Investie du pouvoir empirique de la féminité dans le désir, je jouissais de la situation que Pierre m’octroyait. La sève érotique bouillonnant dans mes veines, nourrissait mes désirs jusqu’à leur paroxysme.
Prisonnier de mes chaines de femme dévergondée, Pierre me laissait, à ma guise, la souveraineté de mes actes dirigés par mes divagations charnelles et primitives.
Mes yeux courraient longtemps sur son torse palpitant, décryptant chaque code de sa fébrilité. Je voyais en lui, l’instant d’une seconde l’image d’un homme atterré et attiré à la fois, par une goule dont il sait qu'’elle va le dévorer.
Sur son front perlaient déjà l’affolement de son ventre, là fièvre de son sexe. Cette queue courtisane encore prisonnière des tissus et d’une ceinture assassine, ultime bastion avant l’assaut final, exaltait mon plaisir à faire durer le siège.
Ultime dérobade, sous mon inaliénable transgression, son regard déclinait l’invitation du mien à la complicité pour ce jeu démoniaque dont j’inventais les règles, au fur et à mesure de ma concupiscence.
D’une main j’immobilisais son corps, presque virtuellement réservant à l’autre un divertissement bien plus lubrique.
Mes œillades incendiaires jaugeaient les distorsions d’une braguette tendue par un sexe turgescent. Cette proéminence soumise à mes désirs, à mes choix de la libérer ou pas, pervertissait mes gênes de femme désirée. Je promenais ma main sur le tissu torturé, recherchant l’inflation de cette tige d’amour, mortifiant mon amant sous un tel châtiment.
L’instant était venu de libérer l’obélisque de chair. Défaisant la ceinture, sans douceur, ni mesure, dé- zippant la fermeture en un éclair, je prenais du plaisir à découvrir enfin le trophée de luxure. J’aimais l’absence de sous vêtement, véritable stimulant d’appétence libidineuse. Un pal de chair et de sang, surgissant comme un diable s’échappant d’une boite trop étroite, me faisait frissonner de gourmandise.
Je réservais un sort encore languissant au pantalon ouvert sur cette queue dressée.
Sur mes genoux posée, je libérais le bassin de Pierre, étreint du carcan de mes cuisses serrées et volontaires , lui offrant soudain la vision de ce corps féminin harmonisé de masculin. Puis je glissais lentement son pantalon sur ses chevilles, omettant volontairement d’intégralement le dévêtir. Il était là, à la merci de mes caprices, entre retenue et une envie féroce de me culbuter sans préavis pour tant d’hardiesse.
Deux petits seins érotisés par une cravate disciplinée, une chemise bien trop grande au col impeccablement amidonné, dégageaient de mon corps une délicieuse ambiguïté sexuelle qui ne lui laissait guère espérer un quelconque champ de manœuvre, tout homme et combattant qu'il était.
Il le savait, le devinait, le lisait dans mon regard …J’allais le baiser ! Lui offrir le plaisir d’être désiré, lui offrir le plaisir de sentir mon écrin enrober son sexe de ma tiédeur humide, lui offrir le plaisir de subir les assauts de mon bassin ondulant, cadencé au rythme de ses gémissements à mes soupirs mêlés.
Diaboliquement excitée par la délégation dont il m’investissait par obligation, jouant d’impudeur et de maléfice, sur son pieu dressé et fier, je m’empalais doucement, jusqu’à la garde, concrétisant définitivement ses intuitions, sous mon regard dominateur et perçant.
A suivre ...
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