Il était aux alentours de quatorze heures, heure locale, lorsque la charmante voix de la chef de cabine, Nancy, c’est ainsi qu'’elle s’était présenté au décollage, annonçait l’atterrissage imminent de notre Boeing 767 sur O’hare International. Le commandant de bord nous communiquait pour sa part Une température extérieure négative loin d’être réjouissante, un temps nuageux accompagné de quelques flocons, mais nous souhaitait pour autant un bon séjour sur Windy city.je me promettais de rechercher l’origine de ce surnom dès que mon emploi du temps m’offrirait une tranche horaire à loisir. Les vents surement …
Lorsque l’appareil s’immobilisait enfin sur le tarmac, Nancy, nous rappelait à sa manière, les dernières recommandations d’usage, à savoir la chute éventuelle de bagages à l’ouverture des coffres, correspondances éventuelles….J’avais beau détailler la « belle hôtesse de l’air », elle n’avait, rien de très sexy, rien à voir avec la délicieuse Natacha, célèbre héroïne de BD, qui avait fait le bonheur de mon adolescence. Malgré mon imaginaire débordant et avec toute la meilleure volonté du monde, je ne pouvais soupçonner une once de Natacha en Nancy…les hôtesses ne sont plus ce qu'’elles étaient …Par contre, on fait parfois de délicieuses rencontres dans l’ambiance feutrée d’une carlingue à 30000 pieds .Mes innombrables déplacements à l’étranger m’avaient offert des opportunités féminines, toutes couleurs de cheveux confondus, des opportunités, dont, je dois l’avouer, je n’abusais pas forcément. Au cours de mes premiers voyages, évidemment, je me laissais aller souvent à quelques débordements, une sorte de nymphomanie au masculin, on appelle cela du donjuanisme, c’est plus élégant, et très éloigné du synonyme de salop par analogie avec salope. Bref, mais la boulimie n’a rien de bien excitant, et puis l’âge fait la distance. À la plastique parfaite, je finis par préférer le charme, la séduction féminine dans ce qu'’elle a de plus naturel. Un regard, une jambe croisée, décroisée à mes cotés ou dans la même rangée, un parfum aux effluves sensuelles peuvent foutre le feu à mon esprit fut-il embourbé dans les corrections de mes dernières notes, ultimes corrections avant un rendez-vous de la plus grande importance. D’ailleurs il est certaines de mes conquêtes qui ont fini par devenir des habituelles, des amantes de telle ou telle ville, aux Etats Unis, mais le plus souvent en Europe, Londres, Berlin, Madrid …des femmes comme moi , itinérantes , en grande solitude, ou pas du reste , mais les femmes finissent toujours par tomber amoureuse d’un autre et par disparaitre du parcours . Ces derniers temps, je dois bien l’avouer mes conquêtes se faisaient de plus en plus rares, pour la simple et bonne raison que le stress de mon boulot l’avait emporté sur la bagatelle ….Je suis avocat d’affaires, et les affaires depuis la crise c’est galère avant tout, des combats à grands coups de négociations ou de coups bas.
Ainsi la dernière affaire qui m’amenait à Chicago était des plus pointilleuses et mon esprit futile semblait m’avoir définitivement quitté. Mon rendez-vous étant fixé au lendemain de mon arrivée, j’avais du temps devant moi et laissais donc tous les passagers quitter à loisir l’avion, avant d’enfin me décider à me lever et suivre les derniers voyageurs en direction de la livraison bagages. Le temps de passer par l’immigration puis les toilettes, je m’inquiétais enfin de ma valise que je repérais rapidement parmi les quelques bagages encore présents sur le tapis roulant. Rien que de très habituel , sauf que rapidement je prenais conscience que mon bagage n’était pas le mien .Un instant de panique me submergeait, lorsque j’apercevais dans le hall , en direction de la sortie , l’objet du litige gracieusement tiré par une femme à la silhouette plutôt agréable , inconsciente de la méprise à en juger par l’allure assuré de son pas .
J’accélérais le pas, pas assez vite, la hélais pas assez fort …Lorsque j’atteignais en fin l’extérieur, je n’eu le temps que d’apercevoir de délicieuses jambes gainées de bas s’engouffrer dans un taxi qui filait rapidement dans le froid saisissant de Chicago.
J’essayais vainement de prendre le taxi suivant, mais le destin avait décidé de m’accabler ce jour là en la personne d’un américain obèse ayant jeté son dévolu sur le même véhicule .Aucune envie d’avoir maille à partie avec un autochtone, surtout après neuf heures d’avion. Je laissais la part belle au destin, non sans lancer un shit anglophone naturellement suivi d’une putain bien français retentissant.
Machinalement, le temps de la réflexion, j’allumais une cigarette sur laquelle je tirais avec énervement.
J’avais à présent quelques heures pour identifier et retrouver la propriétaire des magnifiques jambes du taxi chicagoan . Passé le dépit et la colère, cet objectif me paraissait soudain plaisant et irrationnellement je misais tous mes jetons sur la chance.
Désolé Madame, pensais-je à haute voix, mais je vais devoir fouiller votre bagage, je ne vois pas d’autre solutions.
J’imaginais déjà le ventre de la valise me délivrer des secrets intimes, me révéler l’image d’une femme dont je ne connaissais que le galbe de ses cuisses, ses mollets et ses escarpins rose poudré à très hauts talons. Je souriais à présent de cette dernière vision m’ayant interpellé alors que ma valise s’évadait dans une ville à l’étranger. Ma passion des femmes ne m’avait pas complètement abandonné à en juger par mon instinctive observation.
Il était temps que je rejoigne mon hôtel, pour découvrir la femme aux escarpins roses. Cette aussi anonyme que mystérieuse petite valise me brulait à présent les doigts et embrasait mon esprit de séducteur.
Alors que les premiers flocons voletaient dans le ciel de Chicago, je m’engouffrais dans un taxi
« Fairmont Chicago Millénium Park please »
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