Plus de cinq minutes se sont écoulées, une éternité à mon sens, mes lèvres langoureusement collées aux siennes, sans qu'’un seul mot ne ce soient échappé de nos bouches. Pas même un bonjour, ou ne serait-ce qu'’une tentative de balbutiements, juste une reconnaissance buccale dont la saveur donne le tempo des retrouvailles. Au bord de l’étouffement, sous sa langue qui délibérément audacieuse enlace la mienne, je pense « Bonjour Marco, je suis si heureuse de te retrouver », je pense « j’ai rêvé de la boulimie de ta bouche », je pense « jamais je n’aurais cru que… »
Je pense …que ma large capeline joue le rôle d’un écran protecteur ou d’un store vénitien qui filtre l’essentiel d’une lueur éblouissante, ne dévoilant aux spectateurs de deux silhouettes enlacées qu'’une seule scellée par un baiser. J’use et j’abuse de ce garde -fou imaginaire quitte à perdre haleine …Mais il n’est pire traitre qu'’un chapeau polisson, le zéphyr s’empare soudainement de mon bouclier de paille, déliant nos salives dans nos bouches mêlées.
« Et bien, ça c’est du baiser, ou je ne m’y connais pas …tiens ma belle, ton chapeau a joué les filles de l’air
-Merci, il y a longtemps que vous êtes là ?
-A l’instant, mais suffisamment pour deviner que vous deux c’est caliente …Tu n’aurais pas comme une envie de baiser toi ?
-Clara ! Tu abuses »
Sous le sourire entendue de Thierry et celui à peine dissimulé du barman, je m’excuse pour Clara auprès de Marco
-Excuse la, Marco, elle ne sait pas ce qu'’elle dit
-Che cosa dice ? »
Mes rudimentaires connaissances de la langue italienne me laissent entendre que Marco n’a pas compris et c’est tant mieux …Mais c’était sans compter sur Clara
« Dicevo che avete voglia di fare l'amore
-Andiamo sì, sì certamente, baciare, andiamo alla barca »
Une barque, de quelle barque parle-t-il ? Je n’ai nullement envie de ramer !
Mes yeux langoureux jusqu’alors s’écarquillent, deux cerises interrogatrices s’adressent à Clara qui de toute évidence pratique la langue italienne bien mieux que moi.
« Que lui as-tu dis ?
-Que vous avez envie de baiser !
-Carla tu abuses, Thierry, fais quelque chose pour moi !
-Ma chérie, Carla dit tout haut ce que tu penses tout bas ! Au fait comment va Alex, cela fait une éternité que je ne l’ai pas vu !
-C’est une coalition, vous avez décidé de me pourrir la vie tous les deux ! Marco, andiamo alla barca ! »
Je n’ai presque pas le temps de finir la phrase que Marco tente de m’entrainer dans son sillage en me prenant par la main.
« Marco, trinquons à nos retrouvailles
-Si, si bella »
J’avale ma coupe d’un seul trait, à présent déterminée à suivre mon bel italien, qui me murmure à l’oreille dans un parfait français épicé d’un accent latin « Tu me fais trop bander Lou » en me tendant son verre que je descends aussi vite que le premier sous son regard concupiscent !
« Venite con noi?
-Non, non, je veux être seule avec toi, nous avons du temps à rattraper !
-T’inquiètes ma chérie, Thierry et moi avons d’autres projets
-Pas d’inquiétude…A vous deux vous allez atteindre des sommets !
-Che cosa dice ?
-Andiamo ! »
Au bout de la petite plage, amarré au milieu de petits zodiacs et autres embarcations légères, un riva nous attend.
Je suis en pleine Dolce Vita, réajuste mon chapeau, renoue le paréo de voile d’où tentent de s’échapper mes petits seins éperdus par la tournure magique que prend mon escapade polissonne.
Marco, après avoir sauté dans le Riva, de son sourire ravageur m’invite à m’assoir sur le ponton de béton, m’ôte une à une mes chaussures, gratifiant au passage mes jambes de caresses amoureuses. Ses mains enserrent mes chevilles avant de remonter tendrement le long du galbe de mes mollets, jusqu’à s’égarer plus licencieusement le long de mes cuisses .Il n’a plus d’yeux que pour ce sexe qui palpite d’émotion sous le ridicule triangle de coton qui tente de dissimuler les affres si délicieux de mon intime féminité. Puis il me tend la main m’invitant à monter à bord, et par provocation, peut être, ou juste pour le plaisir d’enfin découvrir ce sexe qu'’il a, dans l’interdit, effleuré, caressé dans la moiteur électrique du club monégasque, il fait glisser délicatement mon maillot, savourant l’impudeur de ma nudité. Une fois le bikini retiré, il porte audacieux les centimètres carrées de tissu à ses narines associant mes fragrances érotiques aux ailes palpitantes de mon papillon et m’ôte le chapeau. Je suis sous le charme, ne songe plus qu'à désaltérer un autre de ses sens, lui faire goûter au fruit défendu dont je sens le nectar irriguer mes envies.
Je pose alors mes fesses nues sur l’acajou du vieux Riva, délicieuse sensation érotique, que Marco fait démarrer doucement un œil sur moi l’autre sur l’horizon. L’accélération met un terme à mon voilage, emportant mon paréo dans un tourbillon aérien. Sous mon plus simple appareil, je m’approche de lui, glisse mon corps contre le sien, mes mains sous sa chemise de lin, dégrafe un à un les boutons et dans le courant de l’accélération du puissant bateau, fait subir à sa chemise le même sort qu'’à mon voile de coton.
Nos deux peaux mélangées s’embrasent d’une fièvre complice alors que Marco m’amène vers un avenir proche dont je savoure déjà entre mes cuisses la moiteur annonciatrice de mes désirs illicites.
A suivre...
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