Cette nouvelle fut l'objet d'un concours,
en tant de signes ...etc...etc...Mérite-t-elle une suite ? Je ne sais pas …
Dans un premier temps le lieu de
rendez-vous lui avait paru bien étrange, mais, bien que de nature méfiant, il
n’avait pas hésité un seul instant. Une telle opportunité ne pouvait décemment
pas lui échapper .N’ayant pas envisagé que l’exposition Hopper au grand palais
puisse atteindre de tels sommets de fréquentation, Stanislas, s’était dérobé à
sa légendaire prévoyance. La promotion
de l’événement avait été telle que la prévente avait eu tôt fait d’enlever tout
espoir à quiconque de trouver un billet .Faire la queue durant des heures
n’était pas vraiment dans ses cordes .Autant dire, Adieu Hopper et la richesse
de son œuvre. Stan était à Paris pour seulement quelques jours et bien qu’il
ait remué ciel et terre, aucune solution ne s’était présentée à lui. Sophie, sa
sœur, pragmatique, lui avait ouvert la possibilité d’un maigre espoir.
« Essaie donc « Le bon coin »
Tout s’était enchainé très vite .Une
annonce, un numéro, de téléphone, une date de visite qui par chance lui
convenait, une heure, peu importe. Il avait verbalement conclu l’affaire avec
son interlocuteur, un charmant jeune homme. Sans plus de nouvelle, il avait
laissé traîner l’affaire jusqu’au jour J son portable avait résonné.
« Bonjour Stanislas, je me présente, je m’appelle
Alexandra, Alex, pour la plupart. Voilà c’est avec moi que vous avez
rendez-vous pour le billet de Hopper. »
Un bref instant suffisamment long pour que
sa mystérieuse interlocutrice le rappelle à l’ordre, il avait fait silence,
agréablement surpris par la sensualité de la voix d’Alex.
« Allo, allo, êtes-vous là ?
-Oui, oui pardon !
-Auriez-vous changé d’avis ?
-Oh non, pas du tout ! C’était inespéré !
-Bien, donc nous pourrions nous retrouver
dans les jardins du Palais Royal ! Connaissez-vous Paris ?
-Suffisamment pour savoir où se situe le
Palais Royal !
-Bien, La Cour d’honneur, les Colonnes de
Buren ?
-Oui, difficile de les ignorer »
Elle éclatait de rire, pas un de ces rires
cristallins qui traduisent une fraîche féminité, plutôt un rire franc et
éraillé. Il pensait un instant l’image qu’elle lui renvoyait, celle d’une
italienne à la peau mate sous une chevelure brune et ondulée, image
irrésistible s’il en est pour l’amoureux des femmes qu’il est.
Il poursuivait !
« Vous êtes loin d’être farouche ! C’est…
-Bien, voyez-vous les galeries qui
entourent les jardins ?
-Oui très bien, la parfumerie Serge Lutens,
hum... Fourreau Noir
-Oh un connaisseur !
-Un sensible aux sens, les cinq !
-Bien donc, sous les galeries, il y une
boutique, « La Petite Robe Noire »
-Vous avez très bon gout !
-Ne vous y trompez pas, j’y travaille !
Donc retrouvez-moi là-bas aux alentours de 10 heures, je vous donnerai votre
sésame !
-Ok, à tout à l’heure !»
La tournure de cette visite prenait une
musicalité très séduisante .Il songeait musicalité et rien d’autre ! Fantasme
d’un instant, bulle sensuelle aux notes épicées, le temps d’un rêve esquissé.
Ce rendez-vous n’avait rien d’une rencontre
amoureuse, mais l’avait pourtant, rapidement précipité dans une ambiance autre
que culturelle. Il anticipait peut-être, mais la sonorité de la courte
conversation téléphonique avait attisé ses fibres sensuelles. Il quittait
l’appartement plus rapidement que prévu ; il souhaitait surprendre la belle
inconnue plutôt que de la faire attendre. Peut-être pourrait-il lui proposer de
l’accompagner au musée.
Lorsqu’il entamait son entrée dans le
monumental du Palais Royal, ,il songeait Milan et son défunt amour. L’enfilade
des colonnes de la galerie de Valois entrouvrait une brèche dans la cloison
fragile de son passé. Une projection aussi brève qu’instantanée ralentissait
ses pas. Il jetait un regard culturel sur les drôles de colonnes bicolores
alignées. Passée la polémique de l’intégration d’une œuvre contemporaine
au patrimoine historique, Les colonnes de Buren avaient fini par trouver leur
place dans la cours d’honneur du Palais. Elles faisaient aujourd’hui partie du
paysage parisien. Il se promettait de revenir au crépuscule prendre quelques
photos, à l’heure où le soleil décline .Par le jeu des lumières artificielles,
la géométrie de l’œuvre prendrait toute sa valeur .Sa rétine artistique en
visualisait l’effet avant même de le capter derrière l’objectif. C’est ainsi
qu’il avait croisé le destin de Valeria de Luca ! Une mission ordinaire,
presque coutumière avait mené ses pas à Milan pour un shooting photo. Une
inconnue avait capturé la lumière comme peu de femmes auparavant. Une histoire
digne du scénario d’un film américain. Valeria prise fortuitement au piège de
l’instant, avait révélé son existence au développement. La magie de
l’argentique avait opéré. Il en était tombé presque instantanément amoureux de
cette apparition. Elle n’était pas invitée à la séance mais son reflet s’était
naturellement imposé. Armé du cliché, il avait recherché la belle anonyme avec une
méticulosité digne d’une enquête judiciaire .Sa persévérance avait fini par
payer. Une histoire amoureuse mouvementée était née de ce coup de pouce du
destin…Mouvementée ! Un doux euphémisme pour qualifier la tourmente
sentimentale qu’avaient été leurs huit mois de relation passionnée. Il avait
quitté Milan et Valeria dans l’urgence et la souffrance. Cette aventure, si
douloureuse fut-elle, lui avait au moins appris à croire au destin…
Parenthèse inattendue que cette
rétrospective.
Il avait encore une petite demi- heure
devant lui. Il s'installait à la terrasse d’un café tout proche de la boutique
où travaillait Alex. Une partie seulement des jardins du Palais royal baignait
dans un discret soleil hivernal. Il choisissait l’angle idéal, immortalisait
l'instant de son numérique, balayant du regard cet incroyable endroit. L’ombre
de Valeria planait encore, le pulpeux de ses rondeurs latines, sa peau mate
vanillée et ce regard noir, si noir qui l’avait fusillé le jour de son départ.
Il espérait secrètement qu’Alex lui ressemblât.
Il commandait un café, puis découvrait
successivement les clichés comme une sorte de préambule à un travail plus
artistique, muni de son fidèle Leica …Sur le cristal de l'écran numérique, une
silhouette accrochait sa pupille.
Valeria ! Sur fond d’arrière-plan elle le regardait.
« Votre café Monsieur ! »
Il connaissait cette voix !
Il leva la tête, Valeria lui souriait, son
regard noir planté dans le sien.
« Stan ! »
Au même instant une splendide jeune femme
blonde, aux yeux clairs gris, verts, suffisamment grande et fine pour ne pas
passer inaperçue s’asseyait à sa table ! D’une voix naturellement sensuelle, elle
s’adressait à Stan !
« Alex » s’exclamait Stan !
Valeria fusillait Alexandra du regard avant
de s’assoir à ses côtés.Cette rocambolesque situation provoquait
chez Stan un fou rire dont il ne maitrisait plus la nervosité.
A cet instant précis il savait qu’il en
était fini de sa tranquillité.
To be continued or not ...
Les commentaires récents