Une fois de plus, elle s’amusait dans la provocation, bien plus que dans la soumission. Ces allers retours incessants dont elle jouait à la perfection, incarnant tantôt le rôle de soumise, tantôt ce lui de Maitresse, loin d’exaspérer Baptiste, l’avaient intrigué, interpellé, tant le mystère de cette femme restait entier. Armée d’une insouciance peu commune, certainement guidée par le goût du risque doublé d’une libido nourrie d’interdit, elle allait de l’avant, sans apparemment ne se posait aucune question. Elle occultait le danger d’une rencontre fortuite, elle minimisait les intentions de Baptiste qui auraient pu s’avérer bien plus malhonnêtes qu’il n’y semblait.
« A la vérité, mes désirs dépassent la réalité, je n’ai pas de bandeau, c’était une idée comme une autre …
-Mais cette idée me plait…Pas de chance, Baptiste, j’ai toujours un bandeau à portée de main, mon sac, devrais-je dire mon bordel, regorge de trésors et oh !magie, regarde…. »
Au bout de ses doigts, un bandeau pendait, de ceux que l’on vous distribue dans les avions longs courriers, attendant d’être ajusté sensuellement.
« J’ai beaucoup de mal à m’endormir avec un résidu de lumière …
-Ou peut être aimes-tu jouir dans le noir ?
-Pas vraiment, j’aime voir, à moins que je ne sois accompagnée d’un expert en préliminaires…Est-ce le cas ?
-A toi de me le dire
-A toi de me le démontrer !
-Marianne, réponds moi sincèrement, depuis combien de temps n’as-tu pas fait l’amour ?
-Je n’analyse jamais le temps, l’heure je ne connais pas, mais je dirais une petite heure !
-Plus sérieusement…Ton abandon était si …
- Veux-tu vraiment le savoir ?
-Oui, par pur égoïsme. Je t’explique, tu es si gourmande, soit je t’attire comme un aimant, soit je suis le chanceux qui passait par là au bon moment !
-Huit mois, huit mois c’est long sans connaître la caresse d’un homme !
-Pardonne mon indiscrétion ! Une raison à cela ?
-Il y a toujours une raison…à tout ! Mais je n’ai rien à cacher …un amour virtuel, un désir cérébral auquel je m’étais promis d’être fidèle …
-Tu veux dire que …
-Que pendant des mois et des mois je me suis livrée à des caresses solitaires en ne songeant qu’à lui !
-Alors pourquoi ?
-Tu me plais, j’ai décidé de tourner la page, je veux retrouver ma liberté et ma légèreté d’esprit !
-Prête ? »
Elle s’était laissée bander les yeux, puis avait enfilé son manteau.
« Ma voiture est garée juste devant la porte »
Il avait ouvert la portière du véhicule et avait aidé Marianne à s’installer.
« J’ai oublié les paquets, donne moi les clefs s’il te plait »
Elle les lui avait tendues sans discuter. Ce court laps d’absence lui avait permis de s’imprégner de l’odeur du véhicule, un mélange de cuir et de parfum masculin, un cocktail sensuel malgré tout atténué par un effluve familier. Ses sens décuplés dans la solitude de ses ténèbres, elle avait associé cette exhalaison à son père qu’elle accompagnait dans sa petite enfance lors de ses tournées en visite médicale dans petits villages audois. Plus aucun doute ne l’effleurait, Baptiste, était bel et bien médecin, les odeurs médicamenteuses le confirmaient. Avec la même profondeur, elle effleurait le siège du véhicule du bout de ses doigts, reconnaissant irréversiblement le cuir d’un véhicule de prestige dont la ronce de noyer du tableau de bord lui laissait entrevoir la possibilité d’une marque allemande de puissante cylindrée ou britannique. Elle avait noté lorsqu’elle s’était installée, derrière son bandeau noir que le siège n’était pas à la hauteur d’une berline, mais plutôt d’une sportive. Une sale habitude, avait-elle songé en peaufinant son analyse, l’obscurité entraîne ma curiosité…
Baptiste était revenu, la portière avait claqué, dans l’habitacle tout n’était plus que silence. Puis le moteur avait vrombi, et Marianne, comme une enfant avait lancé :
« Jaguar type E n’est-ce pas ?
-Bravo, je suis époustouflé
-Mon père avait la même, ce bruit de moteur … »
Ils avaient démarré sur les chapeaux de roues et Marianne avait poursuivi « Tom Ford for men » avant de glisser sa main entre les cuisses de Baptiste et d’ajouter « Un homme qui bande pour moi, j’adore ».
Rapidement, très rapidement, quelques cinq minutes plus tard, Baptiste stoppait le moteur et s’extirpait de la Jaguar pour ouvrir la portière de Marianne et lui saisir la main.
« Fais-moi confiance »
Il la soulevait du sol, la prenait dans ses bras, ajustait ses pas avec prudence et la redéposait dans un espace légèrement ondulant. A n’en pas douter, elle n’était plus sur la terre ferme.
« Tu peux ôter ton bandeau, nous sommes chez moi »
A suivre...
Ma profonde fascination pour Ariel Wizman ne peut me laisser insensible devant le dernier cabinet des curiosités de Dark Planeur qui lui est consacré.
Je ne saurais trop vous conseiller d'aller le visiter ICI
Personellement j'adore !
Les commentaires récents