Musée
Yves Brayer
Les
Baux de Provence au mois d’août
Parce
que cette femme sur la toile lui apparaissait comme son miroir, ses pensées
sans voile s’envolaient vers elle.
Ce
matin le temps était à l’orage, et il laissait, un instant, l’intensité de ses
désirs ruisseler sur sa peau, comme une averse d’août. La force de son émotion spontanée
la rejoignait par le biais d’un message sur son Smartphone .Il n’était pas rare
qu'’il partage avec elle, en photos ses visites estivales dans le Sud de la France
.Cette fois était plus particulière !
« Cette
femme vous reflète si bien .Mes pensées sans voile pour vous ce matin ! L’orage
gronde ! Vous aimez tant l’orage, vous aimez tant faire l’amour dans l’odeur
d’une averse d’été …
Baisers
Piments »
Elle
même en déplacement, en direction de Marseille, elle répondait à ses attentes d’un
bref message photographique dont il aimait la spontanéité.
Photo
volée, cuisses dévoilées et ses fantasmes en envolée, instantanés !
« Mousseline
vaporeuse. Frisson de l’écume qui, soudain, offre la transparence. Mon regard
vous effleure, vous caresse, cherche à deviner la chair couleur miel …Un geste…Un
mouvement et les courbes s’invitent à l’imagination. Le galbe d’un sein palpitant
sous la lumière complice et le vent caressant les cuisses nues aux reflets
cuivrés.
Et
ce tissu échoué si haut qu'’il flirte avec l’indécence en une invite
audacieuse.
Laissez
mon regard écarteler, plonger telle une brulure fulgurante, vous culbuter en
pensées, déchirer la frêle barrière de dentelles que je devine .Tout le mystère
ne tient plus qu'’à un fil »
Inconsciemment,
elle croisait son regard licencieux, à la lecture du SMS, cambrait ses reins,
soudainement féline et s’offrait, impudique, à l’œil complice de la fébrilité qu'’il
avait engendrée en quelques lignes.
Un
nouveau reflet rejoignait l’écran du virtuel amant !
« Autre
transparence, autres courbes, les vôtres sont voluptueusement tentatrices. Rien
ne semble faire voile sur votre peau, si ce n’est l’air, c’est cela un voile
aérien. »
Une
image, un seul reflet d’elle et les mots de ses émotions émanaient comme un
parfum envoutant.
« De cette image de vous, vous venez
troubler le paisible de la visite d’un musée, d’un seul trait vous perturbez la
respiration, dessinez la courbe sensuelle de l’éveil des désirs. Votre image
est un miroir où mon regard se perd. Il caresse l’esquisse de vos rondeurs,
étreint le rouge ambiant de votre provocation, avant d’explorer la pénombre, de
jeter des mots et déchirer le voile. Une mise à nu me brûle l’esprit, vos
effluves m’atteignent comme la lave qui coule dans vos veines »
Ses
mots, l’audace de ses aveux et l’émoi provoqué par ses exhibitions artistiques
la caressaient comme les tissus légers qui la voilaient à peine.
Le
désir s’installait, réclamant une étreinte, et puis le calme retombait,
laissant une large place au silence accablant …
Le
dialogue érotique s’arrêtait brutalement.
Au
lendemain de ce sensuel intermède épistolaire des temps modernes, dans la douce
chaleur de la matinée estivale, son portable résonnait
« Me
glisser entre vos lignes, comme je rêve de le faire entre vos cuisses
Baisers
matinaux et osés. »
A
proposition délicieuse, elle répondait audacieusement dans subtilité d’une
nouvelle photo volée à son intime féminité.
Elle
resongeait à l’homme incroyable qu'’il était, Grand voyageur, curieux du monde,
mais amateur de solitude.
C’est
pourtant à Paris qu’ils s’étaient rencontrés. Depuis il avait gardé en lui, les
fragrances du parfum capiteux de la belle inconnue, et surtout une incroyable complicité
sensuelle dont il n’arrivait toujours pas à dessiner les contours, tant elle
était sans horizon. Elle ne s’était jamais démentie depuis la rencontre et il
savait l’entretenir épisodiquement .Il appréciait sincèrement leur entente implicite
.Son Amante épistolaire, c’est ainsi qu'’il l’appelait, alors qu'’ils n’étaient
jamais allés plus loin que quelques photos sensuellement dénudées, qu'’il
savait argumenter de façon charnelle parfois jusqu’au plaisir.
Par
expérience, pour avoir vécu une relation épistolaire intense auparavant, elle savait
que, tôt ou tard, les corps réclameraient le plaisir d’une étreinte si fugace
soit-elle. Mais pour l’instant, il n’en était rien ou pas encore le moment. L’attente
pimentait le désir !
« Très
joli invitation. La texture de votre corps devrait être une dimension à explorer.
Parcourir de mes doigts vos pleins et déliés »
Il
savait, en quelques mots, donner vie à ses pensées, interprétant à sa manière,
parfois musicale la découverte de son corps nu.
Son
gout pour le Jazz pouvait lui renvoyer l’image de ses doigts sur les reins de
son amante virtuelle comme les caresses d’une mélodie de Bill Evans.
Ou
bien encore, la vision du sillon de ses fesses, pouvait le faire songer à des
rythmes endiablés sur fond de musique de Ruben Gonzales.
Mais
pour l’heure, la belle intrigante, lui dévoilait un jeu de jambes érotisé.
Il
s’évadait, il divaguait en liberté dans l’espace enchevêtré du MUCEM à
Marseille.
Étonnamment,
à une seule journée d’intervalle, il foulait le même sol qu’elle,
découvrait « Le Bazar des Genre »
, la même exposition décalée de laquelle ils percevaient les mêmes émotions.
« J’ai
failli défaillir en posant les yeux sur ce galbe vaporeux !Entrelacs d’émotions...sensations
troublantes...des jambes telles un compas...que la houle vient affoler …délicieuse
torture comme l’empreinte d un désir qui n’ose s’avouer...instant d’étoffes froissées...ou
bien...savante mise en scène...piège à désir capturant le regard hypnotisé par
le contraste éblouissant d’une promesse dorée. Mon émotion grandissante
escalade la naissance de votre cuisse dénudée jusqu’ à la lisière du tissu. Mon
regard brulant rêve de pénétrer jusqu’ à l’intime. Vous êtes maitresse sensuelle et lascive de ce
jeu .Sur l ‘écrin à la blancheur virginale, je ne désire nulles dentelles
vaporeuses, juste le frôlement du tissu sur la chair à cru, une si sensuelle torture
de votre intime.
Derrière le soyeux de votre regard j’imagine vos émotions, les désirs a fleur
de peau qui se bousculent, s’entremêlent...scènes de cris, de corps haletants,
d’étreintes furieuses de votre croupe arrogante, gémissante sous les assauts
furieux d’une trique vigoureuse .Ingénue provocatrice, jouissant d’être ainsi désirée,
femme impudique, chatte brulante...lascive, ruisselante de luxure..
Le contre jour assassin dessinant le galbe parfait d’un sein nu sous le lin, les
courbes dansant dans l’air vaporeux m’hypnotisent, pénètrent mon esprit tel une
lame brulante rougie par le trouble. »
Troublée
par tant de désirs avoués, elle stoppait le véhicule sur la première aire de repos,
composait son numéro. Trois sonneries et la boite vocale, anonyme …Un message « Répondez »
L’écran
du Smartphone en surbrillance, quelques mots…
« Imaginez
que je sois à vos côtés et que je glisse une main sous le vaporeux tissu, à la
recherche de votre intimité. Un doigt au bord de vos lèvres et …
J’aime
quand vous me résistez peu…
Des
baisers …vous savez à présent ce que vous me devez pour calmer ma faim de vous ! »
© 2013 Mysterieuse
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