Elle m’était soudain apparue comme une belle insouciante vivant dans une bulle, ignorant tout à coup le B.A BA des règles les plus élémentaires de la vie en société. Gentiment foldingue, elle était d’une sensualité adolescente dans sa nouvelle tenue pour le moins très fraiche. Paradoxe agréablement surprenant, elle avalait un dernier verre de Chablis jusqu’à la dernière goutte, me rappelant coquinement que quand elle aimait elle pouvait se délecter jusqu’à la lie.
« J’espère que tu aimes le jazz, le swing, et surtout que tu e un homme armé de patience !
-Pas vraiment pour la patience, mais le jazz et le swing, oui, et tu as l’air si enthousiaste !
- Heureuse, le mot est heureux ! On y va ? Mais je veux m’assurer de quelque chose auparavant ! »
Elle glissait sans préavis sa main entre mes cuisses, tâtait amoureusement, mes attributs masculins, s'attardant sur mes valseuses, avant que de m’exprimer dans un naturel déroutant ses émotions les plus franches.
« Ce qui me plait chez toi, c’est que tu es méchamment burné, ce n’est pas si courant tu sais ! »
J’aurais du rougir, mais j'éclatais de rire, éludais la remarque, mais au jeu de la provocation, elle avait trouvé un partenaire idéal !
« Ah oui vraiment, tu à l’air de connaitre la partie, ou les parties devrais-je dire ? Je n’ai pas pour habitude de comparer mes couilles avec mes congénères, mais je te crois sur parole ! Et en quoi cela te plait ? »
Elle éclatait de rire à son tour , et ne prêtait aucune réponse à ma question, m’entrainait dans ses éclats de rires, sa main amarrée à la mienne dans son cheminement.
Dans le couloir feutré du building américain, elle récidivait, avant de rejoindre la terre ferme.
Elle me plaquait au mur, dans le chuchotement du mécanisme de l’ascenseur grimpant, ré- jaugeait mes ardeurs d’une main impudique parcourant en tendresse la toile du jeans, soudainement tendue par mon sexe affolé de tant de convoitise.
« Glisse-toi, un instant dans la peau de Benjamin, ignorant ! Est-ce que tu sais vraiment, combien pour toi j’en pince ? Glisse un doigt, une main, sous ma robe, si tu veux connaitre le secret qui nous a rapprochés poursuivait-elle , un regard énamouré plongé dans le mien
-Un secret ! Quel secret ?
-Glisse tes mains, je te le confierai. »
Je reconnaissais là l’auteur, capable d’inventer n’importe quoi, par jeu ou par provocation. Metteur en scène, réalisatrice, scénariste de ses propres fantasmes, elle était capable, sans véritable force de persuasion, de vous entrainer dans la perversité de sa douce mythomanie.
Je glissais donc un doux baiser derrière le lobe de son oreille, et une main érotisée entre ses cuisses, jusqu’au cœur du sensoriel de sa féminité. Sa mouvance aussi soudaine qu'’incontrolée me suggérait, qu'’il n’était point nécessaire de perdre une partie de la soirée dans une boite de jazz, à l’autre bout de Chicago. Sa croupe, ses hanches malmenées par le désir corroboraient mes espoirs intuitifs …Et pourtant, la maitresse reprenait ses droits lorsque la cabine de l’ascenseur atteignait notre étage…Elle repoussait ma main, réajustait son jupon de crinoline, assortissait son entrée dans la nacelle d’un sourire faussement bienveillant à l’encontre des clients sortant.
« Tu croyais quoi, me murmurait-elle, une fois dans l’intimité retrouvée et les portes refermées, que j’allais renoncer à une soirée privilège au Green Mill ?
-Renoncer non ! Repousser peut être !
-Tu mérites le secret de notre rencontre ….Un pouce du destin …une valise complice …je me rends compte de mon erreur …je ne dis rien, tu es un homme séduisant …tu me plais …la suite tu la connais !
-Qui me dit que tu dis la vérité ?
-Rien, tu es donc obligé de me croire , mais sache que j’ai remarqué que tu me poursuivais à l’aéroport , sauf que …tu as chamboulé mes plans .Ah si seulement tu avais été plus rapide …
-Je n’aurais pas eu le plaisir d’ausculter tes bagages, de faire la connaissance de Mathilde, et surtout de t’accueillir dans ma chambre. Passée une première réaction colérique, l’intrigue l’a emporté
-Alors finalement tu aimes le scenario !
-Le scenario ? Chercherais-tu un sujet pour ton prochain bouquin ?
-C’est une idée ! Tu aurais pu m’envoyer balader, j’aurais pu tomber sur un maniaco-dépressif ou à l’inverse un pervers ou encore un timide maladif ! Avoue qu'’il y a matière à épiloguer !
-Au lieu de cela tu tombes sur un type tout à fait normal ou presque qui se laisse envouter par une diablesse en quête d’aventure !
-Non, mais pour qui tu me prends ! Je ne cherche rien du tout ! C’est juste la faute de la valise ! Et de ta jolie petite gueule d’amour !
-Un diner aurait pu tout aussi bien faire l’affaire, au lieu de cela, tu me demandes de te baiser, tu me séquestres avec quelques sushis dans la chambre et puis…
-Et puis nous allons passer une délicieuse soirée…
-Et puis ?
-Après à toi de prendre des initiatives !
-Quoiqu’il en soit ma belle, ta valise est toujours chez moi avec un merveilleux complice érotique à l’intérieur !
-C’est de cela dont tu veux parler ?, me disait-elle en sortant le joujou de son sac
-Incroyable, tu es incroyable !
-A présent je te laisse la prérogative de la suite des événements !
-Je ne sais si !
-Si je te suivrais…Tu verras bien ! »
Elle était d’un aplomb déconcertant dans le diabolique de son jeu provocateur ! De quoi était-elle donc capable pour bousculer mes émotions. A la seule pensée qu'’elle puisse inopinément jouer dans la soirée avec son toys, me plongeait irréversiblement dans le désir. L’étroitesse soudaine de mon jeans en était la preuve irréfutable.
Nous atteignions enfin le lobby, quasi désert. Je suivais ma belle aventurière qui remontait le col de son manteau avant de se plonger dans l’atmosphère d’une ville américaine enneigée.
Des flocons lumineux voltigeaient dans un ciel neigeux avant de recouvrir le sol de leur écume blanche. Avant de braver la froidure Do s’attardait un instant sur ce tapis neigeux, le nez en l’air, la bouche ouverte, récoltant sur sa langue les floconneux cristaux glacés, en riant comme une enfant émerveillée. Puis elle saisissait mon bras et se lovait contre moi pour parer à toute éventualité de chute sur les trottoirs glacés. Sa chaleur corporelle irradiait tout mon corps .Malgré le froid saisissant je ne débandais plus jusqu’à la bouche de métro la plus proche.
A nouveau assagie par la promiscuité des passagers de la ligne rouge, Do s’improvisait, le temps du trajet, guide touristique. Pour avoir séjournée régulièrement à Chicago, elle m’instruisait avec passion sur l’architecture de la ville. Pèle mêle, elle me parlait du Lac Michigan, des balades délicieuses qu'’il permettait quand le temps l’autorisait, de la Chicago River, cette rivière vert bleuté serpentant entre les buildings, de La Willis Tower, anciennement Sears Tower, le gratte ciel le plus haut du continent américain. Elle finissait son monologue culturel sur un cours quasi universitaire, me vantant les mérites de l’architecte Frank Lloyd et de ces célèbres « Prairies Houses » dont elle m’invitait à visiter l’une d’entre elle , La Robie House , située à l’angle de deux rues de Hyde Park. Elle était intarissable sur le sujet, passionnante et passionnée par le sujet qu'’elle développait sur le trajet.
Do, cette femme que je ne connaissais que depuis quelques heures me fascinait littéralement Son enthousiasme culturel me ravissait autant que son exaltation érotique. Au terme de ce voyage didactique, nous quittions Le Chicago Transit Authority et la station aérienne de Lawrence à, à peine un peu plus de 100 mètres de Green Mill.
Une neige fine et serrée tombait à présent sur Chicago, nous rapprochant un peu plus l’un de l’autre .Do manifestait à présent l’excitation d’une enfant à la veille de découvrir ses cadeaux de Noël.
« Tu vas adorer, me susurrait-elle à l’oreille, et moi follement excité par son enthousiasme juvénile, ne résistais pas à ce désir fulgurant de lui donner un baiser profond, au seuil de la tolérance pudique dans un pays à la morale plus scrupuleuse que notre vieille France.
A suivre ...
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