A l’étage en dessous, je m’empare à la hâte de mon i pod, je ne peux vivre sans musique, et griffonne à la va vite un mot à l’intention de mon mari :
« Minou, Clara m’a enlevée pour une nuit peut être deux …
Je t’aime
Louise »
Instinctif, bref, sûrement vrai, mais tellement faux !
Le klaxon de Clara me rappelle à l’ordre , je sors en courant , jette mon baise en ville dans le coffre et mon corps étrangement excité par cette aventure sur le siège passager du mini char italien réédité version XXI ème siècle !
« Hey, nous ne partons pas en vacances, Louise, tu viens bien de balancer un sac de voyage dans le coffre !
-Tu m’as dit ou suggérer une nuit, j’en ai envisagé deux, mon côté positif surement !
-Sur ce coup tu m’épates ! Avoue Louise, Marco ce fut magique !
-Magique, oui, mais non consommé ! Si tu n’existais pas, Clara, je t’inventerais… Et toi tu le trouves comment Marco ?
-Tu cherches quoi, là à te rassurer ! Je ne le trouve pas, tu l’as trouvé avant moi ! Et puis rappelle –toi, il n’en avait rien à faire de moi, il n’avait d’yeux que pour toi ! »
Effectivement, mes souvenirs sont bien présents. Sa démarche, sa manière de m’aborder alors que des bimbos aux mensurations mammaires surdimensionnées tentent en vain de le détourner de ses projets.
Bien sûr que j’ai en tête sa gueule d’amour me lorgnant avec l’air de ne pas y toucher. Et cette image, cette image qui me subjuguât. Lorsqu’un russe éméché et fortuné, je présume, ils le sont pour la plupart sur « La Côte » s’approchait de moi, effleurait mes jambes en vantant les mérites de ma peau douce, profitant de la situation pour me proposer un verre, je répondais spontanément « Je ne suis pas seule, désolée, mais je vous remercie », il volait à mon secours.
Abandonnant ses groupies mensongères stupéfaites de son comportement, attentif au moindre de mes gestes ou émotions, Marco me rejoignait au bar, trinquait avec moi, avant de glisser deux ou trois mots au russe évincé par mon autorité et une main annonciatrice d’abandon à l’encontre des tentatrices siliconées. Flattée peut être pour tant de dévotion, je répondais à ses mots incompris par un sourire séduit mais exempt de toute invitation à poursuivre. Pas d’intrusion, il s’éloignait, son verre à la main vers le dance floor, un œil sur la piste et l’autre sur moi. Pourquoi ai-je cette fâcheuse et fabuleuse faculté de ressentir un regard masculin se poser sur moi ? Sa fausse pudeur agrémentée d’un soupçon épicé d’une attitude chevaleresque désuète, avait pourtant retenu mon attention. Impossible de détacher mon regard de sa silhouette dont je détaillais effrontément les indices de séduction.
Belle stature, élégance naturelle malgré une barbe de deux jours savamment soignée façon Bad boy attitude mais pas trop, un front volontaire à l’identique de son menton, autant de détails qui laissent entrevoir une profession libérale. J’ai cette sale manie de décrypter le moindre argument physique, témoin souvent d’une part de personnalité. Je ne sais à quoi l’attribuer …Passés les premiers critères de sélection, un beau regard, un sourire émouvant, un beau petit cul, je m’attarde souvent sur des détails, certainement anodins pour les autres, mais pas pour moi.
« Hey, Louise, je crois que ton portable est en train de s’impatienter, reste avec moi là, encore perdue dans tes fantasmes »
Trop tard, le portable s’est tu. Un Bip ! Message !
« Les affaires reprennent Lou, tu manques à quelqu’un !
-Si c’est de mon mari dont tu parles, je ne crois pas, c’est lui qui vient de laisser un message !
-Justement, je ne connais pas un homme autour de moi aussi perdu en l’absence de sa femme ! Alex est fou de toi !
-Tu parles, je ne sais même pas s’il se rappelle encore avoir une femme !
-La preuve ! Tu n’écoutes pas ?
-Non ! Pas envie ! J’ai la tête ailleurs là et avant que je ne change d’avis en entendant sa voix ! Roule ! »
Vu la tête que fait Carla, elle est pour le moins surprise de mon comportement, presque déçue, voire contrariée.
Je suis sûre, sa conduite en témoigne, qu’elle commence à douter de l’ingéniosité de son plan. Carla est volage, très volage, multiplie ses aventures, papillonne toujours en quête de sensations, mais je suis sûre qu’en fin de compte elle envie ma situation, celle d’une femme que l’on aime tendrement sans songer à ses désirs érotiques.
« Dis-moi Carla, n’as-tu jamais eu envie de faire l’amour avec Alex ?
-T’es dingue, qu’est ce qui te prends ?
-Rien, je ne sais pas, mais toi qui est si gourmande d’aventures un peu spéciales, tu aurais pu avoir envie, entre deux portes de t’envoyer en l’air avec le mari de ton amie. Après tout c’est un très bel homme !
-Arrête un peu ! Là, tu deviens carrément indécente et chiante !
-Tu sais tu peux me le dire, cela ne me dérange pas, je suis plutôt ouverte comme fille !
-Lou, je ne te croyais pas comme cela …
- C’était juste pour te mettre à l’aise, je te sens contrariée…Pas de crainte je suis une grande fille, j’assume !
-Là tu as abusé, je n’aime pas trop ce jeu intox ou réalité »
Je ne cache jamais rien à Carla, ou presque rien, et c’est tout naturellement que je mets le haut parleur de mon i phone pour écouter le message d’Alex
« Louise, ma chérie, amuse –toi, tu vis trop sur toi-même ! Tu me manques déjà, A demain, Je t’aime »
« Tu vois Clara, il m’aime ! On s’aime surement !Mais ses mots ne me suffisent plus, j’ai besoin de passion, de troubles, de folie, d’interdit.
-Ce matin c’était non, non, non et là …
-Borderline ! Passionnée, appelle le comme tu veux, mais quand je suis dans le train de mes envies, je vais jusqu’au bout »
Carla se gare. Les places sont déjà chères à cette période de l’année, même si la saison estivale n’en est qu’à ses balbutiements, mais vu la taille du carrosse !
Petit short couture, sobriété d’un bustier noir et mules, telle est la tenue que j’ai choisi pour rejoindre la crique et si le destin me l’offre Marco !
A peine quelques pas, quelques claquements de talons sur l’asphalte et une voix masculine interpelle ma démarche.
« Louise ! »
Je reconnais l’intonation de voix de Thierry. Il ne manquait plus que cela… Me voilà dans de beaux draps !
Impossible de lui échapper et Carla qui roucoule déjà devant cette apparition opportune parfaitement à son goût !
« Waouh, tu me présentes ton ami Louise
-Carla, c’est mon amant !
-Quoi ? Ton scandinave ? Mais tu m’as dit…
-Non, mon amant ponctuel ! Là je suis vraiment très mal !
-Alors toi, tu me bluffes !
-Juste trois ou quatre fois ! C’est le banquier D’Alex ! Thierry, je te présente Clara, Clara, Thierry !
-Bonjour Louise, je suis heureux de te voir, il y a longtemps…
-Oui désolée, j’ai été très occupée ces derniers temps »
Clara me regarde en biais, un air conformiste au bord des yeux, juste avant de déployer ses armes séductrices de destruction massive !
C’est cela qui me rattache à elle, cette complicité hors norme qui fait qu’un seul regard traduise sa pensée.
A suivre...
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