VI
Cette envie ne me quitte pas, ne me quitte plus...
Je somnole, je ne dors pas, nage entre deux mondes, entre l’onirique et le réel.
J’essaie en vain de m’extirper de cette sensuelle léthargie, perçoit derrière la nébuleuse de mes paupières mi-closes, une myriade de rais lumineuses revêtir ma nudité d’une constellation géométrique.
La chaleur bienfaitrice du rayonnement solaire en partie occulté par les moucharabiehs me procure un bien être enivrant entre torpeur et renaissance épicée d’un désir charnel grandissant .Cette curieuse béatitude de l’instant est soudain troublée par une silhouette faisant ombrage à la fièvre sereine dont j’étais envahie.
Une respiration lente et harmonieuse aiguise le sensuel de mes sens déjà en éveil, guide mon corps, dans l’inconscience de mes désirs, vers une indolence érotique, une gestuelle paresseuse et lascive de ma cambrure, de mon fessier.
Je me sens épiée, désirée dans le silence de la pièce exigüe et borgne, mon corps exulte de cette déviance érotomane dont je me sens soudain possédée.
Suis –je dans le rêve ou la réalité ? Ces délicieuses caresses effleurant mon être engourdi, sont-elles les miennes ou le fruit de mon imaginaire, ou bien encore la portée synergique de ce regard dont j’ai la sensation qu’il scrute chaque parcelle de ma peau, qu’il parcourt chacune de mes courbes féminines.
Je n’y tiens plus, le désir m’envahit, pénètre ma peau, traverse mon ventre, incendie mon sexe...
Je me retourne, impulsive, désorientée, à la recherche de la quintessence de mon embrasement, l’ombre s’estompe étrangement comme de surnaturelles volutes derrière le panneau de bois tourné.
Voir sans être vu...tel était sa concupiscence, m’insuffler le sentiment d’être désirée, m’inciter à lui offrir l’ondulation féminine d’un corps transporté par le désir et le plaisir d’être charnellement convoité.
Encore empreinte d’une torpeur évanescente, mon temps de réaction est entravé.
Lorsque les rayons de lumière de chaleur baignés se glissent à nouveau à travers les interstices des jalousies orientales, ranimant mon esprit de rationalité, il a disparu.
Je l’appelle, l’interpelle « Mehdi, Mehdi, c’est toi, es tu là ? »
Je susurre, murmure son prénom, puis hausse le ton de mes intonations jusqu’à crier son nom, sans retour. Seul le silence me répond.
Je songe un instant à la sagacité de son comportement, entre douceur et perversion, m’interroge sur ma capacité à résister à cette transcendance vers laquelle il veut me guider par ses fuites répétitives illégitimes.
Il est temps de réagir, de fuir un moment la douce lumière tamisée de ce lieu intemporel pour noyer cette troublante fièvre érotique qui usurpe mon identité de femme libre au profit d’une femme possédée.
Je me décide précipitamment à aller visiter « Le Jardin Majorelle » dont Pierre m’a parlé si souvent.
L’effervescence est à son comble dans Marrakech la douce, les rues grouillent de monde, de taxis, d’attelages en tout genre, calèches, charrettes, et d’une innombrable quantité de mobylettes pétaradantes et klaxonnantes qui manquent de vous renverser à chaque coin de rue.
Les feux de circulation ne semblent pas ici être un dispositif permettant la régulation du trafic, mais plutôt un élément facultatif, voir décoratif.
A grand peine, je finis à rallier la tête de taxi, frôlée par deux fois, au milieu de la chaussée par deux véhicules motorisés.
Je me sens à peine plus en sécurité dans le taxi qui me conduit jusqu’au jardin, mais décide de vouer une confiance illimitée à mon chauffeur, peu bavard celui-ci.
Lorsque je pénètre le jardin, dès mes premiers pas, je suis sous le charme de ce véritable trésor botanique, non tant pour la luxuriance et la rareté des espèces savamment mélangées, mais plus pour l’harmonie qu’il y règne. Des tonnelles aux bassins où flottent nymphéas et papyrus, des allées et pergolas mariant les tons vifs des différentes sortes de bougainvilliers à la forêt de bambous, tout n’est qu’émerveillement rehaussé par ce bleu très particulier qu’est celui de Majorelle.
La visite achevée, je décide de me poser sur un banc, doucement accompagnée du ramage des oiseaux dont les chants retentissent joyeusement dans tout le jardin.
Un havre de paix qui m’aide à oublier ma fièvre émotionnelle et la furtivité de mon amant berbère.
Il semble que ce lieu unique soit une source inépuisable d’inspiration, tant pour l’ambiance exotique que pour la singularité des couleurs.
Un bloc note, un crayon, ma muse m’interpelle, les rimes s’enchevêtrent, un poème naissant...
Plongé dans mes écrits, je ne prête plus aucune attention à mon environnement pas plus qu’à ses acteurs.
Mais une intonation m’interpelle, le grave d’une voix douce qui m’est maintenant familière.
Medhi donne la réplique, à l’ombre d’une tonnelle à une très belle marocaine dont je n’ose même pas songer quelle est leur relation.
Un sentiment de jalousie m’envahit, un émoi que je ne soupçonnais pas avant que de croiser mon amour scandinave. Mais mon égo méditerranéen réprime cette émotion sourde et douloureuse et ne laisse rien paraître de ma dérive illégitime.
Medhi n’est rien de plus qu’un amant de passage dans ma vie solitaire, pourtant à cet instant précis, j’ai comme l’impression d’effleurer du doigt un futur proche dont je ne sortirais pas indemne.
Je poursuis mes écrits tentant l’indifférence avant qu’il ne s’approche et me pose un baiser sur le cou.
« Medhi, que fais-tu ici ?
-Je t’ai suivie...
-Suivie, mais...tu es partout et nulle part à la fois !
-La magie orientale ! Je te présente ma sœur, Dalila. Dalila je te présente Lou
-Enchantée Dalila »
Le sobriquet de Lou me parait soudain désuet face aux tonalités magiques des prénoms arabes.je me sens exilée, perdue, désorientée, presque comme une erreur dans cette communauté.
Dalila s’éloigne vers la sortie, Medhi cherche à me dérober ce que je viens d’écrire.
Le jardin Majorelle n’est que havre de paix,
Eden ou paradis propice aux baisers,
Bercé par la magie des couleurs orientales
Baigné par la douceur des espèces végétales.
Troublé ou ému par mes mots griffonnés, Medhi colle ses lèvres aux miennes pour un profond baiser, paraphant notre étreinte d’une fièvre complice qui embrase mon sexe et mouille mes dentelles de ce nectar d’ivresse qu’on appelle cyprine.
« Il est temps que tu découvres l’amour et ses complices, suis moi » me dit-il en m’entraînant vers la sortie.
Me revient le sentiment d'une paix profonde, la surface de l'eau, le banc. L'endroit rêvé pour s'écrire dans le cou un petit baiser sur son carnet.
Une caresse
Rédigé par : Ile | 24 mars 2009 à 01:11
Ah oui, il est temps, non mais !!
Il est vrai que le jardin Majorelle renferme quelque chose de mystique et c'est vraiment un endroit à part au milieu du tumulte marocain, une sorte de havre. (pas la ville de seine maritime, évidemment)
Bon, on se fait caresser par le soleil, les voilages, les masseuses, encore les rayons du soleil… ah, on reconnaît bien l'empressement marocain, cette nonchalance locale… "pas de problème, la gazelle…" (entre nous, ça ne vaut pas celle des réunionnais – spéciale dédicace à toi 974 )
Le septième acte sera-t-il celui de la concrétisation de ce désir qui perle déjà depuis quelques pages sur ces dentelles immiscées ?
Rédigé par : The Blade | 24 mars 2009 à 10:56
Bonjour Mystérieuse Synthèse sensuelle, soupirs... Hypersalivation(langue pendante)... Vous ètes "stimuli-stereo mystérieuse". plurithérapie. Réponse optimum aux répondeurs...tardifs. Je suis happy de découvrir (pas vous hélas...c'est improbable... j'en rève mème pas...)les nouvelles aventures ashore et offshore que vous nous proposez avec perfection. un fruit confit sur le clavier.. .Avez vous fait un tour au stade de France, au sacré coeur? à Denfert? Et les points??? Nadine est toute ...chose . Je vous embrasse mystérieuse légende Unique
Rédigé par : énigme | 24 mars 2009 à 15:52
A Enigme: ce pseudo vous va à ravir...Stimuli-stéréo mystérieuse, vous me comblez...Mes ballades parisiennes furent culturelles, mais ni le sacré coeur,ni...enfin pas que Dita von teese, j'ai adoré son effeuillage.
Legende moi? je vis , respire à pleins poumons, si, si je vous assure.
Je vous embrasse!
A the Blade:vous me manquiez...j'ai cru, enfin peu importe ce que j'ai cru...pas de problème la gazelle...ah la Réunion elle est chère à mon coeur ,quelle en est la raison ...chut je vous raconterai
Pourquoi concrétiser dans l'urgence ,le désir n'est-il pas l'essence même du plaisir avec un grans P...
Baisers très cher
Rédigé par : mysterieuse | 24 mars 2009 à 19:32