Ce grand couloir froid me mène jusqu’à toi. Une machine à café, je prends le temps d’actionner la machine .Je prends un malin plaisir à écouter le bruit du breuvage noir couler dans le gobelet. La dernière goutte filtrée sera mon signal de départ. Le bouton clignote, c’est maintenant, il est temps.
Je t’ai enfin retrouvé, tu ne m’échapperas pas cette fois.
J’avance lentement dans l’espace désert à cette heure de la journée, ce n’est pas anodin de ma part, il est treize heures. Tu m’as dit aimer la solitude et travailler aux heures des repas.
La porte de ton bureau est là. J’entrouvre mon manteau, laissant entrevoir le fluide de mon chemisier sagement boutonné. J’en défais deux ou trois boutons. Mes seins palpitent déjà, je les entraperçois dans mon maintenant profond décolleté. Une touche de parfum, au creux de mon épaule, un peu de rouge sur mes lèvres, et d’une main ferme j’actionne la poignée de la porte de ton espace de travail.
Comme je l’avais prévu, tu es assis derrière ton bureau, ta cravate relâchée, tes cheveux désordonnés pour avoir passé ta main dans tes cheveux afin de te détendre un peu, tes doigts sur le clavier et ton regard surpris de me voir devant toi.
Professionnel, tu me dis
« Bonjour, je peux vous aider, vous vous êtes égarée
-Bonjour, non, je suis là pour toi
-Vous devez faire erreur…
-Je ne crois pas !
-Tu ne me reconnais pas. Tiens je t’ai apporté un café !
-C’est gentil, mais…
-Tu n’en veux pas !
-Si, mais… »
Tu prends le gobelet de peur de me contrarier, une crainte t’effleure, je le vois, tu transpires, quelques gouttes indiscrètes au dessus de ta lèvre. A moins que tu ne t’interroges, que tu cherches au plus loin de tes souvenirs qui je suis.
J’enlève mon manteau, le pose calmement sur l’accoudoir du fauteuil le plus proche, puis d’un grand revers de bras, je débarrasse ton bureau d’une pile de dossiers qui s’éparpillent sur le sol.
« Regarde –moi, tu ne me reconnais pas ? »
Tu lèves les yeux, tu blêmis. Qu’as-tu donc fait de ton autorité, où donc s’est –elle enfouie ?
« Et ma voix, ne la reconnais-tu pas ? Un petit effort lui dit je en m’installant sur le bureau, mes cuisses largement dévoilées .Je croise et décroise mes jambes, te torture du crissement de mes bas dont tu devines le soyeux à la limite de ma peau.
« J’ai bien peur que oui, je reconnais votre voix
-Tu reconnais ma voix, tu ne me tutoies plus que se passe-t-il ?
-Ou enfin, je suis troublé, que fais-tu là ?
-Comme tu le vois, je t’ai retrouvé, je ne suis pas déçue, tu es un très bel homme. J’aime ton regard affolé, tu te dis que veut-elle ? Il ne fallait pas me délaisser, j’obtiens toujours ce que je veux ! Je n’étais pas sûre que ce soit toi, mais tu t’es trahi »
Il a retrouvé de sa superbe, sa pâleur s’en est allée et lorsque je m’approche de lui, ses joues s’empourprent d’émotion.
Je glisse mes mains sur son torse, ôte la cravate accessoire, défait deux boutons et glisse ma main sur son poitrail.
Il est si doux de te toucher, sentir la tiédeur de ta peau et ces effluves masculines s’en échapper à profusion. Ma bouche emprunte le chemin de ta nuque, y laisse la trace pèle mêle de mes baisers, de mes morsures.
Il n’est plus l’heure de s’attarder en préliminaires inutiles, je t’ai tellement désiré derrière la lumière de mon écran, j’ai tellement rêvé de cet instant.
Tu ne bouges pas, tu m’obéis, tu te laisses manipuler, terrorisé mais excité par mes peu pieuses intentions.
Assise face à toi sur ton bureau, d’un coup de pied sensuel je repousse ton fauteuil, te laissant entrevoir sous un léger duvet le fruit de ma féminité. Je prends ta main, la glisse entre mes cuisses entrouvertes, avant de m’attaquer à ta ceinture .J’aime la raideur qui se profile sous la toile de ton pantalon, nous sommes au diapason, tu sais que je vais te manger.
« Le virtuel, a ses limites, je te murmure en glissant ma langue sur ton gland qui s’est échappé un peu trop vite de ton caleçon, il est temps que nous nous découvrions charnellement.Je te plais ?
Il n'a pas droit à la réponse.
Dans une profonde inspiration, j’enrobe ton pieu de mes lèvres, le pourlèche à profusion, ma langue tourne, elle virevolte sur ta raideur .Une perle s’échappe, je la récolte avec passion, tu cambres tes reins, renverse ta tête, resserre les accoudoirs de ton fauteuil à les rompre. Je poursuis mon intrusion en de longs coulissements. Tu cries je viens. J’aime ta bouche entrouverte, ton regard en partance vers un ailleurs. C’est le moment que je choisis pour lâcher prise, arracher ta virilité maléfique du fourreau humide de ma bouche .Non, pas maintenant, me cries-tu !
Trop tard, tu te répands sur ton pantalon défait.
Je me relève, te lance un regard de défit, me recolore les lèvres et te lance à la volée, nous reprendrons cette conversation plus tard qu’en dis-tu ?
Tu ne réponds pas, je m’apprête à sortir…Ton téléphone résonne ! Tu enclenches le haut parleur
« Angel, votre rendez-vous de 14 heures est là ! »
-Angel, tu m’avais menti jusque sur ton prénom ! Qu’as-tu fait de Loïc ? Et ce nom sur ta porte !
-Loïc ne fait plus partie de la société, je l’ai remplacé, les plaques n’ont pas encore été changées ! Mais le remercierez pour moi quand vous le verrez»
Ne pas perdre la face… Aucune excuse, aucune confusion…
« Et, tu, vous êtes ?
-Marine !
-Et bien Marine, 18heures 30 Café des arts , dans le cinquième pour poursuivre cette discussion, j’habite tout près. »
J’acquiesce avec affront, tourne les talons alors qu’Angel boit enfin son café.
« Et merci pour le café »
Encore une fois tu m’as échappé.
© 2010 Mysterieuse
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