Marilou reggae - Serge Gainsbourg
La journée touchait à sa fin, je n’avais qu’une seule envie, rentrer chez moi et rester un bon quart d’heure sous le jet d’une douche froide.
Travailler au mois d’août alors que la moitié de l’Europe est en congé relève du calvaire.
Tout tourne au ralenti, les journées semblent longues démunies d’intérêt sans parler du décor, des bureaux à demi désertés sous haute surveillance d’une clim par trop aseptisée qui ôte définitivement toute traces de rêve d’évasion, dans des contrées lointaines sous un soleil passion.
Accablé, j’étais, limite dépressif, lorsque j’ai quitté mon poste aux alentours de 19heures !
Assoiffé, desséché par la fraîcheur artificielle des locaux climatisés à outrance, j’avais presque envie d’une chaleur oppressante qui aurait pu me faire entrevoir un instant un lieu de vacances aux couleurs exotiques.
Dans le premier bar je me suis installé, commandant un demi, que j’ai avalé en moins de temps qu’il ne faut pour le commander et bien évidemment le deuxième, puis le troisième a été englouti avec autant d’avidité...l’ennui guettait.
Qu’allais-je faire de ma soirée dans cette ville désertée par ses occupants ...elle est entrée !
Une vision, sa silhouette a flashé comme un éclair au milieu des clients anonymes pour la plupart étrangers, comte tenu des résonances dialectiques incompréhensibles pour mon cerveau des plus français .je l’ai suivi du regard, détaillant presque dans l’impolitesse chaque détail de sa tenue vestimentaire.
Moulée dans un jeans laissant entrevoir quelques sensuels détails de son intimité, elle offrait à mon œil soudain aiguisé d’une lubricité peu anodine, une croupe des plus suggestives.
A n’en pas douter sous la toile de jeans devaient se camoufler des trésors de bienfait. On pouvait distinguer sans trop s’appesantir, la raie des fesses partager une sublime lune en deux lobes fermes et réguliers, hautement perchés sur de longues jambes enserrées dans le bleu délavé d’un Levis très moulant. Elle frisait avec délice les frontières de l’indécence alors même que je n’avais scruté qu’une partie de son corps, j’imaginais en elle le vice. J’ai senti mes iris, au regard de cette créature troublante, se teinter subrepticement de plaisir en attente.
Ses épaules négligemment dénudées laissaient entrevoir une peau pain d’épice sous une chevelure épaisse et frisée aux reflets d’ébène et une nuque fine et altière tatouée en sa base d’un tatouage tribal. Le moindre de ses gestes, à mes yeux étaient enluminés d’extase sous jacente passées ou à venir, tant mon regard pervers était ensorcelé par cette perle des caraïbes qui se tenait devant moi.
Elle a demandé un paquet de cigarettes mentholées, et puis s’est retournée. Une bouche pulpeuse a accablé mes yeux surmontée d’un nez si petit qu’il en était fripon, mais ses yeux étaient voilés de larges lunettes noires occultant toute lueur d’une attention bienveillante.
Pourtant malgré cela, j’ai senti dans son regard que j’étais la proie de ses futurs projets ...
Elle est sortie, son paquet de cigarettes à la main, a traversé la rue .J’ai suivi sa silhouette comme pour mieux m’en imprégner, convaincu de ne jamais plus la croiser.
Dans l’immeuble d’en face, elle est entrée, se retournant une dernière fois sur moi malmenant un peu plus ma libido. Puis elle a disparu.
Presque inconsciemment, je me suis jeté sur le buraliste le harcelant de questions quant à savoir s’il la connaissait, quelle était son prénom, un interrogatoire en règle auquel il s’est prêté avec complaisance.
En un tour de main j’ai appris qu’elle était Jamaïquaine, qu’elle habitait dans l’immeuble d’en face, et que tous les soirs aux alentours de 22 heures, elle ressortait non sans avoir fait une halte dans le bar pour prendre un dernier café .Quant à son prénom, il ne le connaissait pas, mais tout le monde dans le quartier l’appelait Marylou pour une raison qui lui échappait
Puis il avait rajouté un détail, personne ne l’avait jamais vu sans ses lunettes, des Ray Ban noires aux verres très sombres.
J’ai décidé de l’attendre, non par curiosité, mais pour être tout à fait sincère, sa seule apparition m’avait foutu la trique et que rares sont les femmes qui me fassent un tel effet aussi instantanément
Drôle d’effervescence sous mes caleçons...
J’ai commandé le plat du jour, pour patienter, oubliant la lassitude d’une journée ordinaire, bien décidé à séduire la belle Marylou dès son retour.
A suivre...
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