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UN MATIN SUSPENDU

 
Un matin suspendu1J’ai jeté mes principes au pied du lit, comme un collier qu’on arrache avant de jouir.
Plus de retenue.
Plus d’héroïsme.
Seulement la peau ,offerte, impudente, déjà moite d’avoir trop longtemps attendu. Je n’ai plus foi en les grandes idées, mais j’ai la langue ferme et les cuisses ouvertes à la vérité.
Qu’on me prenne, qu'on me morde, qu'on m’oublie après ,je saurai encore me caresser jusqu’à l’extase.
J’ai abandonné les illusions entre mes seins, là où ton regard s’est perdu, incapable de dire s’il aimait ou s’il craignait d’aimer trop fort.
Je ne veux plus qu’un cri ,le mien, contre ta bouche, contre ce monde trop bien peigné.
Et quand je jouis, je renonce à tout.
À demain.
À l’idée qu’il faut mériter d’être aimée
Je t’ai laisser entrer comme on laisse entrer la tempête ,sans pacte, sans promesse, avec la violence d’un besoin trop longtemps réprimé. Ta bouche sur mes hanches était plus honnête que mille discours, et tes mains savaient lire mes renoncements comme on lit un poème arraché à la cendre.
Je n’ai rien dit,
Je me suis cambrée.
J’ai prié, oui,
mais sans Dieu.
Seulement pour que tu restes là, à l’intérieur, jusqu’à ce que je disparaisse, jusqu’à ce que je m’oublie, jusqu’à ce que l’illusion s’épuise entre deux spasmes.
Je n’étais plus femme, ni amante, ni celle qui espère.
J’étais juste ce corps vibrant, ce sexe en feu, ce souffle qui mord.
Et quand tu es retombé contre moi, chaud, tremblant, je n’ai pas cherché tes yeux.
Je savais déjà , il n’y aurait pas de lendemain.
Mais cette nuit-là, je me suis sentie vivante comme jamais dans mes croyances
Tu es parti sans bruit, comme un rêve qui s’efface avant le réveil complet. La porte a peut-être claqué, mais c’est dans ma poitrine que le vide s’est refermé. Je suis restée allongée, la peau encore tiède de ton corps contre le mien, et le drap doucement froissé comme une page lue trop vite.
Je ne t’en veux pas.
Tu m’as prise avec la justesse de ceux qui ne promettent rien mais laissent un frisson dans les plis du silence.
Le soleil glissait à peine sur mes épaules nues, et j’ai pensé à ta bouche comme à un lieu où je me sentais vraie.
Je n’avais plus d’illusions, mais j’avais eu ton souffle dans le creux de mes reins.
C’est déjà beaucoup.
Ce matin, je me suis serrée contre moi-même avec la tendresse qu’on garde
pour les choses éphémères.
Et j’ai murmuré ton nom, pas pour te faire revenir juste pour que tu restes un instant encore dans la chaleur du lit.
 
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