SEXEROTISME
Il y a un mois je donnais une interview à
Un moment très agréable avec un groupe de jeunes gens déterminés à redonner au sexe toutes ses lettres de noblesse ...
Merci à eux pour cet entretien
Staircase
Interview de Mystérieuse
Pilier de la blogosphère érotique depuis plus de six ans, Mystérieuse se raconte ici à travers la genèse et l’évolution de son blog Aiguilles-Bas Sans Dessous. Interview d’une passionnée de l’érotisme.
Qu’est ce qui vous a menée à ouvrir ce blog ?
(Rires) Ça ce n’est pas une question c’est un sujet de roman !
Il y a quelques années, je m’ennuyais, mes enfants étaient grands, j’avais besoin de me trouver une nouvelle activité. Un jour, ma fille me dit : « Toi qui est très bavarde, tu devrais aller chatter ». Je m’y donc suis mise, sur Caramail à l’époque. J’y ai rencontré un monsieur, franco-danois, qui écrivait de l’érotisme et m’en offrait par écrit. C’est lui qui m’a conseillé d’ouvrir un blog.
Ce que j’ai fait avec le blog La quarantaine, qui contenait différentes rubriques destinées aux femmes. Je continuais de parler avec ce monsieur. Il m’envoyait des poèmes, ceux d’un homme à une femme, et j’écrivais leur pendant chaque jour. Voilà comment mon blog a débuté.
Au début, je n’avais que 8 ou 10 lecteurs par jour. Un jour « Darkplanneur » m’a contactée et a sélectionné mon blog pour un sondage rassemblant 7 blogs érotiques féminins visant à élire la « blogueuse la plus sexy de l’année » (2006). C’est là que les visites ont grimpé.
Avez-vous déjà rencontré ce monsieur ?
Non, c’est uniquement virtuel. J’aurais aimé mais il a disparu depuis un an et demi. J’ai parlé avec lui pendant 2 jours il y a quelque mois. On a discuté comme si on se connaissait, puis il m’a dit « à demain » et il n’est jamais revenu.
Ça peut virer à l’obsession ?
Oui, vraiment. C’est passionnel, d’autant plus que c’est platonique. Il m’a fait écrire des choses extraordinaires, surtout dans les moments où il n’était pas là. C’est comme faire l’amour avec les yeux bandés, on crée une zone de fantasme. Je pense d’ailleurs qu’il l’a fait exprès pour me faire avancer. C’est au travers de tout ça que j’ai commencé à inventer des histoires. Dans ma tête c’était souvent lui. Je ne l’ai jamais vu, je ne connais que sa voix.
Vos proches sont-ils au courant du blog ?
Ils sont au courant mais ils ne me lisent pas. J’ai des réactions mitigées, certains disent que c’est n’importe quoi, parce que j’en parle beaucoup. Ils pensent que j’ai la grosse tête. Alors que pas du tout, c’est juste une passion. J’ai édité un petit bouquin avec un éditeur en ligne québécois que j’ai offert à mon père quand il était encore en vie et il a adoré. Il m’a demandé où j’étais allée chercher tout ça. Ma mère m’a même dit que j’aurais du leur donner avant ! Mes enfants ne me lisent pas, mon mari non plus.
Ca n’a jamais posé problème à votre mari que vous parliez avec d’autres hommes ?
Non ; il ne faut surtout pas que ça en cause de toute manière. Depuis quelques années, je viens à Paris dès que je peux pour m’inspirer, voir les évènements liés à l’érotisme et faire de nouvelles rencontres. Alors qu’avant le blog, je ne bougeais jamais de chez moi. Ça lui a posé problème au début. Mais j’ai continué : on est des femmes modernes ! Et puis, c’est une question de confiance. Il est très fier, et il dit à tout le monde « Ma femme écrit un blog vous savez » en donnant le lien. Et il dit surtout que ça m’a érotisé. Il comprend et dit que c’est mon monde. Avec mes lecteurs, mes accros, mes fidèles et même des fous amoureux.
Vous échangez beaucoup avec vos lecteurs ?
Beaucoup non, mais ceux qui sont accros sont accros. Certains d’entre eux se livrent et se confient à moi, pour des raisons personnelles, parce qu’ils s’ennuient dans leurs couples, ou qu’ils ont des problèmes familiaux. J’ai même un lecteur qui m’a dit que grâce à mon blog son couple allait de nouveau à merveille ! Il a montré le blog à sa femme qui s’est laissée séduire par les photos, et, plus largement, par l’univers érotique. Elle a commencé à s’acheter de la lingerie… Résultat : il est devenu encore un peu plus fou d’elle. Au final, j’ai fini par le perdre comme le lecteur mais son couple marche !
Vous êtes leur bulle en quelque sorte ?
Exactement. Ça me fait plaisir d’avoir des retours et ce ne serait pas possible si j’étais écrivain sans mon blog. J’aime ces échanges. Avec les moyens qu’on a aujourd’hui, on a une proximité avec les lecteurs.
Quelles sont les lectures qui vous ont orientée vers l’érotisme ?
J’ai commencé comme tout le monde, très jeune, avec La bicyclette bleue de Desforges. C’est Françoise Rey qui m’a vraiment initiée à cet univers. J’aime beaucoup parce qu’elle a une jolie plume. C’est de l’érotisme mais avec des histoires d’amour. Ce n’est pas du quick-sex, même si ça m’est arrivé d’en lire. J’ai toujours aimé la féminité, l’érotisme et non la vulgarité. Mais maintenant j’écris plus que je ne lis.
Quelle est votre manière d’écrire ? A l’avance ou tous les jours un peu ?
Tous les jours, tout le temps. Comme un feuilleton. Je ne corrige pas, je me relis mais j’écris naturellement. Les poèmes se trouvent tout seul, les histoires c’est plus difficile parce que je pars sur une idée et puis une autre survient… Il m’arrive de ne pas en dormir la nuit ! Mais je m’empêche de me relever pour écrire car si je commence, je ne m’arrête plus.
Vous écrivez en dehors du blog ?
Mon rêve serait d’écrire un roman où il n’y ait pas que de l’érotisme. On ne peut pas écrire un roman contenant uniquement de l’érotisme ; c’est trop lourd.
J’en ai un sur mon blog, qui n’est pas fini même s’il fait déjà 300 pages. C’est l’histoire d’une violoncelliste qui sort avec un jeune garçon. Je l’ai renommé Aiguilles-Bas Sans Dessous, comme mon blog. Je l’avais laissé car j’en avais marre. Et la personne qui m’avait aidé à créer mon blog a complètement disparu. Je ne sais pas du tout si elle me lit encore. Comme elle faisait aussi partie de l’histoire, ça devenait difficile. Mais aujourd’hui j’ai envie de le terminer.
Si vous deviez conseiller une lecture, ou un film, à un jeune pour l’initier à l’érotisme, ce serait quoi ?
C’est délicat. J’ai eu mes premiers émois devant Emmanuelle et Histoires D’O. J’aime beaucoup Eyes Wide Shut. pour l’ambiance, la perversité et l’esthétisme. En littérature, j’aime particulièrement Georges Bataille. C’est cru mais bien écrit, et pas chirurgical.
Pour avoir une initiation érotique il faut avoir une certaine sensibilité du « beau », du « bien fait ».
Comment percevez-vous l’évolution des discours sur le sexe ces dernières années ?
Je pense que la sexualité est de plus en plus précoce et la notion d’interdit disparaît de plus en plus jeune. A mes yeux, il n’y a plus assez d’interdits. Quand je dis interdits, je parle des fantasmes et de ceux propres à chaque individu.
Voyez-vous une levée des tabous dans les faits ?
Non, pas totalement mais l’érotisme se nourrit des interdits et il est donc en péril. Ce qui me fait peur, c’est que la sexualité commence de plus en plus tôt et que les jeunes font des choses que l’on faisait nous à la maturité. Arrivés à 35-40 ans ils auront déjà tout fait, et donc vont être amenés à aller vers des choses plus dangereuses.
S’ajoute à ça la démocratisation du libertinage.
Que pensez-vous du libertinage ?
Je pense que c’est bien quand on vit une vie de couple équilibrée, mais si ce sont des jeux, comme ça, pour dire « j’ai fait comme tout le monde », c’est moins bien. C’est une facette de la sexualité très bien s’il existe une complicité entre les deux partenaires. A mes yeux, c’est un partage qui peut apporter quelque chose dans un couple en perte de vitesse. Ne seraient-ce que les liens créés par le fait de se préparer à y aller ou l’angoisse d’y rentrer. Mais aller dans une boite libertine à 18-20 ans avec quelqu’un que l’on vient de rencontrer … Ca peut créer des dérives.
Dans l’érotisme et la sexualité, il doit quand même y avoir un peu d’amour, non ? Enfin, cela n’engage que moi…
Faites-vous une distinction entre Mystérieuse et vous ?
Non, je ne me suis pas créé de personnage. C’est à mon avis ce côté entier qu’on apprécie chez moi. Et l’écriture m’a fait énormément de bien. Je suis ravie d’avoir trouvé cet espace de liberté, le lieu où ma part de mystère peut s’exprimer.
Je ne suis pas devenue Mystérieuse du jour au lendemain, je pense qu’elle existait déjà avant. Maintenant c’est complètement assumé.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.