Découvrez Watine!
L’instant d’après, libérée du corps pesant d’amour de son amant, Mathilde avait rejoint la salle d’eau.
Le miroir, si souvent complice de sa féminité, lui avait renvoyé le reflet d’une femme dont les cernes bleutées imprimées sous ses yeux dévoilaient l’image d’une amante qui vient de baiser, ou de se faire baiser violemment.
La peau encore moite de la gratitude amoureuse et dominatrice de son amant, elle jubilait encore de tant d’égarements totalement illicites et pourtant si troublants.
Par compassion ou complaisance dans le bruit aquatique déversé par l’eau chaude d’une pluie rédemptrice de ses faiblesses érotiques, elle avait interpellé Benjamin, l’invitant à passer la nuit ici, dans son lit .Songeant que c’était la première fois qu’elle envisageait sa relation avec lui au-delà d’une étreinte, elle avait, presque instantanément temporisé l’invitation spontanée
« Mais si tu préfères rentrer, je n’y vois aucune objection, d’ailleurs...
-D’ailleurs ?, avait-il questionné, nu dans l’embrasure de la porte, les cheveux en bataille, son sexe à nouveau dressé
-D’ailleurs, je pars tôt demain matin, mais tu pourras dormir si tu le souhaites, je te laisserai une clef. »
Cette dernière réplique l’avait figé et fait débander presque illico, bien qu’encore investi de désirs abondants pour le corps ruisselant de Mathilde.
Comment pouvait-elle, avait-il songé, comment pouvait-elle être aussi peu sensible .Sa fermeté en totale opposition avec ses inhibitions venait de claquer comme un coup de fouet, comme une punition infligée pour son impertinence de vouloir la baiser encore et encore.
A moins qu’elle ne veuille s’imposer une pénitence, en récompense de son hégémonie érotico-sensuelle.
Aux yeux de Benjamin, cette beauté féminine en proie à ses anciens tourments, lui apparaissait soudainement autant comme une mystérieuse rebelle que comme une délicieuse amante docile .Cette dualité permanente , ce combat incessant qu’elle ne livrait qu’à elle même sans soucis de contradiction, ni de déception , loin d’être une barrière , attisaient ses intentions de faire d’elle sa maîtresse à part entière .
Il était temps de la surprendre, d’ignorer son adversité et son indifférence, de la contrer, de l’obliger à s’arracher à ce mystère dont elle voulait s’enrober, quitte à se laisser malmener pour en sortir victorieux.
Plutôt de combler ses ambitions, il avait décidé malgré son jeune âge et son manque d’expérience de jouer la carte du mauvais élève désobéissant.
« Puisque tu pars tôt demain matin, je préfère rentrer chez moi, et puis, que tu me laisses jouir de tes appartements me dérange énormément.Je prends une douche et je rentre.
-Tu ne me demandes pas ou je pars demain ?
-Cela ne me regarde pas, tu es libre de tes actes, comme moi du reste.
-Comme tu veux ! »
Elle avait joué les belles indifférentes si ce n’était dans son comportement sensuel dans la gestualité de sa silhouette hautement féminine.
Sa maturité, tant érotique que génétique était un flambant atout de séduction face à la fraîcheur masculine de Benjamin, et il avait eu toutes les peines du monde à réfréner ses douloureuses pulsions lorsque la peau de Mathilde, encore ruisselante, l’avait négligemment effleuré à la sortie de la douche.
La raison pour une fois l’avait emporté sur sa passion, et avec une désinvolture déconcertante, il avait pris sa place sous le jet du pommeau, jouant à l’identique de sa maîtresse de ses pouvoirs de séduction.
Le plus discrètement possible, pour ne point trop paraître gourmande, elle avait décortiqué la silhouette de son jeune amant, analysant dans le détail chaque arête et chaque rondeur de ce corps dont la jeunesse ajoutait une lubrique note supplémentaire dans une musculature déconcertante d’attirance.
Elle avait eu envie de l’embrasser sous l’eau jaillissante, envie de laper chaque parcelle de son corps pour mieux le revisiter avant que de l’abandonner pour quelques temps.
Frottant énergiquement ses cheveux, elle n’avait pas pu, dans le coup de l’action, à quel point ses postures, même les plus banales, pouvaient séduire Benjamin.
La seule vue de ses seins lourds mus d’une émouvante agitation, sous une gestuelle énergique, l’avait complaisamment accompagné sous la douche, lui imposant une tension érectile dont il se serait bien passé, compte tenu de ses nouveaux projets.
La toilette de Mathilde était un vrai ravissement qu’il emporterait avec lui, le temps qu’elle le rappelle, quand elle serait en manque de lui.
Elle s’était enveloppée dans un grand peignoir éponge douillet, l’avait ceinturé fermement avant que de choisir des tenues appropriées pour son séjour dans la Creuse, rien de bien érotique en vérité, elle voulait éviter toute dérive sexuelle avec son obsédé d’ex-mari.
Mais avait-il besoin de cela pour retomber dans ses bras ?
Quoi qu’il en soit à cet instant précis elle ne songeait qu’à l’homme sans tête, celui qu’elle aimait plus de raison sans jamais pouvoir lui appartenir.
Ils étaient là ses horizons, faits de rêves et de désirs, d’espérance pour un homme dont elle ne connaissait les intentions qu’au travers de ses écrits.
A suivre...
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