La suite de leurs fantasmes envoyés, D. s’était interrogée longuement sur l’évolution et la tournure qu’avaient pris les événements.
Comment le simple fait qu’un homme découvrant, par le plus grand des hasards, son espace entièrement dédié à l’érotisme féminin, avait pu les conduire aussi rapidement à une complice intimité virtuelle, certes, mais si charnelle.
Elle avait espéré qu’il ne surenchérisse pas à ses dernières fantasmagories érogènes, elle avait espéré qu’il radoucisse leur rapports .Mais à vrai dire elle savait, et c’était bien cet état de fait qui les avait rapprochés, elle savait qu’ils jouaient dans la démesure .Leurs incroyables univers érotiques , riche en rêverie et autre lubrique situation, étaient à ce point si proches, que leurs fantasmes avaient tourné à l’obsession, elle , cherchant toujours à le surprendre , lui toujours en quête d’un peu plus.
Au travers de leurs échanges, une confiance sans limite s’était installée. Désirs et lubricité s’étaient croisés, entrelacés. Ils avaient instauré un jeu à poursuivre, avançant sans relâche sur les chemins du plaisir , tout en sachant jusqu’où ils étaient capables d’aller , ou plus rationnellement que de limites ,ils n’en avaient pas , ils n’en avaient plus tant ils se désiraient , sans même se l’avouer.
Mais ses vœux ne s’étaient pas dans un premier temps exaucés.
Rapidement, très rapidement, elle avait reçu une réponse à son audacieux courrier…
« Bonjour Chère D.
La suite, ma suite, après votre texte
J’ai aimé vous lire, j’ai aimé la suite à votre façon
Des baisers du bout de ma langue sur le haut de votre fente – rien que sur le haut
JM
Je me suis installé au bord de votre rue de la lune, posé sur votre pastille brune. Vous allez enfin avoir votre punition tant méritée, vous dis-je !!
Vous ne soufflez mot ce qui décuple mon envie d’une punition exemplaire
Je me recule et fesse à nouveau votre croupe enflammée vous sommant de me répondre, d’accepter enfin le châtiment proposé
Allez-vous répondre enfin et rabaisser votre superbe.
Vous voulez résister, vous résistez encore même si je sens intuitivement votre limite au fur et à mesure que mes coups redoublent sur vos fesses et mes doigts fouillent votre sexe en profondeur
Vous êtes une salope, je vous dis en retirant mes doigts trempés de votre jouissance
Vous êtes la pire ses salopes, me laissant croire à votre insoumission alors que vous n’attendez qu’une seule chose depuis que nous nous sommes retrouvés, que je vous baise
Tout en vous parlant et en renouvelant mes propos que vous ne méritez pas que je vous honore de mon sexe, j’enfonce entièrement mon médium dans votre étroit fourreau, ce qui vous fait, enfin, lâcher un premier cri
Surprise ? ou vous aimez que je vous dilate de cette manière, vous dis je en commençant un aller et retour énergique
Allez-vous enfin me répondre ?
Vous murmurez quelques paroles que je ne perçois pas. Vos mots se perdent, votre tête est enfouie dans l’oreiller
Je pose ma tige de jade sur votre pastille brune et tout en vous disant que vous êtes une fieffée salope je m’enfonce d’un grand coup jusqu’à la garde. Vous êtes emplie de moi et de surprise, de douleur, ou de plaisir vous hurlez que vous êtes une salope et que vous voulez que je vous remplisse encore et plus profondément encore
Un flot de paroles sort soudain de votre bouche, paroles inaudibles desquels quelques mots surnagent ; salope, domine moi, encore, profond, ta bite, branle moi, encule, putain, jouis, inonde, punis moi, chienne … mots qui se perdent et emplissent la chambre où nous nous trouvons
Ces mots sont autant d’encouragements à continuer et à accélérer le rythme des va et vient. A l’étroit dans votre fourreau, serré au plus près de mon sexe, excité par vos cris et par vos mots, mon plaisir décuple et ma jouissance est proche.
Je vais t’inonder le ventre, me mets je à hurler
Ma semence se déverse au fond de vous dans des spasmes profonds qui me donnent l’impression de mourir à chaque sursaut.
Repu, je me retire doucement de toute la longueur de mon sexe, pour le plaisir de ressentir la brûlure de votre fourreau étroit, et je m’effondre sur vous.
Tout le poids de mon corps sur vous, vous empêche de bouger
La tête dans vos cheveux, je vous murmure à l’oreille « j’ai adoré », ma main glissée sous votre ventre, mes doigts enfoncés encore dans votre sexe gonflé de désir »
Elle n’avait pas donné de suite à ce dernier fantasme et naturellement leurs échanges épistolaires s’étaient fluidifiés non pas dans la cadence, mais dans la teneur.
Ils avaient échangé leur vision d’une rencontre hypothétique quand l’opportunité se présenterait et D. audacieusement avait laissé deviner à JM. qu’elle serait parisienne d’ici peu.
Alors oui un rendez-vous parisien, à « organiser », à improviser, à mettre en scène, il avait accepté sans jamais lui avouer que le mystère était entamé puisqu’il l’avait physiquement découverte, quelques temps auparavant dans une salle obscure.
Dans son dernier mail, elle lui indiqua l' hôtel où elle descendrait. Il savait que c’était une invitation à la retrouver, à la découvrir de chair après ces semaines d’échanges virtuels.
Il en acceptait l’augure et sa réservation serait pour l’une des journées où elle lui avait indiqué sa présence.
Pour le reste, il savait que le chemin serait jalonné de surprises, que l’un et l’autre se réservaient, tant leurs esprits avaient besoin de ces mises en scène pour prolonger autant que faire se peut le plaisir de l’entre deux.
Guerriers ils l’étaient et bien plus que l’objectif, c’était de la manière dont ils raffolaient.
Secrètement, D. avait imaginé une vengeance, une mise en scène théâtrale pour le punir de sa tendance au voyeurisme en perversion derrière son écran. Elle en jouissait avant même que de l’avoir vécu, tant sa perversité à vouloir le surprendre lui taraudait le ventre à chaque fois qu’elle y songeait.
Les jours qui les séparaient furent une longue attente …tant le désir de l’autre canalisait leur sens …propres et défigurés…
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