Comme un boomerang - Etienne Daho
Vite habillé, agréablement retardé par la gourmandise de sa maîtresse, Max n’avait eu juste le temps que d’avaler une tasse de café avant de partir.
Il avait déposé un baiser, à la base de la nuque de Lisa, puis s’était échappé sur une interrogation à laquelle seul le silence avait répondu : « A ce soir, ma Puce, seras tu là ? »
Lisa s’était recroquevillée sur elle-même, le corps parcouru de légers frissons, de ceux que l’on peut ressentir au petit matin quand la scène de votre décor érotique est soudain désertée par un des deux acteurs. Elle s’était entortillée dans les draps encore empreints des fragrances de Max, à la recherche de quelques stigmates sensorielles de leur folle nuit d’amour.
Pourquoi lui avait-il posé cette question quant à l’hypothèse de son départ soudain, elle se sentait si bien à ses côtés.
Une carence indescriptible, l’avait soudain submergée, un manque presque vital de la présence de Max à ses côtés, de ses mains, de son odeur, du grain de sa peau. L’attirance charnelle qu’engendrait la seule pensée de son amant relevait du chimique .Forte de ce raisonnement, elle s’était levée, nue, offerte à ses désirs et avait parcouru l’appartement en quête d’un vêtement encore empreint des senteurs corporelles de son amant.
Sur un fauteuil, abandonné, elle avait trouvé, un pull qui répondait à la perfection à ses envies du moment.
Elle avait promené la douceur du tissu sur sa peau, caressant son menton et ses épaules nues, du vêtement esseulé par son propriétaire. A la manière d’une chatte, on aurait pu l’entendre ronronner, quant ses narines attentives, enfouies dans le pull de laine fine, avaient cristallisé des codes érotisés dans son sensuel imaginaire. Elle avait enfilé l’habit bien trop grand pour elle, le personnalisant de manches retournées et d’une féminité particulière à la lisière de son fessier dont on découvrait l’amorce des rondeurs féminines plus loin voluptueusement concrétisée par son sexe longuement fendu et déjà brillant de désir. Ainsi vêtue, elle s’était à nouveau lovée sous les draps, laissant ses mains se glisser sous le pull, jusqu’à la naissance de ses seins qu’elle avait effleurés avec fébrilité, enrobée d’une étrange pudeur féminine qui lui était étrangère jusqu’ici. Une insolite sensation de trahison l’avait soudain contrariée, une émotion illégitime de révoquer soudainement son amant par des désirs égoïstes et solitaires.
Mais elle n’avait pu réprimer sa libido, fantasmes et pulsions dominant sa rationalité, elle avait laissé ses mains se perdre entre ses cuisses qui s’étaient ouvertes comme les pétales d’une fleur au printemps. Elle avait aimé la douceur de son sexe, son épiderme pubien lisse et puis plus bas, la naissance se son intimité surmontée de son bouton gorgé de désir dans l’attente de caresses. Tout son plaisir était là, concentré sur ce minuscule appendice qui lui offrait toute l’authenticité de sa féminité érotique.
Songeant un instant, au plaisir éprouvé par Max, quelques instant auparavant, son sexe au fond de sa gorge, d’images psychédéliques en caresses singulières, elle était rentrée de plein fouet dans la jouissance paroxysmique, en une étreinte fourmillante et frissonnante de son bas ventre jusqu’à la pointe de ses seins.
La sonnerie du téléphone l’avait arraché douloureusement à son orgasme.
La voix encore diluée de plaisir, suave et alanguie, elle avait répondu machinalement
« Allo !
-Liz, c’est toi ? Que fais tu chez Max ? Liz, putain réponds moi, je suis mort d’inquiétude ! Liz, c’est ton amant c’est ça ? »
Elle avait raccroché. Toute la magie des instants partagés avec Max durant ces dernières heures venait tout à coup de s’évaporer comme une volute de fumée.
Pénétrée douloureusement par la déception au détriment des remords, un sentiment de panique l’avait envahie, soudainement consciente qu’elle était bien plus attachée à son amant qu’à son mari.
Mais pour autant aucune alternative, la tendresse qu’elle vouait à Philippe avait éconduit son irrationnelle attirance charnelle pour son amant ! Il fallait qu’elle retourne auprès de son mari, ne serait ce que pour lui avouer toute la vérité.
« A ce soir ma puce, seras-tu là ? » cette phrase résonnait dans sa tête durement comme si Max avait pressenti un hypothétique retour en arrière !
A suivre...
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