A la hâte, impatiente de se replonger dans l’univers de son enfance, elle ouvrait le coffre, plongeait ses mains dans les dentelles et les portait à ses narines. Rien n’avait changé, pas même la senteur particulière des passementeries sagement rangées depuis plusieurs décennies à l’ombre du bois précieux de la cantine. Elle les éparpillait autour d’elle comme elle le faisait gamine. Puis avec autant de méticulosité qu’une couturière du temps passé, elle choisissait quelques guipures parmi les plus ouvragées et les plus belles auxquelles elle réservait une destination et une conception particulière. Marianne avait, à vrai dire, depuis son adolescence, un talent particulier pour harmoniser ses tenues les plus ordinaires et les rendre uniques, en quelque sorte elle avait été customisatrice avant l’heure. Rien ni personne ne lui avait interdit, du reste personne n’y serait parvenu, lorsqu’elle était encore lycéenne de sortir avec des robes subtilisées dans la garde robe de jeunesse de sa mère, robe d’après guerre ou plus récentes, des années 50, remodelées aux goûts du jour.
Puis avec autant d’empressement, elle s’était attaquée à la lingerie , corset , caraco et autre pisse-dru , de coton blanc , tous ces articles de bonneterie dont elle s’était si souvent travestie avec son ami Hélène, une amie de vacances .En ressortant toutes ces vieilleries , elle songeait à leur fous rires dans la soupente du grenier. Elle ne savait si elle devait en rire ou en pleurer. Elle revoyait le visage d’Hélène, rayonnant, pétillant de beauté et de frivolité.
Hélène était la petite fille d’Odette, la femme de ménage de sa grand-mère. Ainsi accompagnant sa grand-mère sur son lieu de travail, elle avait fini par se lier d’amitié avec Marianne, jusqu’à devenir sa complice de jeu. Mais les fillettes avaient grandi pour devenir de belles et séduisantes jeunes filles. Hélène avait rapidement oublié les jeux enfantins pour se tourner vers des batifolages beaucoup moins sages avec des garçons de son âge. Leur amitié s’était effilochée jusqu’à disparaître, non pas que Marianne ne soit pas attirée par le sexe opposé, mais policée par une grand-mère bienveillante, elle avait fini par ne plus fréquenter Hélène trop peu farouche au regard de Manou. Hélène avait d’ailleurs fini par se faire engrosser alors qu’elle n’avait même pas atteint ses 17 ans, et avait complètement disparu de la circulation, comme atteinte d’une maladie contagieuse.
Un instant mélancolique s’était emparée de Marianne avant qu’elle ne commence à se déshabiller pour se revêtir des sous vêtement de ses aïeules.
La cheminée, deux étages plus bas, n’avait pas réussi à libérer suffisamment de chaleur pour réchauffer les soupentes. Lorsqu’elle ôtait son pull, elle prêtait attention à ses petits seins frémissant et durcis par la fraicheur de la pièce, dans le reflet de la psyché. Malgré les souvenirs, c’est bien l’image d’une femme mure que lui renvoyait le miroir, une femme qui avait pris le temps de se bonifier au fil des âges, malgré quelques sillons au bord de son regard et quelques fils argentés au dessus de son front à la naissance de son abondante chevelure. Etrangement, elle ne regrettait pas sa jeunesse, car c’est bien dans sa maturité qu’elle s’était affirmé en tant que femme .Elle aimait ce qu’elle était devenue, une femme libérée, peu ou pas attentive aux remarques souvent acerbes et désobligeantes de certaines de ses congénères, dont la jalousie ou peut être tout simplement le manque d’audace transpirait de leur agressivité.
Son corps frissonnant l’avait arrachée à ses pensées visualisées par un miroir complaisant. Torse nue, elle s’était échappée pour récupérer un étage plus bas le chauffage mobile de la salle de bain, et était remontée à la hâte. Baptiste pouvait revenir à tout moment. Rapidement la pièce mansardée à peine éclairée d’une lucarne sur le toit s’était réchauffée d’une température ambiante et atmosphérique.
L’ampoule pendant lamentablement au plafond donnait une lueur surannée à la chambre transformée à l’improviste en salon d’essayage d’un autre temps. Ella avait achevé son déshabillage, s’arrachait pour un instant au monde contemporain .Son jeans avait volé, suivi rapidement de son boxer de dentelle noire. Elle avait enfilé un panty en coton blanc, largement fendu entre les jambes et joliment agrémenté d’un cordon coulissant à la taille et de délicieuses dentelles en leur extrémité. La petite Marianne avait grandi, le pisse dru trainant jadis au sol, dévoilait largement le galbe de ses mollets et la finesse de ses chevilles. Un contraste séduisant l’avait frappé, le contraste entre la blancheur du tissu et le teint mat de sa peau. Elle avait poursuivi son déguisement en ajustant un caraco dont le décolleté arrondi laissait entrevoir entre deux lacets souplement noués la naissance de sa poitrine. Elle était soudain, femme d’un autre temps, lavandière ou bourgeoise dans l’attente d’une soubrette qui superpose d’autres jupons sur les dessous coquins malgré la quantité de tissus camouflant les zones érogènes.
Marianne se mirait effrontément dans le reflet du miroir dormant, adoptant des pauses suggestives riches en féminité gestuelle. Son attention particulière lui suggérait que cette tenue ayant connu d’autres peaux dans d’autres temps, réclamait une paire de bottines lacées. Projetant son regard vers une armoire à glace, elle entrouvrait, dans un grincement familier aux antiquités, la lourde porte.
Tout était là, rangé, presque classé. Elle arrêtait son choix sur des bottines noires par des boutons fermées et les enfilait.
Elle adorait cette allure désuète qui la regardait, à la fois empreinte de fraicheur et de coquinerie.
Cette transformation improvisée l’avait emportée loin, très loin de la mélancolie qui avait guidé ses pas jusqu’ici, si loin qu’elle en avait même oublié Baptiste, qui soudain se rappelait à elle.
« Marianne, Marianne, où es-tu »
Sa voix s’élevait doucement de l’entrée, puis se rapprochait jusqu’à lui parvenir de la cage d’escalier.
« Je suis là, monte, je suis au deuxième étage.
-Mais que fais-tu, tu avoir attrapé la crève là haut !
-Non viens, rejoins moi, et puis tu me soigneras »
Il avait gravi les marches du colossal escalier, véritable axe central de la grande maison.
Le temps qu’il atteigne les sous pente, des notes de musique d’une autre époque l’accueillaient, ainsi qu’une Marianne délicieusement troublante.
Sur un phonographe à pavillon, un vieux disque diffusait une chanson coquine.
Baptiste ne savait plus si c’était la séduisante femme qui l’attirait ou sa troublante capacité de savoir rendre inoubliable un banal instant. Elle riait, riait aux éclats.
« Je te plais ?
-Là, tout de suite, j’ai envie de reprendre là où nous en étions restés tout à l’heure.
-Si tu voyais ta tête !
-Tu as l’air médusé !
-Non, pas médusé, troublé, Marianne, tu me troubles ! Tu me plais, tu me plais tant »
-Chut ! »
Elle s’était assise sur un bureau providentiel, avait écarté ses cuisses, omettant la large fente, provoquant un désordre supplémentaire dans l’esprit déjà malmené de Baptiste.
« Viens, Doc »
Elle lui avait tendu ses bras entrouverts.
A suivre...
Tu n'as pas honte de provoquer tant de désordres dans l'esprit des honnêtes hommes (mais tout de même jouisseurs) ? *rire*
(jolie suite à ton histoire)
Bises
L
Rédigé par : Libertin_123 | 19 janvier 2010 à 11:24
A L: merci pour ton passage ...malmener les esprits est jouissif aussi ... sourire
Rédigé par : mysterieuse | 19 janvier 2010 à 17:36