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Benjamin, lui, n’avait pu réprimer les frissons d’émotion que lui avait imprimée sous sa peau l’image de Mathilde, encore en proie à des spasmes résiduels de sa jouissance aussi fulgurante que brève.
Il était sous le charme de cette femme qui pouvait, au moindre effleurement, ou pire à la seule pensée d’une tentative de caresse, frissonner avant que de se perdre très rapidement dans un plaisir intense.Etaient-ce ses fantasmes qui guidaient la montée du désir, ou bien le désir qui esquissait ses fantasmes .Le fait est, qu’elle était capable de jouir très rapidement , et Benjamin très fièrement s’en était approprié la légitimité.
Il n’avait pas vraiment tort, elle avait confiance en Benjamin, cette confiance qu’elle avait perdu envers la gente masculine .L’honnêteté sentimentale dont il l’honorait, cette générosité peu coutumière chez la plupart de ses rares amants, ces deux qualités essentielles l’avaient émue engendrant une jouissance particulière, doux mélange de tendresse et de sexe.
Comme un Roméo à sa Juliette, Benjamin avait emporté Mathilde à moitié nue dans ses bras et l’avait déposée amoureusement sur le lit défait.
« Voilà Princesse »
Avant que de se lover contre lui, elle lui avait délicatement défait la chemise, puis la lui avait ôtée en faisant glisser ses mains fiévreuses sous le tissus de coton.
Ils s’étaient allongé tous les deux, leurs membres enchevêtrés, leur peau et leurs odeurs mélangées, et Mathilde avec tendresse et sensualité avait laissé longtemps ses doigts parcourir la poitrine de son amant.
Elle aimait ces moments de tendresses qui succèdent à l’impétuosité de la jouissance, puissante, démesurée. Elle aimait ce silence qui s’instaurait alors, où l’on pouvait entendre à nouveau les battements des cœurs s’harmoniser jusqu’à l’unisson des deux corps enlacés.
Elle avait savouré ces instants comme un vrai bonheur, un bonheur unique presque insolite.
« Tu sais, Benjamin, avait-elle murmuré, j’ai cruellement manqué de tendresse, dans mon enfance, puis ma jeunesse. Je ne parle pas d’amour, de l’amour, j’en ai eu sous des formes détournées...
Je suis née dans un milieu bourgeois, de province qui plus est, et, comme dirait Brel, chez ces gens là, et bien chez ces gens là, on n’est pas très démonstratif, on ne dit pas je t’aime, on ne donne pas de baisers, ni même de caresse...Mais on le sait pas, enfin on le découvre bien des années plus tard, quand la moindre tendresse vous émeut jusqu’aux larmes car jusque là méconnues.
-Mathilde, je crois que....
Elle avait continué son quasi monologue sa tête contre l’épaule de Benjamin et son regard perdu dans ses souvenirs les plus lointains.
« Ma mère ne m’a jamais accompagnée à l’école comme les autres enfants .Nous avions une employée de maison qui me déposait tous les matins devant l’école. Les autres élèves avaient droit aux tendresses maternelles, tout juste si ma mère me déposait un baiser du bout des lèvres sur ma joue, avant que je ne quitte la maison. On s’habitue à tout même au manque de tendresse...
Benjamin ému par cette maîtresse femme redevenue enfant, caressait les cheveux déliés de Mathilde avec uniquement de la tendresse au bout des doigts.
« Où veux-tu en venir, pourquoi me racontes-tu cela ?
-Juste pour te dire que ta douceur et tes baisers valent de l’or à mes yeux. A dix ans, alors que ces douceurs maternelles me faisaient tant défaut, j’ai été enlevée du foyer pour aller en pension dans une école religieuse. Inutile de te dire que ce n’est pas chez les bonnes sœurs que j’ai trouvé la bonté que je recherchais. Alors très tôt, aux alentours de treize ans, c’était précoce pour l’époque, j’ai multiplié les flirts toujours en quête de tendresse et c’est là...
-C’est là ?
-Et bien c’est là, que j’ai découvert le plaisir. Ces caresses que j’avais toujours grappillées, a droite à gauche, ces caresses m’ont dévoilée la montée du désir et la jouissance avant que d’en connaître la douceur...J’aimais cette béatitude dans lesquelles elles me conduisaient, alors que je n’en étais qu’aux balbutiements de ma sexualité, à peine des flirts poussés.
Alors je m’y suis réfugiée, obséquieusement, une parade à ma détresse sentimentale, n’allant jamais bien plus loin que de simples attouchements
-As-tu des frères, des sœurs ?
-Oui un frère et une sœur, mais pourquoi cette question ?
-Ben tu aurais pu leur en parler ...
-Mon frère était déjà parti à la fac, et puis a vrai dire nous nous connaissions si peu, les années pensionnat nous ont séparés
-Et ta sœur ?
-Ma sœur, une cadette de cinq ans qui a toujours traîné dans les jupons de notre mère, elle n’aurait pas compris, je l’ai préservée de cela, et puis elle, les garçons ce n’était pas du tout son truc.... on lui a épargné le pensionnat
-Serais- tu jalouse ?
-Jalouse, non du tout, ce n’est pas dans mon tempérament et puis je n’ai jamais rencontré un homme qui puisse me susciter un tel sentiment, mais finalement peut-être ne suis-je jamais tomber amoureuse
-Tu ne sais pas à côté de quoi tu passes...Mais je ne parlais pas de cette jalousie là, mais plutôt celle que tu pouvais ressentir envers ta sœur. »
Elle avait poursuivi son idée initiale
« Je crois que je suis en train d’entrevoir le bonheur d’une idylle avec son lot de souffrance, je suis tellement bien avec toi, autant de douceur et d’attention me chavire, je n’ai jamais connu cela auparavant....je suis prête à relever le défi de la désillusion à venir, quitte à faire connaissance avec ce mal aussi pernicieux qu’un cancer, la jalousie....
Embrasse moi Benjamin, embrasse moi à m’en couper le souffle, à ôter toute rationalité à mes raisonnements, à m’enlever les craintes, baise ma bouche de tes pensées malsaines édulcorées de ta tendre jeunesse et promet moi ...
-Je n’ai rien à te promettre, je veux juste t’aimer jusqu’à te rendre dingue, je veux que le manque te guette quand je m’éloignerai, que l’addiction te flingue ...
-Tu es complètement dingue...
-Oui de toi...
La baiser qu’ils avaient alors échangé dans une complicité chimique et intellectuelle devait à jamais imprimer leur esprit .Longtemps, très longtemps après ils en avaient parlé comme d’un pacte éternel de leur complicité identitaire.
Leurs deux langues enroulées dans un ballet érotique et mouillé, avaient allumés dans le reflet de leurs yeux des milliers d’étincelles étoilées qui s’étaient disséminées comme un violent brasier sur leur enveloppe corporelle.
« Es-tu prêt à me suivre dans mes luxurieuses voluptés ?
-J’aime ce libertinage sous- jacent dont tu n’oses m’avouer que tu aimes les contours et les déviances, je veux que tu m’emmènes dans ton voyage érotique et peu importe la suite, la tendresse sera toujours présente quoiqu’il advienne. »
Aiguilles-bas sans dessous, une suite en voluptueuse dépendance, sur la portée musicale d’une idylle peu sage, comme une création artistique venait de naître d’un baiser, pièce maîtresse de leurs débordements à venir. Car c’est ainsi qu’il la prénommerait toujours dans son subconscient au plus loin de ses souvenirs impudiquement tendres...avec elle !
A suivre ...
" Inutile de te dire que ce n’est pas chez les bonnes sœurs que j’ai trouvé la bonté que je recherchais."
... je n'ai jamais imaginé moi non plus qu'elles puissent etre de Bon-Secours... Et pourtant, certains en sont convaincus.
Rédigé par : Prevert | 14 novembre 2008 à 12:11
A Prévert:de toute évidence ,vous me connaissez mieux que vous ne le laissez paraître...alors un clin d'oeil peut être quant à mes origines.....Le mystère demeure comme toujours , quoi que....
Rédigé par : Mystérieuse | 14 novembre 2008 à 12:59