C’est bien cette fausse pudeur qui donnait tout son charme à Mathilde.
Derrière la femme racée et affable se profilait discrètement la silhouette d’une personnalité dont le goût pour le charnel ne laissait aucun doute aux hommes gourmands de sensualité. Benjamin s’était laissé séduire par sa féminité sans pour autant en traduire les codes. Son manque de maturité surement l’avait empêché d’en découvrir toutes les subtilités et bien que bon amant, Mathilde sans vouloir lui avouer, s’en était vite lassée.
Son goût pour la luxure avait repris ses droits, la poussant malgré elle à commettre un parjure, à préférer la baise à des sentiments amoureux plus loyaux et plus louables, à préférer le plaisir de l’instant à la douleur et l’ennui du longtemps.
Maxance ne s’y était pas trompé, Christopher n’avait pas oublié, et ce regard faussement naïf qu’elle venait de leur lancer était bien plus explicite qu’un aveu spontané.
Jouant à merveille de sa simplicité, arborant une attitude naturellement conviviale, virevoltant autour des convives comme une adolescente, elle avait servi un verre de son breuvage à chacun d’entre eux.
Puis, le regard plongé dans celui de Maxance, un sourire dirigé à l’attention de Chrys, elle leur avait demandé impunément de se décaler pour qu’elle puisse prendre place entre eux, laissant ainsi tout le loisir à Prisca de bluffer Benjamin. Entre un amant parfait, Chrys, toujours amoureux mais volage, et une nouvelle toquade, Maxance, sans passion, ni destin, elle jouait sans vergogne, affrontant de surcroit l’hypothèse d’une épouvantable scène de jalousie de son jeune amoureux transis. Mais pour autant l’ambivalence de la situation doublée de mystère avaient exacerbé ses sens au point que sous le tissu de sa robe légère, une effervescence érotique orchestrait inconsciemment ses désirs. Ne serait-ce son passé de libertine régenté par l’amour qu’elle vouait à Chrys, elle aurait pu, de manière inhérente à sa personnalité se vautrer dans les bras des deux hommes en même temps, savourer la volupté d’être désirée par deux amants qui chacun à leur tour, ou coinjointement, en totale complicité, aurait pu la combler de plaisir.
Un instant, elle les avait imaginés la couvrir de baisers, propager sur son, corps des frissons en rafales, l’accompagner doucement, puis plus brutalement jusqu’à la jouissance si particulière, puissante et dévastatrice, que seul un trio infernal peut procurer.
Perdue dans ses visions pour le moins utopiques, elle n’avait repoussé les mains respectives des deux amants romanesques, qui s’étaient égarées sur le haut de ses cuisses, aux abords de son sexe, sans jamais l’effleurer.
La saison estivale n’en était encore qu’à ses balbutiements, et Mathilde sous le voile de sa robe, avait conservé ses bas de voiles noirs délicatement retenus par les portes jarretelles à l’origine du détournement du jeune Benjamin.
Mais étrangement, en ce début de soirée printanière, il ne semblait plus y accorder aucune importance, préférant lover ses œillades dans le décolleté apetissant de Prisca et promener ses mains sur le resplendissant de ses hanches féminines.
Mathilde, ne pouvait rien lui reprocher, si ce n’était sa présence, parcequ’ainsi malmenée par deux mains en quête de perversion, le temps n’était pas loin où elle ferait fi de sa pudeur.
Des frissons enjôleurs, une fièvre troublante, une arythmie flagrante, autant d’effets avant coureurs étaient en train de la surprendre en flagrant délit de concupiscence .Elle arrivait à en souhaiter que les mains respectives se rejoignent involontairement, mettant fin dans l’instant à son dévergondage.
Son vœu fut exaucé, et comme sous l’effet d’une brûlure vive, les doigts se rétractèrent et les caresses cessèrent, les regards s’échangèrent en un mélange de trouble, d’embarras et de lubricité.
Mathilde ne put réprimer un éclat de rire qui arracha soudain Benjamin aux griffes de Prisca.
« Que se passe- t-il Mathilde, pourquoi ris-tu ainsi ?
-Veux-tu vraiment le savoir ? Et bien…
-Je viens de raconter une histoire cochonne…
-Raconte Mathilde…
-Et bien, Benjamin, c’est l’histoire d’une femme assise entre deux hommes …L’un et l’autre la caresse, glisse leurs mains sur ses jambes, remontent, remontent…
-Et alors ?
-Puis, elles remontent encore, et plus les mains se promènent, plus la femme ouvre ses cuisses. Elle frémit, le désir l’envahit, mais les mains se rejoignent sur son fruit juteux, puis s’enfuient apeurées…
-C’est fini, mais cela n’a rien d’amusant
-Oh si, cette femme c’est moi et les deux hommes sont assis à mes côtés »
Prisca riait à son tour de l’hardiesse de Mathilde, alors qu’en guise de mot doux, Chrys murmurait à l’oreille de Math « tu es une vraie salope »
Quant à Maxance, pondéré et téméraire, reglissait sa main au chaud entre les cuisses de la volage musicienne en assortissant son geste d’un « J’adooore, tu es tout simplement diabolique »
« Ce n’est pas l’avis de Chrys, rétorquait-elle, il préfère le mot salope, enfin les mots exacts sont une vraie salope
-Alors, nous dirons une vraie diabolique et délicieuse salope, rajoutait Maxance
-Et toi Ben, qu’en penses-tu ? questionnait Math
-Moi, je suis sidéré »
Tant d’innocence spontanée fit rire toute l’assistance, sauf Ben, bien entendu, qui en avalait cul sec un verre de cocktail brésilien.
A suivre...
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