L’essentiel de nos étreintes se poursuivaient en silence ! Chacune de ses caresses, de la plus tendre à la plus osée, ne m’autorisait qu’un léger soupir ! Il obturait systématiquement mes sensuels débordements sonores, d’un baiser glouton, voire d’une morsure ! Son appétit vorace témoignait d’une libido peu ordinaire à laquelle je répondais avec la même ferveur !
Isolés du monde, isolés de tout, nous laissions libre cours à la brûlure inattendue de cette relation providentielle ! Ressentait-il, à l’instar de mes vibrations, cette étrange complicité charnelle ?
La méridienne, réceptacle improvisée de nos écarts, souffrait en silence, de nos imbrications gestuelles, tout autant que de l’enchevêtrement de nos émotions. Pour autant, dans la clarté lunaire d’une nuit d’été, nous n’allions pas au bout de nos désirs ! La recherche du mystère de l’autre jetait son linceul sur nos deux corps harmonieusement bousculés de désir. Avec autant de pudeur ce même mystère déliait nos silhouettes, tout en prêtant l’élégance d’un sourire à nos visages ébahis de béatitude.
Sur le ton de la badinerie, je simulais une remise en état de ma tenue vestimentaire quelque peu désordonnée par les soins empressés de Romain ! Avec le même humour, debout sur le sofa poussiéreux, je remettais de l’ordre dans sa chevelure indisciplinée Je concluais mon inspection spontanée par un baiser gourmand sur ses lèvres encore palpitantes de nos effleurements.
Comme il m’avait emportée de l’échelle, il me soulevait à nouveau comme un fétu de paille, et me déposait au sol. L’espace d’un instant, je me laissais confondre par cet élan protecteur. Il donnait à notre relation une note paternaliste peu innocente ! Il était temps d’apaiser nos ardeurs ! Du moins pour le moment !
« Je suis sûre que ton Grand-Père faisait de même avec toi ?
-De quoi tu parles ?
-Ces débordements affectifs dont tu m’enrobes ! Cette manière dérobée d’offrir de la tendresse !
-Tu n’as pas tort ! Il a essayé de palier au mieux le manque affectif de mes parents ! Il m’a élevé comme un père ! D’ailleurs je l’ai considéré comme tel toute sa vie ! Je suppose qu’il a fait un transfert ! Il a perdu un fils et en a retrouvé un ! La vie est étrange !
-La vie est surprenante, je dirais ! Au moment où, on s’y attend le moins, elle est capable de bouleverser un destin ! Ce matin, je me la coulais douce à Perpignan et me voici dans la nuit à …Mais d’ailleurs où sommes-nous ?
-A Bergerac, en Dordogne, chez les Hautefort !
-Nous avons autant roulé ?
-Oui, tu as beaucoup dormi !
-Une nuit à rattraper ! J’ai un peu, beaucoup fait la fiesta avant-hier ! Tu sais, les catalans ont un sens particulier de la fête ! Comment te dire, tout est sujet à lever le coude et à se rincer le gosier !
-Oui, pays de vin et de soleil ! Ici pays de vin aussi ! Moins de soleil ! Es-tu catalane ?
-D’origine seulement ! J’ai quitté le Roussillon, il y a bien longtemps, mais j’y ai toujours des attaches sensibles ! Pourquoi ai-je cette incroyable impression que tu repousses maladroitement l’échéance … ?
-L’échéance ? »
Son regard exagérément étonné déposait, bien malgré moi, un sourire discret sur mes lèvres. Moins discret aurait pu le vexer ! Je maîtrisais
donc, au mieux, mon amusement sur son comportement !
« Ecoute, intuition féminine ou pas, il me semble que derrière « Le temps retrouvé », se cache un secret, non ? Qu’en penses-tu ?
-Un secret, du genre secret familial ?
-Oui, peut -être !
-Franchement ! Je n’y ai pas pensé une seule seconde !
-Avoue tu es venu ici, à reculons ! Le présent n’est que le fruit de ton passé qui te permettra d’avoir un futur et un avenir. Un peu de courage ! »
La période de vie que je traversais alors n’avait rien de très excitant ! Mais comment lui avouer, qu’à l’instant de notre rencontre, je prenais un dernier verre sur mes terres natales après les obsèques de ma mère, une semaine plus tôt !
Le destin avait posé Romain sur mon chemin tout comme il l’avait détourné sur le mien ! Nous avions en commun la perte d’un être cher...
A suivre ...
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