Les émotions pressentent-elles les sentiments, ou bien inversement les sentiments donnent-ils corps à des pressentiments.
Je savais que le jour où nous ferions l’amour relèverait du sublime.
Mais était-il homme à sublimer l’hypothétique, à en vivre sans jamais le réaliser.
Par le biais de l’imaginaire, il avait réussi à se faire aimer de moi.
Il m’avait alors entrainée dans une spirale infernale dont je n’allais plus jamais pouvoir m’échapper, dont je n’essaierai même pas de sortir tant je me complaisais dans cet état amoureux, dans lequel il m’avait progressivement plongée …sans jamais se montrer.
Une journée ordinaire de juillet vient à peine d’éclore .Dans les draps blancs froissés du grand lit anonyme d’une chambre d’hôtel du sud de la France, je m’étire comme une chatte.
Une journée vient à peine d’éclore …dans mes rêves…il est plus de onze heures sur mon Smartphone, Ce ne sont pas les cigales qui vont démentir .Elles sont bien là pour me rappeler que le soleil est déjà bien haut dans le ciel et aussi flamboyant que le cœur d’un brasier.
Derrière les volets bleus, tout n’est que sérénité .Il dort à mes côtés, nu, ses jambes emmêlées dans le blanc maculé des draps ensommeillés. Je peux enfin m’éprendre d’un corps .C’est un peu comme si soudain, il m’avait libéré du bandeau noir qui obstruait mon regard amoureux …Mais étrangement, je ferme les yeux un instant, pour respirer l’odeur de sa peau, ces fragrances charnelles uniques pour chacun d’entre nous, ce parfum épidermique aussi identitaire que nos empreintes digitales.
Je pourrais le détailler à souhait, épouser chaque parcelle de son corps de mon regard curieux, la moindre cicatrice, la moindre fossette .Je pourrais l’enrober de la douceur violente de mon désir de lui, mais rien, je n’en fais rien, je ferme les yeux pour ne plus le voir. Je recherche inconsciemment le passé, cette quête amoureuse qui dura si longtemps.
Je pourrais le caresser, poser mes lèvre encore tièdes et humides de la nuit sur le grain de sa peau, éveiller son corps engourdi d’effleurements sensuels, jusqu’à le faire raidir, jusqu’à provoquer sa virilité, jusqu’à propager en son sein un désir instantané de me baiser.
Il est mon invisible, il le fut si longtemps, et à présent qu’il est à mes côtés, un étrange sentiment vient de me transpercer. Combien de temps cette idylle consommée va-t-elle pouvoir survivre à la rencontre, au choc émotionnel de nos baisers brulants si longtemps suggérés, au bouleversement de deux êtres qui s’affrontent dans un corps à corps charnel longuement imaginé.
Peut être ne dort-il pas, peut être perçoit-il mes pensées au travers de ses rêves, peut être sublime-t-il ces instants de privilège en feignant un sommeil profond pour ne pas troubler mes intuitions. Il est homme à me faire déraisonner, quand il raisonne en moi comme une certitude qu'’il est vital à ma survie.
Embrasse le me dit une voix intérieure, tu en crèves d’envie et lui autant que toi !
Il a besoin de sentir l’empreinte de mon regard à travers la chaleur de mes lèvres, je le sens réceptif à mon hypersensibilité.
A cet instant, je ne dois plus penser qu’à une seule chose, faire de ma bouche et de ce baiser, le résumé des envies de mon corps tout entier.
Un homme sait comprendre et décoder ce condensé sans qu'il soit nécessaire d'en donner plus...et lui, plus que tout autres .Il mérite toute ma concentration dans cette fougue, à l’image de celle nécessaire à l’amour les yeux bandés auquel il m’a initiée ne serait-ce que virtuellement.
Donner et recevoir, en totale maitrise de nos perceptions, telle est, depuis sa genèse, l’essence même de notre relation !
La fièvre et l’envie s’emparent de mon ventre, se diffusent en reflets à travers le vert de mes yeux clairs. Le miroir me renvoie l’image d’une louve, celle là même provocante, qu'il réclame muet, de son regard mi-clos, ses iris dans les miens.
© 2012 Mysterieuse
Oh oui, Il sait!
Rédigé par : Ludie | 20 juillet 2012 à 00:34