Comme il l’avait pressenti, l’attitude de Marie s’était radoucie, peut être avait-elle soudain pris conscience de sa muflerie à l’égard de son mari.
En un instant, elle avait endossé son rôle de séductrice jouant tour à tour ou simultanément de son regard et de sa gestuelle.
Le cul moulé dans son jeans, elle avait papillonné autour de Charles, chaloupant sa silhouette de ses reins, de son bassin, prétextant la recherche d’une cigarette.
Il l’avait dévisagée comme à la première de leur rencontre, devinant dans l’échancrure de son chemisier blanc, ses petits seins ronds, la pointe arrogante contre le tissu de coton.
Défait virtuellement de son rôle de mari, il s’était investi de celui de séducteur, et comme un homme cherchant à découvrir une femme, il avait subrepticement jeté toute son attention dans le décolleté plongeant, essayant d’entrevoir l’aréole plus brune et les tétons si petits mais si fiers. Il connaissait ces seins plus que personne d’autre, mais sa nouvelle position, avait teinté cette vision d’une note plus épicée. L’interdit des circonstances avait ravivé son goût pour les préliminaires, comme un adolescent émoustillé par la découverte de l’inconnue. A cet instant précis, il se serait contenté de la dérive sensuelle d’un long baiser, d’un flirt poussé, de ceux qui vous prennent aux tripes.
Marie, consciente de l’état d’excitation dans lequel dérivait Charles, n’avait rien fait pour l’en dissuader, elle-même troublée par l’illicite de ces fortuites retrouvailles
Complaisante, attentive à ses moindres désirs, elle lui avait proposé de rester dîner
« Veux tu que je te prépare un petit repas improvisé, pas facile dans le noir, mais tu vas me servir de lumière
-Bonne idée, je suis mort de faim »
Dans la cuisine, à la clarté des quelques flammes du chandelier, elle s’était appliquée à la réalisation de brochettes de saumon fumé, agrémenté de tomates cerises et de tranche de citron .Toujours cette délicieuse mise en scène culinaire avait-il songé .Il avait tant envie de l’embrasser, mais il avait craint de mettre en exergue son esprit de rébellion.
Rien ne semblait pouvoir venir troubler ce merveilleux instant dans ce cadre idéal à la réconciliation. Il flottait dans l’air comme un délicieux parfum épicé de féminité, une torpeur excessive d’érotisme patenté. Par désir ou de fantasme habité, il avait ressenti le mercure de leur corps monter, la nuit s’empourprer de sexuelles tensions, des effluves de baise enivrer tous ses sens.
Il n’avait plus résisté, l’enlaçant de ses bras, ses mains posées sur le ventre de Marie, il lui avait volé un baiser dans le cou, puis délibérément plus brutal, l’avait invitée maladroitement à faire volte face, et l’avait embrassée avec fougue et force de persuasion.
Etrangement, elle s’était prêtée avec complaisance à ce jeux sensuel, la dérive était imminente quant l’électricité rétablie avait soudain violé cette rare intimité.
La magie du moment s’était évaporée, elle avait soufflé les bougies comme pour conjurer le sort d’une déviance irrationnelle.
Il avait compris, avait relâché l’étreinte, aussi penaud qu’un petit garçon confondu, en flagrant délit d’interdit.
« Putain, c’est bien ma chance, pour une fois EDF a fait son boulot trop tôt »
Elle avait souri, emporté le plateau repas, une lueur complice dans le regard, et en réplique à son mécontentement n’avait pas allumé les lumières artificielles du salon, conservant l’intimité des lueurs ponctuelles des bougies disséminées ici ou là dans la pièce.
L’orage s’était éloigné. Elle avait ouvert grandement la baie sur la terrasse, les effluves capiteux de la glycine avaient soudain enrobé la torpeur de la large salle voutée d’une note fleurie.
Des sentiments confus avaient trahi son égarement, une désespérance s’était emparée de sa confiance légendaire. Elle était venue s’asseoir tout près de lui, connivence ou attendrissement, mais quoi qu’il en soit, il s’était délecté de cette proximité érotisée.
Pudiquement, il avait essuyé, de son majeur, la larme qui perlait au bord du regard de braise de son épouse tourmentée d’un troublant mystère.
J'adore cette derniére photo,j'aimerai la même de moi
BBBBBBBBBBBise
Rédigé par : La Caro | 03 juin 2008 à 21:19