Durant tout le trajet, je ne prenais même pas le temps de jeter un coup d’œil à l’extérieur comme j’ai habitude de le faire lorsque je découvre une ville pour la première fois .Aucune notion de temps ni de distance n’interpellait ma curiosité coutumière, hanté que j’étais par la bien mystérieuse silhouette entraperçue en compagnie de mes effets personnels. Je me félicitais de n’avoir pas glissé mon dossier dans mes bagages. Encore une fois j’y voyais un signe du destin, quoiqu’il advienne je pourrais toujours honorer mon rendez-vous d’affaire, quitte à m’y rendre en tenue sportswear pas très conventionnelle pour concrétiser un contrat de plusieurs millions de dollars. Cette image me faisait sourire alors que le chauffeur de taxi m’arrachait à mes pensées en me faisant gentiment remarquer que nous étions arrivés.
La neige tombait à présent à gros flocons, recouvrant l’asphalte d’une fine pellicule blanche. Je resongeais, avant de payer les 40 dollars de course et de poser le pied au sol, à la fine cheville surmontant les chaussures rose poudré à hauts talons. Cette image m’apportait un indice sur sa nationalité, elle n’était surement pas américaine ou pas de Chicago, mais plutôt européenne, j’osais espérer française l’espace d’un instant.
Je ne sais pourquoi mes préférences en matière de femmes se portent sur les françaises, leur élégance peut être, à moins que malgré mon anglais courant, je préfère m’exprimer dans ma langue natale. Le fait est que je me mettais en tête que la belle inconnue était de la même nationalité que moi, auquel cas la communication s’en trouverait facilitée pour peu qu'’elle aime l’art et la culture. Avec l’âge, j’ai de plus en plus de mal à supporter les idiotes insipides démunies des bases même des connaissances générales.
Prenant garde de ne pas glisser sur le voile neigeux, j’avançais avec prudence jusqu’à l’entrée. Le portier tentait de s’emparer de ma précieuse valise, mais je l’en dissuadais, presque impoli, en levant une main comme un stop impératif.
Je découvrais avec plaisir le lobby accueillant, récupérais rapidement la carte de ma chambre et rejoignais aussi rapidement ma résidence pour 48 heures, accompagné d’un sculptural garçon d’étage.
Je lui remettais subrepticement le pourboire attendu à titre de gratification pour service rendu à la porte d’entrée afin de le congédier au plus vite.
Ma secrétaire, comme toujours, avait fait preuve de beaucoup de gout et de luxe dans le choix de la chambre. Une spacieuse suite avec vue imprenable accueillait ma fatigue avec beaucoup d’élégance. Je posais délicatement la valise sur le lit, et pourtant mort d’impatience d’en découvrir le contenu, je préférais à la fouille en règle, une douche méritée après un voyage aérien.
Pas de change à ma portée, je m’enveloppais dans un peignoir douillet, puis déposais mon ipod sur son socle destiné à l’écoute. Un cocktail de Lounge jazz Music posait l’ambiance, créait une atmosphère propice à l’autopsie d’un bagage féminin.
Une chance, aucun code, ni cadenas pour censurer ma curiosité. Sésame ouvre toi, me murmurait la fermeture éclair du petit bagage à main.
A priori, la belle Mystérieuse était femme ordonnée, tout était plié, carré, aucun vêtement enchevêtré, aucun fouillis orchestré par une quelconque précipitation, ou par des mains peu soigneuses.
Je découvrais en priorité une robe noire, ni trop sage, ni pas assez, stricte mais relevé d’une pointe glamour. Je la portais à mes narines la recherche d’un code olfactif avant de la déposer sur un cintre, mes habitudes de voyageur. Deux jupes noires, plutôt étroites, pas trop courtes. L’inventaire commençait avec beaucoup d’élégance et de féminité, mais à vrai dire en véritable concordance avec l’apparition furtive de la propriétaire de ces effets.
Un deux, trois chemises et corsages de voile, soie ou dentelles venaient s’harmoniser aux jupes. Jusque là aucune faute de gout ne venaient heurter mon esprit critique des vêtements féminins.
Je façonnais une femme, sans tête sur le lit, devrais je dire deux femmes, juxtaposant les vêtements esseulés d’un corps. J’en jugeais la taille, estimais une femme élancée, mais pas trop, d’une carrure plutôt sportive en opposition avec une taille fine et des hanches étroites .Je n’en étais qu'’aux balbutiements de mes découvertes mais j’aimais déjà ce qui s’offrait à moi.
Une inspection plus approfondie s’imposait, bien que j’aie soudain l’impression de violer l’intimité d’une femme. Un sentiment de culpabilité m’envahissait, mais il fallait pourtant que je découvre un indice, un nom, un numéro de téléphone. Avec délicatesse, je glissais ma main sous un pull plus sport, découvrais la rugosité de la toile d’un jeans, puis en dessous le soyeux d’un tissu de satin. Ma curiosité reprenait instinctivement le dessus, mon mea culpa me fuyait. Une grande poche en satin violine resserrée de deux liens me brûlait les doigts à présent. Je venais de découvrir le trésor. J’y plongeais une main fébrile, en retirais le premier trophée. Une délicieuse petite culotte de dentelle, suivi d’une autre, et encore une autre …une guêpière noire, des bas coutures délicatement enveloppés dans du papier de soie, des soutiens gorges dont le tissus donnait la parfaite réplique aux strings déjà dévoilés. Ces délicieuses parures complétaient le tableau que s’était forgé mon esprit au fur et à mesure du répertoire vestimentaire que me dévoilait le bagage. Tous ces accessoires avaient eu mérite de faire du plus bel effet sur ma virilité à peine contenu sous le peignoir douillet. La mécanique cérébrale n’était pas au bout de ses surprises. Dans cet écrin féminisé, dormait encore un joyau de lingerie, un serre taille baleinée dotée d’un laçage à l’ancienne, de ces pièces qui font qu'’une simple taille entre les lacets serrés peut vite devenir un pousse au crime. Je commençais sérieusement à bénir le destin de m’avoir ainsi privé de mes bagages. Vide de ses occupants, je déposais la poche de satin, sur le lit. Mais comme emporté par un objet plus lourd oublié, il glissait au sol. Un oubli, une ceinture, un bijou, je replongeai mes doigts qui ressortaient conquérants. Dans un minuscule filet de voile, dormait un très discret sextoys, devrais je dire jouet de plaisir, un vibromasseur pas plus grand qu'’un bâton de rouge à lèvres. Ce n’était pas vraiment une carte de visite à proprement parler, mais cela avait eu le mérite d’embraser mon esprit coquin. Restaient encore quelques accessoires de toilettes et un parfum de chez Serge Lutens, « Rousse ». Choix judicieux avais-je songé ! Pour l’avoir offert à l’une de mes tendres amies, j’en connaissais les ravages, je savais déjà que je n’y résisterai pas !
Sous mon peignoir, mon sexe divaguait déjà à ma place, je désirais déjà cette femme sans l’avoir croisée…
Mais pour autant toujours pas de nom, ni de numéro de téléphone, rien qui m’aide à la contacter. Frustrant et excitant à la fois !
Dans une poche intérieure, je recherchais vainement une identité et tombais sur un manuscrit dans lequel je me plongeais instantanément.
Avait-elle décidé de me torturer, de ces écrits se dégageait un érotisme criant, une sensualité vécue dans sa chair, c’était évident !
Ses mots semblaient nourrir ses plaisirs et ses plaisirs ses mots. Belle spirale qui m’emportait aussitôt …
Dans le décor de sa luxure je m’installais pour quelques deux cent pages.
A suivre...
Commentaires