Lorsque Pierre, mon meilleur ami et confident me proposa de me rendre à Marrakech à sa place, afin de récupérer les clés de son Riad enfin achevé, je n’acceptais pas tout de suite.
Mais compte tenu de son insistance et de sa force de persuasion, après réflexion, on ne refuse pas un voyage quel qu’il soit tout frais payés à l’étranger, je révisais mes considérations.
« Ma Chérie, accepte, non seulement tu me rends service, mais en plus, tu verras Mehdi, est un homme charmant, un architecte passionnant et passionné, tellement serviable .je suis sûr qu’il est prêt à te faire vivre son pays, celui des mille et une nuits, à t’offrir un séjour de rêve.
Et puis, pourquoi te le cacher, il est très séduisant, je dirais même très beau, d’origine berbère !
-Chercherais-tu à me faire vivre une aventure extraordinaire ?
-Je crois que tu as besoin d’évasion, et de nouveaux horizons, ton échec sentimental te hante, un peu de chaleur ne peut que panser tes plaies encore béantes ...
-De quelle chaleur parles-tu ?
-La chaleur Marocaine, humaine et climatique ....tu ne peux refuser, j’ai déjà pris ton billet et je t’ai réservé une chambre pour la première nuit dans un hôtel. Par la suite tu prendras possession des lieux, non sans me faire un compte rendu, tu peux y rester autant que tu veux. Qui sait, peut être l’atmosphère t’inspirera-t-elle de nouvelles écritures !
-Qui sait, peut-être me reposera-t-elle l’esprit. Tu as raison ce séjour arrive à point nommé, c’est ok pour Marrakech »
Pierre avait raison...Cette idée géniale de me faire voyager, je le soupçonne à présent d’une entremise pas anodine, afin de me faire oublier mes amours scandinaves dévastatrices...
Sa démarche me sidéra autant qu’elle m’enthousiasma, et les jours suivants s’envolèrent à une allure vertigineuse. Je préparais mes bagages, annulaient mes rendez-vous et fantasmais.
Quel homme allais-je rencontrer ? Je me refusais de l’imaginer de peur d’être déçue, faisais confiance à mon ami qui me connaissait mieux que personne.
La mission dont il m’avait chargé ne m’apparaissait plus que secondaire, totalement investie par un désir de séduction dont je ne faisais plus guère démonstration depuis trop longtemps.
Je suis dans l’avion, sur le point d’atterrir, entre crainte et excitation...
Je présente mes papiers, passe la douane, rien à ajouter, sinon une folle impatience féminine de découvrir le pays, chaperonnée par un homme dont je ne connais que son prénom et sa gentillesse à en croire Pierre.
Un peu défaite par le voyage, l’attente, l’avion, je remets de l’ordre dans mes cheveux, retouche mon maquillage, en espérant sait-on jamais, que, dans le hall de l’aérogare, comme dans tous les halls du monde, une pancarte, parmi les panneaux annonceurs, affiche mon nom.
Je fouille l’assemblée du regard, mais ne repère personne espérant après moi parmi les cartons des Agences de Voyage ou les calligraphies dont je ne connais pas la signification.
Quelle stupidité d’avoir présagé que mon chaperon vienne m’accueillir à l’aéroport, à croire que l’intuition féminine n’est qu’une légende idiote.
Dans le sillage des passagers quittant l’aérogare, avec pour seule compagnie, ma petite valise à roulettes, je quitte l’endroit, mon esprit inverti par mes désillusions.
Pierre a surestimé la chaleur climatique, il ne fait guère plus chaud que sur la Riviera, quant à la chaleur humaine, j’en ai une vive démonstration dès que j’aborde les taxis.
Le premier en tête de station sera le bon...
« Bonjour Madame, tu vas où ?
-Heu attendez, le « Kenzi Farah » s’il vous plait !
-Trente dirhams, ça va ?
-Heu, oui, oui !
- Tu ne discutes pas Madame, tout se discute ici !
-Merci du renseignement, mais pour le prix c’est bon
-Bienvenue à Marrakech ! Yallah ! »
La circulation est dense, très dense, il faut vraiment être marrakchi et connaître les règles locales du codes de la route pour pouvoir conduire sans risquer un accrochage à chaque coin de rue.
Une foule de bruits investissent mes oreilles, pas seulement ceux des voitures, des coups de klaxons indicatifs plus que vindicatifs, mais aussi des cris, des marchands ambulants vantant leur marchandise ou bien encore le braiement des ânes. Et puis ces chants religieux appelant à la prière qui montent des minarets.
Le dépaysement est total ...
Nous abordons les quartiers résidentiels, plus calmes, très luxueux, jusqu’à destination.
Mon chauffeur très aimablement ouvre ma portière, me remet mes bagages, avant que de me souhaiter un bon séjour ...
Une odeur de fleur d’oranger accueille mon entrée dans le hall de l’hôtel, le temps de récupérer la carte codée de ma chambre...
J’ai hâte de prendre une douche, de me changer et d’envisager le décor de ma chambre.
Pierre n’a rien négligé, un vaste espace luxueux m’attend et avant même de défaire mes bagages je me jette sur le grand lit.
Est-ce la fatigue ou l’excitation, je m’assoupis presque instantanément avant que d’être réveillée, sans notion de temps ,par le retentissement de la sonnerie du téléphone de la chambre.
« Allo...
-Msa el-khir, bonsoir, je suis Mehdi !
-Oh bonsoir, mais quelle heure est-il ?
-C’est dix huit heures ...
-Je me suis endormie, désolée !
-Vous n’avez pas gouté aux pâtisseries que je vous ai fais livrer
-Je suis confuse, non, mais je vous remercie !
-Pouvez-vous me rejoindre d’ici une demi-heure sur la place Jemaa el-Fna, je vous attends sur la terrasse du café « Argana », Marrakech s’éveille au coucher du soleil, vous découvrirez la ville rougeoyante en buvant un thé à la menthe et moi je vous découvrirai, j’ai hâte Pierre m’a tellement parlé de vous !
- Entendu, je suis là dans une demi-heure !
-Inch Allah »
Sa voix charmante, la délicatesse de ses intentions, je suis séduite dans l’instant !
Une douche rapide, un pull moulant, un jeans, des sandales à talons, un trait de liner, une touche de parfum...me voilà partie !
Il est dix-huit heures lorsque j’aborde les premiers dalles de la place qui au fur et à mesure de mes pas s’emplie de badauds .Je me coule, solitaire dans ce rythme de vie débonnaire, partageant bien malgré l’effervescence joyeuse du bain de foule et du spectacle des saltimbanques et des charmeurs de serpents.
Tous mes sens sont en éveil. Mes oreilles captent pèle- mêle, différents styles de chants arabes, mes narines les senteurs des grillades, mes yeux le regard brillant et le visage fasciné des auditeurs des conteurs arabes.
La tête pleine de ce spectacle j’aborde les marches du Café jusqu’à la terrasse dominant ce lieu unique de brassage des cultures et des traditions orales.
Pas une place de libre à cette heure de la journée, une seule attire mon attention.
Un homme seul, de dos, boit un thé à la menthe, je m’approche, l’interpelle discrètement
« Mehdi ? »
Il se retourne, c’est bien lui !
Lunettes noires, de l’allure, chemise blanche, une peau cuivrée, des cheveux noir geai bouclés,...Pierre ne m’a pas menti, c’est un bel homme !
Il se lève, il est très grand et mince, je suis fascinée, presque gênée, je n’ose le regarder
« Bien vous êtes ponctuelle, c’est Français ça, ici on dit « Vous avez l’heure et nous nous avons le temps", enchanté, me dit-il en me tendant une main énergique, bienvenue à Marrakech, vous êtes aux premières loges ici
-C’est merveilleux, je suis sous le charme
-Voulez-vous un thé à la menthe me demande-t-il en ôtant ses lunettes ?
-Oui, heu merci avec plaisir »
Mon Dieu, ce regard, comment vais-je pouvoir l’aborder ? Un regard noir, autoritaire, troublant, déstabilisant...associé à sa voix, il me fait l’effet d’un vrai philtre d’amour ou d’un ensorcellement.
Mes pensées s’égarent, je rêve de palais des milles et une nuit, d’étreintes amoureuses lovées dans les coussins, aux lumières des bougies, alors que la cité rougeoie de mille feux sous le soleil déclinant au rythme des sons orientaux.
A suivre...
AHHH... enfin...de vos noUvelles... merci. Toujours somptueuse... I see yoU every day and yoU never notice me... perdu dans la palmeraie... Je vous embrasse
Rédigé par : espace sidéral | 11 mars 2009 à 15:06
A ESPACE SIDERAL:Je manque à tous mes devoirs...Comment vous remercier de votre fidélité et de votre impatience.Il est jouissif de songer que je puisse manquer à quelqu'un...si, si, c'est toujours agréable!Je vous ai écouté ... le casino de la Mamounia, un vrai plaisir... Pas de ski, juste une balade dans l'Atlas en 4X4, un paysage inoubliable !
Je vous embrasse
Rédigé par : mysterieuse | 11 mars 2009 à 18:18
et bien !! instructif tout ça.
Rédigé par : Kiboule | 13 mars 2009 à 04:16
Je rejoins tout juste ton univers et commence par ce voyage des sens. Je reste suspendu aux lèvres de notre guide. Oui, aux lèvres, parce que lorsque tu écris, je te vois et t'entends...
Rédigé par : Ile | 21 mars 2009 à 10:01
Bonsoir Dominique
Un chef d'oeuvre corporel réconfortant!
Heureux de te lire et de voir tes belles illustrations!
Un partage de haute sensualité et de grandes sensations et émotions!
Un ecrit de qualité où les mots parlent et interpellent tt lecteur épris de charme,de voluptés de désirs charnels devant quoi on ne peut résister ,humains que ns sommes,faits pour vivre notre vie et s'en régaler!
Merci bcp pour ce partage
$ahmed
Rédigé par : ahmed | 25 juin 2009 à 19:31
A Ahmed:je suis heureuse que tu parles de partage , car c'est ainsi et seulement ainsi que je conçois l'écriture!Cueillons , cueillons dès aujourd'hui les roses de la vie...
Rédigé par : Mysterieuse | 26 juin 2009 à 10:11