Le silence consécutif à ses paroles s’alourdit, mais différemment. Mady se surprend à être plus vivante que jamais, mais pas uniquement à cause de l’incroyable complicité qui s’est installé entre Arthur et elle. Quelque chose d’autre, un désir latent, se ranime en elle, ce désir trop longtemps refoulé par crainte de vulnérabilité et l’angoisse de perdre le contrôle. Mais en cet instant suspendu dans la lumière tamisée du restaurant et le regard intense d’Arthur, le désir s’inscrit plus pressant. Soudainement perdue entre l’accélération des battements de son cœur et la douce chaleur diffusée dans son ventre, malgré le trouble de ses pensées, une chose est claire elle le désire. Leurs regards se croisent, et elle sait qu’il ressent pour elle la même attirance, bien plus qu’une simple amitié ou de la curiosité. Dans chacun de leur mouvement, chaque mot, chaque sourire échangé, elle perçoit une tension palpable, une attraction qui flotte irrémédiablement dans l’air. Arthur, de son coté, sensible au changement quasi imperceptible de l’attitude de Mady, la dévisage, ses yeux plus sombres, le regard, plus profond, plus pénétrant. Une manière discrètement élégante de comprendre ce qui se passe sous la surface. Il ne cherche en rien à précipiter les choses, mais il ne peut être ignorant de cette appétence naissante.
Mady prend une inspiration, ses doigts frôlant le bord de son verre. A la fois, en paix et en alerte, elle vit cette étincelle de désir croissant qui brûle en elle comme un élan. Elle a toujours été maître de ses émotions, mais ce soir avec lui, elle se sent prête à tout laisser aller , à se libérer de ses barrières
« Arthur »
Elle s’exprime avec beaucoup de douceur, presque timidement, mais ses yeux trahissent ses émotions.
« Je crois que je veux plus que cette soirée, je veux plus que ces mots »
Ses paroles flottent dans l’air, lourdes de sens. Elle se penche légèrement en avant, ses lèvres presque à la portée des siennes, son souffle se mêlant au sien.
Il est un jour où les rides, calligraphies émotionnelles, viennent déposer sur nos visages savamment graciles et féminins, si solaires soient-ils, les cicatrices du temps. Nous n’en sommes pas moins femmes, moins désirables sûrement, pourtant toujours aussi sensuelles. Complices silencieux, nos miroirs reflètent non plus la fraîcheur d’hier, mais la profondeur et la sincérité d’aujourd’hui. Chaque ride devient le souvenir d’un éclat de rire, d’une larme versée, d’un souffle retenu. Pas moins femme, mais autrement, pas moins désirables, mais différemment nous avançons, portant en nous la beauté d’une flamme qui refuse de s’éteindre. Loin des regards qui ne savent voir que l’éphémère, nous restons malgré tout de grandes passionnées, d’un frisson inattendu, d’une main frôlée, d’un matin qui recommence, toujours prêtes à croire, que le cœur, lui ne prend pas d’âge. Dans la force d’un sourire, d’un regard, souvent bousculés par des tempêtes, on perçoit encore en nous cet éclat d’une vie amoureuse, teintée de ces baisers qui portent en eux la mémoire des premiers et la promesse des derniers. Amoureuses de la vie, de l’amour lui-même, de cette conviction que le cœur et le désir ne comptent pas les ans, qu’il bat avec la même fougue lorsque l’instant est vrai dans la splendeur de sa sincérité. Car il est des élans qui ne s’éteignent jamais, des frissons qui défient le temps, des regards qui savent encore s’illuminer d’un feu ardent Il est un jour où l’on comprend que l’âge n’est pas une fin, mais une continuité. Que chaque ride est le reflet d’une vie pleinement vécue, avec ses bonheurs et ses détresses, ses désirs fous irrationnels
Tant que les matins frémissants d’espoir résisteront à l’abandon, que les nuits brûlantes de passions seront là, ne seraient ce qu’en rêve, nous resterons pleinement femmes, pleinement vivantes, pleinement vibrantes, inaltérables dans notre quête d’amour et de plaisir.
Portée par cette intime et sourde réflexion, elle se laisse guider par les démons de sa sensualité qu’elle a trop longtemps ignorée. Elle rompt le sortilège qu’elle s’était imposé.
Arthur ne bouge pas, ni ne détourne le regard. Ses lèvres se pressent aussi légèrement que discrètement, comme pour retenir un désir qui ne demande qu’à s’exprimer. Dans un léger sourire, il murmure
« Alors Mady »
Il laisse ses mots suspendus un instant, avant de les laisser glisser en une presque invitation
« Dites-moi ce que vous désirez, je suis à votre écoute dans chaque mot, dans chaque geste »
Autant de connivence la surprend tout autant qu’elle la séduit. C’est ce qu’elle voulait entendre. Pas de jugement, pas de pression, juste cette discrète incitation à céder à l’envie de vivre pleinement ses pulsions du moment. Mady capture le regard d’Arthur avec franchise et magnétisme
« Je veux… » Elle hésite encore, mais au fond, elle n’a plus de raison de retenir la fougue de ses désirs.
« Je veux être avec vous, ici, maintenant. Je veux connaître vos émotions sans retenue »
Arthur se penche alors légèrement en avant, effleurant de ses mains le bord de la table, mais sans la toucher. Leurs visages sont si proches qu’ils ressentent réciproquement l’odeur, la chaleur de la peau, l’attente et cette irrésistible attirance.
« Je vous sens Mady, dit-il d’une voix rauque plus basse. Ce que vous voulez, je le veux aussi, Mais il n’y a aucune précipitation, juste l’instant présent »
Dans cette sensation de sensuelle proximité, ferme les yeux un instant pour savourer au mieux cette intimité naissante. Il n’y a plus que lui, plus que cette tension qui les enveloppe, qui les attire inévitablement l’un vers l’autre. Un désir sincère et partagé, sans artifice, ni faux semblants. Juste la promesse d’une nuit qu’ils ne comptent pas oublier
A suivre...
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