Si elle avait du décrire cet homme qu’elle croisa, par ses jeux d’écriture, mélange de séduction, de fantasme et d’hypersensibilité, elle aurait dit de lui
« Une plume sensuelle alimente ses lignes, amoureux des femmes, ces mystérieuses créatures qu'il aime à deviner derrière leur cambrure, le sillon harmonieux de leur dos velouté. »
Mais elle n’en avait rien fait. Exceptionnellement elle ne s’était pas inspirée de ses émotions intimes pour écrire une histoire sensuelle riche en désir et mystère. Elle avait préféré laisser libre cours à son imaginaire, à son imaginaire à lui. Elle s’était plu à lire entre ses lignes ses envies grandissant proportionnellement au rythme cadencé de sms de plus en plus osés. Au fil des jours, à peine une petite quinzaine, il avait laissé sa plume à lui se substituer, inondant son amante virtuelle de scenarii de plus en plus troublants, traduisant de manière la plus sensuelle la possibilité d’une rencontre prochaine …le mystère persistait, argumentait de façon empirique cette relation naissante dont elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pourrait devenir.
Auteur de nouvelles érotiques, elle avait l’habitude de courriers anonymes, ou juste paraphé d’un pseudo singulier. Elle répondait toujours aux courriels, tentant, du mieux qu’elle le pouvait, de satisfaire aux interrogations parfois très intimes, sans jamais trop se dévoiler. Elle aimait ces e. relations qui lui procuraient à la fois sensualité et l’envie de poursuivre sa passion pour l’écriture. Parmi ses plus fidèles, ils en étaient certains qu'’elle aimait particulièrement, allant même jusqu’à s’inquiéter quand ils se faisaient trop rares .Si virtuels soient –ils ils étaient ses amis, sensuels protecteurs de son jardin secret. Mais lui c’était différent. Très tôt, il avait passé le pas, avait traversé l’écran alors même qu’il l’avait découverte par le plus pur des hasards sur la toile.
De sa timidité maladive, il gardait une empreinte indélébile. Trop longtemps, il n’avait osé aborder une jolie femme qui lui plaisait ou tout simplement lui sourire, juste pour la complicité d’un instant volé, une fraction de seconde de connivence sensuelle.
Elle, c’était différent tout simplement .Aux premières lignes de ses nouvelles, il s’était laissé séduire, reconnaissant en elle cette même hypersensibilité presque maladive, qui avait guidé ses premiers pas amoureux. Mais au delà de l’écriture c’est bien la femme qui l’avait troublé, celle qu'’il devinait ou fantasmait derrière ses écrits. Il avait outrepassé ses habitudes et ses retenues .Il lui avait envoyé un mail, omettant volontairement toute signature, peu ou pas convaincu de recevoir une réponse. Mais c’était sans parier sur la générosité de l’écrivain à laquelle il n’allait pas résister bien longtemps.
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