Theme From Shaft (single edit) - Isaac Hayes
AU REVOIR MONSIEUR ISAAC HAYES
Le seul fait de pénétrer les lieux m’a transporté ailleurs, loin, très loin d’ici, de ce Paris désert en plein mois d’août.
Avant même de rechercher ma troublante jamaïquaine, j’ai ausculté l’endroit avec une précision presque médicale .Des cordes harmonieuses confondaient mon oreille en de troublants tempos aux résonances émergeant des caraïbes, sur lesquelles, lascives ondulaient de séduisantes silhouettes féminines aux couleurs épicées. Cette oppressante morosité qui m’avait accompagné tout au long de la journée m’a soudain déserté, comme si la belle Marylou, m’avait soudain, par je ne sais quelle magie sensorielle, embarqué pour un voyage virtuel aux frontières de Paris.
Une chaleur accablante, je me suis soudain surpris à regretter amèrement l’artificielle fraîcheur de la mécanique climatique, m’a enrobé de sueurs désagréables, d’une moiteur semblable à celle que l’on peut ressentir sous les tropiques. Mais pour autant cette déplaisante sensation a rajouté un soupçon d’exotisme à cette envoûtante impression d’évasion.
Les grandes palles des ventilateurs tournoyant au plafond comme des papillons de nuit, m’ont fait brusquement pensé que je m’étais égaré dans un endroit sordide au milieu de Kingston. J’en suis même dans l’instant, arrivé à déplorer les récentes lois anti-tabagisme .Ne manquaient qu’un excès de fumée aux senteurs de tabac et volutes bleues volatiles pour peaufiner le décor.
Une clientèle, dans la majorité de couleur, m’a regardé entrer comme si j’étais un intrus ou bien un égaré.
Intérieurement, j’ai supplié Marylou de venir me sauver de cette gêne passagère qui venait de me posséder. Mais pas de trace de la jeune femme, elle s’était évaporée comme par enchantement, me laissant dans l’indifférence générale, m’approcher timidement du bar.
« Un rhum s’il vous plait », ai-je lancé aux vieux jamaïquain qui faisait office de barman, et comme pour me rassurer je lui ai demandé en catimini
« Marylou n’est pas là ?
-Si, bien sûr, elle ne va pas tarder ...un peu de patience, encore un passionné !
-Que voulez-vous dire ?
-Oh, rien vous le saurez bien assez tôt ! Avalez votre verre cul sec, vous en aurez besoin ! »
Imbécilement je l’ai écouté, et me suis exécuté, avalant d’un seul trait le rhum, un Appleton auquel on ne pouvait même plus donner d’âge, qui, au contact de mon gosier, m’a donné l’impression que je venais de subir l’ablation des amygdales. Et aussi stupidement, j’en ai commandé un second que j’ai englouti aussi vite que le premier. J’étais en nage, empreint de chaleur, d’une fièvre mystérieuse d’excitation et des effets ravageurs de l’alcool jamaïquain.
Les enceintes de la mauvaise sono ont cessé de cracher leurs tempos, pour libérer une musique plus sensuelle voir licencieuse...Marylou est entrée en véritable star de la soirée à peine revêtue de trois triangles ridicules camouflant le minimum de son intimité.
Elle avait égaré sa chevelure au profit de dreadlocks, mais pas ses lunettes noires toujours rivées sur son délicieux petit nez.
Je venais soudain de comprendre le pourquoi de sa naturelle indécence, dans le pouvoir de persuasion érotique qu’elle venait de balancer, dès les premières notes de musique, à l’assistance, en majorité des hommes, survoltée par l’apparition de leur Gogo-danseuse fétiche.
Je m’étais fait duper, elle n’avait cherché rien d’autre qu’à m’entraîner, mais je ne regrettais rien de ma naïveté, cette fille était à tomber...Sur fond de reggae, elle frisait avec délice !
A suivre...
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