Quoi qu’on en dise, la vie sexuelle de la femme est encore dogmatisée par l’homme d’abord, par la religion ensuite, sinon par une morale archaïque qui tente de résister à l’évolution vers la Liberté. Dans cette histoire, nombre de femmes pourront peut-être s’y reconnaître, lorsque, dans l’intimité de la lecture, elles croiseront un passage, un mot, une image susceptibles d’illustrer leurs secrets inassouvis, rêves qui peuvent appartenir à une quelconque femme, comme tant d’autres…Un rêve peut tout changer…
’était une fin de semaine bien ordinaire, comme tant d’autres, s’enchaînant au maillon de la semaine précédente pour en faire une suite ennuyeuse, terne, insipide…
Pourtant, aux alentours des dix sept heures, le téléphone portable de Camille s’était soudain agité de petites vibrations. Sans doute voulait-il lui rappeler qu’il existait une autre vie à l’extérieur du confort de son nid douillet. Un monde peuplé d’hommes et femmes en pleine activité.
Absorbée par le dernier chapitre du roman qu’elle était en train de dévorer, elle n’avait pas retenu de devoir répondre, laissant ce soin à sa boite vocale. Celle -ci, prenant le relais, avait mémorisé et remis à plus tard l’écoute du message, qu’une seconde série de vibrations lui avait nouvellement annoncé.
Interpellée par le feu déclinant dans la cheminée, elle s’était arrachée à sa lecture, afin de rajouter une bûche supplémentaire dans l’âtre.
Au passage, son petit téléphone lui avait une nouvelle fois gentiment rappelé qu’à l’autre bout de je ne sais où, une personne attentionnée lui avait laissé une pensée dont elle devait s’informer.
Rappel ! « Allo c’est moi, je rentrerai plus tôt ce soir, à tout à l’heure »
Cette notification l’avait laissée perplexe, et, en un premier temps, presque indifférente. Puis songeant à la lapidaire annonce laissée par son mari, elle s’était demandé légitimement quand perdrait-il cette sale habitude de commencer tous les appels lui étant destinés, par cette phrase stupidement prétentieuse « Allo, c’est moi » ! Comme si ce « moi » était le personnage universel de sa vie…
Dans le fond, il n’avait pas tout à fait tort, mais dans la forme cette certitude restait toutefois à confirmer. Dernièrement elle avait fait une seule petite entorse au règlement, exception qui confirme la règle, à savoir qu’elle avait accepté, et sans mot dire à son compagnon, de poser nue pour un artiste.
Elle avait préféré en conserver le secret, car l’aquarelle érotique dont elle avait été la modèle, œuvre d’art née des mains du maître, avait été successivement publiée pour illustrer un luxueux volume au titre évocateur « Eros revisité ».
Cette initiative quelque peu narcissique, ne représentait à ses yeux qu’un simple fantasme féminin, ayant pour but d’immortaliser sur le papier une période de sa vie de femme, où elle se sentait encore belle et désirable. Elle avait certes revisité dans sa mémoire de lectrice, les mises en gardes de Ronsard dans son sonnet à Hélène « Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain .Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie » avant que de répondre favorablement à la tentation de poser nue. Poussée par son amie, qui régulièrement prêtait son corps aux exigences plastiques de l’artiste, elle avait fini par céder à la tentation fantaisiste
Tout bien réfléchi, ce retour prématuré de son mari pouvait s’avérer être une excellente occasion de raviver en l’homme d’affaires, cette flamme émotionnelle qui lui faisait défaut depuis quelques temps. Incontestablement absorbé par une surcharge de travail, il ne lui prêtait plus que trop rarement attention, pour ne pas dire jamais ces derniers temps. L’exaltation des premières années de mariage s’était effeuillée comme une marguerite, dont les seuls pétales restants étaient quelques furtifs petits baisers sur la joue, à l’occasion de son départ ou de son retour, mais jamais deux dans la même journée !
Bien que mature et tout dernièrement quinquagénaire, Camille était encore une très belle femme. Son allure et ses courbes résolument très sensuelles, pouvaient encore, sans aucun doute, rivaliser et même faire ombrage à nombre de femmes trop sûres d’elles sous les Sun light de leur trentaine.
Puisque son cadre de mari, austère et consciencieux, semblait bien disposé à vouloir lui accorder exceptionnellement un peu plus de temps qu’à l’accoutumée, elle avait décidé, dans l’urgence de la situation, de tout mettre en œuvre pour le séduire.
Comme dans une mise en scène improvisée d’un scénario naissant, elle avait tout d’abord déposé les décors théâtraux. Codes érotiquement et essentiellement féminins, des bougies furent savamment disséminées ici et là, épiçant la luminosité ambiante d’une mystérieuse touche sensuelle et parfumée.
Intentionnellement elle avait rajouté une nouvelle bûche dans la cheminée, adoucissant ainsi, et plus qu’à l’ordinaire, cette chaleur ambiante déjà feutrée du grand salon.
Dernière touche à ses secrets, sur la platine trop souvent restée muette, elle avait programmé une ambiance musicale peu ordinaire, savant mélange de soul, de prestigieuse voix féminine et de jazz man bien orchestrés.
Sur les premières notes vocales de Norah Jones elle avait, comme en répétition, entamé un troublant effeuillage, juste pour elle, pour assouvir ses désirs de femme en proie à de bien sensuelles émotions.
Elle avait laissé choir à même le sol ses vestiges de soie et dentelles. La vitre brûlante de l’insert, derrière lequel des flammes orange ronronnaient, lui renvoyait l’image troublante d’une femme à la silhouette séduisante et fiévreusement empreinte d’incontrôlables envies de frivolité.
Elle était bien consciente qu’elle se lançait là un défi presque irréalisable, mais elle voulait encore y croire : reconquérir son mari au cours d’une soirée improvisée autant qu’inattendue. Son désir d’attirer l’attention de cet homme qu’elle continuait à aimer sans retour, était indétrônable. Elle voulait lui ouvrir les yeux, lui exposer jusqu’à quel point sa chère et tendre moitié était habitée d’une pressante libido, de ce désir que l’artiste avait immédiatement perçu en elle , la désorientant, sentiment que le Maître d’art avait compris, interprété, et immédiatement traduit avec maîtrise sur sa feuille de papier à la forme… L’aquarelle évanescente avait été successivement reproduite devenant malicieusement publique dans un volume offert aux yeux de tous…
Une toilette sophistiquée, un délicat maquillage, une tenue des plus glamours, guêpière cintrée, bas couture, lingerie de soie parfumée, dentelles divinement transparentes aux pouvoirs érotisants sur un écrin déjà brillant... Elle avait songé à tout pour parfaire une tenue susceptible de ne pas laisser indifférent, même le plus récalcitrant des prétendants.
Elle avait argumenté le tout d’une jupe étroitement moulante et largement échancrée sur sa cuisse gainée de soie noire. Un chemisier aux transparences dont la suggestivité érotique était troublante d’audace et de concupiscence vint habiller son buste.
Le temps d’enfiler ses escarpins à haut talons, elle s’était métamorphosée en magicienne dans sa cuisine, pour y improviser un succulent repas tout en délicatesse, par les mets choisis, afin de donner à cette soirée annoncée une note supplémentaire de glamour et de luxe pour mieux le captiver.
Un bruit de moteur familier dans l’allée gravillonnée était parvenu à ses oreilles. Presque machinalement elle avait ajusté son allure, laissant choir deux ou trois mèches de cheveux sur ses épaules à demi nues, donnant ainsi à son port de tête une touche supplémentaire de féminité.
Elle avait attendu avec impatiente que le bruit de la porte d’entrée claquant, frappe les trois coups, avant d’entrer en scène, plus langoureuse qu’à l’accoutumée.
« C’est moi », avait-il lancé sans se tourner et sans même l’apercevoir. Tel un automate il avait balancé sa sacoche sur une chaise, près de l’entrée avant d’aller se vautrer sur le canapé, une seule envie au bout des doigts, celle de dénouer la cravate qui l’avait engoncé depuis le matin.
Bien sûr que c’était lui, avait-elle songé à l’écoute de l’anonyme « c’est moi… » Qui d’autre aurait-ce pu être ? Un séducteur de passage ? Un amant en quête d’aventure ? Décidément, toujours le même ! avait-elle songé…
« Je suis crevé, avait-il poursuivi, peux tu me servir quelque chose à boire s’il te plait ? »
Seul le silence lui avait répondu. Quelque peu surpris par ce vide, il se leva et rejoignit la cuisine où s’était réfugiée Camille.
« Eh bien, tu ne me réponds plus maintenant, que se passe-t-il ? »
- « Bonsoir Chéri ! » Et, l’attirant vers elle, elle l’embrassait sur la bouche. Interdit par cette surprenante réaction, il ne répondait que peu et mal au baiser provocateur. Esquissant un sourire de convenance il tournait presque aussi tôt ses talons pour s’en retourner dans le salon et s’y servir un verre abondant de 12 ans d’âge…
Pas un mot sur sa tenue ne sortit de ses lèvres et moins encore sur l’ambiance quelque peu ensorceleuse de la maison. Entre dépit et déception, elle l’avait rejoint sur le canapé et avait allumé une cigarette.
« Tu fumes maintenant ? Je te trouve bizarre toi, que se passe –t-il ?
-Rien, rien qui ne pourrait troubler ta tranquillité mon chéri... rassure toi, puis se rapprochant de lui, aguichante, elle ajouta, à moins que tu ne sois disponible pour…?
-Oh non ! S’exclama-t-il. Ce n’est pas le moment ! J’ai un rapport urgent à rendre demain matin et je ne sais pas par où commencer… D’ailleurs, je ne sais même pas si je pourrai dîner avec toi…»
Déboutée, Camille en proie à un aveugle désir, tenta encore une fois de traduire son refus par : « Je dînerai plus tard une fois mon rapport bouclé… »
Il s’était levé et avait disparu dans son bureau en claquant légèrement la porte, la laissant seule avec ses désillusions. Le scénario avait visiblement échoué et emporté ses désirs vers des horizons lointains, perpétrant ses fantasmes dans son monde onirique.
Après avoir à peine goûté du bout des lèvres le repas de gourmet maintenant devenu froid, elle ne se priva pas à son tour de deux verres de champagne rosé qu’elle avala, assoiffée, avant d’aller se lover sur le canapé. Zappant nerveusement les chaînes câblées, elle essayait, sans conviction, de trouver un programme suffisamment intéressant, susceptible de lui éviter de sombrer dans une somnolence certaine.
Peine perdue lorsque, s’attardant sur l’image d’un orchestre philharmonique, lentement ses paupières se firent de plus en plus lourdes. Elle ne résistait pas longtemps à une léthargie reposante empreinte d’une douce et tiède plénitude sensuelle. Malgré son courageux acte de résistance, elle sombrait dans un sommeil profond, doucement bercée par la musique analgésique du programme télévisé…..
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ntièrement dévêtue, sa nudité bien loin de la confondre, l’avait transportée dans un univers dont jusqu’à ce jour elle n’avait pas connaissance.
Confrontée à la solitude de l’artiste dans sa création, elle s’était imprégnée bien malgré elle des effluves riches en magie qui habitaient l’atelier de l’artiste.
Un panachage d’odeurs enivrantes embaumait la pièce, un mélange aussi savant qu’hétéroclite d’essence de térébenthine, de cire d’abeille et de terre humide .Elle avait frissonné, chargée d’émotions, dans une pause lascive, dévoilant à l’artiste, son intimité féminine, impudiquement, presque provocatrice dans son comportement.
Mais pour autant, inconsciemment, à chaque fois qu’il levait ses yeux sur elle pour la croquer, elle évitait son regard, profondément troublée par l’insistance, artistique certes, avec laquelle son œil plastiquement aiguisé recueillait les moindres détails de son intimité.
Dans ces moments de bouleversante fébrilité érotique, elle donnait à sa vision un angle panoramique, découvrant pêle-mêle sur les étagères poussiéreuses et encombrées, des sculptures de terre ou de bronze, des piles de papiers, des esquisses d’hommes ou de femmes, de couples la replongeant inexorablement au cœur de l’homme qui la déstabilisait.
La luminosité particulière flottant dans cet espace silencieux et calfeutré, mais étrangement peuplé des âmes des œuvres inanimées, l’avait transporté ailleurs dans un monde érotico –sensoriel dans lequel elle devinait la sensibilité à fleur de peau de l’artiste.
Grisée par tous ses sens plus qu’à l’ordinaire aiguisés, enfiévrée par un désir grandissant de détourner le maître de sa création, enveloppée d’une féminité exacerbée par l’inconnu, son corps, sa peau avaient changé se constellant d’une myriade de codes érogènes.
La fièvre dont elle s’était soudain sentie submergée du nu de ses seins jusqu’aux creux de ses reins, l’avait empourprée d’un bien audacieuse teinte, éclairant le vert de son regard d’un reflet aux lueurs concupiscentes.
Elle avait reconnu l’origine de cette sensation dès les premiers indices, comme un présage à de merveilleuses dérives érotiquement illicites .Elle était irrémédiablement attirée par cet homme qu’elle ne connaissait presque pas et l’émotion particulière presque unique qu’il lui renvoyait au travers de son regard d’artiste, un regard qui épousait chacune des ses formes, chaque parcelle de sa peau jusque dans les pétales de sa sexuelle féminité.
Ses prunelles fuyantes s’étaient converties en œillades arrogantes tentant de troubler vainement le professionnalisme de l’interprète artistique de sa silhouette.
Son corps tout entier s’était ému de ce désir attractif incontrôlable déclinant une logique confusion en une troublante mouvance corporelle.
Attentif au moindre mouvement de son modèle, l’artiste l’avait invitée à évoluer dans ce sens là, oui il aimait ses pauses plus enjôleuses.
Dans le silence de l’atelier sa voix l’avait ramenée à la vie mais l’avait aussi accompagnée à plus de détente, plus de suggestives attitudes.
« Oui ainsi, j’aime beaucoup la rondeur de vos hanches ainsi, mais ouvrez un peu vos cuisses, votre main laissez la glisser le long de vos jambes, oui ainsi cambrée, oui j’adooooore ! »
Tous ces mots à peine murmurés l’avaient transportée, elle s’était prêtée au jeu comme une actrice revêt le rôle que lui impose un scénario. Elle aimait le personnage qu’elle devenait, une femme en proie à un désir si présent qu’elle en avait oublié jusqu’à sa nudité.
Elle avait ressenti le regard l’enrober, la caresser, parcourir chaque parcelle de sa peau, imprimant en sons bas ventre une chaleur grandissante, envahissante, étouffante.
Confuse, mais pas réfractaire, ses seins pointés, ses lèvres humides, sa poitrine agitée par une respiration plus saccadée, elle avait sur la demande de son pygmalion, laissé ses mains parcourir son ventre jusque sur son pubis dans l’attente inavouée qu’il vienne remplacer ses doigts par les siens.
Aux abords de ses pétales, de rosée déjà nacrées, elle l’avait regardé presque suppliante de la délivrer de ce douloureux désir qui la dévorait.
Sensible à l’audacieuse, la délicieuse gourmande, il s’était approché, avait délicatement pincé ses tétons lui arrachant des soupirs, la bouche entrouverte, ordonnant à sa tête un soudain égarement en arrière et à ses reins une cambrure exagérée.
Son poult s’était accéléré, une main lui avait saisi les poignées l’arrachant à sa douce ascension vers le plaisir...
« Et bien, Chérie, tu t’es endormie, J’ai fini mon boulot, tu viens allons nous coucher, il est tard, il ne fallait pas m’attendre »
Il avait oublié de dire « C’est moi », pour une fois cela aurait été de bon ton, puisqu’il l’avait enlevée sans le moindre ménagement aux bras de son amant imaginaire ? Il ne pouvait qu’être l’auteur de son rapt de son monde onirique.
Elle l’avait pourtant suivi, résignée, encore frissonnante et humide de son désir pour le maître qui lui avait été arraché subitement.
Son cadre de mari n’avait pas résisté bien longtemps au bras de Morphée, il s’était endormi presque instantanément, sans même prendre le soin de lui souhaiter une bonne nuit.
Résolument omniprésent avait-elle songé, tentant de trouver le sommeil...
Elle avait eu beau adopter toutes les positions propices à l’endormissement, elle n’avait pu réussir à fermer, ne serait-ce qu’une paupière, pensant, repensant au rêve dont elle était à présent hantée.
En songe, toute éveillée, elle repensa à Sylvana, sa meilleure amie qui l’avait entraînée dans cette aventure aussi extraordinaire qu’inattendue dans sa petite vie de bourgeoise bien rangée. Sylvana, avait cette capacité, qui faisait tant défaut à Camille, une désinvolture, un goût pour l’interdit qui l’avait amenée à réaliser des fantasmes auxquels elle, Camille n’aurait même pas songé. Elle était tout à son opposé, grande, les cheveux courts, une allure masculine, mais elle était devenue sa meilleure complice.
Elle repensa au jour où elle pénétra dans l’atelier, où Sylvana la présenta au sculpteur ...
Tous ses souvenirs affluèrent, désordonnés, détaillés, érotisants, au point que définitivement privée de sommeil, elle décidait de se lever pour rejoindre le salon.
Naturellement, comme attirée par un aimant, ou un amant elle s’était dirigée vers la bibliothèque afin de se replonger plus concrètement au cœur du sujet de son émoi.
Elle s’était saisie du fameux livre objet dissimulé au milieu d’autres prestigieux ouvrages d’art entre Man Ray et Gustav Klimt et s’était installée sur le canapé dans le silence de la nuit.
Une chance que son mari ne l’ait pas découvert, lui si encore empreint d’une éducation par trop moraliste, aurait certainement demandé quelques explications au sujet de cette trilogie artistique mais néanmoins érotique.
Une certaine fébrilité au bout des doigts elle avait choisi le livre deux, qu’elle avait effeuillé consciencieusement.
Il lui était apparu, lui, l’homme de ses rêves, son regard planté dans le sien dans la pénombre de la pièce. Comme une révélation de son désir, une troublante fièvre avait pris possession de son ventre, une douce chaleur enivrante l’avait voilée jusqu’à la posséder.
Elle avait continué à feuilleter le livre jusqu’à se retrouver confrontée à son propre reflet.
Son image aquarellée par les mains de l’artiste transcenda ses frissons épidermiques jusque dans ses entrailles, parcourant sans distinction aucune, ses zones érogènes les plus intimes, certaines jusqu’alors insoupçonnées.
A la relecture de la discrète dédicace dont l’aquarelliste avait paraphé son écho artistique, elle s’était reprise à rêver appuyant sa tête sur le dossier du canapé avant que de s’allonger doucement fermer les yeux le regard déjà loin et de s’endormir éreintée mais empreinte d’un érotisme sous- jacent.
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lle avait ressenti un souffle chaud doucement l’effleurer imprimant sur sa peau de délicieux frissons .Dans l’attente d’un baiser audacieux, de la voluptueuse chaleur humide et tactile de lèvres entreprenantes, imperceptiblement sa bouche s’était entrouverte exhalant une haleine suavement érotique, un mélange savant de désir et d’interdit.
Tremblante, frémissante à l’image d’une jouvencelle en passe de découvrir l’émoi que procure un tout premier baiser, elle s’était laissé aller à l’abandon du désir du Maître, une chaleur envahissante dans son ventre.
En tenue d’Ève, la fraicheur de ses mains parcourant sa peau de la base de ses seins jusqu’à son entre cuisse, avaient constellé la douceur de sa charnelle enveloppe de contractions épidermiques délatrices de ses inhibitions, une alliance curieuse d’appréhension et d’envie de luxure.
La bouche de l’artiste était si proche, qu’avant même que sa langue recherche enfin la sienne, elle en avait ressenti les prémices érotiques jusque dans la tiédeur moite de son sexe.
Une porte s’était ouverte accompagnée d’un bruit sourd, mais puissant, l’arrachant douloureusement à ce désir pressant de ressentir sa bouche emprisonnée par une étreinte linguale.
La chaleur corporelle de l’artiste l’avait abandonnée sournoisement, l’obligeant curieusement à entrouvrir son regard pour s’en assurer.
Tristement, elle avait eu confirmation de son intuition, la replongeant soudainement dans l’anonymat du nu artistique du modèle à l’aquarelliste.
L’atelier baignait maintenant dans un océan de lumière épicé de senteurs marines venues de l’extérieur.
Cette trop brusque luminosité envahissant la pièce l’avait obligée à adapter sa vision progressivement, jusqu’a ce qu’elle lui dévoile, à contre jour, une silhouette familière, mais dont elle n’arrivait toujours pas, encore empreinte de l’instant d’avant, à concrétiser dans son esprit altéré par un épicurisme érotique sous-jacent.
Instinctivement, elle avait tenté de camoufler sa nudité. Sa pudeur naturelle avait corrompu cette totale confiance en elle qu’elle avait découverte sous le regard de l’artiste, pygmalion et nouveau maître de ses désirs.
Essayant vainement de percevoir une rationalité dans la situation ambiguë à laquelle elle se trouvait involontairement confrontée, risquant à chaque instant de dévoiler son attirance épidermique pour le sculpteur, dans un dernier sursaut, plissant son regard, elle s’était hasardée à reconnaître l’auteur féminin des chuchotements consécutifs à l’intrusion de la silhouette dans l’atelier.
Les murmures s’étaient faits plus discrets la plongeant inexorablement dans un malaise.
Elle s’était levée en douceur, simulant une fugue, avant que de revêtir le premier vêtement à portée de main qui n’était autre qu’une blouse de l’artiste.
« Tu es nettement moins sexy, ma Chérie, ainsi, pourquoi t’enfuies-tu ?
-Sylvana, c’est toi ?
-Oui, ne m’avez-tu pas reconnue, pas de panique Camille, tu es sous bonne garde, crois-tu que notre amie aurait laissé rentrer ici n’importe qui ?
-Je ne sais pas, je...
-Détends toi ma chérie, le Maître me proposait que nous posions ensemble, qu’en penses-tu ?
-Je n’y vois aucun inconvénient !
-Parfait, tu peux à nouveau te déshabiller ! »
Camille, de la timidité dans son effeuillage s’était dévêtue avant de reprendre la pose.
« Dis moi Camille, je crois ne jamais t’avoir nue auparavant, ta plastique est des plus ravissante »
Cette remarque peu surprenante de la part de son amie et confidente l’avait pourtant troublée au point que son visage s’était légèrement empourpré laissant à nouveau transparaître son innocence en matière d’érotisme
« Ne rougis pas, tu es très belle, foi de Sylvana, et crois moi je m’y connais en beauté féminine »
Elle n’avait pas ou peu prêté attention à cette nouvelle remarque, plutôt occupée à détailler la tenue vestimentaire de Sylvana. Elle, habituellement toujours vêtue de manière sportive, arborait fièrement une robe moulante stricte mais très glamour, encolure américaine, sans manches, étrangement érotisée de deux poignées en satin beige savamment lacées à la manière d’un corset. Cette touche particulière donnait un style personnalisé à la robe par trop austère et par là même une séduction supplémentaire à la femme qui la portait avec élégance.
A l’une de ses chevilles une fine chaîne dorée scintillait sous ses bas- couture noirs dynamisant l’ensemble de la tenue dont la touche finale de la sophistication résidait en ses très hauts escarpins en python rouge. Chaque détail avait son importance !
Camille venait de découvrir une autre femme en son amie, troublante de séduction et d’érotisme, de ces femmes qui font sauter les boutons de braguettes aux premiers regards, mais c’était sans compter sur ses attirances saphiques dont elle avait confié le secret à Camille.
Néanmoins elle s’était déshabillée pudiquement derrière un paravent improvisé avant de réapparaitre juste vêtue d’un serre-taille en satin de la même que couleur que les liens qu’elle avait conservé aux poignets, serre- taille lacée au plus près de son corps donnant à ses reins une cambrure époustouflante accentuée par la hauteur de ses talons aiguilles et à ses seins un orgueil insolent
Ses fesses nues, en exergue, avaient reçu au passage, une claque de l’artiste, assorti d’un « Allez ma belle, en place » qui lui avait valu en retour un regard hautement riche en complicité.
Etrangement, Camille avait ressenti un sentiment dont elle n’avait pas connaissance jusqu’à ce jour, l’interprétant comme de « la jalousie », qu’elle avait camouflé sous un sourire le plus condescendant possible.
Sylvana s’était rapprochée de Camille sous le regard affuté de l’artiste, un regard certes très artistique mais éclairé d’une lubricité dont il ne l’honorait jamais.
Dans son sillage, de troublantes fragrances érotiques se mêlaient indistinctement à l’océan de lumière qui avait envahi l’atelier, rajoutant à l’ambiance une note supplémentaire de confusion dans l’esprit tourmenté de Camille.
Elles s’était doucement laissée transporter dans un univers sensuellement déroutant, étrangement attirée par son amie et confidente .Ses perverses pensées érotiques n’allaient plus au Maître de ces lieux, où bien transgressait-elle ses désirs interdits par projection.
Elle était subjuguée par l’aura de Sylvana, sylphide androgyne dont la taille gainée de noires dentelles, irradiait le plaisir du sexe.
Elle l’avait détaillée de ses petits seins tendus, jusqu’à son sexe finement fendu, juste une lisière camouflant son fruit défendu.
Maître aquarelliste jouissait de la scène qui s’offrait à lui, Camille commençait à savoir lire dans ses yeux .Il aimait ce spectacle improvisé de sa nouvelle modèle découvrant qu’elle pouvait être attirée par une autre femme.
C’était sans compter sur la virtuosité de Sylvana, qui, attentive aux réactions émotionnelles de son amie, en totale complicité érotique avec le peintre, avait commencé à délier ses manchettes pour les passer autour des poignets de Camille, docile et envoûtée par les promesses d’extase que lui suggérait sa complice dont elle connaissait les attirances saphiques.
Il n’y a pas plus jouissif que de donner du plaisir exactement comme tu rêves que l’on t’en procure, lui avait-elle confié. Et puis, avait-elle rajouté, c’est bien connu les amantes émérites sont bien celles qui connaissent parfaitement leur corps pour avoir aimé le corps d’une autre femme.
Ces mots résonnaient dans sa tête, alors que Sylvana, au plus proche de sa peau, son souffle réchauffant les frissons dont son épiderme était constellé, entrelaçait les liens à chacun des poignets de Camille.
« Pourquoi avait-elle murmuré ?
-Je te trouve très belle ainsi juste vêtue de lien, tu en es même troublante ! Peux-tu me faire confiance ?
-Oui j’ai une entière confiance en toi !
- Alors tourne-toi, mets-toi à genoux et écarte tes cuisses !
-Mais...
-Me fais tu confiance ou pas ! Obéis ! Oublie ta pudeur, offre ton impudeur à l’artiste, il saura, sur le papier, capter l’instant érotique dont il est si friand »
Elle s’était exécutée, mi effrayée, mi attirée par tant de lubricité pour une simple séance de pose artistique. Son sexe en était déjà nacré de quelques gouttes de nectar auxquelles Sylvana n’était pas restée indifférente.
Elle avait jeté un regard en coin au Maître avant de réclamer à Camille ses mains dans le dos.
« Que fais-tu, avait questionné Camille affolée
-Tu le vois bien, je t’attache, tout doux ma belle, avait-elle poursuivi en posant des baisers à la base du cou de Camille. Camille j’ai envie de toi, oublie l’artiste, il n’a qu’une vision esthétique de nos corps attirés »
Totalement dépourvue de vêtement, Camille fut rapidement sous l’emprise de Sylvana qui ne résista plus très longtemps à l'envie de caresser ce corps offert à sa gourmandise.
Promenant ses mains sur la cambrure de ses reins juste aux dessous de ses mains, elle avait électrisé Camille disséminant sur son corps une constellation de tremblements délateurs de sa dérive saphique !
Le désir de Sylvana était tel qu’avant même son consentement elle l’avait doucement aidé à s’asseoir sur un promontoire, avant que de se mettre à genoux et de lui écarter les cuisses, de la gourmandise dans le regard.
Etait-ce l’exhibitionnisme de la situation ou le fait de se laisser porter par ses désirs interdits, Camille avait fermé ses yeux pour jouir pleinement de la bouche de Sylvana, qui, avec une dextérité surprenante, lui faisait découvrir un plaisir inconnu.
Inconsciemment elle revivait, en mémoire, les infinies scènes d’amour saphiques dont elle avait rêvé sans jamais se l’avouer.
La voix de Sylvana, plus forte, plus directrice, l’avait faite sursauter. Elle exigeait d’elle, indifféremment, qu’elle la regarde agir, ses yeux orientés vers ses doigts et sa langue, puis qu’elle plonge son regard dans celui de l’aquarelliste dont elle pouvait lire l’émotion de moins en moins artistique.
Il ne faisait plus barrage à sa dérive, contre toute attente, elle jouissait de son regard voyeur.
Accompagnant son plaisir, ses mains plantés dans la blonde chevelure de Sylvana, elle avait orienté ses désirs obligeant sa partenaire à doser la pression de sa langue sur son bouton d’amour, à maîtriser ses mouvements en boucle, à la laper dans la tiédeur de son intimité.
Elle n’avait relâché sa pression que lorsqu’elle se sentit partir dans sa bouche.
Quant à Sylvana au faîte de son talent, submergée du plaisir que lui procurait l’éjaculation féminine de son amie, elle s’était désaltéré de son nectar puis s’était relevé et l’avait embrassée à pleine bouche.
Un vrai bonheur riche et intense l’avait envahie, une extase au parfum unique, son regard fuyant, cherchant bien inconsciemment une complicité lubrique dans celui de l’artiste émerveillé par tant de beauté au féminin.
Les liens entravant ses poignets étaient bien trop serrés, lui procurant des fourmillements annonciateurs d’une main morte ....elle s’était réveillée, essoufflée, son sexe humide et chaud et l’une de ses mains à moitié endormie, par trop coincée sous un des coussins du canapé.
Mais encore excitée par son rêve érotique, elle avait glissé sa main alerte, entre ses cuisses moites, recherchant à concrétiser son orgasme onirique.
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mportée par un plaisir solitaire foudroyant dont elle eut du mal à retenir l’expression orale, elle s’était laissée aller nonchalamment à la délivrance de ses désirs chimériques jusqu'au bord du sommeil qui l’avait emportée au fin fond d’un monde douillet.
Les premiers rayons de soleil s’immisçant dans la pièce l’avait arrachée à sa torpeur.
Un instant, elle avait perdu tout repère et son esprit lui avait imposé un questionnement légitime...
Mais que faisait- elle, nue, dans le canapé du salon alors que son mari dormait paisiblement au premier étage ?
Une fraction de seconde, elle avait songé à une dispute, mais sa perspicacité et sa finesse d’esprit eurent tôt fait de mettre un terme à toute équivoque.
Elle se souvenait parfaitement de l’enchainement des événements de sa nuit mouvementée. Un rêve puis, sa fuite du lit conjugal pendant la nuit, un nouveau songe plus torride consécutif à l’effleurement des pages du livre objet.
L’artiste la hantait depuis leur rencontre sans qu’elle puisse parvenir à se défaire de cette possession, l’obsédait tant et tant qu’elle avait ressenti le plaisir de l’orgasme en songeant à lui.
Une soudaine culpabilité l’avait envahie. Dans le silence de la maison encore endormie, elle avait rangé le livre coupable avant de rejoindre son mari sous les draps.
Elle avait tenté une tendresse, une caresse, peut être une tentation, que son époux, engourdi de sommeil, avait accueillie avec un grommellement réfractaire à toute fusionnelle dérive érotique.
Loin de lui en vouloir, cet involontaire refus l’avait rassurée, car ses envies matinales auraient pu la confondre .Confondue elle ne tenait pas à l’être car en une seule nuit, elle avait vécu en songe une sexualité troublante, déviante, la sexualité dont elle avait toujours rêvé sans jamais se l’avouer.
Elle n’avait plus qu’une hâte, le départ de son mari, afin qu’elle puisse joindre Sylvana, lui raconter en détail sa nuit fort agitée avec la ferme intention d’amener son amie, à lui faire vivre avec la même intensité ses envies luxurieuses…et au-delà ,de faire de l’artiste leur Maître de plaisir au royaume de la lubricité.
Il était temps de vivre avant que de faner, toute culpabilité l’avait quittée …
© 2009 Mysterieuse
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