Au fur et à mesure de la lecture, je découvrais une femme sensuelle en proie à ses désirs, une amante gourmande de chair, féminine dans le moindre de ses gestes .J’étais irrationnellement sous le charme de cette héroïne peu ordinaire, me glissais entre ses bras, sous le feu de ses paupières, la fièvre de ses désirs. Je me l’appropriais, me glissais dans la peau de son amant.
A la page 27, ma main accompagnait déjà ses envies, caressant ma queue mélodieusement au rythme de ses mots, recherchant mon plaisir en adéquation avec sa volupté qu'’elle décrivait avec sa chair, avec son ventre. Inconnue et si présente dans son absence, elle aurait pu me faire jouir contre sa volonté .Plus ses mots dansaient sous mes yeux, plus ma main coulissait sur mon sexe tendu.
Elle s’était lancée dans des aveux illicites qu’il n’avait jamais soupçonnés.
« Combien de fois n’ai-je rêvé que tu détaches le violoncelle d’entre mes cuisses pour venir t’y glisser et t’abreuver à ma chatte affolée du plaisir que tu pourrais lui donner. Je veux sentir ta langue, tes doigts me pénétrer, je veux entendre ta queue réclamer du plaisir avant même qu’elle ne me prenne et qu’elle m’arrache des cris. »
Loin des inhibitions, il s’était évadé. De sa bouche affolée par ces troublantes confessions fantasmagoriques, il avait parcouru chaque parcelle de sa peau de la finesse de ses chevilles jusqu’aux pétales de son sexe qu’il avait enrobés de savantes arabesques, avant que de mordiller le cœur de son écrin d’amour d’un bouton arrogant surmonté.
Sous les frémissements de sa peau inondée de codes érotiques, anticipant de manière cérébrale sur les conséquences de ses agissements, il avait entrevu une éruption sismique et sensuelle, inondant de cyprine sa bouche avide d’elle. Elle avait ponctué cette vision onirique, d’aveux de pénitence, le priant, gémissante, de la punir de ses péchés de luxure et autre lubricité dont elle était friande. Au bord de la rupture, elle se voulait décadente, pour retrouver le goût des amours impudiques. Oubliant l’instructrice au profit de la femme criante d’érotisme, Benjamin avait écarté un peu plus grand ses cuisses, son regard captivé par la chatte attirante, sa bouche folle de désir pour ce sexe licencieux. Dans la moiteur humide de ses chairs enfiévrées, ses doigts avaient conquis la luxuriante diablesse perdue dans des soupirs prometteurs d’abondance. La, si respectable Mademoiselle Mathilde, professeur de violoncelle, venait entre les bras de Benjamin de troquer son costume de nonne contre celui d’une damnée. Cette offrande féline avait éveillé en lui un grand regret, regret légitime de n’avoir osé plus tôt la contrarier des sentiments licencieux qu’à son égard il éprouvait.
Son sexe pour témoin, bandé à l’extrême, il allait la baiser autant qu’elle le voulait et même plus encore tellement son abstinence se révélait à présent douloureusement stupide.
Son désir à elle était bien différent de celui que pouvait ressentir le jeune homme à son égard.
Elle était femme à aimer prendre son temps, elle était femme généreuse, tactile et envoûtante, maîtresse femme, mais aussi tendre amante, quémandant des mots d’amours et des baisers, tout aussi bien que des caresses plus vicieuses.
Son goût prononcé pour la sensualité, lui avait valu bien des déboires. Son attirance pour l’érotisme l’avait poussée bien malgré elle, érotomane culturelle, à se perdre dans des aventures aussi sensuelles qu’illusoires.
Lasse de pleurer, sur ses amours perdus avant que d’être conquis, exécutant un repli sur soi même, elle avait préféré l’abstinence à la souffrance sentimentale, la rémission au parjure.
Peut-être avait-elle donné trop et trop vite à ses amants, peut-être les avait-elle trop comblés dans la luxure bien avant que de leur avoir avoué qu’elle les aimait.
Elle aimait faire l’amour, elle aimait s’offrir en partage dans des étreintes aussi voluptueuses que censurées, mais elle aimait aussi désirer et être désirée car elle souffrait d’une grande carence affective, elle endurait le manque d’amour comme l’attribut de son destin.
Alors quand elle avait regardé Benjamin, sa bouche dévorante sur son sexe enfiévré, le plaisir sous le bleu de ses paupières, elle avait décidé instinctivement qu’elle allait l’aimer, lui ce jeune homme insolent qui l’avait détournée de ses vœux de chasteté, qu’elle allait l’adorer avant qu’il ne la baise. »
Je résistais pourtant à cet envoutement littéraire, bien que mon esprit conquis, ne puisse s’empêcher de faire un amalgame entre Mathilde et la femme aux escarpins roses .Il était temps que je réagisse, que je m’extirpe de mon évasion érotique. Il était dix sept heures trente, heure locale, et aucun indice exploitable n’avait émergé de la fouille.
Je me décidais enfin à appeler American Airlines, pour m’inquiéter d’une quelconque réclamation de bagages après avoir expliqué ma mésaventure. Rien n’avait été signalé, mais ils me rappelleraient si tel était le cas. Je n’avais plus qu'’a attendre et espérer, espérer que Madame ai eu l’audace et l’idée d’inventorier comme moi le cœur de mon bagage, ou bien qu'’elle soit retournée à l’aéroport pour réparer le méfait. Bien qu'’une telle mésaventure me soit jamais arrivée, je laisse toujours, par précaution, une carte de visite dans chacun de mes bagages. Il faut avouer que je commençais à paniquer.
Le manuscrit m’attendait sagement sur le lit. J’en examinais la dernière page, page 160. Cette histoire était inachevée …mais portait ce qui ressemblait à une signature Diane D.
J’avais enfin un prénom sur l’image, mais rien ne prouvait que ma belle inconnue soit l’auteur de ces pages
Je me replongeais dans l’histoire de Mathilde et Benjamin, comme attiré par un aimant.
« Allait-elle parvenir à résister longtemps à la fougue amoureuse de ce trop jeune amant, qui, fier d’avoir sous ses coups de langue, inonder de plaisir sa chatte, s’était fait plus besogneux quant à ses aspirations, plus belliqueux dans ses déterminations.
Il avait emporté dans ses bras la femme malmenée par l’impétuosité enthousiaste dont il faisait état.
Mais elle n’avait opposé aucune résistance, aucune rébellion, s’était laissée porter par l’érotique pulsion qu’il lui offrait en hommage à sa féminité.
Alors qu’il l’avait allongée sur les draps froissés, il lui avait murmuré des mots doux à l’oreille, ânonné des « tu es si belle » et des « je t’aime » sans imagination.
Elle était sous le charme de ce troublant garçon, elle en avait oublié toutes ses rationnelles promesses.
Avec délicatesse, mais aussi de la fébrilité dans ses gestes désordonnés, elle avait débarrassé Benjamin de sa chemise trop sage.
Il était fort bien fait, une beauté presque rare, lui rappelant l’esthétisme des statues grecques qu’elle aimait tant toucher lors de ses visites de musée.
Elle l’avait regardé méticuleusement, il en était gêné, tant le regard de Mathilde était déstabilisant. Mais elle avait poursuivi ses désirs, effeuillant Benjamin de tous ses vestiges vestimentaires.
« Envie de te toucher, envie de te sentir, Benjamin
-Tout ce que tu veux Mathilde
-Viens près de moi »
Elle l’avait caressé, de la base de son cou jusque sous son bas ventre, s’égarant longuement sur son poitrail musclé, en baisers parfumés et morsures innovantes. Benjamin avait aimé la regarder le caresser ainsi, elle avait allumé des étoiles sur son ventre, des astres se mutant subrepticement sous sa peau en frissons et enorgueillissant son sexe d’une noble raideur pleine de convoitise. Elle avait caressé ce membre prometteur, elle l’avait enrobé, soupesé, baisé du bout des lèvres, son regard assassin bien campé dans celui de Benjamin.
Alors sans prévenir, tendrement, il s’était allongé sur elle, la couvrant de baisers des pieds jusqu’à la tête, et en accord parfait avec les attentes discrètes de Mathilde, il l’avait pénétré.
Mathilde avait gémi, puis, honorant l’érotique intrusion de spasmes et de frissons, elle avait presque inconsciemment enfoncé ses ongles rouge grenas dans les fesses musclées de Benjamin, l’invitant, le souffle haletant, à la prendre violemment. »
Moi-même haletant à la lecture de ces pages, au bord du plaisir, prêt à répandre mon plaisir entre mes doigts, j’étais interrompu dans mon orgasme imminent par la sonnerie de mon portable.
Merde, ce n’était pas le moment de m’annoncer qu'’on avait enfin retrouvé mon bagage …L’ombre de mon plaisir s’éloignait en même temps que l’espoir de rencontrer Diane, si tel était le prénom de la délicieuse étourdie.
Le souffle encore court, je répondais prestement !
« Allo !
-Bonjour »
La voix m’interpellant n’avait rien d’américain, elle était bien française.
« Alexandre Maroleau?
-Lui-même
-Voilà, je me présente, je m’appelle Diane ! »
Je taisais mon émotion, simulais la surprise en tentant de reprendre mon souffle encore appauvri par mes fantasmes littéraires
« Diane ! Je ne connais pas de Diane ! Zut trop sec …
-Je suis désolée, par mégarde j’ai interverti nos valises à l’aéroport, et je me suis permis de fouiller vos affaires pour trouver un nom, une adresse.
- Ah ainsi, c’est vous …J’en ai informé l’aéroport sans succès, je pensais que c’était la compagnie qui m’appelait !
-Je suis confuse, comment me faire pardonner ?
-En acceptant un diner !
-C’est moi qui invite dans ce cas !
-Pas question ! Par contre, pour vous faire pardonner, rejoignez moi au à l’hôtel Fairmont Chicago Park, c’est juste à côté …
-Du millenium Park of course …je connais ! Leur cuisine est réputée. Disons 19 heures à l’accueil, le temps d’une douche, un taxi….
-Disons 19 heures dans ma chambre, si nous voulons nous changer !, je tentais timidement
Elle éclatait de rire avant de me répondre en toute simplicité
« Excellente idée, j’ai dans ma valise de quoi me féminiser
-Vous l’êtes déjà !
-Pardon ?
-Féminine ! Zut j’avais gaffé, enfin je présume au son de votre voix, votre rire…
-Mais, je me trompe ou vous me draguez !
-J’essaie juste d’être agréable !
-Vous l’êtes compte tenu des circonstances, vous êtes plutôt tolérant…A tout à l’heure ! »
Elle raccrochait sans attendre ma réponse.
Comment ne pas être tolérant après avoir lu le début de son roman ! Et de plus la faroucherie ne semblait pas faire partie de son caractère, ce qui pimentait à mes yeux sa personnalité
Il me restait une petite heure pour effacer toute trace de ma curiosité et achever la lecture du manuscrit de littérature érotique…
A suivre …
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