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LOINTAINE

 

F3Je levai les yeux, et je la vis.

L’horloge trônait là, immobile dans son mouvement, parfaitement centrée dans l’enchevêtrement froid des poutres métalliques. Tout était symétrie, rigueur, silence. La lumière filtrait à travers les vitres comme une idée clinique de clarté. C’était beau, glacialement beau.

Autour de moi, les gens passaient, emportant avec eux leurs rires, leurs fatigues, leurs hésitations. Moi, je ne ressentais plus rien. Ni tension, ni tendresse, ni peur. Juste une sorte de vide lisse, comme si quelque chose en moi avait été débranché.

Cette horloge… c’était moi. Un mécanisme précis, sans débordement, sans chaleur. Le cœur ne battait plus, il comptait. Chaque tic-tac me séparait un peu plus de ce que j’avais été, vulnérable, traversée d’émotions, vivante. Il ne restait que la structure solide et ordonnée. Et complétement désaffectée.

Je suis restée là encore un moment, plantée sous cette horloge, comme si elle pouvait me donner un signe, une permission de partir. Mais elle ne disait rien. Elle ne disait jamais rien.

Alors j’ai tourné les talons. F4

Je n’ai pas cherché à comprendre où j’allais. Je voulais seulement quitter l’endroit où le temps avait cessé d’avoir un goût. Mes pas résonnaient sur le sol comme s’ils appartenaient à quelqu’un d’autre. Je n’étais plus là pour ressentir, seulement pour avancer.

Dehors, le ciel était gris sans colère, neutre, lavé de toute nuance. J’ai marché droit, sans regarder en arrière. Il n’y avait plus rien à retenir. La ville s’effaçait autour de moi, comme un décor qu’on démonte.

J’entrais dans l’inconnu. Pas pour y trouver quelque chose. Juste pour m’y dissoudre un peu. Pour devenir autre, ou peut-être personne.

Et c’était bien.

Il y avait dans cette errance une forme de paix plus d’attente, plus d’histoire à tenir, plus de cœur qui saigne sous la peau. Juste le souffle du monde et mes pas, qui s’y perdaient doucement.

J’étais juste allée à Paris pour le retrouver. Mais ce que j’ai trouvé, c’était son absence. Et son silence. Planté là comme une épine dans l’air.

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