Il ôtait ma veste, la jetait négligemment, dans un bruissement équivoque sur le premier meuble à proximité, m’entrainait vers le piano, récupérait le verre de vin, me le tendait, posait un doigt appuyé sur une touche du piano ! Un la, je reconnaissais un la, puis un autre et encore autre …
« La, la, la, c’est la vie, elle va, elle vient, elle est comme un refrain, elle revient comme un leitmotiv » murmurait-il avant de se décapsuler une bière !
Nous trinquions !L’entrechoc de deux verres , des notes musicales sur un piano fatigué, des cœurs qui battent plus fort , autant de codes dressant le décor ambitieux d’une …amitié naissante …une amitié amoureuse , amoureusement délictueuse …
J’en aimais déjà le contour, le délictueux plus exactement, ce mélange harmonieux de liberté, complicité et concupiscence se profilant.
[...] 19 juillet 2012 Le Pianiste
Alors même que j’avalais une nouvelle gorgée pourpre d’un millésimé australien, il jouait les infidèles à notre complicité naissante, fuyant l’intensité de mon regard au profit de sa chère passion.
Il reprenait place sur son tabouret, entamait avec une facilité déconcertante un nouveau morceau musical avant de trébucher sur une note. Avec application, il effaçait une croche sur une partition pour la remplacer par un autre hiéroglyphe musical dont je ne connais pas la traduction .Sa créativité musicale reprenait le dessus presque instantanément à la mesure de ses intuitions. J’aimais sa façon de tourner les pages de ses partitions, il en émanait une sensualité peu commune et pour le moins singulière chez un homme. Je ne savais si je devais y déceler une timidité maladive ou une forme de séduction mystérieuse intuitive. En ces instants privilégiés, je laissais une large part de ma féminité s’exprimer quitte à le bousculer à nouveau de mes audaces sensuelles .J’oubliais le baiser volé un peu plus tôt, je tentais d’oublier l’attirance de mes doigts pour cette nuque, posais mon verre déjà bien entamé sur la laque du grand piano et m’éloignais un instant. Il perdait une fraction de seconde la trace sonore de mes pas, absorbé par la musicalité de sa création, avant de me retrouver dans les volutes parfumées de mon parfum. La sensualité a ses codes, elle joue avec les sens, tous les sens. Il me prêtait l’ouïe, je lui offrais l’odorat, la singularité d’une fragrance harmonieuse qui s’accroche à la peau d’une femme amoureuse. Un jeu bien insolite s’installait entre nous, sensoriel et divin, de parfum et d’écoute nous liions nos destins. L’amitié s’esquissait avant que d’exister, mais le désir présent aux lueurs de nos yeux étincelants de rires, de nos sourires muets inspirés d’Épicure, frappait si fort nos tempes au rythme d’une rupture, que les frontières infimes du passe au présent, s’effondraient sans scrupules en laissant libre cours à l’attirance fébrile de deux corps consentant. J’avais, le temps de ma brève évasion, posé quelques gouttes de mon cher parfum aux effluves de rose noire et de bergamote. En une seule note parfumée, je me voulais intrépide, chic, espiègle et cruellement désirable, mais il n’y suffisait pas pour troubler l’apparente sérénité d’un charmant musicien somme toute doté d’une patience rare.
J’étais de lui son ainée , mais l’attirance n’a que faire de la différence d’âge .Aux regards de certains hommes la maturité féminine est même un gage de volupté. Il me regardait avec les yeux du désir, me mettait à nu, à chaque nouvelle mélodie, de son regard absent, soudain devenu absinthe, s’immisçant dans mon être comme un ange diabolique. J’y voyais du respect, mais aussi une énorme blessure non encore refermée, des griffures encore visibles d’une femme adorée qui s’en était allée. J’imaginais ses mains, au bord de ma cambrure, résister sans ambages au feu de la luxure ! Il était homme à femme, non pas collectionneur, mais plutôt perverti au jeu du charme sensuel, complice diabolique séducteur et rageur d’une friend girl envoutante capable de douceur et de compréhension ! Il était là le fondement de cette relation à venir. Nous en étions à la genèse d’une relation torride basée sur une sensuelle liberté complice. Tous mes sens en éveil, j’argumentais la trace de cette nouvelle menace qu'’est le désir soudain, en dévoilant d’audace le haut de mes cuisses de bas de soie gainées, en m’essayant à ses cotés sur le tabouret à deux places .Une de ses mains glissait dans la fente complice de ma légère robe à pois …
« Myss Do, en ses mystères, m’invite en soliste, à découvrir sa peau » , me chantonnait-il en caressant ma peau à l’orée de mes bas !
J’avais tout à découvrir de lui, il avait tout à découvrir de moi. Il écrivait en lettres majuscules, tout en haut de la partition « Attirance de peau », plongeait son regard dans le mien avant de murmurer au creux de l’oreille « A toi, à présent » Ambigüité du sens, il me désarçonnait autant qu’il m’excitait…Ambivalence érotique prometteuse.
A suivre ...
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