Je serai alors très fortement sa main, avant de me lover tout contre lui, ma tête posée au creux de son épaule, à cet endroit très précis entre l’omoplate et la clavicule, que j’affectionne particulièrement chez un homme pour son confort ! Plus que du confort, j’y trouve du réconfort ! Mais, en l’occurrence, ce n’était qu’un rapprochement harmonisé par la mystérieuse ambiance dans laquelle nous nous étions immergés en totale communion ! Mille questions brûlaient mes lèvres mais je m’imposais naturellement le silence. Si l’un de nous deux devait le rompre, c’était bien lui ! Il me serrait contre lui plus fort avant de me prêter une phrase laconique et presque inaudible que j’accueillais pourtant comme une confession intime « C’est mon héritage » Il posait toute la tendresse de sa révélation sur mes lèvres ! Un baiser salé des larmes que son âme avait déposé discrètement sur sa bouche. Je prenais soudain conscience de sa grande taille qui renfermait pourtant une grande fragilité. Cette ambivalence, outre le fait de m’émouvoir, renforçait mon incroyable attirance pour cet homme dont je ne connaissais même pas le prénom. Il rompait enfin le silence ! « Il m’aurait été impossible de revenir ici tout seul ! Impossible ! Cette maison représente un grand pan de ma vie ! Cette bibliothèque est juste ma mémoire ! Tu es juste providentielle ! Je t’ai croisée, tu m’as donné le courage de marcher sur mon passé ! » Je ne rompais pas le silence consécutif à ses aveux ! Curieuse, j’attendais de lui qu’il poursuive son introspection ! Une souffrance souterraine semblait l’empêcher de respirer ! il m’offrait un rôle délicat essentiel à la survie ! Une respiration nouvelle, un afflux d’oxygène, une régénérescence spirituelle ! Je lui offrais un nouveau souffle dans un baiser, auquel il répondait avec une grande ferveur. Le confort de ses lèvres se révélait être un atout supplémentaire de sa séductions naturelle. Ma curiosité naturelle interrompait ce magique instant de partage sensuel ! « Quand tu dis c’est mon héritage ! De quoi parles-tu ? De cette incroyable collection de livres ou de son contenant ? -Si par contenant tu entends la maison, alors oui, cette maison est mon héritage ! Je l’ai hérité de mes grands-parents ! Ce sont eux qui m’ont élevé ! J’ai été orphelin très jeune et recueilli par mes grands-parents paternels ! » Je l’écoutais, avec circonspection, me raconter une partie de sa vie. Il semblait, dans sa narration, vouloir se protéger des moments les plus sombres. Attentif à mon comportement, il poursuivait timidement son récit ! « En bref, j’ai hérité de cette maison, il y a quelques années ! Mais je vivais à l’étranger ! Elle s’est dégradée, et aujourd’hui un promoteur lorgne dessus ! Il y a eu un début d’incendie la semaine dernière. J’ai été prévenu ! Voilà tu sais tout ! -Oui ok, c’est triste ton histoire ! Mais qu’est-ce que je fous là moi ? Quel rapport avec moi ? je te rappelle quelqu’un, une sœur, une cousine ? Enfin tu vois, du genre scenario film d’émotion ! -Rien de tout cela ! Je te l’ai dit, juste une rencontre providentielle ! Je ne suis pas le genre de mec à brancher une nana dans un bar autour d’un café ! Tu es très mignonne certes ! mais c’est ta désinvolture qui a attiré mon attention. Tu semblais sourire à tout le monde avec une aisance rare ! Jusqu’à notre rencontre la morosité guidait chacun de mes pas ! Je ne sais pas si j’aurai eu le courage d’aller jusqu’au bout de mes intentions ! Alors, j’ai tout misé sur toi ! -C’est trop d’honneur ! Et maintenant on fait quoi ? » Il me prenait par la main, accompagnait mes pas vers l’échelle passive depuis bien trop longtemps. Il la faisait glisser jusqu’à un endroit très précis d’un rayonnage. Tu vois, là dans la septième rangée, tu comptes sept en partant de la droite. C’est le tome sept de « Ala recherche du temps perdu » de Proust -Merci, j’ai un peu de culture générale ! Le temps perdu, le bien nommé en l’occurrence. Tu veux dire que je suis venue jusqu’ici pour récupérer, dangereusement, à en juger par la vétusté de l’endroit ! Mais tu m’intrigues, je prends le risque. -Merci, tu peux me faire confiance ! -Si je n’avais pas confiance, je ne t’aurais pas suivi ! -Pas faux ! -Tu peux m’en dire un peu plus sur ce livre, et pourquoi celui là -Mon grand- père m’a dit un jour « Après ma mort, Romain, tu liras le septième volet de à la recherche du temps perdu ! Tu trouveras la réponse » -La réponse à quoi ? -Je ne sais pas ! -Intriguant ton histoire Romain Me voilà un peu éclairée, je connais ton prénom à présent ! Par contre il n’y aurait pas un peu de lumière pas facile de trouver un livre dans la pénombre ! Allez hop, tu m’aides ! » Me prenant par la taille, il posait ma silhouette sur le deuxième barreau de l’échelle que je gravissais promptement ! Je baissais mon regard vers lui, une fois le niveau atteint ! Je songeais soudain à l’indécence de la situation. Mais cela n’était pas pour me déplaire ! Après tout je ne l’avais rejoint dans la maison que sensuellement attirée par lui ! « Voilà j’y suis, un, deux, trois …six sept ! Le temps retrouvé, voilà ! Étrange il y a deux livres identiques ! Je prends les deux ! -Oui, étrange en effet ! Mon Grand-père, cet homme mystérieux ! » Lorsque je redescendais, il ne me laissait le temps de poser mes pieds au sol et m’emportait dans ses bras jusqu’au sofa ! Repoussait-il l’instant de la découverte, il m’allongeait sur le siège et glissait ses mains sous les pans légers de ma robe ! Je posai délicatement les deux exemplaires du temps retrouvé sur la moquette poussiéreuse, et savourai à sa juste valeur le temps présent ! La timidité des tendresses de Romain me laissait lui murmurer à l’oreille « Enchantée Romain, je m’appelle Pauline »
A SUIVRE ...
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