De retour à l’hôtel, elle s’était étendue sur le lit. La chambre était coquette dotée d’un petit balcon sur l’effervescence parisienne. Un de ses plaisirs favoris était de prendre son petit déjeuner, non pas en communauté, mais sur la terrasse de sa chambre, quelle que soit la saison. Un bien étrange caprice en vérité quand on a le privilège de vivre au soleil la plupart du temps.
Elle s’était endormie relativement vite occultant tous ses rendez-vous …la sonnerie de son portable l’avait arrachée à sa torpeur …
« Allo Mam, je suis désolée, je ne pourrais pas manger avec toi ce soir, une soirée de dernière minute …
-Oh pas grave, j’avais d’autres projets, j’allais t’appeler un peu plus tard
-Tu manges avec Fred ….
-Oui c’est çà je dîne avec Fred, tu le connais il ne rate jamais une occasion à chacune de mes venues à Paris. »
Sacrée menteuse devant l’éternel …
- Passe-lui mon bonjour, on se voit demain ….Désolé. A plus tard Mam !
- Aucun souci ! A demain Ju »
A peine avait-elle raccroché, que le téléphone de la chambre résonnait.
« Pardonnez moi, une jeune femme me dit avoir un rendez-vous avec vous, dois-je la faire monter ou bien …
-Non, dites lui que j’arrive, avez-vous un endroit paisible où nous pourrions discuter tranquillement.
-Oh oui, le salon bibliothèque à l’arrière de l’hôtel, ou dans la cour intérieure, à cette heure-ci les clients sont en extérieur.
-Ok, je descends »
Déjà 16 heures le temps passait beaucoup trop vite …
Elle découvrait Virginie, la jeune journaliste ave qui elle avait eu un entretien téléphonique quelques jours auparavant. Elle était bien plus jeune qu’elle ne l’aurait imaginée, mais tout aussi sympathique que la première impression.
Elles s’étaient installées dans la bibliothèque et avaient conversé longuement .A vrai dire Lou avait été surprise par la naïveté de la journaliste qui avait une vision bien peu réaliste de la sexualité du XXI ème siècle. Mais Virginie avait à peine l’âge de son fils, cet âge entre vingt et trente ans où l’on se croit sexuellement mâture et où l’on a tout à apprendre de la vie. La jeune chroniqueuse notait chacune des explications que Lou lui donnait, les yeux parfois écarquillés par tant de sincérité .Pour lui exprimer les méandres d’une sexualité débridée, elle lui avait donné pour exemple la rencontre qu’elle venait de faire deux heures avant et des dérives incontrôlables que cela avait entrainé dans l’immédiat.
« Ne me jugez pas
-Je ne vous juge pas Vous me sidérez, avait déclaré la jeune journaliste, je vous admire, en fait je crois que je vous envie, personnellement j’ai juste une sexualité basique avec mon copain
-Ne m’enviez pas …moi j’envie votre jeunesse, à chacun sa jalousie, mais n’oubliez pas le plaisir n’attend pas le nombre des années .Greffier, ne notez pas cela, avait-elle rajouté en riant, c’est juste un conseil amical !
-Bon je crois que vous m’avez bien aidé, êtes-vous toujours sûre de ne pas vouloir participer à l’émission ?
-Sûre et certaine, je préserve mon identité, j’aime l’anonymat, il vous permet des dérives.
-Bon je vous remercie, bonne soirée donc, appelez-moi quand vous le souhaitez, j’aimerai approfondir notre relation.
-Entendu »
Elles s’étaient embrassées, chacune retournant à ses occupations.
Il devait être aux alentours de dix huit heures, elle avait encore tout le loisir de se glisser dans un bain chaud, puis de s’apprêter, de revêtir ses atours de femme fatale , sans savoir pour autant si Benoit était friand de lingerie dont elle, Lou , était fétichiste , tout autant que des chaussures à talons aiguilles .Peu importait le prix , elle ne résistait jamais à une paire d’escarpins , et sa passion pour les Louboutin était sa dernière folie.
A qui destinait-elle la lingerie qu’elle avait emportée dans ses bagages, à personne exclusivement, mais pourtant à chacun de ses déplacements sur Paris elle n’omettait jamais de glisser au milieu de ses tenues une belle pièce de lingerie…
L’occasion lui était donnée, ce soir, de féminiser sa silhouette plus que d’ordinaire et de jouer de sa séduction pour une soirée, peut être une nuit qu’elle espérait magique.
Elle avait ajusté son tailleur noir et cintré à son buste ceinturé d’un serre taille dont elle avait pris soin de resserrer les lanières au maximum. Cela lui donnait un port de tête et une silhouette plus légère dont les secrets ne demandaient qu’à être découverts.
Elle aimait suggérer l’exploration à ses amants, et à en juger par la brève rencontre de ce soir, il devait être de ceux qui aimaient la provocation. On ne drague pas ainsi une femme impunément sans songer qu’elle puisse vous offrir une sensualité hors du commun.
Mais trop imbibée des histoires qu’elle écrivait, elle était très souvent déçue à chacune de ses aventures, si rares soient-elles …
Elle avait aimé le classicisme de Benoit, son allure de sportif mondain, à tel point qu’elle avait douté de sa profession, lui octroyant une branche moins artistique, sans pour autant lui attribuer une catégorie professionnelle. Il devait aimer le luxe et tous ses dérivés, aimer les apparats du libertinage, le clandestin des situations érotiques …
Elle allait être vite fixée…le téléphone résonnait à nouveau
« Madame, un Monsieur vous attend à l’accueil…
-Dites lui de monter …
-Bien Madame ! »
Elle avait enfilé un manteau léger.
Trois légers coups à la porte de la chambre avaient annoncé son arrivée.
« Vous êtes ravissante, pouvons-nous y aller ?
-Je suis prête !
-Je suis très mal garé Place de L’Odéon, la contredanse me guette »
Quelques minutes plus tard, elle s’engouffrait dans une merveilleuse berline dont elle n’eut pas le temps de découvrir la marque.
A peine avait-elle posé ses fesses sur le cuir du siège passager que Benoit lui tendait un masque de dentelle.
« Pourquoi ce masque, j’aime Paris la nuit, pourquoi m’en priver ?
-Nous allons chez moi, je ne tiens pas vraiment à ce que vous sachiez ou c’est !
- Que craignez-vous, un scandale amoureux, vous ne risquez absolument rien avec moi, je ne suis que de passage
-Et puis aussi vous savoir à ma merci…aiguise mon appétit
-Alors, promettez- moi de me l’ôter à notre arrivée
-Bien sûr, je ne suis pas un sadique
-Allez savoir, je vous connais à peine »
Elle ajustait le masque de dentelle et se laissait emporter dans la nuit parisienne, ses désirs accrus par l’orientation perverse que prenait la situation…
Lou se rappelle encore de l’odeur du véhicule, un mélange particulier de cuir sauvage et d’Habit Rouge de Guerlain, un parfum qu’elle attribuait systématiquement à des chefs d’entreprises ou des cadres supérieurs de la finance, mais sûrement pas à un littéraire. Chaque parfum marque son empreinte et elle aimait les deviner et ne se trompait que rarement. Plus de vingt heures, il ne lui a toujours pas fixé de rendez-vous, ne lui a pas donné l’adresse du dernier hôtel qu’il a choisi .Elle regarde sa montre, vérifie sa messagerie, pas une trace, pas un signe. Il l’aurait prévenue s’il avait annulé…L’inquiétude la gagne, et si il avait décidé de ne plus la revoir...
ben dites donc, j'avais déjà oublié que nous étions dans un flash-back, au début, je voyais vos images en sépia et la couleur était parfaitement revenue... espérons qu'il ne donne pas de nouvelles trop tôt pour qu'elle se replonge dans ses souvenirs...
Allez-y fermez les yeux, rappelez-vous l'odeur du cuir et de Guerlain mêlés, le ronronnement du moteur de la BM, le roulis des virages et le grain de la route, la pesanteur du silence qui en disait long sur la proche tournure des évènements, les idées de soirées libertines déguisées en personnages de la comedia del arte, nus sous des capes et assistant à une scène de sacrifice humain aux sabres des convives affamés...
Rédigé par : The Blade | 24 septembre 2009 à 14:06
A The Blade:Quel compliment Blade ,si j'arrive à vous faire oublier quelque chose,vous si attentif au moindre des détails...Je me rappelle de l'odeur du cuir ...mais était-ce une BM...W pour les intimes...je me rappelle du mystère de la soirée...mais rien ne laissait augurer la suite...!
Rédigé par : mysterieuse | 26 septembre 2009 à 23:05