Acte II
Lorsque nous nous retrouvions sur les trottoirs humides d’une bruine hivernale , je remontais le col de mon trench ceinturé , pensant soudainement à une scène bien spécifique d’un film intitulé « Cliente » , la première scène du film ou presque avec une réplique
" Je vous plais ? demandait Patrick
-Et si je vous réponds oui, ça nous mène où ? "répondait Judith, la cinquantaine séduisante sous les traits de Nathalie Baye
Pourquoi cette séquence, totalement hors contexte, Gaspard n’avait rien d’un escort boy, venait-elle soudain interpeller mes neurones. Le temps de la réflexion, Gaspard avait glissé son bras sur mes reins et sa main sur ma hanche, prétextant une éventuelle chute sur les trottoirs pollués. Il avait à nouveau revêtu son costume de gentleman et me guidai poliment vers la première terrasse de café croisant notre chemin.
« Allons prendre un verre, un thé ou un café, pour convenir d’un rendez-vous », me suggérait-il en poussant d’une main énergique sur une poignée en cuivre rutilant, le lourd battant de la double porte en verre d’une brasserie de quartier.
Une odeur de café, de thé et de cannelle nous accueillait dans le brouhaha feutré si particulier des brasseries parisiennes.
Un porte manteau surchargé de doudounes, chapeaux , écharpes et autres accessoires aptes à lutter contre la froidure , camouflait , bien involontairement une petite table isolée , la seule en vérité , encore libre à cette heure de l’après midi .Nous n’étions plus qu'’à quelques jours des fêtes de fin d’année, et les retardataires des achats de Noël, tentaient de tromper leur manque d’imagination , le temps d’un café ou d’un vin chaud.
Mon trench m’abandonnait à nouveau dans l’ambiance surchauffé de la salle. Je le tendais à mon hôte, apparemment soudainement soulagé de me voir à nouveau me dévêtir. J’ai dans mes connaissances un vieil ami, attiré plus particulièrement par les garçons, qui par soucis de complaisance, m’a transmis son savoir sur l’attitude à adopter en cas de séduction séculière. Je songeais à lui à cet instant, croisant et décroisant mes cuisses avec détachement, dévoilant impudiquement à chaque mouvement les jarretières de satin noir de mon corset. Mon ami, m’aurait dit
« C’est à cet instant, qu'’il faut oser l’éventail, à demi camoufler son regard de biche aux aguets et sans tarder espérer une réaction »
En matière de bonne éducation, il avait de son manuel de bonnes manières, oublié quelques conventions ennuyeuses au profit de quelques autres plus mutines. Une confiance sans concession m’unissait à lui, et depuis ce conseil hautement stratégique, je ne sortais plus jamais sans un de mes éventails. Plus qu’accessoires, ils avaient fini par faire partie intégrante de mes tenues, des plus sobres aux plus sophistiquées… J’étais devenue la femme à l’éventail dont seuls mes amis les plus proches ne s’étonnaient plus.
Minaudant derrière mon écran de papier, je cherchais du regard à capter le reflet séduisant d’une infime attirance. Son attrait était ailleurs, sur la naissance ronde de mes seins enfermés, ma taille ceinturée façon année cinquante et plus bas , acoquiné aux dessous de ma jupe , qui laissait entrevoir , dans une fente complice , juste au dessus de la lisière de mes bas , ce no man’s land de peau , cette ultime zone frontalière entre le désir et l’émoi .
C’est l’instant stratégique que je choisissais, pour commander un expresso serré au garçon empressé, et pour conforter tardivement l’affirmation de Gaspard !
« Vous aviez raison !
-A propos de ?
-A propos de mes bas, bien sur, à quoi d’autre voulez-vous que je fasse allusion. Votre bibliothèque ?
-Oublions ma bibliothèque, parlons de vous !
-Auriez-vous changé d’avis ? Vous me parliez d’un rendez-vous ? Un rendez-vous, pour quoi faire ? Ma frénétique curiosité ne tolère pas la patience !
-Pas de chance, je suis un homme très patient ! Au-delà de ce que vous pouvez imaginer !
-Je n’imagine rien, restons en là, une rencontre, un café ! Garçon s’il vous plait, l’addition ! »
Je me levais, impertinente, réclamais mon trench avec autorité et rangeais mon éventail !
« Attendez ne partez pas, je vous plais ?
-Et si je vous réponds oui, ça nous mène où ?
-Dans ma bibliothèque, dans le Marais !
-Je vous plais ?
-Et si je vous réponds oui, ça nous mène où !
-Au cœur de l’érotisme, feuilles ou parchemins, ou bien encore au creux d’une cambrure de lacets enlacée »
Gentleman, ou plus simplement amoureux de la gent féminine, Gaspard, me présentait mon trench pour que je l’enfile, avant de me le ceinturer et de me murmurer au creux de mon oreille
« Nathalie Baye dans « Cliente », complicité, complicité des genres, vous me plaisez, vous me plaisez vraiment, mais je ne connais toujours pas votre nom
-Appelez- moi la femme à l’éventail »
A suivre ...
J'aime beaucoup votre style !
Rédigé par : S.Erotique | 12 octobre 2011 à 21:52
A S.Erotique: merci beaucoup, votre spontanéité me touche !
Rédigé par : Mystérieuse | 13 octobre 2011 à 08:55
C'est plus que magnifique!
Le mot peut paraître si plat comparé à ce qu'il fait raisonner, vibrer en moi.
Mystérieuse, ton jeu est si délicieux!
Même dans la souffrance, tu ne me feras jamais plus souffrir que plaisir.
Ange, mon Ange,
ou démon, Diablotine!
Tu as mangé-gobé-happé mon âme et je n'ai rien senti!
Ludie,LL,C.,DA.
Rédigé par : Ludie | 18 octobre 2011 à 23:12