Onze heures du matin, le soleil pour complice à deux pas de la Place Clichy, je me réveillais, j’émergeais d’un sommeil torpeur.
Comment avais-je pu dormir aussi longtemps. Il faut dire que je ne m’étais pas, la veille, épargné la peine de copieusement arroser ma soirée.
Dans l’ambiance brasserie d’un petit resto parisien à l’angle de la rue de Faubourg Saint Antoine, j’avais entamé mon euphorisation nocturne par un vin argentin n’ayant rien à envier à nos petits vins du terroir. Un spectacle érotico-burlesque m’attendait à quelques cinq minutes à pied. Inutile donc d’opter pour la sagesse de la sobriété
Une brochette de canard et quelques verres de vin plus tard, je me dirigeais vers le but de mon séjour parisien, avant de me retrouver dans une fille d’attente à l’entrée du Réservoir depuis lequel s’échappaient déjà des notes de musique.
A croire que les parisiens vouent un véritable culte aux files en tout genre .Où que vous alliez dans Paris, le jour, la nuit ,il y a toujours un serpent humain qui patiente sur un trottoir , qui pour une baguette de pain célèbre , ou un chocolat non moins renommé, ou bien encore un restaurant réputé pour sa cuisine , sans oublier les night-clubs
Bref je me glissais dans le lot et attendais patiemment avec la sagesse abusive d’un francilien qu’un vigile solidement campé sur son statut de cerbère, me donne enfin accès à la soirée.
Conclusion lorsque je pénétrais dans l’antre de la bête, le spectacle était déjà bien entamé.
Sur fond de tango argentin le magnifique corps sculptural d’un noir américain jouait les effeuilleuses dans l’ambiance surchauffée d’une salle comble. L’érotisme argentin monopolisait les esprits jusqu’au bout du spectacle sous les traits du danseur chorégraphe et maitre de cérémonie du cabaret spectacle !
Une milonga succédait naturellement entrainant dans son sillage musical les aficionados de tango argentin dont les plus chanceuses s’octroyaient le plaisir de danser avec le meneur de revue !
C’est là que j’avalais ma première caïpirinha au son des bandonéons.
Les esprits s’échauffaient, les corps flamboyaient, les regards s’embrasaient sous mes yeux spectateurs d’une soirée parisienne. Certaines tables se vidaient lorsque l’heure avançait jusqu’autour de minuit, les serveurs s’afféraient pour débarrasser et agrandir l’espace destiné au dance floor.
Je m’attardais longuement sur le comportement d’un couple en séduction le temps d’une milonga ou d’un soir arrosé de boissons alcoolisées prohibées le reste de la semaine.
Lui, comment dire, Mon Dieu, il est aussi excité qu'un séminariste ayant quitté sa formation avant la fin. Il roucoule, il frôle, il touche, il ose sans oser avant d’alimenter son comportement de drôles de déhanchements qui n’ont plus rien à voir ni avec le tango, ni avec aucune danse.
Je traduis dans ses gestes et ses audaces « Merde, on est samedi, c’est le jour où on baise » Son attitude faussement espiègle me fait sourire et même rire avec la complicité d’un inconnu assis à mes côtés.
Elle, je crois qu’elle subit ! Elle se la joue complice de cette pseudo sensualité qu'’il croit dégager. Elle sourit, plisse ses yeux, dans le style vice ! Je crois, je crois qu'’elle pense comme lui « Merde c’est samedi, et le samedi on baise »
Tout cela est bien loin de mes gouts érotiques, moi qui rêve séduction diablotine et espiègle, moi qui voue ma passion aux jeux sensuels dérivants entre une femme glamour, bourgeoise faussement sage et un gentleman suffisamment lubrique pour accepter mes règles. Pas l’ombre d’un tel homme aux alentours, mais ma soirée n’était pas vouée à la rencontre mais bien plutôt à la distraction…
De verres en verres, frappée d’une frénésie dansante proportionnelle aux verres ingurgités, j’arrivais au bout de la nuit sous les rires et le regard excité d’un groupe de jeunes hommes d’origine africaine ou antillaise venus dévergonder de la bourgeoise légère.
Que nenni, mes amis, j’aime bien tortiller du derrière sur des rythmes endiablés, mais dans la solitude de ma bulle musicale. Je déclinais leurs invitations poliment, mais fermement avant de me faire appeler un taxi pour rentrer. Pas de réponse évidemment.
Allez donc trouver un taxi digne de ce nom, capable de vous prendre en charge aux alentours de quatre heures trente du matin !
Solidarité féminine ! Une femme taxi prenait pitié de moi en train de héler avant que d’injurier ces satanés chauffeurs qui ne s’arrêtent pas.
Une iranienne, depuis 27 ans en France ! Je n’ai jamais compris ce qu'’elle me racontait ! Était-ce les effluves alcoolisés ou son français approximatif, difficile à dire !
Ce n’est qu’à cinq heures du matin que je retrouvais enfin le confort douillet de ma chambre d’hôtel !
Dans ma tête, lorsque j’arrivais enfin à ouvrir complètement mes yeux, c’était déjà les heures de pointe dans le métro au son d’un marteau piqueur et d’une fanfare militaire.
Un seul remède, une bonne douche et un petit déjeuner copieux …Parisienne, parisienne, un brunch bien sûr, inutile d’échapper à la nouvelle tendance !
Une demi-heure plus tard, devinez ! Je faisais à nouveau le pied de grue devant « Le Café qui chante » le temps que l’on m’octroie une place pour déguster charcuterie, confiture maison et viennoiseries en tout genre ! Le must pour un bobo de Montmartre, le top pour éponger la gueule de bois d’une sudiste !
Brouhaha et surchauffe dans une ambiance familiale dont les protagonistes se demandent qu’est ce que peux bien faire une femme comme moi, aiguilles bas et tout le tralala, dans leur monde ambiance vacances à l’ile de Ré.
Mon téléphone résonnait une seule fois symbole d’un sms !
« Je passe te prendre ce soir à l’hôtel, aux alentours de 20h30, je t’emmène diner »
Enfin un peu de compagnie, un peu de jeunesse aussi. Délicieuse idée que la sienne. Cela me donnait le temps d’aller me balader sur les grands boulevards , flâner devant les vitrines de Noël du Printemps et des Galeries , peut être d’aller faire un tour à la boutique de l’opéra , avant de rentrer me faire couler un bain et reposer mes années de trop après une soirée trop arrosée et trop dansée .
La sonnerie de mon téléphone de chambre résonnait, m’arrachant à un somme réparateur ….
« Un jeune homme vous attend à l’accueil !
-Faites le monter »
Trois coups à la porte …la bise !
Il est trognon avec ses cheveux bouclés ébouriffés lorsqu’il retire son bonnet de laine. Un jeans usé, une chemise branchée, cintrée dans la même toile, mal rasé parfait, une allure musicos pour une petite trentaine !
« T’es ok ?, on y va me dit-il en regardant son portable ! « Le bistrot des dames » à côté, bon avis des internautes, un patio en bas, c’est cool non ?
-Oui très cool ! »
La différence d’âge ne semble pas choquer ni la serveuse, ni les clients environnants. Une couguar de plus doivent-ils songer !
« On prend du vin …
-Oui, oui bien sûr, et dire que les marteaux piqueurs n’ont toujours pas quitté l’avenue centrale de mon crane ! »
Il me parle de ses amours, de sa vie, de la fille d’à côté qui lui plait beaucoup sauf qu’elle est avec un mec qui n’est pas fait pour elle … Il y croit, il a raison, je suis comme lui ou il est comme moi ! Il m’avoue son assurance, je le mets en garde, je le sais trop d’assurance nuit.
Cela peut passer pour la grosse tête me dit-il. Il joue du regard et de ses mains, il a de grandes mains, et la fille d’à côté vient de craquer. Il a gagné le petit con, détrôné le légitime le temps de son absence d’un seul regard en intuition !
Le dessert, déjà ….un seul pour deux !
« Monsieur partage ?
-Bien sur dit-il en me serrant dans ses bras »
Ah tout de même, je compte un peu pour lui !
Le temps de payer l’addition, il m’ouvre la porte, m’entraine dans la rue, une main légère sur la taille ….vers un bar tout proche !
Mon entrée ne passe pas inaperçue, il en sourit …derrière moi au bar un couple à l’allure ordinaire, presque vulgaire n’arrête pas de roucouler, de se rouler des pelles comme il se plait à l’illustrer, de se tripoter sans pudeur …en toute impunité …Il s’absente …
Un instant, juste un instant et le couple m’interpelle, la femme plus exactement !
« Quelle élégance, vos bas, des Chantal Thomas ?
-Non, je les ai achetés à Rome !
-Vous êtes charmante et votre copain aussi, voulez-vous vous joindre à nous ?
-Non, sans façon, répond-t-il en revenant ! On y va ! «
Putain j’y crois pas, tu te fais brancher pour un plan à quatre, me dit-il dans la rue alors qu'’il me raccompagne jusqu’à mon hôtel … Et celles là, regarde, elles ont l’air bizarres tu ne trouves pas !
- Ben non, je ne vois pas !
-Bien, je te laisse, je t’appelle demain ! me dit-il à la porte de mon hôtel»
Me voilà à nouveau dans la solitude de ma chambre, mon seul Sex toys pour compagnon de jeux.
Lui dans la rue, croisent à nouveau, les drôles de dame qui lui proclament d’une voix mâle
« Tu sais que tu ne la rappelleras pas !
-Si, bien sûr, on rappelle toujours sa maman ! »
L’érotisme ne faisait décidemment pas partie de ma première soirée parisienne !
Texto : je te l’avais dit qu’elles étaient chelous, c’était des mecs. A demain Maman !
L’érotisme était ailleurs, dans mes pensées, mes désirs improvisés, mes impudeurs maitrisées pour mon rendez-vous du lendemain matin !
© 2011 Mysterieuse
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.