Dans un jeu d’ombre, la soie de sa peau m’attire telle une proie. Elle ne fait rien, ou presque. Un frémissement imperceptible sous la lumière, une courbe qui s’offre sans se livrer. Tout en elle est tension et abandon mêlés, une douceur que mes mains voudraient profaner, une promesse insaisissable.
Je la regarde comme un homme regarde ce qu’il désire au-delà du raisonnable. Avec cette brûlure sourde qui ronge et consume. J’ignore si elle sait, si elle devine l’incendie sous mes paupières, si elle entend le tumulte dans mon souffle retenu.
Mais elle reste là, impassible, et c’est moi qui vacille.
Elle bouge à peine, juste un frisson sous la lumière. Une respiration, un effleurement du tissu contre sa peau. C'est comme si tout l’air se retirait de la pièce, me laissant suspendu à l’ombre de son corps.
Je pourrais parler, briser ce silence tendu où chaque seconde creuse mon désir. Mais il y a dans son immobilité une attente presque cruelle, une façon d’ignorer l’évidence pour mieux la rendre insupportable. Elle sait. Elle devine l’orage sous ma peau, l’impatience qui pulse au creux de mes paumes serrées.
Alors je fais un pas. Infime. Mais suffisant pour sentir la chaleur de son corps se mêler à la mienne. Elle ne recule pas. Un battement, peut-être un sourire à peine esquissé.
Elle attend que je cède.
Je suis là, à quelques centimètres, pris dans cet espace ténu où tout bascule. Son souffle effleure ma peau, une chaleur insidieuse qui s’infiltre, qui trouble. Elle ne bouge pas, elle ne dit rien, mais son silence est un piège, une étreinte invisible qui m’enlace déjà.
J’ai envie de toucher, de sentir sous mes doigts la douceur qu’elle expose sans vraiment offrir. Mais je sais que le premier contact changera tout. Que ce sera une chute, sans retour possible.
Alors j’attends, le regard rivé à ses lèvres entrouvertes, au frémissement imperceptible de sa poitrine sous sa respiration contenue. J’attends qu’elle vacille, qu’elle rompe le sort.
Et puis, il y a ce trouble, cette lueur fugace dans ses yeux. Un souffle plus court. Presque rien. Mais assez pour comprendre. Elle est sur le point de céder.
D’abord, c’est infime. Une oscillation presque imperceptible de son corps vers le mien, comme un aveu silencieux. Puis, un soupir, à peine exhalé, qui s’échappe de ses lèvres et s’écrase contre ma peau.
Ses doigts hésitent un instant avant de se poser sur moi. Une caresse légère, timide, mais brûlante. Comme si, en cédant, elle mesurait l’ampleur de ce qu’elle déclenchait.
Alors, plus rien ne la retient. Elle s’abandonne dans un frisson, se coule contre moi, son souffle mêlé au mien, et d’un seul geste, elle réduit à néant l’attente qui nous tenait en haleine.
Sa peau contre mes lèvres, le goût de sa chaleur, et cette déflagration douce qui nous consume déjà.
Dans la nébuleuse opacité de nos désirs conjugués, nos corps confondent nos pensées, l’envie irrépressible du mélange délicieux de nos chairs affamées de plaisir.
Tout s’efface dans l’urgence de l’instant, dans la soif de sentir, de posséder, de se perdre. Ses doigts s’accrochent à ma peau comme si elle craignait de se dissoudre dans la fièvre qui nous enlace. Je la devine autant que je la découvre, chaque frisson, chaque soupir comme une langue secrète que nous inventons à mesure que nous nous effleurons.
Il n’y a plus de retenue. Juste ce mouvement instinctif, la recherche insatiable de l’autre, ce vertige où tout s’abolit. Nous ne sommes plus que sensations, chaleur et frissons mêlés, une onde troublante qui pulse et nous emporte jusqu’à l’oubli.
© Mysterieuse 2025
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