Alors que Prisca rejoignait Chrys et Maxance, leur déposant au passage et respectivement un baiser sur les lèvres, Mathilde interrogeait Benjamin sur son voyage et ses impressions quant au séjour qui l’attendait.
« Alors Ben, as-tu fais bon voyage ?
-C’est tout ce qui t’intéresse ? Pourquoi ne me dis-tu pas « Je suis si heureuse que tu sois là »
-Je suis contente, c’est vrai, mais surtout pour toi ! »
Il ne relevait pas, sachant d’avance qu’il n’obtiendrait aucune déclaration délicate de sa chère et cruelle Mathilde. Il tentait pourtant un baiser sauvage qu’il se voyait refuser avec politesse.
« Non s’il te plait, pas de démonstrations outrageantes ici devant Maxance et Christopher. Un minimum de correction s’impose, ne crois-tu pas ?
-Leurs regards te dérangent –il ? Prisca n’a éprouvé aucune gêne à les embrasser…
-Prisca fait ce qu’elle veut et moi aussi
-Bonjour l’accueil, si j’avais su…
-Tu ne serais pas venu, c’est ça ! C’est une idée de Chrys, pas la mienne, mais sois en sûr je suis ravie que tu sois là ! »
Elle s’était radoucie tout à coup et s’était laissé entrainer vers la maison par le bras de Ben, glissé le long de ses hanches.
Le bagage de Benjamin trônait encore dans l’entrée. De toute évidence, il y avait peu de temps qu’il était arrivé ou du moins peu de temps qu’il avait rencontré Chrys. Elle ne posait aucune question à ce sujet, ses sens toujours en alerte, toujours en quête d’une explication spontanée qui arriverait à point nommé.
« Lorsque je suis arrivé, j’ai été accueilli par Maxance, il est charmant cet homme là
-Effectivement, je le trouve très charmant aussi.
-Tu le connais bien ?
-Pas vraiment, mais l’image qu’il me renvoie de lui me donne envie de le connaître plus intimement ?
-Que veut dire ce « plus intimement » ?
-Jaloux ?
-Jaloux, pas du tout, j’ai compris que plus je serais possessif, plus je te perdrais
-A la bonne heure, voilà que tu deviens raisonnable !
-Et donc « plus intimement » ?
- Et bien ses goûts, ses préférences, ses plaisirs, ses désirs …enfin tu vois tout ce qui fait la personnalité de chacun.Sais-tu qu’il est musicien ?
-Non, photographe m’a-t-il dit
-Et bien il joue merveilleusement du piano »
Ce disant elle avait entrainé Ben vers la salle de musique puis s’était installée au piano, entamant, de ses doigts agiles, un morceau choisi de Chopin.
Il connaissait son adoration pour Chopin, mais ne savait pas et n’avait jamais soupçonné qu’elle puisse aussi bien jouer du piano.
Subjugué par sa virtuosité et sa pluralité musicale, il n’avait plus pour elle que les yeux de l’amour et du désir. Il la connaissait si peu finalement, il venait subitement d’en prendre conscience.
Il se plaçait derrière elle et regardait un long moment ses doigts parcourir le clavier et sa tête s’agiter doucement au rythme des notes qu’elle créait .Son regard se portait naturellement sur sa nuque et la rondeur de ses épaules .Ses cheveux remontés en chignon donnaient une féminité supplémentaire à son port de tête déjà si gracieux. Cette douce ligne particulière courant de la base de son oreille jusqu’au creux de sa salière était devenu une véritable obssession.Il y tentait une caresse, accueillie sensuellement par Mathilde qui n’en abandonnait pas pour autant les touches blanches et noires.
La caresse s’était faite baiser, puis morsure, une main de Benjamin s’était égarée sous le débardeur, avait retrouvé la douceur de ces petits seins fripons dont il était si friand.
Mathilde avait fermé les yeux à peine avait-elle ressenti l’effleurement, avait lutté un court instant pour ne pas succomber aux tendresses tactiles dont Ben l’accablait amoureusement.
Enfermée entre musicalité et érotisme, elle glissait doucement vers cet instant unique où elle fermerait le clavier avec empressement, où elle se lèverait, se retournerait et collerait goulûment ses lèvres sur les siennes. .Elle aimait cette nouvelle tendance à l’initiative de son jeune amant, lui, jusqu’alors soumis au moindre de ses désirs, allant jusqu’à espérer qu’il interrompe son exutoire musical cruellement.
Ce qu’il fit …soudainement !
Il l’arrachait à sa dévotion pour Chopin, alors que sous ses caresses de plus en plus appuyées, Mathilde laissait tomber sa tête en arrière, sa respiration sensuellement accélérée.
La soulevant du tabouret comme on emporte un enfant dans ses bras, il l’éloignait de l’instrument avant de la reposer au sol.
Puis il en refermait solennellement le pupitre, puis le couvercle sur lequel il installait Mathilde.
Troublée par la dévotion charnelle que Ben lui prêtait impulsivement, elle se laissait ôter le débardeur oubliant l’indécence de la situation.
Lorsque les lèvres de Ben enveloppaient ses tétons durcis par le désir, une mer de frissons parcourait tout son corps de la bordure de ses lèvres jusqu’à son sexe au diapason de l’érotisme des circonstances.
Alors qu’elle en perdait toute vision, ses yeux mi clos en demi-fente, elle ne retenait plus quelques gémissements délateurs de ses égarements.
Perdue dans ses divagations riches en sensualité, dans la nébuleuse de son aliénation, elle entrapercevait dans l’embrasure de la porte un regard masculin qui ne lui était pas indifférent.
Maxance se délectait de cet instant particulier où une femme en proie au désir, décline inexorablement dans la recherche du plaisir.
Cette intrusion illicite l’avait inconsciemment pervertie. Elle s’était faite soudain plus féline, et déliant ses cheveux, du vice dans le regard, elle avait affronté de plein fouet celui Maxance.
Ce n’était plus celui d’un esthète, mais bien celui d’un homme charnellement attiré par une femme.
Au jeu de la perversion elle se prêtait dans l’impudeur, avant que de se reperdre dans le flou, sous les douces morsures dont Benjamin honorait ses seins tendus.
Lorsqu’elle recouvrait ses esprits Maxance avait disparu aussi discrètement qu’il était apparu. Elle avait adoré son ingérence défendue et s’était perdu un instant dans un océan fantasmagorique.
Benjamin n’avait rien vu, rien soupçonné.
Il avait juste murmuré « tu m’as manqué », avant que Mathilde ne mette délicatement un terme à leur étreinte.
Elle s’était revêtue, avait quitté avec légèreté le piano, puis avait donné un léger baiser à Ben.
« Je crois qu’il est temps que je te montre ta chambre…
-Notre chambre, tu veux dire !
-Hors de question Ben, il y a ici suffisamment de pièces pour que nous ayons chacun nos appartements.
-Tu as l’art des douches froides, je ne serais pas étonné que tu aies obtenu un diplôme de « garcitude » avec mention spéciale du jury
-Question de convenance Benjamin, je suis ici en vacances dans la maison qui fut jadis la notre à Chrys et moi…tu vois je ne suis pas si garce que tu l’entends.
-Question d’appréciation !
-Bon, alors me suis-tu ou pas ?
-Ai-je le choix ?
-Pas vraiment ! »
Benjamin se consolait de cette décision irrévocable en songeant qu’une intrusion dans la chambre de Mathilde à l’heure de la sieste ou en pleine nuit pourrait s’avérer des plus excitantes.
S’armant de son bagage, il la suivait jusqu’au premier étage, puis dans le long corridor où il croisait au passage Maxance à qui Mathilde lançait dans l’insouciance« Tout va bien Maxance » auquel il répondait « De mieux en mieux »
« Voilà tes appartements Ben »
Elle ouvrait la porte, au même instant Prisca sortait de la chambre contiguë à celle de Ben.
« A plus tard cher voisin lançait-elle au jeune homme en assortissant sa phrase d’un clin d’œil adolescent »
Intérieurement Mathilde se réjouissait de la complicité dont Prisca venait de lui faire démonstration.
« Je te laisse t’installer, Ben. Prisca attends moi, j’ai quelque chose à te montrer »
Alors que Ben défaisait son bagage, il avait entendu les rires féminins fuser depuis la chambre de Mathilde, sans se poser plus de question.
"Lorsqu’elle recouvrait ses esprits Maxance avait disparu aussi discrètement qu’il était apparu. Elle avait adoré son ingérence défendue et s’était perdu un instant dans un océan fantasmagorique"
J'adore cette phrase qui en dit bcp il me semble. Ingérence défendue ... et pourtant.
Rédigé par : X-Addict | 05 août 2009 à 06:33
Je lis ces pages avec infiniment de plaisir.
La subtilité de l'évocation rejoint avec élégance les évocations les plus charnelles sans jamais abandonner le mode de la suggestion...
Plutôt imaginer, suggérer, que dire et désigner!
Un régal que ce passage "musical" sur un air de Chopin...
J'attends la suite!
Bravo
Rédigé par : Atesrimesj'aspire | 07 août 2009 à 23:15