Lorsque Max était rentré, il devait être aux alentours de 20 H 30, et comme il l’avait supposé plus tôt dans la matinée, l’appartement était vide et plongé dans le silence le plus total.
Il avait culpabilisé un instant en songeant qu’il n’avait pris le temps de l’appeler une seule fois dans la journée et surtout qu’il avait omis de lui donner le double des clés.
Certainement elle n’avait pas supporté cet enfermement obligé, ou bien peut être avait-elle eu des nouvelles de Philippe, et un excès de rationalité ou de sensibilité, lui avait dicté de retourner auprès de lui.
Pauvre Philippe , avait-il songé , il aurait mieux fait de ne jamais me rencontrer, je suis un vrai salop d’avoir ainsi troubler un gentil petit couple bourgeois .Mais à y bien songer , en repensant à l’image de Liz , la veille au soir en train de se faire déguster le minou par sa voisine , cette mauvaise pensée s’était diluée, Liz était une vrai garce , de celle qu’on aime baiser, parce que généreusement charnelle et amoureuse.
Puisque seul, il s’était déshabillé dans le salon, égrenant ses vêtements sur les meubles accueillants, jusqu’à la cuisine.
A peine revêtu d’un boxer, il avait ouvert la porte de réfrigérateur à la recherche de quelques denrées non périmées, il était rare qu’il dine chez lui, constatant que celui-ci était aussi vide que les rues de « La City » les jours de fermeture.
Seuls deux petits œufs trônaient sur une étagère, qu’il pourrait accompagner de l’ultime canette de bière, une Carlsberg en l’occurrence, c’était sa bière préférée.
En un tour de main, les œufs avaient crépité dans la poêle, accompagnant le pschitt de la capsule qui délivre la mousse fraîche de la boisson céréalière.
Une soirée bien tranquille en somme s’annonçait, il allait « mater » un bon DVD, qu’il ne pourrait regarder jusqu’à la fin, parce que, par trop épuisé, baise et boulot, il se serait endormi avant le dénouement.
Assis en tailleur dans son canapé de cuir, il avait mangé ses œufs frits sans pain, ni envie en regardant machinalement les dernières nouvelles, rien de réjouissant, qu’il avait rapidement zappé en éteignant son écran plat.
Tout le confort était là, mais Liz, lui manquait. Secrètement il avait espéré qu’elle reste une nuit, une journée de plus voir même plus encore. Pourquoi ne lui avait-il pas dit, quel con !
Pour fuir ses mauvaises idées, il s’était engouffré dans la cabine de douche pour se laver de tous ses méfaits et ses actes manqués, puis, après sa toilette rapide, entourant son bassin d’une serviette blanche s’était mis à arpenter l’appartement en long en large et en travers.
Il n’avait pas résisté bien longtemps, il avait composé le numéro de Liz sur son I Phone, homme moderne oblige, anxieux, impatient, mais elle avait répondu à la deuxième sonnerie.
« Allo, Liz ?
-Oui Max, je suis furieuse, pourquoi ne m’as-tu pas appelé ?
-Oui je sais, désolé, où es-tu ?
-Et bien j’en avais marre d’attendre, je suis partie, et à peine la porte avait-elle claqué, que j’ai compris que j’étais à la rue ! Quand je suis revenue ...
-Oui mais là où es-tu ?
-Attends, quelle impatience ! Je disais quand je suis revenue, tu n’étais toujours pas là, et la chance m’a souri. Par hasard, alors qu’elle rentrait, j’ai fais la connaissance de ta voisine de palier Angie, elle est vraiment super cette fille et tellement jolie. Elle m’a accueillie gentiment et voilà, j’espère que tu ne m’en voudras pas, je l’ai invitée à dîner ce soir.
-Mais tu es folle !
-Folle, pourquoi, je ne vois pas ! »
Pour camoufler son angoisse, il avait rusé !
« Je n’ai rien à manger, mon réfrigérateur est vide
-Oh, ça, ne t’inquiète pas, je suis chez le traiteur chinois, je ramène un vrai festin, du bon vin et même du champagne
-Oublie le champagne, Liz chéri, j’ai ce qu’il faut ! Tu as bien fait, je suis si heureux que tu sois encore là
-Pourquoi, tu croyais que j’allais partir !
-Non, non !
-A tout se suite je suis là dans un petit quart d’heure »
Lequel des deux étaient le plus félon, en s’enfonçant ainsi de manière abusive et apocryphe pour assouvir leur séductions et leurs dérives sexuelles.
Aucune équivoque pourtant, leur attirance par trop charnelle avait engendré l’art de la mise en scène chez Max, et Lisa, loin de refouler la traîtrise, l’avait tournée à son avantage pour réapparaître dans la vie de son amant à la façon des coups de théâtre des pièces de Feydeau.
A peine avait-elle raccroché, qu’Angie et elle avaient éclaté de rire.
Emoustillées par la soirée à venir et par les quelques dérives érotiques qu’elles s’étaient accordées lors de leur séance d’essayage, baisers et caresses volées, effleurement et frissons sous jacents, elles étaient aussi impatientes l’une que l’autre de découvrir la tête de Max quand il les verrait passer le pas porte ,ensembles, complices et assurément très glamours.
Les rencontres furtives sont parfois délicieusement indécentes, mais le degré de connivence acquis entre les deux femmes, en l’espace de quelques heures relevait du machiavélique.
A l’autre bout du couloir, on pouvait entendre les premières notes de Miles Davis s’échappaient de la platine digitale.
Dans l’appartement, Max vêtu d’un pantalon de toile blanche ramené de son dernier séjour en Thaïlande, surmonté d’un t-shirt noir col en V, reflétait du bord de ses tempes grisonnantes à l’éclat de ses yeux une cinquantaine renversante de charme.
Ils les attendaient, un verre de scotch à la main, au milieu des bougies disséminées ça et là au hasard de la pièce, dans une apparente décontraction musicale.
A suivre...
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