De la femme est née l’écrivaine, mais à présent l’écrivaine entretient la flamme de la femme. Il aura fallu que j’atteigne la quarantaine bien frappée, pour réaliser, qu'’il existait en moi, une seconde nature, une mystérieuse femme sensuelle qui ne demandait qu'à s’exprimer. L’expression de mes émois, j’arrive à présent à la coucher sur la page blanche, à en noircir mes carnets, et cette encre a fini par déteindre sur ma vie. Alessandro en est la preuve vivante, à portée de mes doigts, de ma bouche, de mes cris. Mais est-il vraiment à l’image de mes envies ? Ai-je envie de jeunesse ou de lubricité ? J’aime Alessandro pour ce qu'’il est, épicurien naissant à l’aurore de sa maturité sexuelle, ce goût particulier qu'’il a pour l’élégance d’une perversion illicite, mais à bien le regarder, il est loin, très loin du profil des amants que je plébiscite. Il est certainement une erreur, mais une erreur délicieuse, une effraction dans ma vie amoureuse dont je compte abuser le temps d’une soirée, d’une nuit, peut être deux. Je le regarde avec gourmandise, mais aussi émotion, lorsqu’il commande pour moi, sans mon approbation, les compositions culinaires créatives, sensées contenter mes papilles gustatives…Il ne sait rien de moi, il improvise, jusqu’à mes attirances improbables pour la gente féminine et aussi incroyable que cela paraisse, j’aime cela ! Je n’ai jamais connu une telle arrogance auparavant, chez aucun de mes amants, cette audace calculée, savamment dosée pour ne pas frôler l’incorrection, mais suffisamment pour flirter avec provocation. Je le regarde avec fierté, certainement de la suffisance dans le regard pour l’assistance environnante. Il est aisé de deviner sa musculature tonique sous l’étoffe de son polo cintré .Quelle femme ne poserait son regard sur ce visage à l’éclat sain, rasé de près ou presque imberbe ? Tout est parfait chez lui, presque trop .pourrait-on deviner qu'’il a passé l’après midi à l’entretien d’une piscine ?
Sa voix résonne soudain à mon oreille, alors qu'’il pose sa main au creux de mes reins.
« Dominique, voulez-vous un verre de vin ?
-Oh comme vous voulez !
-Vous n’êtes plus avec moi ! Est –ce le trouble que vous procure votre admiratrice ?
-Désolée, je m’évade parfois, bien malgré moi ! »
Mon admiratrice, je l’avais un instant oubliée !
Je cherche à nouveau son regard, encouragé par Alessandro, certainement inspiré par la possibilité d’un trio improvisé. Quel homme refuserait une telle opportunité et quelle femme ne s’y prêterait à la seule idée d’érotiser la soirée et d’en récolter les bénéfices. L’ambivalence est dans l’air du temps, presque une norme rassurante, pour ne pas sombrer dans une sexualité ordinaire, mais pour autant, je ne m’y suis jamais résolue, peut être par peur d’y succomber ou à l’inverse d’en éprouver une nausée.
« Pensez-vous qu'’elle me désire ?
-J’ai une vague idée …
-Cela vous plait ?
-Et vous ?
-Etre désiré est toujours très flatteur ! »
Geste d’accréditation de ma pensée, il vient d’offrir une nouvelle flute de Champagne à la perturbatrice, verre qu'’elle accueille d’un grand sourire, avant d’en boire une timide gorgée à mon intention et de quitter la table…Je ne sais que penser ! Est-ce une invitation à la suivre, ou suis-je en train de sombrer dans una paranoïa érotique ?
Sauvée par le serveur qui aborde notre table les bras chargés de nos plats …
-Madame, « Chaud froid de coquille Saint Jacques au basilic », Monsieur, « salade de homard tiède en tartare de petits légumes » Prendrez-vous du vin ?
-Non, merci, nous poursuivrons au Champagne ! »
A peine avons-nous gouté la première bouchée, que le portable d’Alessandro résonne avec insistance sans qu'’il daigne jeter un regard sur l’écran allumé.
« Hum délicieux, voulez-vous gouter ? »
Avant même mon accord, il glisse sa fourchette sur ma langue, dégustation interrompue à nouveau par la sonnerie résolument pressante du téléphone de mon bel brésilo-italien. Il est certains êtres qu'’on s’approprie facilement.
« Excusez-moi » me dit-il en s’éloignant de la table son cellulaire en main
Le temps d’une bouchée, il est déjà hors de ma vue, en extérieur surement. Le temps d’une communication peut paraitre très long, lorsqu’on se retrouve esseulée à une table. Heureusement pour moi, depuis que je me suis lancée dans l’écriture, j’aime à m’imprégner des ambiances environnantes et de la personnalité des gens.
Je peux ainsi remarquer que la jeune femme à qui je n’étais pas vraiment indifférente, n’est toujours pas revenue à table, et qu'’à la droite de son siège se tient un homme plus âgé qui n’arrête pas de regarder l’heure à son poignet. Attirée par son élégance, je le dévisage impoliment, tout en mangeant nonchalamment.
Ses cheveux uniformément gris lui confèrent une distinction particulière, cette dignité que la maturité masculine évoque à l’instar des rides creusant son front et encadrant sa bouche et ses yeux. Il a du être beau, très beau dans sa jeunesse, il est à présent magistral sublimé par l’expérience de la vie. Ses yeux bleu, très bleus, très profonds me donnent l’impression qu'’il jauge, analyse tout ce qu'’il regarde…Et immanquablement moi ! Ave un tel type vous devez avoir l’impression en un instant d’être brillante ou superbement idiote, délicieuse ou monstrueusement laide, attirante ou misérable…J’aime le personnage, j’en oublie Alessandro, je me surprends même à me mettre en tête de séduire le suprême. Encore une illustration de mes dérives littéraires, comme si tous mes désirs pouvaient devenir réalité .Le temps de me glisser dans la peau d’une de mes héroïnes, Alessandro est à nouveau à mes côtes …le temps de sourire à l’élégance faite homme, il n’est plus seul, rejoint par sa délicieuse femme, fille, amante, secrétaire, qui me renvoie à nouveau des regards énamourés …
Je suis un peu perdue ! Alessandro en profite, glisse une main sous ma jupe et m’oblige tendrement mais résolument à écarter mes cuisses, offrant en ligne de mire mon sexe de ses doigts investi au regard concupiscent de la belle séductrice jouissant du plaisir de me voir malmenée par le désir féminin.
Je ressens son désir jusqu’au fond de mon ventre, sa bouche investir mes lèvres impudentes, j’en fermerai les yeux jusqu’à la jouissance…Mais que m’arrive-t-il ?
« Cela suffit Alessandro, dis-je avec autorité
L’éclair bleu foudroyant de mon élégant voisin de table vient de me sanctionner ou de m'encourager !
Mais c’est votre belle quarantaine qui offre l’indicible sensation d’une femme mure que l’audace libertine ouvre aux satisfactions charnelles raffinées qui réjouissent, de plaisirs épistolaires. Emerveillement de vous lire comme ceux de succomber à votre charme violent et dominateur. S’il existe en vous une Femme libre de ses pensées et de ses actes, la sensualité est là pour vous permettre de teinter l’expression sexuelle de jouissances cérébrales.
Je frémis face à votre élégance qui est d’ailleurs un défi à l’amant et, si elle est une perversion illicite, il n’est pas plus divine tentation que de flirter avec la provocation comme vous le faites avec Alessandro. Je connais le plaisir de la femme à être désirée pour que coule de son ventre le suc unique qui enivre l’esprit et invite à se glisser dans la peau de son amante libérée.
Le plaisir de s’évader ainsi sans contrainte sociale ni familiale, juste pour la plaisir de donner plus que recevoir, pour la jouissance de prendre. Nul homme respectueux et courtois ne peut refuser pareille convenance sensuelle, pareille invitation sexuelle, pareille opportunité de récolter les fruits succulents du désir.
Il ne peut ainsi exister de regard sanction mais seulement un regard admirateur voulant malmener le désir féminin si précieux et mystérieux.
Tendres Baisers
Rédigé par : Claude | 26 août 2010 à 14:22
A Claude:Cher Claude , j'avais fini par croire que vous aviez déserté mon boudoir érotico littéraire.Mais vous voici de retour , toujours aussi perspicace et généreux dans vos commentaires élogieux...Le désir féminin est aussi mystérieux pour vous que pour moi, quant à sa préciosité , elle n'est plus à démontrer, mais bien à engendrer
Des baisers heureux de vous retrouver
Rédigé par : Mystérieuse | 26 août 2010 à 19:34
Pas facile de suivre votre « prolixité » épistolaire et je n’ai point déserté votre boudoir mystérieux fait d’audaces excitantes, parfumé de fragrances féminines et décoré de vos mots merveilleusement choisis pour éveiller le désir masculin.
Vous connaissez mon admiration pour le désir de la Femme sensuelle et raffinée. Si, comme vous le dites, elle n’est pas à démontrer pour l’homme généreux et attentif au plaisir féminin, sa préciosité n’est pas car je l’aime naturel, dénué de tout intérêt autre qu’épicurien. Nul besoin de l’engendrer mais juste de le dévoiler pour le faire fleurir.
Mille désirs pour vos baisers sincères
Rédigé par : Claude | 27 août 2010 à 17:45