PHOTO: Mystérieuse
Une impression de lassitude soudain m’envahit ...A quoi bon laisser mourir mes larmes pour un homme que je ne verrai plus. N’est ce pas moi qui lui ai demandé de m’oublier ?
Je m’entortille dans les draps blancs, décor de nos ébats volés, me dirige sur la fenêtre donnant sur la rue paradis, à la recherche de l’inconnu qui vient de me baiser...
Un homme sort de l’hôtel, allume une cigarette, s’arrête un instant, fouille dans ses poches et poursuit son chemin...
Est-ce lui, aucune certitude ! La quarantaine, mal rasé, juste à mon goût, grand mais pas trop, de l’allure, une gueule, une gueule d’amour...Il s’éloigne sans se retourner, il semble seul, désorienté, absorbé par ses pensées. Il sort un téléphone mobile de sa poche, cherche les touches avec désordre....Retourne toi, regarde moi s’il te plait !
Si, si c’était lui...Ma vie est faite de conditionnel, le conditionnel m’émeut, me fascine, je n’aime pas les certitudes, elles sont néfastes aux émotions, banalisent les sensations.
Retourne toi gueule d’amour, je ne connais même pas ton prénom, mais je t’aime déjà au conditionnel...
On frappe à la porte, je sursaute, abandonne mon draps blancs froissé, me dévoile sans le vouloir au regard figé de l’homme qui vient de tourner à l’angle de la rue...sans même faire un signe ! Ce n’est pas lui, c’est une certitude...
Peut être est-il derrière la porte pétrifié de remords de m’avoir ainsi abandonnée...
Oui, oui un instant !
Un deuxième coup à la porte
C’est le service d’étage, je vous apporte le petit déjeuner..
Espoir déchu....
Je me jette sur le lit, ramasse sur moi le couvre lit, simule un engourdissement après une nuit de sommeil...
Entrez, entrez.
- Bonjour Madame, Voilà Madame, je vous le dépose où ?
-Ici sur le lit, mais je n’ai rien commandé, je ne comprends pas
-Je ne sais pas non plus, Madame, je ne fais que vous livrer la commande !
-Merci, merci beaucoup...
-Bonne journée, Madame.
J’ai l’impression de ne pas avoir mangé depuis plusieurs jours .Je me jette littéralement sur les croissants et autres viennoiseries, abuse sans conditions des tartines, jus de fruit, café ,une véritable ogresse! J’en oublierai presque la raison pour la quelle je suis à cette heure matinale dans cette chambre d’hôtel.
Une fois repue, je me saisis de la serviette ... qui me dévoile un papier maladroitement plié sur lequel figure quelques chiffres griffonnés 06 8. .. .. ...
J’ai soudain l’impression que je ne vais pas garder mon petit déjeuner, une boule nouée et dans ma gorge et dans mon ventre m’empêche presque de respirer.
Mon corps encore pénétré de tous ses codes d’amour, je me lève précipitamment, renversant mon plateau, ramasse le drap encore au sol pour m’imprégner de son odeur tenace entre les fibres incrustée. Le souffle court, le cœur battant la chamade, je m’enroule dans le tissu à même le sol, le porte à mes narines assiégées par les effluves d’une nuit d’amour...Est-il possible ? Encore ce doute cette incertitude sans lesquels une histoire ne mérite pas d’exister, ni même de naître...
Comment, comment sait-il qu’il peut ainsi m’apprivoiser, alors que je ne sais même pas qui il est, ni même quelle est son apparence ?
Dans l’urgence je cherche à tâtons dans le bordel de mon grand sac à la recherche de mon téléphone.
Non attendre...Un désir fou m’envahir, envie de faire l’amour aux draps qui nous ont accueillis....Impatiente je retourne et vide le contenu de mon sac sur le lit, me saisis de l’appareil compose le numéro avec fébrilité. Aucune retenue !
J’écoute le message jusqu’au bout et raccroche sans même prononcer un seul mot. Je le refais et le refais encore, plusieurs fois juste pour entendre, juste pour écouter sa voix. Elle m’oblige à fermer les yeux, je réprime un frisson douloureux pour refouler l’inavouable, je suis soumise à ses désirs .J’éprouve une honte abominable, que pouvais je espérer ?
Les femmes sont de sacré salopes doit-il penser...Mais alors pourquoi, pourquoi .A-t-il peur de céder, est-il tenté de revenir ?
Fuir, l’oublier, ne pas le harceler, conserver intacts les souvenirs de mon amant de l’ombre pour en jouir quand bon me semblera...
Des tas de mots inondent ma bouche, je t’aime, je te déteste...à l’image d’une nausée cruelle qui sonne le glas d’une idylle avortée, quand il ouvre la porte...
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