VOTRE AVIS M' INTERESSE !
Le 5 mai 2010, aux éditions Armand Colin, paraissait « SEXE@MOUR » de Jean Claude Kaufmann, Sociologue, directeur de recherche au CNRS
Pourquoi je n’en parle qu’aujourd’hui, presque deux mois plus tard ?
Dans l’émission radio « Ca vous dérange » de ce matin, animée par Philippe Bertrand sur France Inter, une question faisait débat à savoir
Le libertinage fait-il son retour sur le web ?
Les invités Jean- Claude Kaufmann et Sylvain Mimoun Sexologue auteur de " ce que les femmes préfèrent : le désir féminin, le découvrir, le cultiver, le retrouver (Editions LGF/Livre de Poche
Dans une interview donnée dans l’hebdo à Isabelle Falconnier, il répondait à quelques questions essentielles sur l’évolution de la sexualité par rapport à Internet
Je vous laisse juge de cette étude sociologique sans n’y porter aucun jugement. Mais il n’y est nullement fait mention des blogs qui comme les miens amènent leur part de rêve et de fantasmes qui font tant défaut dans une vie sexuelle dénuée d’un érotisme transcendant.
Vous pouvez écouter ou réécouter l’émission de France Inter ICI , et peut être vous faire enfin une opinion sur cette nouvelle révolution, qui n’est pas si nouvelle que cela, puisqu’elle naquit au début des années 2000
Un article intitulé "Duclic droit au clic-clac" , sur le même bouquin est à découvrir ICI
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INTERVIEW
Internet aurait, selon votre livre «Sex@mour», bouleversé le paysage des rencontres amoureuses. C’est une révolution ? Oui, clairement. Il y a eu trois âges de l’internet : avant les années 2000, où l’on nous promettait une révolution. Puis la bulle internet, qui a montré que la société ne se changeait pas comme cela. Du coup, on a relativisé la portée de la Toile. Nous sommes dans le troisième âge : le changement est durable et profond dans certains domaines, dont celui des rencontres amoureuses. Cela ne change pas tout, bien sûr, mais les règles du jeu sont reformulées, les codes amoureux chamboulés. On assiste à une grande inversion, résumée par mon titre, Sex@mour : tout commençait autrefois par le sentiment et il y avait plus, soit du sexe, si affinités. Aujourd’hui cela va commencer par le sexe et ensuite plus, soit les sentiments, si affinités sexuelles. C’est étonnant et troublant. C’est la rencontre virtuelle qui permet cela ? Ce qui a surtout changé, c’est une coupure en deux de la rencontre. Le premier temps, soit la prise de contact et la première rencontre, est devenu très facile et a extraordinairement développé l’espace de ce que j’appelle le sexe loisir, c’est-à-dire le sexe sans que l’on sache si c’est pour un soir ou plus, le sexe qui ne se pose pas de question, qui sous-entend qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien. Du coup, la scène que j’appelle la scène du café, soit la première rencontre physique, devient centrale et hyper codifiée. Mais le flirt a toujours existé ? Non, le flirt n’a pas toujours existé. C’est une invention qui date de moins d’un siècle. Internet n’est qu’un élargissement brutal et très fort de l’invention du flirt, qui élargit le temps de la jeunesse. Le flirt a été inventé pour cette jeunesse, pour lui créer un espace autonome, desserrer l’emprise de la tradition et de la décision par la génération d’avant, qui codifiait les rencontres en vue du mariage. Le flirt, qui marque l’invention de la jeunesse et de la liberté individuelle, n’est pas une petite question. L’internet est l’héritier de cela. La rencontre physique, la fameuse scène du café, coupe-t-elle court à ce flirt virtuel ou, au contraire, permet-elle au flirt réel de débuter ? C’est tout le problème. Sur internet, les gens se lâchent et vont très loin, très vite. Internet donne une sensation de liberté totale et empêche de penser à la suite. Le problème apparaît quand on passe à la deuxième étape, qui peut arriver plus ou moins rapidement : celle de la rencontre au café. Il y a un trouble énorme : les gens ne se reconnaissent pas, ne comprennent pas, disent souvent que «l’autre a triché». La plupart du temps ce n’est pas le cas, la triche a été minimale, une photo flatteuse, rien de plus grave. Le sentiment de tromperie vient du fait que le contexte fabrique la personne : sur la Toile, les gens apprennent à se connaître par l’intimité. On entend souvent cette phrase : c’est la beauté intérieure qui compte. Sur internet, elle est dite avec sincérité. Les gens rentrent dans le monde de l’autre, le fantasme, l’imaginent d’une certaine manière, mais au café, face à la personne, en deux secondes les heures d’intimité virtuelles sont oubliées, on repart à zéro et on juge la personne comme si on ne la connaissait pas. Finie la beauté intérieure ! La rencontre réelle fait peur ? Oui ! On se rend compte qu’on ne peut plus débrancher aussi facilement que derrière un écran, que c’est réel. Du coup, les partenaires contrôlent, ne sont plus dans le lâcher-prise et ont eux-mêmes l’impression de ne plus avoir la même personne en face. C’est pour cela que tant d’hommes ou de femmes ne sortent jamais de la Toile. Du coup, on assiste à la renaissance d’un type de lettres romantiques qui cultivent ad æternam le plaisir de l’échange à distance. C’est aussi pour cela qu’il n’y a jamais eu autant de lapins posés, de rencontres annulées, de débranchements sans explication. C’est une violence psychique très forte liée à internet : tant d’hommes souvent, et de femmes aussi, disparaissent sans explication de la vie virtuelle de l’autre, créant un sentiment de rejet très blessant. Ce mythe de la beauté intérieure trouvant son chemin sur internet, facilitant la vie amoureuse aux personnes peu à l’aise avec leur corps, n’est-il qu’un leurre ? Internet rend beaucoup de choses plus faciles, mais crée l’illusion d’une facilité généralisée. Or ce n’est pas le cas. Et pour certaines choses, notamment pour l’engagement amoureux et conjugal, c’est même le contraire. Autrefois, dans les villages, une femme avait le choix entre Jules et André. Si ce n’était pas possible avec André, Jules faisait l’affaire. Aujourd’hui il y a des milliers de possibilités, on peut comparer d’un seul clic. Au moindre ennui dans le couple, au lieu de faire le dos rond, on aura tendance à retourner faire un petit tour sur le net. «Juste pour voir», disent ceux qui vont faire leur petit tour. Puis ils envoient un petit message, «juste pour envoyer un petit message». En fait, la relation s’enclenche très vite. Donc l’engagement est devenu très difficile. Mais il y a bien des gens qui cherchent les rencontres sérieuses sur le net ? Bien sûr, ils sont nombreux à vouloir la rencontre sérieuse, et non plus seulement le sexe loisir. Mais plus l’on désirera consciemment et ouvertement cela, moins les choses marcheront dans ce sens. En rentrant dans la logique de la rencontre sérieuse, on va se mettre en scène avec une certaine lourdeur, masquer certains aspects de sa personnalité et, paradoxalement, être moins soi-même, se crisper par peur de se tromper. Alors que si on part sur une petite rencontre sans enjeu, on se pose moins de questions et la petite histoire peut se transformer en grande histoire ensuite. Ce qui replace de nouveau le sexe au début... Qui ment le plus sur la Toile ? Les hommes ou les femmes ? Les mensonges ne sont pas les mêmes. Les hommes se présentent comme attirés sentimentalement, même si ce n’est pas vrai. Les femmes, au contraire, qui ont compris le changement des règles du jeu où le sexe prime, vont souvent se forcer, se convaincre qu’il n’y a pas de mal à se faire du bien et accepter des soirées clairement sans engagement alors qu’elles ont envie d’un engagement durable. Celles qui annoncent qu’elles ne se donneront que s’il y a sentiments entiers et complets se font rapidement mettre sur la touche et le paient très cher. Internet est un monde dur et concurrentiel, royaume de la stratégie, des claques virtuelles et des attitudes égoïstes et consommatoires... Avoue-t-on s’être rencontré sur internet ? Il y a internet et internet. Se rencontrer sur Meetic ou d’autres sites qui jouent le rôle d’agences matrimoniales contemporaines est encore tabou, reste une vague honte. On dira plutôt que l’on s’est rencontré au café – ce qui est aussi vrai ! Mais se connaître par le biais des réseaux sociaux, des blogs, des sites ludiques comme adopteunmec. com., où l’on voit les femmes se promener avec un petit caddie, devient parfaitement assumable et branché. Ce sont d’ailleurs les jeunes urbains, les porteurs de nouvelles tendances, qui les adoptent. Un couple qui se crée sur internet peut-il être aussi solide qu’un couple qui s’est rencontré dans la «vraie vie» ? La manière dont on se rencontre peut ne rien changer à la durabilité du couple. Le danger vient de l’habitude prise de cliquer pour séduire : c’est une arme très menaçante pour l’avenir du couple. On peut retourner au clic très rapidement, c’est immédiat et comble apparemment immédiatement la frustration liée à la vie de couple sur un long terme. En même temps, l’aspiration au couple et à l’amour qui durent est très forte. Nous voyons deux logiques contraires qui aspirent toutes deux à se développer aujourd’hui : d’un côté ce rêve de l’engagement, du couple, de la famille, comme une petite utopie à deux qui peut créer un espace de protection dans ce monde dur. Et une réalité pratique avec, sous les mains, les instruments faciles qui incitent au ludique, au plaisir immédiat, à la facilité. Le tout entouré de l’idée que l’on va arriver à combiner les deux. Mais c’est une illusion : c’est véritablement contradictoire. |
Il est vrai que la rencontre virtuelle est très facile et qu’elle a facilité l’échange érotique par l’éloignement propre à la technologie. On peut peut-être regretter cette liberté totale, sans code ni courtoisie, puisqu’il suffit d’un clic pour couper court à une relation fictive ce qui ne peut pas être appliqué à une relation réelle.
La franchise est aussi une composante négative de l’@ttitude. Qui prouve que l’on est bien ce qu’on laisse apparaître de soi ? Certains n’ont rien à cacher et leur sincérité est élégance. D’autres camouflent leurs faiblesses derrière des apparences et leur hypocrisie est vulgarité.
Le voile du Mystère enveloppe donc tout cela.
L’évasion épistolaire (mais elle l’était également au siècle dernier avant l’avènement de l’informatique) est un plaisir réel de l’échange. Elle est une totale liberté sans contrainte.
La rencontre mène à un autre défi : celui de prouver que ses tentations sont réelles. A l’aspiration des mots fait suite la volonté de développer, au sein d’une liberté cette fois-ci avec exigences, le plaisir de la chair. Plaisir qui peut être, mais faut-il encore le prouver pour chacun, un désir sans contrainte sociale. Utopie ?
Toujours est-il que l’illusion de la facilité dans notre société de consommation (et là je parle de toutes sortes de consommation) est un facteur que chacun utilise à outrance sans sincérité mais par pur égoïsme.
Je ne voulais pas porter de jugement comme vous l’invitiez. Mais votre blog, dans lequel je plonge régulièrement pour me rafraichir d’idées libertines et sincères, invite au voyage initiatique et sensuel. Fantasmes, je ne sais pas ! Rêves, sans doute un peu ! Désir d’une vie sexuelle audacieuse empreinte d’un érotisme raffiné, sans doute !
Tendres Baisers pour ce week-end ensoleillé.
Rédigé par : Claude | 03 juillet 2010 à 09:43
A Claude: Merci Claude , pour votre judicieuse analyse ...Je constate avec plaisir que nous nous rejoignons dans nos opinions à ce sujet ...
Très agréable WE à vous ...des baisers!
Rédigé par : Mystérieuse | 03 juillet 2010 à 13:18