Un dernier regard dans un miroir et je me dirigeais avec assurance jusqu’à la porte, un sourire magnanime sur les lèvres.
Moment de grande solitude ! Mon regard ne pouvait que s’abaisser à la hauteur d’une valise négligemment abandonnée devant la porte de ma suite. Diane alias Mathilde n’avait pas eu le courage de ramener elle-même mes effets. Tous l’univers fantasmagorique dans lequel elle m’avait emporté depuis l’aéroport venait soudain de s’effondrer au seuil de ma chambre.
J’allais m’en emparer, quad j’apercevais au milieu du couloir le garçon d’étage messager…messager de rien du tout.
« Please, Who owns this bag ?
-I was asked to deposit it here ... I don’t know
-thank you !
-It is yours and you mine ! »
Dans un américain parfait, une voix féminine m’interpellait dans le prolongement du couloir, à l’opposé du bellboy…
« Sorry ? »
Sortant de la pénombre où elle s’était tapie, une délicieuse brune aux yeux verts s’avançait vers moi, un bras et une main tendue pour me serrer la main en guise de bienvenue.
« Vous êtes bien Alexandre … ?
-Et vous Mathilde je présume ! Quel con ! Trois pas et déjà je me ramassais lamentablement avant même qu'’elle ait franchi le pas de porte de ma suite
-Mathilde ! Elle éclatait de rire ! Non, je m’appelle Diane. C’est amusant, c’est le prénom de ma dernière héroïne. Pourquoi Mathilde ?
-C’est le prénom de ma sœur, elle vient de raccrocher ! Héroïne ? Etes-vous écrivain ?
- Auteur seulement, mais si vous m’invitez à pénétrer dans votre chambre, je vous expliquerais !
Elle me devançait …je ne reconnaissais en rien la mystérieuse voyageuse qui m’avait subtilisé mes bagages. Elle portait fièrement sa cambrure sur de hauts escarpins rose poudré, mais elle avait troqué ses bas couture, pour un jeans très usé, de ceux qui sont épuisés et dont on ne peut se séparer. Je ne pouvais l’en blâmer, vu la neige qui ne cessait de tomber sur Chicago.
Je n’ai jamais porté de bas, mais tout laisse à supposer que ce voile si fin, de soie ou de nylon n’a rien de vraiment calorigène. Je regrettais sa tenue vestimentaire très féminisée, mais pour autant elle arborait une grâce peu coutumière pour une femme, je dirais de la quarantaine bien avancée, la cinquantaine à peine frôlée par quelques ridules d’expression.
Son cul de jeune fille bien moulé dans la toile de son 501 râpé, me laissait à penser qu'’elle était femme moderne très éloignée des stéréotypes que la société tente de nous imposer. Un pull noué autour du cou, deux manches disciplinées capables de camoufler une poitrine par trop sincère sous le voilage transparent d’un corsage audacieux et séduisant. Elle s’extasiait, de dos, de la vue qu'’offrait ma suite, et moi, moi je m’extasiais de sa taille fine, des courbes de sa silhouette, de sa cambrure extravertie, son port de tête, sa nuque gracile d’où s’échappait quelques mèches. Je pensais Mathilde, je regardais Diane, et l’espace d’un instant je me glissais dans la peau de cet étranger qui peuplait ses pensées comme un fantôme érotique.
« Magnifique, tout simplement grandiose ….j’aime tant cette ville ! C’est toujours un plaisir de la redécouvrir .A chacun de mes voyages je m’extasie …je suis fan de son architecture, ses buildings, »
En matière d’architecture, elle était pas mal non plus, mais je la laissais monologuer pour ne pas commettre d’imper.
« Puis je-vous offrir un verre ?
-Oh oui avec plaisir ! Je suppose que je peux à peu près tout vous demander !
-Je ne sais pas c’est la première fois que je fous les pieds ici !
-Ici, ici à l’hôtel ou Chicago ?
-Chicago ! Enfin les deux forcément !
-On va faire simple, un gin to !
-Bonne idée !
-Chicago est une ville merveilleuse ! Mon fils vit ici depuis six mois…Il a fait l’école supérieure d’architecture et puis il prépare un diplôme national de master ….Enfin vous voyez quoi !
Putain, je pensais un moment que j’étais tombé sur une de ces chieuses qui se gargarisent de la réussite universitaire de leur rejeton. Je me laissais déborder et tentant de rectifier le tir, ou plus bêtement par inadvertance, je répliquais bêtement :
« C’est pour cela que vous avez eu le temps de vous changez ! Vous vivez chez votre fils !
-Pardon ! Mais de quoi parlez-vous ?
-Et puis Merde, je vous ai vu quitter l’aéroport avec ma valise, le temps de …
- Et puis merde ! Je sais que vous avez lu mon manuscrit ! Vous mentez si mal ! Vous êtes un délicieux menteur, de ceux que j’aime tant d’écrire dans mes essais littéraires !
-Des essais ? Plutôt réussis vos essais. J’adore cette femme Mathilde ! Etes-vous Mathilde, Diane ? M’en voulez-vous ?
-Qu'’en pensez-vous ?
-Je n’en pense rien, j’aimerais tant que vous me répondiez oui
-Alors oui, pour vous faire plaisir ! Et non je ne vous en veux pas. Et que vous inspire Mathilde ?
-Comment vous dire …elle me fait bander !
-Waouh ! Et Diane ?
-Elle me trouble !
-Avez-vous prévu quelque chose ce soir Alex ?
- Je m’appelle Alexandre
-Pour moi ce sera Alex !
-Je n’ai rien prévu ce soir, Non pas vraiment ! J’ai une dure journée qui m’attend demain !
- Bien ! Mathilde vous dirait, je t’emmène au Green Mill ce soir Alex !
-Et que me dit Diane ?
-Je te dis, laisse moi le temps de me changer, de grignoter quelques sushis en bas et puis je t’emmène au Green Mill… »
Tout en prononçant ces mots, Diane commençait à se dévêtir, sans aucune pudeur …Ce que je découvrais dépassait mes espérances.
Une fois débarrassée de ses fringues, elle rechaussait ses escarpins, juste vêtue d’un string microscopique d’un soutien gorge assorti, se dirigeait vers la salle de bain, en ressortait vêtue d’un douillet peignoir blanc. Puis avec audace, elle faisait glisser les centimètres carrés de dentelles qui lui servaient de culotte dans ma poche.
Audace pour audace, je portais son offrande à mes narines, et argumentais son odeur d’un soupir inquisiteur.
« Vous voilà prévenu, me disait-elle
-Etes-vous toujours ainsi, Diane ?
-De quoi parlez-vous ? C’est la première que je me trompe de bagage, mais j’aime assez son propriétaire ! Vous pourriez presque être le héros d’une de mes nouvelles ! »
Sur ces mots, elle avalait son gin tonic presque cul sec !
Je resongeais à Mathilde, en train de se branler dans son vieux cabriolet sans âge. Sans aucun doute, les femmes se ressemblaient … dans la salle de bain l’eau remplissait la baignoire !
A suivre ...
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