PARTIE 12
Lorsque Sophia ,au bas de l’escalier ,véritable architecture centrale du grand salon contemporain ,réapparaissait, sa taille étroitement serrée contre celle de Pierre dont une main , un bras semblait avoir pris possession de la séduisante méditerranéenne, elle rayonnait d’une sensuelle cupidité. Servilité , obséquiosité, entre autres comportements témoignaient soudain d’une ambiance vaudevillesque. Sophia, assujettie d’une double complaisance masculine n’en était que plus séduisante.Elle prenait soudain conscience que sa réapparition au bras d’un homme différent de celui avec lequel elle s’était ecclipsée avait semé trouble et jalousie équitablement répartis entre ses détracteurs et ses admirateurs.
Ces messieurs, dont le perfide Nicolas faisait partie , s’émerveillaient de cette nouvelle apparition teintée d’un provocant mystère .Qui était avec qui , et qui faisait quoi ? Les fantasmes les plus fous allaient bon train dans la tête des convives masculines , des plus magnanimes aux plus serviles.
Ces dames , vertes de jalousie et de médisance , et surtout après que Sophia ait poussé le vice de la provocation jusqu’à poser ses lèvres sur celles de Pierre avant de les poser l’instant d’après sur celle de Paolo, avaient définitivement dans des chuchotements acrimonieux, classé Sophia dans la catégorie des courtisanes des temps modernes.
Quant à sophia , encore pervertie des images résiduelles des œuvres de Machado et des plaisirs prodigués progressivement et successivement par son chevalier servant , soudain submergée par tant de naïveté obséquieuse tout genre confondue, elle avait décidé de poursuivre dans le sens de la coquetterie érotique.
Batifolant indifféremment avec Paolo et Pierre , elle avait continué à corrompre l’ambiance amicale d’une soirée ordinaire par ses débordements tendancieux. Un baiser par là , une main ici dans l’échancrure d’une chemise déboutonnée, ou bien encore là sur le cul rebondi de Pierre , et puis cette autre, l’instant d’après, glissant sur la cuisse de Paolo , jusqu’à son entre-jambe, frôlant impunément sa bosse résurgente à la seule pensée d’être encore désiré. Elle riait , souriait à chacun d’entre eux avec la même intensité séductrice , comme si tout à coup cette complicité triangulaire lui apparaissait comme une évidence , une possibilité libertine à laquelle elle n’avait jamais songé auparavant. A vrai dire ses deux complices eux même ne savaient plus à quel saint se vouer , tant elle avait l’air sincère dans ses exubérances sensuelles.
Pierre n’osait espérer une déviance tripartite , tant en ces instants évocateurs , en y songeant, il n’était rien d’autre à présent, que l’empreinte qu’il avait laissé en elle, juste une empreinte dans vie , dont il aurait aimé raviver les couleurs. Que n’aurait-il donné pour se glisser encore une fois , juste une fois , sous la tiédeur de ses draps , glisser sa main dans la sienne et redécouvrir ses courbes magiques qui l’avaient fait chaviré. Lui qui avait , sans honte , dit « je t’aime » à des dizaines de filles dont il n’avait rien à foutre , lui Pierre , s’était égaré quand il était tombé amoureux, les mots n’avaient pu passer la frontière de ses lèvres. Sophia était surement la seule femme qu’il avait aimée et il l’avait laissée partir…
Alors avait-il songé , une pointe d’amertume au bord du cœur , s’il faut la partager pour une fois encore l’aimer ,pourquoi pas. Mais en était-elle capable , rien n’était moins sur. Inconsciemment il espérait que tout ceci n’était qu’un jeu machiavélique destiné à fourvoyer Nicolas, l’effronté bafoué.
Compte tenu de l’heure tardive , nombres de convives s’étaient dissipées…Ne demeuraient que les plus intimes ,ou encore les plus alccolisées attendant sagement que leur hote appelle un taxi et, Nicolas, l’indétronable. Paolo, de façon anodine , puis de plus en plus régulièrement consultait son bracelet montre , attitude pour le moins surprenante quand on connaissait le personnage totalement réfractaire à toute notion de temps . Parallélement , il observait Sophia avec de plus en plus d’empressement , d’enthousiasme érotique , lui prêtant , un sourire aguicheur , un coup d’œil inquisiteur, la pressant , l’invitant à quitter l’assistance , à rejoindre la grande chambre du maitre de Maison.Mais jouant les rebelles , elle faisait fi des invites , continuant à ronronner auprès de Pierre qui la regardait à présent avec des yeux enamourés , et l’envisageait plus intimement vu la raide protubérance qui tendait son pantalon. A vouloir jouer les prolongations érotiques , les préliminaires séducteurs avec une délicieuse prédatrice , il n’était pas incertain qu’elle finisse dans d’autre bras .
Qu’avait-elle donc dans la tête ? Du coin de son regard jusque à ses paupières effrontées , une ligne magique laissait soupçonner une érotisme latent dont elle n’avait pas été comblée.Ses minauderies provocatrices et autres galanteries en séduction semblaient indiquer de manière signalitique la direction interdite d’une communion sexuelle, « un trip à trois » , comme ils disent au Québec.
Lorsque l’ambiguité de la situation ne l’amusait plus , elle quittait soudainement l’assistance , lançant un « bonsoir tout le monde » du haut de l’escalier, alors que seul encore le galbe de ses longues jambes sublimé par les rouges Louboutin témoignait de sa présence.
Le claquement de la grande porte à double battant de la vaste chambre de Pierre résonnait jusque dans le salon comme un signal de départ ou de ralliement , c’était suivant les intentions.
Un douce ambiance surprenante accueillait les premiers pas de Sophia dans la vaste pièce.
Dans la cheminée contemporaine crépitait un feu dont les flammes orangées donnaient la réplique aux dizaines de minuscules bougies dissiminées ici et là au travers de la pièce . Du rebord des trois grandes fenêtres alignées sur un jardin à peine éclairé des lumières citadines , en passant par la tête de lit , niche savamment étudiée en béton lissé dont les spots hallogènes encastrés donnaient une autre dimension, jusqu’aux abords de la grande baignoire balnéo en pleine effervescence chromatique, un chemin lumineux illustrait l’atmosphère d’une bien étrange lueur à laquelle elle n’attribuait aucun auteur , incapable de discernement devant une telle surprise.
Les hommes sont parfois si incroyables dans leurs agissements.La lassitude d’une journée épuisante en rebondissements l’avait tout à coup abandonnée, pour laisser place à un épanouissement . Elle s’était attardée un moment devant les fenêtres offrant une vision circulaire sur le parc attenant à l’immeuble. Dans le reflet de la vitre , elle devinait son visage , juste une illusion, un halo lumineux et chancelant en chatoiement ,presque un mirage dans l’univers feutré d’un chambre sensuellement parfumée.
Elle fermait les yeux. Une main puissante masculine , étreignait ses épaules, une bouche féline embrassait la base de son cou , avant de décliner la tendresse buccale en une morsure plus gourmande. Elle reconnaissait l’odeur de la peau de Paolo et se laissait glisser dans ses bras presque naturellement, prêtant le gracile de son cou à la bestialité érotique de ses baisers. Mais la délicatesse avait rapidement repris le dessus. Alors que Sophia avait , à la lucidité de la situation,préféré le mystère, cette main caline et attentive à la moindre des courbes decelées sous son passage avait consciencieusement fait glisser le zip de la trop sérieuse robe . Le vascillement des flammes des bougies, l’oscillation du bassin de Sophia tentant de se défaire élégamment du vêtement devenu accessoire, avaient rendu ses deux fossettes lombaires irresistiblement indécentes. Juste vêtue de ses bas et de ses escarpins elle n’offrait de sa silhouette que le plus divin , dans la lumière blafarde de la pièce, une fine taille et une cambrure exagérément accentuée par la hauteur des talons aiguilles . Les mains de Paolo couraient déjà sur le dos de Sophia , parcouraient son échine jusqu’au dessus de sa lune . Il esquissait un pas de coté pour laisser la lumière extérieure lui offrir en contre jour, en contre nuit, le dessin parfait mais déjà éclos de cette orchidée de chair qui ne demandait qu’à être humée, explorée , honorée.
Les lèvres se détachaient revetues en discrétion d’un étrange mystère , l’éternel secret de la féminité dans ce qu’il a de plus sacré et de plus provocateur.
« Aiguilles-bas sans dessous » avait murmuré Pierre dans l’embrasure de le porte , sous le charme quasi hypnotique de Sophia
Mais Sophia perdue dans les méandres d’un érotisme fascinant , n’avait plus d’écoute que celle de son ventre , de son souffle , de sa chair frissonnante au moindre effleurement.
Elle murmurait à Paolo : « Merci pour tant d’attention…Allons prendre un bain à présent ! »
Paolo sussurait à son tour quelques mots à l’oreille de Sophia !
« C’est toi, Pierre , c’est toi l’auteur de tout cela , vraiment c’est toi » bredouillait Sophia , en se retournant vers son hôte et ex amant
Il acquisait de la tête , pudiquement , timidement !
« Je crois Pierre qu’il y a de la place pour trois dans les remous »
Son alter ego avait prononcé ces mots à sa place . Elle abandonnait un instant les deux hommes en plein effeuillage , se glissait volupteusement dans le bain bouillonnant , puis du regard , un regard de louve vorace mais attendrie , les invitait à la rejoindre.
A en juger par le pétillement des regards , le plus lubrique des trois était bien Sophia lorgnant déjà sur les deux queues bandées prêtes à l’immersion en eaux troubles…Quoi de plus érotique pour une femme de se sentir désirée par deux hommes en même temps …Son autre moi avait eu raison de braver les barrières,son sexe en jouissait déjà .Etait-ce les effluves d’alcool ou un fantasme trop longtemps inasouvi , enfin à portée de mains et d’esprit?
La question ne se posait plus alors que des mains caressaient ses épaules et d’autres plus fébriles remontaient déjà le long de ses cuisses …
A suivre…
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