Mathilde redescendait l’escalier quelques instants plus tard. Elle avait revêtu une tenue plus appropriée, plus confortable qu’une robe citadine qui n’avait plus vraiment qu’une utilité futile à la campagne. Arborant cependant de façon toujours élégante le sportwear d’un jeans 501 et d’un débardeur blanc, elle avait traversé la grande salle du rez-de chaussée pour rejoindre le perron et plus loin Chrys qui l’attendait sagement installé à table sous le grand tilleul.
Mais musicienne dans l’âme, elle n’avait pu déroger à la règle de tenter une incursion dans le grand salon de musique d’où s’échappaient quelques mélodieuses mélopées aux résonances pianistiques.
Qui pouvait donc jouer du piano ? A moins que ce ne soit encore un détail de bienvenue de Chrys à son égard auquel cas, il aurait opté pour un concerto pour violoncelle.
Elle avait tenté un regard volé dans le salon, camouflée derrière l’embrasure de la porte, mais s’était vite éclipsée.
Un homme, un inconnu s’adonnait aux plaisirs musicaux, dans cette solitude particulière dans laquelle les musiciens, dignes de ce nom savent s’enfermer. Elle avait repéré au passage un de ses violoncelles trôner au milieu de la pièce à sa place habituelle.
Pour cela aussi, elle avait toujours beaucoup de tendresse pour Chrys, pour le respect qu’il vouait à sa passion pour la musique. Finalement à bien y songer, il y a toujours une partie de bon, même dans le plus machiavélique des sujets. Elle était toujours récompensée de son altruisme débordant et sa nette tendance au pardon en était la preuve irrévocable.
Elle rejoignait Chrys, sans plus de questions se poser, elle apprendrait bien assez tôt qui était l’étrange personnage qui jouait merveilleusement bien de l’instrument à corde.
Chrys l’accueillit avec un grand sourire, un verre de vin rosé à la main qu’il lui tendit, avant de se servir son jumeau. Il l’invita à trinquer à son séjour ! Les verres tintèrent en s’entrechoquant, les sourires s’échangèrent tendrement, et Mathilde prit place face à son ex-mari !
« Pourquoi veux-tu m’épargner du galbe délicieux de tes longues jambes, tu étais délicieuse en robe !
-Merci pour le compliment, mais ce n’est pas parce que j’ai succombé trop vite à tes talents de butineur, que je vais récidiver avec toi
-Qui te parle de récidive ? N’as-tu pas aimé ?
-Te dire non serait mentir, c’est juste que ...Que...tu ne m’avais pas dit que tu avais une nouvelle amie. Au passage, très, très belle !
-Merci je n’en suis pas peu fier !
-Fier ! Comment peux-tu parler ainsi ?
-Elle est peu farouche en vérité et si docile, elle n’est là que pour mon plaisir !
-Mais tu es un monstre !
-Oui, c’est bien pour cela que tu m’as quitté !
-En partie, oui, mais elle aurait pu nous surprendre .Sait-elle qui je suis ?
-Absolument !
-Et elle ne dit rien ?
-Elle n’a rien à dire ! »
Outrée par l’arrogance de Chrys, Mathilde avait fait démonstration d’un visage frondeur auquel il avait répondu par un grand éclat de rire !
Non seulement il était odieux, mais en plus il devenait moqueur. Elle s’apprêtait à manifester sa désapprobation quand le pseudo musicien était apparu.
Avec un accent aux tonalités germaniques, il s’était adressé à Chrys
« Savez-vous où est Prisca ?
-Elle vous attend à l’atelier je crois et n’oubliez pas les accessoires
-Ok, ok, ils sont déjà en place ! »
Puis il s’était échappé.
Chrys s’était beaucoup amusé de la réaction de Mathilde, qui ,le regard exagérément écarquillé, s’était levée pour quitter la table
« Je crois que cette fois c’est trop .De là à ce que tu me demandes d’aller faire une sieste crapuleuse avec ta copine et le musicien, il n’y a qu’un pas »
Il l’avait saisie par la poignée et l’avait arrêtée dans sa fuite !
« Assieds toi, je vais t’expliquer !
-Il n’y a rien à expliquer, tout est dit !
-Hey tigresse, ne suis-je vraiment qu’un monstre pour toi ? Je t’ai fait marcher !
-Tu culpabilises, c’est tout !
-Pas du tout ! Voilà Maxance est photographe et m’a loué l’atelier et deux chambres pour une petite semaine. Prisca est le modèle .Tu comprends mieux maintenant !
-Oui tu es un monstre ...de m’avoir laissé supposer que ... »
Il avait beaucoup ri de sa supercherie.
« J’aime mieux cette version. Mais malgré tout, il faut avouer qu’elle est très belle
-Alors, Ma Chérie, si elle te plaît ne te gênes pas, elle aime beaucoup les femmes, après tout, elle ne serait pas ta première expérience !
-C’est du passé tout ça, je me suis rangée aujourd’hui !
-Oui j’ai vu cela quand tu jouissais tout à l’heure »
Elle n’avait pu réprimer son indignation et avait asséné un coup violent sur la cuisse de Chrys !
Il aimait ses colères impulsives et comme pour faire monter la pression, il avait rajouté :
« Et qu’as-tu fait de ton jeune amant, il garde l’appartement et Mozart ?
-Mozart est chez la concierge, quant à Ben...
-Alors, dis moi c’est bon de se faire baiser par la jeunesse ?
-Ça suffit Chrys !
-Ok, ok, nous n’allons pas nous disputer le premier jour. Et puis j’aime bien ton minou !
-Chrys, je te jure, une parole de plus et...
-Viens ici ma belle »
Il l’avait attirée à lui et lui avait posé un baiser sur le front ! Lui, il savait combien il aimait encore cette femme qu’il avait tant fait souffrir à cause de sa concupiscence égoïste.
Le tendre baiser avait rassuré Mathilde qui s’était rassise.
« Pourquoi n’invites-tu pas ta récente conquête, comment s’appelle-t-il déjà ?
-Benjamin !
-Donc pourquoi ne pas inviter Benjamin à passer quelques jours avec nous ?
-As-tu encore beaucoup d’aussi bonnes idées ?
-Pourquoi pas après tout ?
-Il n’acceptera pas !
- Appelle-le ! Tiens ! »
Il lui tendait le téléphone !
« Plus tard tu veux bien, et puis je n’ai pas son numéro en tête
-Tu sais à quel point j’aime cette maison quant elle est pleine de monde, et puis la jeunesse nous fera du bien
-Ok, j’y réfléchis »
Ils avaient déjeuné frugalement, parlant de tout et de rien, jusqu’à ce que Maxance les rejoigne.
Il s’était présenté poliment à Mathilde
« Mes hommages, Madame, Chrys n’avait pas exagéré, vous une femme très belle
-Chrys ?
-Oui c’est moi !
-Ne lui en voulez pas c’est un esthète !
-Un esthète ? C’est ainsi que vous le voyez, pourquoi pas !
-Ce serait un honneur pour moi de vous photographier !
-Quel genre de photos ?
-Celui que vous désirez. Vous êtes violoncelliste je crois, je suis moi-même musicien, alors pourquoi pas avec votre instrument.
-L’idée est séduisante
-Vous aussi »
Il lui tendit une main cordiale pour pactiser l’accord, poigne qu’elle serra franchement.
« Disons demain, en fin d’après midi pour la lumière »
Lorsqu’il s’éloignait, elle suivit longtemps sa silhouette.
Il ne fallut pas longtemps à Chrys pour comprendre que Mathilde était sous le charme du photographe mélomane.
A la vérité, il n’était pas mécontent que son ex épouse soit attirée par un homme qui correspondait mieux à sa forte personnalité
La jeunesse n’avait ceci de bon que l’endurance et la naïveté, pour le reste à ses yeux, elle n’était qu’un leurre cherchant à palier à un manque de maternité et plus simplement un manque affectif.
A suivre...
A suivre...
C’est bizarre, musicalement, même mélodieux, il me semblait qu’une mélopée n’était pas quelque chose de très séduisant… mais je me trompe peut-être…
Allez, la petite faute du jour : « j’aime cette maison quant (??!?) elle est pleine de monde », ça se passe de commentaire !! (rire démoniaque)
J’aime bien la façon dont vous traitez les relations d’ex-amants. Cette semi complicité une sorte d’amour/haine entretenu par une volonté de ne pas retomber dans les erreurs d’antan. Une complicité qui ressemble plus à de la fraternité qu’à une relation maritale, c’est marrant. Non, je ne décortique pas…
C’est marrant aussi, je connais un Maxence (mais c’est avec un e) qui habite maintenant dans le sud, vers Cannes je crois, et qui aimait bien la photo, je ne sais pas s’il n’en a pas fait une activité professionnelle… mais il serait trop jeune à votre goût, trop naïf (l’endurance, désolé, mais je ne le connaissais pas assez…)
L’arrivée de l’artiste énigmatique, figure emblématique de vos nouvelles, apporte de nouvelles perspectives à ce récit… Poussera-t-elle le vice jusqu’à inviter aussi son jeune éphèbe pour une entrevue générale aux allures d’orgie romaine ??
La chaleur monte déjà et ça ne va pas aller en s’améliorant…
Rédigé par : The Blade | 29 juin 2009 à 10:31
A The Blade:je vais finir par vous enrôler comme mon correcteur officiel...A la vérité ma phrase fut tronquée,il fallait lire "quelques mélodieuses mélopées sur des notes aux résonances pianistiques."
Pour le quand...impardonnable!
Maxance avec un A est un prénom allemand!
A suivre...
Rédigé par : Mysterieuse | 29 juin 2009 à 11:49
je suis tombé un peu par hasard sur votre blog, et je suis sous le charme !
A bientot - Christopher
Rédigé par : Christopher | 29 juin 2009 à 22:34
A chistopher: étrangeté des situations ou pseudo adapté .Christopher est bien le prénom d'un de mes acteurs.Que le charme opère, revenez , vous êtes ici chez vous et merci pour le clin d'oeil! A bientôt!
Rédigé par : Mysterieuse | 01 juillet 2009 à 11:52