va me faire déroger à la règle. Nous évoluons comme deux poissons, rien de plus, rien de moins. Finalement, il n’est pas si lubrique que cela le matelot !
Le mois d’août, si ce n’est qu'il fut le berceau de ma venue au monde a ses revers !
« Je ne voudrais pas vous affoler, mais l’orage gronde chère Madame, que nous prenions une saucée n’a rien d’alarmant, mais je doute que votre ordinateur portable résiste aux éléments !
-Nous avons encore le temps, je ne sens de l’orage que l’électricité dans l’air, pas encore cette odeur envoutante de la terre chaude d’eau mêlée.
-Cela ne saurait tarder ! Vous aimez vivre dangereusement !
-Plutôt oui ! »
De grosses gouttes s’abattent sur nous. Alessandro se précipite hors de l’eau arrachant mon outil de travail aux caprices météorologiques aoûtiens.
Une bien belle carrure s’extirpe de l’eau à la force de bras vigoureux, une largeur de dos structurée délicieusement délimitée par une cambrure presque féminine et un fessier comme je les aime, puissant musclé, mais pas trop, joliment surmonté de deux fossettes jumelles. Inutile de détailler, tout est parfait verso.
Avec une agilité déconcertante il s’empare du portable, puis engage une course poursuite calculée contre la pluie, sur la plage de teck, afin de mettre au plus vite mon écritoire technologique à l’abri. Le recto n’a rien à envier au verso, c’est mon jour de chance. Avec l’orage pour complice je découvre avec véhémence des jambes joliment musclées et une bien belle queue se balançant mollement au rythme de sa course.
Il réapparait sur la terrasse, me tend une main énergique, m’arrache à l’eau avant de m’envelopper dans une grande serviette attendant patiemment qu'’on lui destine son rôle spongieux.
Les éléments se déchainent, le vent souffle en rafale, mais ne rafraichit pas pour autant l’atmosphère, étouffante, accablante tant une fièvre érotique vient de s’abattre sur nous presque instantanément.
Ne demeurent plus sur les abords de la piscine que quelques vêtements éparpillés ici ou là, un pantalon de lin détrempé, des rayures et des pois mêlés, quelques vestiges désordonnés d’une tenue vestimentaire rapidement abandonnée.
Le ciel anthracite, les éclairs déchirant l’horizon de lourds cumulonimbus chargé, les roulements de tonnerre magnétisent l’instant, l’instant que je choisis pour laisser choir la serviette et coller mon corps nu et encore légèrement ruisselant contre celui d’Alessandro, l’instant que je choisis pour enfin ressentir sa raideur sur mon ventre faire bouillonner mon sang …
« Vous me mettez dans un bien bel état
-Je peux vous retourner le compliment
-Cette maison transpire la sensualité, le savez-vous ?
-On me le dit souvent, mais je ne sais pas pourquoi !
-Un érotisme plane, votre écriture surement ! Laissez-moi faire »
Il évolue dans la tenue d’Adam en toute simplicité, réinstalle l’ordinateur sur mon bureau, recherche de la musique, me sert un verre.
Il est à présent comme chez lui, comme la plupart de mes amis me rendant visite.
J’ai soudain l’impression d’être son hôte ! Il est à peine dix huit heures, il fait aussi sombre qu'’au crépuscule naissant, l’heure bleue magiquement sensuelle…Il allume ça et là des bougies !
Django sublime l’ambiance de ses accords diaboliques !
Prise au piège de mes tourments, je suis en un tour de main magistral devenue l’héroïne d’une pièce, une tranche de vie dont Alessandro est à la fois coauteur, acteur, metteur en scène et décorateur !
A suivre...
Note de l'auteur: rien n'était moins sur , cette histoire mérite un autre volet ,demain peut être , en espérant que mon inspiration lui donne une fin ...Désolée " Marco" attendra!
Je suis en train d’écrire lorsqu’il arrive. Plus tôt dans la journée, je m’étais installée à l’ombre du parasol sur la terrasse, mes écrits embaumés du parfum du figuier et musicalisés par la stridulation des cigales dissimulées dans les pins environnants. Cette ambiance méridionale est soudain troublée par un appel insistant d’une voix masculine inconnue, derrière mon portail. Juste vêtue de rien, une capeline de paille aux couleurs verdoyantes, un bikini à pois, à peine camouflé d’un paréo coordonné, j’abandonne les touches noires de mon clavier, m’inquiétant dans l’urgence de l’appartenance de ce timbre de voix que je ne reconnais pas. Une silhouette virile et si jeune à la fois, attend sagement que quelqu’un lui réponde !
« Bonjour Madame, je suis le piscinier !
-Je ne vous attendais pas si tôt ! Et puis c’est Lorenzo qui vient habituellement !
-Je suis désolé ! Lorenzo est débordé par ces temps caniculaires, les eaux n’en font qu'’à leur tête !
-Ne le soyez pas, peut-être allez vous faire des miracles ! Suivez moi, c’est par ici que ça se passe ! »
Docilement, professionnellement, il emboite mon pas vers le bassin dont la couleur verdâtre inhabituelle n’a rien d’engageant.
« Voici l’objet du litige
-Effectivement, il y a urgence ! Me réplique –t-il en jaugeant ma silhouette des pieds à la tête »
J’aime à songer qu'’il joue sur les mots et les situations
Il s’esquive rapidement, retourne vers son véhicule garé devant la maison, je retourne naturellement à mon clavier.
Lorenzo, charmant au demeurant, est un Italien, la soixantaine bedonnante, un rire gras au bord des lèvres sur des jeux de mots que lui seul amusent. Il en est attachant tant il a l’air convaincu de séduire par ses incursions relevant plus du pathétique que du comique, je l’aime beaucoup ! Mais il faut avouer que son remplaçant à de quoi se faire aimer différemment.
Derrière le paravent de mon chapeau, j’aperçois sa silhouette sensuellement éprouvante aller et venir à volonté alors que mes doigts pianotent de plus en plus fébrilement sur le clavier. J’en oublie le pauvre Marco, héros de ma dernière nouvelle érotique. L’homme, enfin le jeune homme d’entretien fait soudain ombrage au latino-romain et son riva conduit à pleine vitesse vers une destination érotique. L’intérimaire inespéré par cette caniculaire journée d’été offre des ailes à mes désirs qui ne demandent qu'’à se déployer. Etrangement vêtu pour le travail qu'’il accomplit ! Un pantalon de lin blanc, en la taille resserré d’un lien coulissant, en la base retourné à mi mollet, le tout rehaussé d’un polo rayé marin aux manches retroussées. Mon imaginaire va bon train…Je devine un corps structuré sous les rayures horizontales. A chacun de ses mouvements débarrassant l’eau de ses impuretés, je devine un buste élégamment musclé, des épaules larges et carrées mettant en exergue un V athlétique jusqu’à la taille. Une image me vient en tête, ces jeunes esthètes triés sur le volet, que j’ai pu croiser cet hiver chez Abercrombie à NYC, à qui vous achèteriez n’importe quoi dans le seul but de les effleurer .Il n’a rien à leur envier ! Dois je me débarrasser de mes lunettes, au risque de plus rien voir sur le clavier que de vagues pattes de mouche floues, pour mieux apprécier sa vigoureuse carrure. Je me fous de vieillir, mais j’avoue que ces foutues montures, sont là et bien là pour me rappeler que je n’ai plus 20 ans !
Me replonger dans mes écrits, oublier l’intervenant, faire fi de son érotisme puissant !
« A contre courant de mes convictions, nonobstant tous les interdits de la situation, comme l’étrave du bateau pourfendant la mer en écume surgissante, imprévisible, je laisse ma main courir sur le corps de Marco.
Etourdie par la vitesse du bateau, et surement aussi par les deux verres de champagne bus coup sur coup, mes doigts impérativement dirigés par les secrets lubriques de mon cervelet, se perdent très rapidement sous le caleçon de bain de Marco. Il a de plus en plus de mal à tenir le cap de sa destination que je désire érotique et sans contrefaçon, une destination idyllique au milieu de nulle part .Je suis comme dans un rêve, un roman que j’aimerais lire et dont je serais l’héroïne tendancieuse et libertine, protagoniste perverse et abusive d’un italien ravageur en perdition, victime d’une diabolique amante. »
Marco, mon héros du moment a gagné la partie !
Mes mots glissent naturellement, je me suis à nouveau imprégnée de mon histoire, poussant intérieurement un « ouf » de soulagement pour n’avoir pas succombé à mes lubriques émotions. Je ne lève plus les yeux de mon écran jusqu’à ce que poliment le jeune pseudo marin m’interpelle !
« Pardon Madame, puis-je retirer mon polo, j’avoue avoir très chaud
-Faites, faites, je ne suis pas une tortionnaire »
C’est lui le tyran ! Il retire son polo et me dévoile impunément sa jeunesse musculeuse, et comme si cela ne suffisait pas, il gratifie sa renversante silhouette d’un chapeau de paille effiloché. Il ne m’en faut pas plus, dans mon imaginaire débordant, pour endosser le rôle d’une coquine Lady bourgeoise en face à face avec son jardinier ou homme de compagnie, homme à tout faire, des besognes les plus éreintantes et manuelles aux plus érotiques et tactilement prohibées. Son polo rayé négligemment jeté sur le dossier du siège qui me fait face, me renvoie par bouffées ses fragrances musquées mal emprisonnées dans les mailles serrées du tissu de coton. Un mélange indicible âcre et suave à la fois éveille irraisonnablement, d’abord olfactivement, puis « épidermiquement » mes codes érogènes. Un bouclier de pudeur professionnelle lui ôte toute possibilité d’analyser l’effet produit. Il travaille avec application afin de redonner à l’eau de la piscine sa couleur azurée d’origine. Dans un duel sans précédent il me confronte à son mutisme que je combats en l’observant sournoisement. Sous son chapeau des perles roulent, qu'’il essuie de temps en temps, retirant son couvre chef, d’un grand revers de la main sur son large front autoritaire. Des boucles brunes, une toison, retiennent les larmes de son labeur, suées viriles. Lorsque la paille quitte sa tête, son large regard sombre cerné d’une ligne de longs cils noirs fournis et recourbés me fascine, tout autant que ses lèvres pulpeuses, dont j’imagine la perversion sous un baiser appuyé. Un nez viril légèrement épaté, pas de droiture ! Je reconnais cette physionomie faciale, elle est celle des latins, les latins d’Amérique du Sud, brésilien !
Voilà le fil de la rupture à ce long silence qu'’il m’impose comme une torture ou une punition !
« Excusez-moi jeune homme, enfin quel est votre prénom, puis je vous poser une question ?
-Bien sûr, Madame, mais vous venez de m’en poser deux, me rétorque-t-il en souriant
-Dominique !
-Non, je m’appelle Alessandro !
-Dominique c’est moi !
-Ah ok et l’autre question ?
-Bien je pensais que vous étiez d’origine brésilienne, mais vu votre prénom vous devez être italien !
-Bravo, je suis italo brésilien, brésilien par ma mère, italien par mon père !
-D’autres questions ?
-Voulez-vous boire quelque chose ! Il y un moment que je vous observe, vous dégoulinez
-J’avais remarqué, je ressens ces choses là ! Je ne suis pas indifférent à votre regard dérobé »
Il va me faire rougir ce petit effronté !
« Je veux bien un grand verre d’eau
-Reposez-vous un instant, je vous l’apporte, asseyez-vous !
-Qu'’écrivez-vous ?
-Vous pouvez lire si vous le désirez !
-Avec plaisir, une pause m’arrachera à mon boulot bassement matériel »
Je ne relève pas sa réplique et m’échappe en direction de le cuisine depuis laquelle je l’épie .Les femmes sont curieuses, je ne déroge pas à la règle. J’analyse la moindre de ses attitudes à la lecture de ma nouvelle, observe avec gourmandise son regard délateur de ses émotions.
« Voilà, lui dit-je en lui tendant le verre. Alors vous aimez ? Surpris ?
-Pas vraiment !
-Vous n’aimez pas !
-Si beaucoup, mais je ne suis pas surpris !
-Vraiment ?
-Comment dirais-je ? Votre écriture reflète ce que vous dégagez !
-Et je dégage quoi à vos yeux ?
-Je devine en vous une femme très charnelle !
-Vous me bluffez jeune homme ! Vous avez l’air si jeune pour une appréciation aussi pointue sur les fermes !
-Vous confirmez donc ! Je ne suis pas si jeune, je vais bientôt fêter mes 35 ans !
-Vous avez l’air si innocent !
-Ce n’est qu'’une apparence, ou une fausse pudeur. En vérité je suis acteur de théâtre, intermittent du spectacle, mais il faut bien manger quand les rôles ne se bousculent pas aux portillons
-Acteur ! Ce qui explique que vous jouez bien votre rôle de piscinier !
-Non, ce n’est pas un rôle ! Mais me donneriez-vous un rôle dans vos histoires ?
-Vous m’inspirez !
- Quel sens dois-je attribuer à votre inspiration Dominique, propre ou figuré ?
-Pas très propre, ni figurative
-Vous ne répondez pas à ma question !
-C’est les règles de mon jeu »
Il sourit de ma réplique, pose son verre sagement et retourne à son travail et moi au mien.
Nos regards échangés en silence, nos sourires bienveillants s’entrelaçant sporadiquement en disent bien plus longs que nos quelques phrases échangées.
35 ans ! Tous scrupules m’abandonnent et loin de me faire ombrage, mon prochain anniversaire se profilant à l’horizon, pimente diaboliquement ma décision soudaine de séduire Alessandro, endossant momentanément le rôle de Pygmalion !
A suivre...
Note de l'auteur: emportée par l'écriture...une seule fois n'aura pas suffit ...La suite et fin demain ...si possible
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