"Si j'étais né femme, j'aimerais connaître un homme tel que moi: "merveilleusement insupportable"."
PARTIE 2
Elle trouvait sa réponse dès le lendemain matin, lorsqu’elle retrouvait Paolo attablé pour le petit déjeuner dans la vaste cuisine. Ce qu’elle aimait avant tout c’était son authenticité, cette manière très particulière qu’il avait d’être toujours lui-même .de toute évidence il n’accordait que très peu d’importance à son apparence. C’est un Paolo ébouriffé qui l’avait accueilli, s’inquiétant avec une extrême douceur de la nuit qu’elle avait passé. Puis naturellement, dans la sérénité d’une nouvelle matinée, il lui avait raconté l’Argentine, sa maison, ses voyages, lui avait parlé de l’amour, des sentiments, de la beauté de la vie, de Paris. Intarissable sur n’importe lequel des sujets qu’il abordait, il aurait pu ainsi parler des heures entières si la sonnerie de son portable n’avait résonné.
« Sorry », puis il s’était mis à l’écart dans une autre pièce pour répondre à l’appel insistant. Cette pudeur camouflée avait troublé Sophia, il n’était point la peine de s’habiller comme un gentleman pour en avoir les qualités. Elle avait à la hâte avaler deux tasses de café, mordu délicatement dans une tartine de pain au miel, puis, tentant de rompre sa solitude avait effeuillé sans grand intérêt un magazine féminin se trouvant à sa portée.
« Bien, avait-il clamé en rentrant dans la cuisine, nous parlerons plus tard, un rendez-vous, j’avais oublié, j’oublie toujours mes rendez-vous »
Allait-il oublier qu’il lui avait proposé de la rejoindre à la galerie ?
« Tu autorises ?
-Pardon ? »
S’approchant au plus près de Sophia, il avait, du bout de l’index, récolté une perle de miel qui s’était perdue au bord de ses lèvres, avant de le glisser dans sa bouche argumentant son geste d’un « humm » dont elle n’aurait su dire si il était encanaillé ou gustatif.
Confuse, elle avait rosi, avant de trouver une parade à son décontenancement !
« Délicieux, n’est-ce pas !
-Si, mucho bueno ! Je vais à la ducha et después Cariño, je vais al encuentro ! »
Sophia l’avait regardé, ses grands yeux écarquillés, il lui avait souri, un sourire franc, large dévoilant une dentition parfaite et étincelante, un de ces sourires masculins qui vous laisse K.O même à neuf heures du matin. Puis sans autre forme de procès, il lui avait échappé, sans ne plus rajouter un seul mot. Ce geste auquel elle avait attribué une note sensuelle, n’était en fait rien de plus qu’une attitude naturelle pour le latin qu’il était. Rien de conventionnel, rien de calculé, sa nature propre était sa séduction.
Rangeant sa tasse et le peu de désordre qu’elle avait laissé dans la cuisine, elle avait songé qu’il avait totalement occulté Juarez Machado, et c’est donc, empreinte de ses convictions qu’elle avait rejoint sa chambre à l’étage.
Après une douche rapide, elle enfilait sa lingerie, puis les bas …
« Sofia, Sofia, tú es là ? »
La porte de sa chambre s’était grandement ouverte alors que juste vêtue de dentelles elle enfilait son second bas, assise sur un sofa
Surprise, mais comblée de cette intrusion, elle n’avait manifesté aucune gêne et avait poursuivi avec volupté le voilage de sa jambe.
« Que guapa »
Clic, clac, il avait saisi l’instant !
« Qu’est-ce que tu fais donne moi ça, tu es fou ! »
Elle s’était jeté sur lui pour tenter de détruire l’image, mais compte tenu de sa carrure atlantique, c’était peine perdu d’avance. Il la rejetait sur le lit. Sophia l’entrainait avec lui pour un rapprochement interdit, comme elle le faisait ado, tentant une approche ludique d’un garçon qui lui plaisait.
« Hey Tigressa, regarde, belle photo non ? Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui ? Tu profites du taxi ? Je pars en scoot…
-En scooter, je vais attraper la mort ?
-Attraper la mort ?
-Comment-dire, il fait froid !
-Ah oui ! Couvre-toi bien, je te dépose…
-A bastille…
-ok, je connais bien Paris
-Ah bon !
-J’y ai vécu cinq ans !
-Ok alors, le temps que je m’habille
-Oh, moi tú me plais comme ça !
-Allez file ! »
Quelques instants plus tard, elle le rejoignait dans le hall, vêtue d’une jupe courte et d’un pull col roulé en laine.
« Tu va avoir froid au cul !
-oh !
-Quoi, c’est bien comme cela qu’on l’appelle, avait-il répliqué en lui assénant une claque sur une fesse »
Elle avait ri de son impudence, comme si elle attribuait son naturel audacieux à ses origines latines.
Lorsque Paolo avait invité Sophia, installée à l’arrière du « deux roues », à se coller à lui pour se protéger du froid et à glisser ses bras autour de sa taille, elle ne s’était pas fait prier.
Mais il n’avait pu s’empêcher de préciser
« Fais attention où tu poses tes mains, les argentins sont calientes »
Comment lui avouer à cet instant, qu’en fait elle en mourrait d’envie, et que sa raideur, si raideur il y avait, n’était en rien blâmable vu son comportement. Finalement elle s’était trompé, peut être ne lui était-elle pas indifférente. Son pubis collé contre les fesses de Paolo, Sophia se délectait des courants d’ai froid se glissant sous sa jupe, des courants à même de refroidir le feu que la présence de Paolo avait réveillé entre ses cuisses écartées. , Fantasmant, Elle pouvait imaginer ses dentelles humidifiées de cyprine et le regard brillant de Paolo découvrant la faille. De temps à autre, d’une main énergique, il n’hésitait pas caresser ses cuisses afin de la réchauffer, sans songer que quelques centimètres plus haut c’était déjà l’effervescence.
Il la déposait à la hâte, prétextant un retard certain à son rendez-vous, en lui lançant un ciao, ne laissant pas supposer qu’il la retrouverait plus tard dans l’après midi.
Elle passait ensuite le reste de la matinée à errer dans les rues parisiennes, le nez au ciel, le regard énamouré pour cette ville qu’elle aimait tant. De touches en touches après une restauration rapide, elle s’était rapprochée de la galerie, qu’elle avait enfin trouvée aux alentours de quinze heures. Comme elle l’avait pressenti, Paolo n’était pas là. Elle l’avait attendu un moment puis avait fini par pénétrer dans les lieux.
Dès ses premiers pas, elle était éblouie par cet univers « Machadien » peu commun, un univers de femme, d’amour, de danse, des années folles un rien décadente, dans un déferlement de couleurs et de formes dont elle avait du mal à détacher son regard. Sous ses yeux ébahis s’étalaient des femmes déposées comme des objets, parmi de beaux objets, dans un monde libertin de nantis, de séducteurs masqués. Comme à sa première découverte, elle avait adoré cette vision colorée d’une société décadente, cette approche au vitriol du côté sombre d’une société sans barrière ni tabous, un univers qu’elle adorait pour son côté provocateur sur lequel planait l’ombre d’Eros. Ces ambiances feutrées ressemblaient à s’y méprendre à l’interprétation de ses fantasmes les plus fous. Malgré les attitudes provocantes de rigueur dans chacune des toiles exposées ou répertoriées sur fascicule, ou encore les chairs nacrées des femmes lissées sous la peinture, elle n’arrivait à détecter une once d’indécence. Peut être tout simplement que ce qui pouvait apparaitre au regard du commun des mortels comme une représentation de la luxure, n’était à ses yeux que la représentation artistique d’un érotisme peu ordinaire.
Elle aurait tant aimé partager ses émotions avec Paolo, mais celui-ci avait sursis à ses intentions.
Fascinée par une toile, une représentation sensuelle d’un tango, elle n’avait plus prêté attention à l’environnement, lorsqu’elle fut tirée de sa contemplation par un baiser dans le cou, suivi d’un « Ne te retourne pas, c’est moi »
Paolo tout de bleu vêtu, se tenait derrière elle, et l’enserrait de toute sa stature.
« Ah, le tango, quelle danse sensuelle, ça prend aux tripes et c’est argentin
-Tu aimes ?
-Beaucoup ! Mais dis moi, tu ne serais pas un peu coquine toi ?
-Pourquoi ?
-Ces tableaux, ils sont un peu …J’en étais sûr, toi aussi tu es caliente !
-Paolo, on ne dit pas cela à une femme, qu’on connait à peine !
-Ah bon, mais je le pense, pourquoi ne pas le dire ?
-Tu as raison ? Nous les latins, sommes entiers ?
-Nous ?
-Je suis d’origine catalane !
-Cuando je t’ai vu, j’ai cru que tu étais italienne, You know ?
-Tu n’es pas le premier !
-Waouh, tu as vu ? Ils baisent avec les autres à côté…Tu aimes ?
-Beaucoup !
-Caliente, tu me plais beaucoup ! »
Paolo avait suivi Sophia comme un jeune étudiant s’abreuvant des explications dont elle avait argumenté chacune des toiles, mais aussi se délectant de ses courbes féminines et de ses regards aguicheurs.
A la fin de la visite, elle lui citait une phrase de l’artiste traduisant son travail
« Avec le dessin j'ai fait les os, avec les couleurs, la chair ; avec l'émotion, le sang.. »
« Rouge sangre, c’est de cela que tu es faite, Caliente, tu me fais bander », avait-il conclu, en quittant la galerie
A suivre…
J’ignore comment vous faites pour être aussi prolixe (enfin si je commence à savoir !) : cependant, impossible de vous suivre. Vous épuisez et il est bon d’être ainsi dépendant de votre perversion …
La femme est faite pour être séduite, convoitée, désirée ... mais pas que ! Au diable les tabous d'une morale religieuse très peu permissive et réductrice. Les fantasmes sont ce qu'ils sont, mais qu'il est jouissif, pour un homme d’être ainsi troublé par les pouvoirs d’une Femme, consciente de son charme et de sa capacité à le pervertir pour l'enserrer entres ses griffes de prédatrice. Le succube est ainsi la divine incarnation du désir ...
Baisers affectueux
Rédigé par : Claude | 16 avril 2010 à 17:43