« Allo Louise c’est Clara »
L’appel de Clara résonne dans ma tête comme un réveille matin, pourtant il y a belle lurette que je me suis débarrassée de tout ce qui pourra m’arracher au sommeil.
Une raison à cela, mes insomnies, mes diaboliques insomnies qui me rappellent qu’à mes côtés dort un homme que j’ai chéri, aimé adorer avec tout mon corps, mon cœur, mon ventre.
Qu’en est-il de cet état de grâce, cette phase amoureuse qui fait d’une histoire d’amour, l’unique, l’éternelle !
Je ne dors plus, je veille sur son sommeil en songeant à l’autre, celui que j’appelle mon amant, celui qui me fait naître des papillons dans le ventre, éveille des frissons sur ma peau, avec ses mots, ses belles paroles derrière l’anonymat d’un écran, son regard pernicieux qu’il pose sur moi, où il veut, à sa convenance.
Une échappée belle sans danger, pour continuer à croire que j’existe, je veux dire que j’existe en tant qu’amante et non en tant que femme bienveillante et bien pensante …Un jeu de séduction diabolique m’attache à lui, un jeu dont je ne sais où il commence et où il finit .
Cet homme qui dort dans mon lit, l’amour de a vie ne l’est plus ! Oh bien sûr, je lui suis attachée, très attachée, au sens le plus noble du terme, mais l’insatisfaction plane avec son lot de routine, d’ennui, de non dits et cette absence évidente de piment érotique qui accomplit jour après jour son travail de sape.
Pour toutes ces raisons, je ne m’endors qu’au petit matin, lorsque je sais que bientôt, mon mari va se lever, se préparer et partir. Je n’ai qu’un besoin, à ce moment là, c’est d’enfin m’endormir tout simplement, avec cet étrange espoir de ne plus me réveiller.
Pourtant parfois, une envie me taraude, un désir me torture inexorablement jusqu’à me pousser à obéir à mes pulsions les plus primaires. Mes doigts alors s’égarent, doucement, puis plus brutalement, s’enfouissent, récusant ma rationalité au profit de ma perversion. Et quand une liqueur embaume mes doigts obéissant à mon désir de vivre, je plonge littéralement dans la vague constructrice de ma libération, véritable genèse de mes desinhibitions.
Une chance que Clara n’ai pas joué les intruses en plein orgasme introversif !
Je saute sur combiné, intercepte au vol le message que Clara est en train de me laisser sur ma messagerie !
« Oui Clara !
-Ah ! Ma chérie, tu es réveillée, c’est génial ! Je ne t’ai pas dérangée en plein orgasme au moins ? »
Clara est ma meilleure amie, elle sait tout de ma vie, dans les moindres détails. Mes amours, si virtuels, soient-ils, mes emmerdes, même les plus banals, mes délits même les plus ordinaires comme mes caresses matinales.
Elle n’a que peu de tact, si entière, si spontanée. C’est d’ailleurs pour cela que je m’entends si bien avec elle, elle ne sait rien cacher de ses émotions, ne pratique jamais la langue de bois quitte à me bousculer jusqu’à la colère parfois.
« Mais quelle heure est- il, Clara ?
-Presque dix heures, il fait un temps magnifique. Je suis chez toi dans une demi-heure, je passe te prendre et on va à La Mala, je t’invite à manger, j’en ai marre que tu vives comme une taupe !
-Je ne sais pas, j’ai un article à rendre pour Mercredi !
-Pfft ! Oublie, allez, une douche saute dans un maillot, je réserve deux transats. J’ai un truc à te dire !
-Tu as un nouvel amant !
-Non, tu te rappelles l’italien du » Black Legend »
-Marco ! Difficile à oublier, je me suis fait traiter de tous les noms en rentrant de cette soirée là !
-Bref, ben Marco !
-Tu as passé la nuit dans son lit !
-Louise ! Je l’ai croisé hier à Monaco, il me reconnait, et il me demande des nouvelles de toi presque avant même de me dire bonjour !
-Qu’est ce qu’il fout ici ? Il est Romain !
-En vacances !
-Avec sa femme ?
-Ah ça je ne sais pas, bref, il va à la plage de la Mala jusqu’à dimanche !
-C’est ça le truc à me dire !
-Réveille toi ma belle, il est temps que tu vives .Parfois il est nécessaire de prendre un amant pour sauver son couple.
-C’est dégeulasse ce que tu dis, pauvre Marco !
-Pauvre Marco, pauvre Marco, c’est à croire que tu as complètement oublié la pelle qu’il ta roulée
-Clara, c’était un baiser, un simple baiser !
-Et sa main sur ton sein et son autre main sous ta jupe, je l’ai inventé peut être ?
-Je ne sais pas, je ne sais plus, j’avais trop bu, je ne sais même pas si je le reconnaitrais
-Louise, ce type avait envie de toi, c’est évident !
-Je sais, je sais, justement !
-Oublie le virtuel ma belle, tu te voiles la face, sors de cet enfermement, une fois pour toute !
-Bon ok je t’attends !
-A la bonne heure ! »
Je me précipite sous la douche, y demeure un long moment plongeant la salle de bain dans une ambiance embuée. Je resonge, sous le puissant jet d’eau chaude à cette fameuse soirée .Il s’en était fallu de peu pour que je ne quitte pas le « Black Legend » avec Marco, très peu ! J'en ai presque envie d'à nouveau me caresser, mais le temps presse!
Je garde en mémoire l’approche de ce très bel homme qui se rapproche discrètement un verre à la main, s’assoit au bar à mes côtés alors que Clara monopolise mon mari sur la piste de danse. Je l’entends encore me murmurer quelque chose à l’oreille que je ne comprends pas, quelque chose en italien. Je sens son parfum m’effleurer, son regard me troubler.
J’ai menti à Clara, je me rappelle exactement de Marco. Un regard laser, d’un bleu outremer, des ridules assassines trahissant sa séduisante quarantaine, une fossette mutine et une bouche vorace à laquelle je n’ai pu résister sous le regard éloigné mais désabusé de mon mari. Un instant, en un instant il a ranimé en moi, le moment de la découverte, le flirt, le jeu de la séduction parce que surprise d’encore séduire un homme aussi charmant.
Je me rappelle du moindre détail. De Clara qui entraine mon mari à l’extérieur pour partager une cigarette, Marco qui s’aventure plus loin dans sa découverte , ses morsures dans mon cou , la tiédeur de sa main sur ma taille, puis plus bas , sous ma courte jupe , dans la plus grande discrétion. Et mes sens qui m’emportent, cette envie de me perdre une fois, une seule fois, cette envie de le suivre pour une liaison légère, sans promesse, ni espoir de lendemain !
Le klaxon italien de la Fiat 500 de Clara m’arrache à mes pensées.
Elle insiste, je ne suis même pas habillée. Je me penche à la fenêtre, entièrement nue , sans prendre garde aux regards indiscrets des voisins !
« Monte, je ne suis pas prête »
La porte claque lourdement !
« Waouh, tu as décollé toi, tu es superbe ! Ne me dis pas que c’est pour ton amant invisible. Mais tu es aussi lisse qu’un abricot, cela aussi c’est pour lui ?
-Ben oui !
-Et tu n’as toujours pas vu sa gueule ?
-Non !
-Putain Louise, il y a combien de temps que tu n’as pas baisé autrement que dans ta tête ou derrière un écran !
-Je sais plus !
-Crois en Clara, un petit « extra » conjugal te fera le plus grand bien ! J’ai appelé ton mari pour lui dire que je t’enlevais jusqu’à demain .Je te l’annonce nous dormons à San Remo !
-Tu es dingue ! San Remo ?
-Mais non ! Tu ne comprends donc rien !
-Ben si, je viens de comprendre que tu es en train de me balancer dans un sacré bordel !
-Ecoute il est marié, non ? Et toi aussi, aucun soucis donc , tu as besoin d’un amant de passage !
-Mais, j’avais rendez-vous avec …
-Derrière un clavier avec un mec qui a plus de Belphégor que de Brad Pitt. Tu as besoin de plaisir et non plus de désir. Tu es une belle femme , uses, abuse , vis …Allez, allez, on est parti »
Pas la peine d’insister Clara est déterminée à m’arracher à mon enfermement …
A suivre…
Comment mêler sublimement fiction et réalité...bravo Mystérieuse!
Rédigé par : chris | 29 juin 2010 à 23:45
De cet homme, qui hante vos nuits et vous frappe d’insomnies à brouiller votre tendre regard vert propice à l’évasion, vous ne pouvez dans l’inconscience vous séparer. Il vous manque par l’adoration légitime de votre corps, véritable hymne charnel à la dévotion sensuelle. Il vous manque pour faire naitre en votre ventre et entre vos divines cuisses de singuliers fourmillements. Vous m’offrez de mystérieuses pensées, de merveilleux écrits derrière cet écran que le rouge rend désormais provocant. Je veux caresser du regard, et sans retenue, votre beauté charnelle qui fait de vous une amante unique, un succube surprenant. Ainsi nait le jeu de plaire pour la jouissance charnelle au travers toutes les évasions proposées. Mais dur exercice au quotidien que d’entretenir ce plaisir au-delà de la routine et de l’ennui qui étouffent et font flétrir votre sublime fleur qui embaume et qui est source de tentations serviles.
Votre sang bouillant vous fait aimer le piment érotique, le plaisir charnel et c’est en cela que vous êtes une égérie. Bien que vous le voyiez, que vous le sentiez comme une déplorable tentation, je veux imaginer vos doigts s’égarer comme témoins de votre perversion étonnante car merveilleuse, merveilleuse car franche, étonnamment franche. Alors, réveillez vous ainsi, roulée dans vos draps qui sont des bras, pour offrir le plaisir indicible d’humer vos chaudes senteurs qui sont à la source de votre désir de vivre ces instants entiers et spontanés sans tabou.
Divin début d’aventure. Et comme le disait Chris : merveilleuse union de la fiction et de la réalité dans ce jeu si difficile de la séduction. Même sans lendemain car c’est l’audace qui pince les sens, électrise le ventre … et arrache à l’enfermement sensoriel.
Sensuels Baisers
Rédigé par : Claude | 30 juin 2010 à 18:33
A Chris : Souvenirs...souvenirs!
A Claude : un fantôme errant , il n'y a guère que lui qui n'en est pas conscient....Vous aimez ma nouvelle aventure et vous me surprenez ...Pourquoi ai-je un instant songé qu'elle ne vous séduirait pas? Le ton , peut être , un autre style plus contemporain!
Baisers !
Rédigé par : Mystérieuse | 03 juillet 2010 à 13:05