Ma surprise m’avait même ôté toute galanterie, mes souvenirs sont bien présents, omettant de ramasser les bagages à main de ma nouvelle tentation, j’avais emboîté sa silhouette spontanément.
La plus élémentaire des formalités, j’entends par là le passage obligatoire par le portique de détection, avait pris avec elle pour actrice, une note plus érotique.
Lors de son passage, le bip avait alerté les agents en fonction, et c’est avec beaucoup de docilité qu’elle s’était prêtée à la fouille d’usage.
Mais lorsqu’elle s’était retournée face à moi, alors que des mains anonymes et féminines se baladaient sur ses hanches et le galbe des cuisses, elle avait simulé à mon intention, en une moue pour le moins suggestive, sa délicieuse langue parcourant ses lèvres avec délectation une extrapolation de nos dérives sensuelles à venir.
Cette femme était incroyable, moins d’une heure auparavant je ne connaissais même pas jusqu’à son existence, et voilà qu’elle foutait le feu à ma vie à chacun de des regards ou de ses gestes...Des femmes comme on n’en croise que trop rarement...non seulement elle était belle et intelligente, mais elle était en plus joueuse, ce qui ne la rendait que plus brillante.
Putain, pourvu que ce satané portique ne se mette pas à sonner, avais-je songé.
Je n’avais plus qu’une seule idée, la baiser. Même le but de ma présence dans le terminal à savoir mon départ en vacances à l’étranger, s’était évaporé de mon esprit.
Je n’avais de cesse de parcourir ses longues jambes fuselées et découvrir les talents de cette diablesse en talons aiguilles.
Avec autant de provocation, sitôt dans le hall d’embarquement, elle s’était saisie de ma main et m’avait entraîné vers la porte d’embarquement de notre vol en courant comme une gamine.
« Le temps presse m’a-t-elle dit, nous n’avons plus beaucoup de temps... » et puis dans sa logique implacable « attends-moi ici, un instant » et elle avait poursuivi sa course sans plus d’explication.
Elle m’était réapparue encore, plus radieuse, vêtue d’un robe légère et transparente, qui dévoilait le galbe de ses jambes jusqu’ à la naissance de son sexe, et plus haut au dessus de sa taille ceinturée d’une large sangle de cuir, une poitrine des plus généreuse donnait une réplique plutôt audacieuse à mes silences empreint de stupéfaction.
Sa soudaine et nouvelle sensualité offerte au viol par l’entremise d’un contre jour complice, avait étreint mon corps d’une viscérale tentation dissimulée derrière mon sourire innocemment béat.
Dubitative, devant mon comportement excessivement timoré, elle m’avait enlevé à ma torpeur passagère, en m’entraînant dans les toilettes, coté homme et m’avait murmuré à l’oreille « les hommes sont plus tolérants, et les femmes jalouses »
L’espace sanitaire était vide, une aubaine. Elle nous a entraîne puissamment derrière la première porte entrebâillée, je dis nous car je n’étais plus que soumission, consentie certes mais soumission.
« Sais –tu à quel point j’ai envie de toi ? Depuis tout à l’heure je ne pence qu’à cela, ne me demandes pas pourquoi, moi-même je ne sais pas »
Tout en parlant elle avait relevé les pans de sa voile légère jusqu’à la taille, dévoilant un bien beau cul. Je l’aurais parié, elle ne portait plus de lingerie ...
Puis elle a relâché le tissu, s’est retournée, s’est plaquée au mur, accentuant sa cambrure une jambe repliée sur l’abatant des toilettes, les bras derrière la tête remontant ses cheveux en cascade.
Je n’avais plus d’yeux que pour cette fente gourmande qui paradait au milieu des pans déliées de la robe déployée de laquelle s’échappait le dentelle de soie blanche de l’extrémité du porte jarretelle.
J’aurais du l’embrasser, la faire taire, mais elle a continué son jeu de maîtresse allumant le mâle de ses audaces incandescentes.
« Me trouves- tu jolie?
-Oui ...
-Jolie comment ?
Elle avait soudain pris des allures de gamines ...
-Très jolie
- Et bandante ?
-Oui.
- Dis-le !
-Je te trouve très bandante
Le jeu de son corps ponctuait chacune de ses paroles, incendiaire, presque tortionnaire ...
-Suis –je une garce ?
-Oui.
- Dis-le
-Tu es une sale garce ...
Alors elle m’avait embrassé, goulûment, avait pris ma tête entre ses mains et m’avait murmuré...
« Alors je veux être la plus garce que tu aies jamais baisé »
Collant son sexe à moi, la suite s’était enchaînée si vite, si puissamment, que quand je m’étais immiscé en elle, ma queue juste échappée de mon pantalon entre les griffes de ma braguette, elle avait joui presque instantanément.
La résonance de ses gémissements, toutes ses plaintes jouissives en demi-son avait, je m’en souviens précisément, habillé l’atmosphère froide et anonyme de l’endroit, d’une bien étrange lubricité. Je venais, sans le savoir de gravir un échelon supplémentaire sur l’échelle de mon existence érotique.
Cette femme si racée, cette femme que certains hommes auraient évitée de peur de se faire évincer venait de se faire baiser comme une vulgaire salope dans des toilettes publiques par un inconnu qu’elle ne verrait jamais plus. Cette seule pensée, mon sexe au fond d’elle, m’avait amené jusqu’à la jouissance extrême, mes doigts plantés dans son joli cul en suspension dans le vide à plus d’un mètre du sol..., ses longues jambes enroulées autour de mon bassin.
J’étais bien loin de toutes mes expériences libertines, et pourtant en y repensant aujourd’hui, je ne connais aucune femme qui m’ait fait bander aussi vite et jouir aussi intensément qu’elle
Elle s’était glissée le long de mon corps doucement, reposant l’aiguille de ses talons sur le sol carrelé, avait ajusté sa tenue, puis posant sa tête aux cheveux embroussaillés sur ma poitrine, m’avait murmuré presque insidieusement
« Il faut y aller, c’est l’heure de l’embarquement », puis avait poursuivi sur un ton plus badin
« Tu me fais bander, je n’oublie jamais un homme qui me fait bander »
Puis comme si rien de tout cela ne s’était vraiment déroulé, elle s’est éclipsée de mon étreinte
« Tu viens » je l’ai suivi, subjugué par cette ambivalence des genres, cette crue légèreté des sens dans le corps d’une femme aux allures racées.
Nous avons embarqué, son charme délicat n’a eu aucune difficulté à convaincre le personnel de bord de nous trouver deux places cote à cote.
« Une urgence érotique a t-elle murmuré au Stewart »
Pourtant pendant une partie du vol, pas un geste déplacé, pas une allusion à notre embrasement.
Pire après quelques paroles échangées, elle s’est plongée dans un bouquin de poche et moi je me suis plu à l’imaginer en prédatrice féroce, en imper latex et hauts escarpins rouges me lacérer de ses désirs et de ses ongles laqués.
J’en ai même ressenti des frissons jusque sous mes caleçons.
Mais elle a soudain interrompu mes fantasmes, posant sa main et ses longs doigts sur la bosse traitresse de mes non dits.
« Voilà, j’ai trouvé, écoute bien ce que je vais te lire « J’aimerais que la nuit nous prenne le ventre ensemble. Je suis belle ce soir...je pense à toi. Mon lit est bien chaud, je voudrais tes doigts, je voudrais ta main, je voudrais m’endormir d’amour, je voudrais ton sexe planté comme un couteau dans mon ventre ... »
Elle a continué ainsi à me citer des extraits de « La mécanique des femmes » de Louis Calaferte, guettant chacune de mes réactions, véritable diablesse de mes émotions.
Puis Madrid nous a été annoncé comme une rupture, comme une blessure.
Dans le hall de l’aérogare, nous nous sommes quittés, elle m’a posé un léger baiser sur la joue puis s’est éloignée, digne, racée, méprisante, sans se retourner, comme si on ne s’était jamais rencontré, poursuivant son destin de femme solitaire.
A cet instant précis, je l’ai haïe, détestée pour ce qu’elle venait de me faire, et pour les mêmes raisons je l’ai aimé.
J’ai embarqué dans la foulée pour Miami,sa silhouette dans mes pensées et quand j’ai du présenter mon passeport à la police des frontières, j’ai trouvé dans ma poche un papier chiffonné sur lequel étaient notés deux numéros de téléphone, ainsi qu’une adresse...à Panama
J’ai gardé d’elle le souvenir d’une femme qui m’a fui, je pense souvent à elle, mais c’est avec lui que je vis.
Ce maudit souvenir me poursuit le jour et la nuit, alors je l’ai appelé et lorsque j’ai entendu sa voix, j’ai soudain pris conscience que je ne connaissais même pas son prénom, ni elle le mien.
Alors par contenance ou dérision, j’ai murmuré
« Bonjour, te rappelles tu de moi « tu me fais bander, je n’oublie jamais un homme qui me bander », je ne connais même pas ton prénom...
- Hello Thomas tu as mis le temps...
-Comment connais –tu mon prénom ?
-Simple ruse féminine, ton boarding card, et puis je n’oublie jamais un homme qui me fais bander...Tu arrives quand, je t’attends.... »
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J’attends le vol pour Panama, mais...je ne connais toujours pas son prénom
© 2008 Mystérieuse
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