Rien n’était écrit quand à ses intuitions aux parfums si peu sages, peut être les avait-elle lu dans mon regard
Saurait-elle jamais que depuis la rame du métro je l’avais suivie, surpris de l’élégance d’une femme à Paris en pleine après midi, ou l’avait-elle ressenti, ce qui ne la rendait que plus désirable.
Son regard vif et sa démarche fière m’avait fait supposer un rendez-vous galant, la suite de ma filature n’avait fait que confirmer mes intuitives suppositions, mais jamais je n’aurais pensé pousser plus allant mes audaces. Elle m’avait entrainé jusqu’ici malicieusement …délicieusement !
On venait de leur apporter leurs cafés. Il était grand temps que je me décide.
Je me demandais comment j’aurais réagi si je m’étais retrouvé à la place de ce monsieur et qu’un homme était venu nous proposer de continuer la soirée avec lui. J’ai beau être ouvert d’esprit, avoir partagé de tendres amies avec d’autres mains et d’autres langues masculines et féminines, je ne suis pas sûr que je n’aurais pas envoyé promener l’intrus. D’autant que là, à sa place, j’aurais été si bien avec elle ... depuis plus d’une heure maintenant qu’ils faisaient jouer les monte-en-l’air à leur désir, elle toujours plus provocante, lui de plus en plus entreprenant.
Il fallait vraiment que je me creuse les méninges et vite pour trouver une entrée en matière qui les fasse rire tous les deux et me donne quelques instants pour les convaincre.
Elle, il faut bien se rassurer quand on est audacieux, j’avais la conviction qu’elle serait mon alliée. Je suspectais même qu’avec son petit air mutin elle s’amuserait à jouer de la compétition entre ses deux prétendants. Mais lui irait-il jusqu’à dire que lorsque l’on a de l’appétit pour un on a de l’appétit pour deux et pourquoi partagerait-il celle qu’il dévorait déjà du regard ?
A court de mots, je prenais le calepin qui ne quitte pas la poche de mon pardessus et commençais un dessin. Je ne suis pas dessinateur mais ce que je voulais dire n’exigeait pas de grands talents d’artiste, juste de l’humour et un trait assez clair pour être compris. En haut de la page j’écrivais ces quelques mots inspirés d’une pratique bien connue de certains sourds muets réels ou supposés :
Je suis muet. Je cherche un toit pour trois. Aidez-moi.
En dessous je traçais le cadre de mon premier tableau. J’y dessinais d’abord un lit, y allongeais une femme nue ressemblant le plus possible à la belle. Son regard était dirigé vers deux hommes nus eux aussi qui se tenaient debout au pied du lit. Soulignant l’hésitation de la femme devant ce choix délicat, deux gros points d’interrogation remplissaient la bulle qui sortait de sa tête.
Dessous encore, dans un second dessin, je croquais le même lit avec la même femme mais cette fois entourée d’un homme sur chacun de ses côtés. Dans la bulle était écrit : ce que femme veut les mauvais garçons le font.
Après quelques retouches, un coup de crayon plus appuyé sur les contours du lit, et sur le galbe des seins de la femme, satisfait de ce qui ressemblait plus à une bande dessinée esquissée par des enfants qu’à de réels dessins je retirais la page de son bloc et rangeait mon crayon.
Il en va ainsi du désir des amoureux de l’amour comme de l’heure de vérité, quand elle a sonné …
Comme tous les timides je me jetais à l’eau comme si ma vie dépendait de la démarche que j’allais entreprendre à l’instant. Je me levais. En deux pas j’étais devant leur table. Tous les deux me regardèrent, interrompus en plein badinage. Je posais mon dessin devant eux, d’abord tourné vers celle qu’il me fallait à tout prix mettre de mon côté. Elle se saisit du bloc, le ramena plus près de ses yeux comme si elle voulait être certaine d’avoir bien compris le sens de mon dessin, me regarda fixement un sourire complice aux lèvres et éclata d’un immense rire qui remplit la salle et interrompit d’un coup toutes les conversations. Tous les regards convergeaient vers notre table et moi j’avais envie de prendre les jambes à mon cou et de m’enfuir loin du ridicule que je sentais fondre sur moi.
D’autant que le plus dur restait à faire.
C’est elle qui s’en chargea, retournant mon dessin vers lui. Il semblait interloqué comme stupéfait, figé dans une incompréhension totale de ce qui lui tombait sur la tête. Elle lui vint en aide. Posa sa main sur la sienne, se pencha vers lui, l’embrassa fougueusement et je l’entendis lui dire à l’oreille :
« Toi qui revendiques ton libertinage c’est le moment de m’en faire profiter …
J’en concluais que j’avais d’ores et déjà emporté l’assentiment de cette femme si mystérieuse et en même temps si volcanique. Il me fallait impérativement obtenir le consentement de son ami, en faire sans tarder mon complice d’un soir.
- Je ne cherche aucunement à vous subtiliser ce joyau que vous caressez de vos yeux et pas que de vos yeux depuis une heure, mais reconnaissez avec moi qu’une telle femme réclame des attentions qu’aucun homme seul sur terre n’est capable de lui apporter. Je vous propose seulement d’être votre troisième et quatrième main, votre deuxième bouche, vous savez celles qui nous manquent toujours lorsque nous voudrions être partout à la fois sur le corps de la femme que nous honorons. Et vous, Madame, ne voyez pas dans ma démarche un outrage à votre féminité mais bien au contraire le désir impérieux de lui rendre hommage.
L’homme écarta de la table une troisième chaise qui y était rangée et me dit d’une voix mi-narquoise mi-agacée :
«Asseyez-vous. Vous savez que vous être drôlement culotté et que je pourrais vous en coller une.
Et se tournant vers sa maîtresse :
- Ma Chère, si cette proposition parfaitement indécente vous tente alors je me range à vos désirs. »
Elle avait un sourire malicieux lorsqu’elle sortit, devant les clients éberlués, du restaurant, un homme à chaque bras.
A suivre ...
Le regard sur la Femme libre et sensuelle, mais peut être sensuelle parce que surtout libre, guide dans l’élégante façon d’aimer, loin des tabous. Ce qu’offre votre voyage dans des souvenirs libertins, emplis d’excitation charnelle et qui vous rend si peu sage et à la fois attirante pour aimer suivre du regard dans ce restaurant et oser imaginer vos audaces. Mais suffit-il d’être mauvais garçon pour imaginer croquer pareil défi ludique et troublant ?
Et j’adore cette définition qui est vôtre mais aimerais mienne : « Madame, ne voyez pas dans ma démarche un outrage à votre féminité mais bien au contraire le désir impérieux de lui rendre hommage ».
Baisers à l'Audacieuse
Rédigé par : Claude | 29 octobre 2010 à 17:27
A Claude : mon cher Claude , je ne suis pas étonnée que vous aimiez cette femme, vous les aimez audacieuses et libérées , avec une réelle attirance pour les femmes qui orientent les désirs des hommes ....Ne vous y méprenez pas mon cher Claude , cette phrase que vous prétendez mienne ,ou supposez mienne serait plus exact , fut prononcé de l bouche d'un homme ....alors peut être dans votre manière d'envisager l'érotisme vous lui ressemblez ou vous en rapprochez
des baisers
Rédigé par : Mystérieuse | 02 novembre 2010 à 20:29