Découvrez Tara King Th. (tkth)!
Elle s’était à nouveau enveloppée dans son peignoir et leur avait resservi un café.
« Tes parents sont-ils portugais ?
-Pas du tout, mais mon père était employé au Consulat de France à Porto dans un de ses tout dernier poste, et ma mère et lui sont tombés amoureux du Portugal...
-En vacances donc...
-Oui et non, ils vivent six mois en France et six mois là-bas...mes parents sont retraités, enfin mon père, ma mère est beaucoup plus jeune que lui ...
-Tu veux dire que nous allons vivre chez tes parents pendant quinze jours, écoute Benjamin...je crains que...
-Ne crains rien, qu’as-tu à craindre ?
-Ta jeunesse, ta fougue, tes parents ...
-Mes parents ? Mon père joue au golf la plupart du temps, quant à ma mère, tu devrais t’entendre avec elle, vous avez presque le même âge
-Justement c’est bien ce qui m’inquiète, je devine qu’elle sera furieuse en me voyant débarquer, pire odieuse.
-Ecoute, ma vie ne la regarde pas, après tout si je suis heureux avec toi, elle devrait être heureuse...
-Oui jusqu’au moment où elle ne supportera de te voir m’embrasser ou passer ton bras autour de ma taille
-Ma sœur sera là pour l’occuper...
-Ta sœur ...non, décidément Benjamin, je ne peux accepter !
-Je crois au contraire que tu aimes te faire prier, tu es une vraie garce, et j’adore cette garce »
Il l’avait attrapée et l’avait poussée sur le lit, une bataille d’oreillers s’en était suivie. Mathilde avait ri à gorge déployée et dans sa folie dynamisée par la jeunesse, elle avait songé qu’il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas ri autant.
Une phrase lui était revenue en tête, une phrase simple qu’elle avait retenue étrangement, lorsqu’elle avait relu récemment, Le portrait de Dorian Gray, « Pour redevenir jeune, on n’a guère qu’à recommencer ses folies ».
C’était une folie que de suivre Benjamin dans ses désirs, mais son insouciance et sa naïveté, lui renvoyaient en vague sa jeunesse rebelle et ce désir de liberté dont elle avait été trop tôt privé parce que trop tôt elle avait convolé en noce, à peine sortie du cadre familial.
Benjamin avait raison de faire ses choix en fonctions de ses envies et non pas de ses craintes, car, elle, Mathilde n’avait que trop pris de décisions liées à ses proches, sa famille, son mari, son entourage et aujourd’hui elle regrettait amèrement cette faiblesse.
« Alors, tu sais ce qu’elle te dit la garce. C’est vrai...
-Qu’est-ce qui est vrai, mais enfin de quoi parles-tu ?
-J’aime faire l’amour après le petit déjeuner et aussi pendant ...et aussi le soir, mais encore l’après midi...et en pleine nuit ...j’adore en pleine nuit...
-Mathilde ne me pousse pas à bout ...si je m’écoutais je te baiserais tout le temps
-Il est trop tard, je dois passer à l’académie, il faut que je m’habille »
Elle avait ouvert grandement les portes de son dressing
« Choisis, Benjamin, choisis ma tenue »
De nombreux cintres alignés méthodiquement, des tenues plus glamours les unes que les autres, des escarpins, des cuissardes à hauts talons, accessoires en tout genre allant du chapeau en passant par des boas ou encore des perruques et même des loups...
« Mathilde, mais qu’est ce que c’est que tout çà. Où sont tes robes ? Je veux dire celles que tu portes, enfin tu vois celles de Mademoiselle Mathilde, la prof de violoncelle.
-Mademoiselle Mathilde n’existe pas, elle est juste un rôle de composition ...Mademoiselle Mathilde a disparu en l’espace d’une nuit, le rideau est tombé, fin du premier acte.
-C’est encore mieux que je ne l’imaginais, mais je me sens comme un con quand je pense aux bas que je t’ai offerts, tu dois en avoir à revendre.
-Dis- toi seulement que tu es l plus perspicace que les hommes qui m’entourent, tu as su me faire sortir de ma tanière et ne serait-ce que pour cela, je ferai tout pour que tu le regrettes jamais. Fais moi plaisir, choisis ma tenue »
Etrangement il avait choisi une tenue un peu particulière, exempte de glamour .Il avait misé sur l’excentricité de l’association vestimentaire.
Son premier regard avait été attiré par une jupe courte, entièrement recousu de pastilles noires, une de ces jupes de la fin des années soixante, cette période particulière où Courrège, démocratisant la jupe, avait fait de la mini-jupe l’élément phare de ses collections.
Benjamin nostalgique et grand amateur de la célèbre série anglaise « Chapon melon et bottes de cuir », avait opté pour cette pièce insolite qu’il avait assorti à un col roulé marron et moulant, une paire de bas opaque et des cuissardes en daim noir . Il avait omis la lingerie ...un oubli imposé par sa lubricité sous-jacente et aussi, dans l’attente d’une réaction de Mathilde.
Mais, cette absence de dentelle ne l’avait en rien intriguée, du moins n’en avait-elle pas fait démonstration.
« Tiens Mathilde, voilà j’ai fait mon choix
-Ma parole Benjamin, tu veux me faire ressembler à Tara King...
-Tu ne crois pas si bien dire. Je garde un souvenir mémorable de son passage dans la série, saison six.
-Tu es incroyable...
-Non, tout simplement fan.
-Alors ok, j’endosse le rôle, n’en déplaise à mes détracteurs. Mais si tu joues au jeu des personnages, tu risques de t’y perdre avec moi
-Je suis prêt à relever le défit. Ajoute donc ça à ta tenue »
Il lui avait tendu une perruque brune parfaitement en accord avec la décennie de la tenue vestimentaire.
« Ils ne vont me reconnaître à l’académie...elle en avait souri
-Si cela te dérange, oublie...
-Pas le moins du monde, je suis aussi excitée qu’une jeune adolescente.
-Fais gaffe, si tu continues je vais devenir ton aîné...
- Ce serait trop drôle ! »
Elle était réapparue quelques instants plus tard, totalement méconnaissable et tellement séduisante hautement perchée sur ses talons, sa coupe mi- courte et ses yeux de biche ,que Benjamin avait assorti la brillance de son regard d’une insoupçonnable tension sous le coton de des caleçons.
« Tu me fais bander, Mathilde !
-Je vois, mais bon nous verrons cela plus tard, veux-tu, allons y, Dear Mister Steed»
Elle avait peaufiné sa tenue des années sixties d’un manteau vintage et d’une touche de son parfum avant que de sortir fière et rajeunie au bras de son jeune chaperon non peu moins fier qu’elle, compte tenu des regards inquisiteurs masculins des passants anonymes sur leur sillage.
A suivre...
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